Italie: le braconnage des dattes de mer, grave menace pour la côte

Au large de la côte rocheuse du sud-est de l'Italie, deux plongeurs de la police financière font des allers-retours dans les eaux bleues, sous le regard curieux des vacanciers. (AFP)
Au large de la côte rocheuse du sud-est de l'Italie, deux plongeurs de la police financière font des allers-retours dans les eaux bleues, sous le regard curieux des vacanciers. (AFP)
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Publié le Vendredi 12 août 2022

Italie: le braconnage des dattes de mer, grave menace pour la côte

  • La croissance de la datte de mer est très lente, il lui faut trois décennies pour atteindre seulement cinq centimètres, ce qui signifie qu'une fois pêchée elle n'est pas vite remplacée
  • Il y a trente ans, le biologiste marin Stefano Piraino et ses collègues ont découvert que plus de 40% de la côte ouest des Pouilles était gravement endommagée par la récolte des dattes de mer

MONOPLI: Au large de la côte rocheuse du sud-est de l'Italie, deux plongeurs de la police financière font des allers-retours dans les eaux bleues, sous le regard curieux des vacanciers.

Ils ne cherchent aucun trésor enfoui mais des preuves de la chasse aux moules connues comme dattes de mer, un mollusque interdit devenu un symbole de statut social et dont le braconnage détruit de manière irréversible les côtes italiennes.

Juste sous la surface, la roche calcaire qui abrite d'innombrables organismes est éventrée par des centaines de trous artificiels, preuve que des braconniers sans scrupules ont brisé, écrasé, voire dynamité le récif pour en extraire les dattes de mer qui s'y trouvent.

"Ces hommes mettent leurs bouteilles d'oxygène et leurs masques, descendent... avec un marteau et un burin et commencent à casser la roche", explique Arcangelo Raffaele Gennari, commandant de la police financière à Monopoli, ville portuaire des Pouilles. "Il y a des cas où nous avons saisi des mini-marteaux-piqueurs", ajoute-t-il à l'AFP, assurant que "même des explosifs ont été utilisés".

Ce qui alimente ce trafic, c'est la flambée des prix atteints sur le marché noir pour la modeste "Lithophaga lithophaga" brune, qui peut coûter près de 200 euros (205 dollars) le kilo.

Les braconniers approvisionnent les marchés aux poissons ou les propriétaires de restaurants qui vendent au noir à tous ceux voulant exhiber leur richesse lors des déjeuners dominicaux avec un plateau de fruits de mer crus ou des spaghettis spéciaux.

"Si vous pensez qu'en une heure et demie ou deux, si vous trouvez le bon endroit, vous arrivez à sortir huit ou neuf kilos... vous avez gagné une somme d'argent exorbitante en une journée", indique M. Gennari.

Des récifs dénudés 

Il y a trente ans, le biologiste marin Stefano Piraino et ses collègues ont découvert que plus de 40% de la côte ouest des Pouilles était gravement endommagée par la récolte des dattes de mer.

Pour cette raison l'Italie a interdit en 1998 la collecte, la vente et la consommation de ces moules, suivie en 2006 d'une interdiction à l'échelle européenne.

Retournant cette année dans les mêmes zones, M. Piraino a jusqu'à présent trouvé moins de sites présentant des dommages récents, mais a peu d'espoir pour les récifs déjà détruits.

Le temps ne suffit pas à guérir la surface rocheuse "toute blanche, dénudée" et dépourvue de vie, a-t-il déclaré : "C'est un impact dévastateur".

La croissance de la datte de mer est très lente, il lui faut trois décennies pour atteindre seulement cinq centimètres, ce qui signifie qu'une fois pêchée elle n'est pas vite remplacée.

Mais l'impact sur le délicat écosystème marin, où non seulement le récif mais tous les organismes qui en dépendent sont détruits, est encore plus grave.

Une étude réalisée en 2019 par l'université Parthenope de Naples a révélé une moyenne de 1.500 trous artificiels par mètre carré dans les récifs du sud-ouest de la péninsule de Sorrente, des dommages qui finissent par provoquer l'effondrement de la roche et endommager les fonds marins.

Les chercheurs étudient les moyens d'aider les récifs à se reconstituer, notamment en éliminant les oursins, dont le broutage empêche la nouvelle végétation de pousser sur les rochers, ou en plantant des semis de minuscules organismes dans l'espoir qu'ils se propagent.

Mais le problème ne se limite pas à l'Italie, a averti M. Piraino, qui a appelé à mieux appliquer les règles dans toute la Méditerranée.

Une recherche sur TripAdvisor a permis de trouver des dattes de mer montrées sur des photos de l'année dernière dans des restaurants d'Albanie, de Slovénie et du Monténégro, où elles sont également illégales mais plus faciles à trouver.

Désastre environnemental 

En mars, des groupes de défense de l'environnement ont salué la condamnation à six ans de prison du chef d'un réseau criminel opérant dans des zones protégées près de Naples et de l'île de Capri - la toute première condamnation pour le crime de "désastre environnemental" lié aux dattes de mer, jugeant que ce braconnage "a un impact irréversible" sur l'écosystème.

Les autorités se montrent de plus en plus sévères à l'égard de chaque maillon de la chaîne, des pêcheurs aux consommateurs.

L'année dernière, les Pouilles ont saisi environ 97 tonnes de fruits de mer illégaux, dont des dattes de mer, soit les plus importantes saisies en Italie, selon le groupe environnemental Legambiente.

La plupart des infractions de pêche illégale se produisent en Sicile, dans les Pouilles et en Campanie.

Mais les autorités ne peuvent pas gagner la bataille tant qu'il existe un marché de consommateurs consentants.

"Nous devons faire comprendre que lorsque vous mangez une assiette de linguini avec des datte de mer, c'est un mètre carré entier d'écosystème qui a été détruit", conclut M. Piraino.


Incendies en Turquie: "amélioration" autour d' Izmir, craintes pour les jours à venir

De la fumée et des flammes s'élèvent d'une zone forestière après un incendie de forêt dans le district de Seferihisar à Izmir, en Turquie, le 30 juin 2025 Les sauveteurs ont évacué plus de 50 000 personnes, principalement dans la province d'Izmir, à l'ouest de la Turquie, alors que les pompiers luttent contre une série d'incendies de forêt, a déclaré lundi l'agence des catastrophes AFAD. (AFP)
De la fumée et des flammes s'élèvent d'une zone forestière après un incendie de forêt dans le district de Seferihisar à Izmir, en Turquie, le 30 juin 2025 Les sauveteurs ont évacué plus de 50 000 personnes, principalement dans la province d'Izmir, à l'ouest de la Turquie, alors que les pompiers luttent contre une série d'incendies de forêt, a déclaré lundi l'agence des catastrophes AFAD. (AFP)
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  • La situation s'améliore mardi autour d'Izmir (ouest) où les incendies font rage depuis dimanche mais le ministre turc de l'Agriculture et des forêts s'alarme du redoublement des vents pour les jours à venir
  • Cinquante mille personnes au total dont 42.000 personnes autour d'Izmir et plus de cinq mille à Hatay ont dû être évacuées lundi

ISTANBUL: La situation s'améliore mardi autour d'Izmir (ouest) où les incendies font rage depuis dimanche mais le ministre turc de l'Agriculture et des forêts s'alarme du redoublement des vents pour les jours à venir.

"La situation est bien meilleure qu'hier concernant les incendies (autour) d'Izmir", sur la côte égéenne, a déclaré le ministre İbrahim Yumaklı lors d'un point de presse.

Il a cependant précisé que six incendies sont toujours en cours dans le pays, attisés par des vents violents qui risquent de redoubler encore dans les prochains jours, particulièrement dans la région de Hatay et Antakya (sud), "la plus problématique", selon lui.

Cinquante mille personnes au total dont 42.000 personnes autour d'Izmir et plus de cinq mille à Hatay ont dû être évacuées lundi et des centaines d'habitations ont été brûlées lundi dans le pays, a annoncé l'autorité turque de gestion des urgences AFAD.

La province de Hatay qui abrite notamment l'antique Antioche avait été dévastée par un violent séisme en février 2023.

Selon M. Yumakli, "342 incendies de forêt se sont déclarés depuis vendredi".

"Nous traversons des périodes difficiles en raison de vents violents et instables" et alors que les températures, normales pour la saison, dépassent les 30°C.

"À partir de demain, des vents violents nous attendent dans une grande partie de Marmara, de l'Égée et de la Méditerranée. Les températures augmenteront de manière significative", a mis en garde le ministre en lançant un appel aux à ne pas allumer de feux à l'extérieur.

"Ne jetez pas vos cigarettes dans les zones herbeuses. Je demande une prise de conscience collective à ce sujet", a insisté le ministre.

La Turquie, épargnée ces derniers jours par les vagues de chaleur qui touchent l'Europe du Sud, est confrontée à des sécheresses récurrentes sous l'effet du changement climatique.


Trump met fin aux sanctions visant la Syrie sauf pour Assad

Le président Donald Trump serre la main du président intérimaire de la Syrie, Ahmad Al-Sharaa, à Riyad, en Arabie saoudite, le 14 mai 2025. (SPA)
Le président Donald Trump serre la main du président intérimaire de la Syrie, Ahmad Al-Sharaa, à Riyad, en Arabie saoudite, le 14 mai 2025. (SPA)
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  • Le président américain Donald Trump a signé lundi un décret formalisant le démantèlement des sanctions américaines contre la Syrie
  • Le chef de la diplomatie syrienne, Assaad al-Chibani, a salué sur X "un tournant important, qui favorise l'entrée de la Syrie dans une nouvelle phase de prospérité et de stabilité

WASHINGTON: Le président américain Donald Trump a signé lundi un décret formalisant le démantèlement des sanctions américaines contre la Syrie, une nouvelle étape dans le rapprochement entre les deux pays après la chute de Bachar al-Assad.

"Il s'agit d'un effort pour promouvoir et soutenir le chemin du pays vers la stabilité et la paix", a déclaré à la presse la porte-parole de la Maison Blanche, Karoline Leavitt, avant la signature du décret à huis clos.

Le président Trump avait créé la surprise en annonçant lors d'une visite à Ryad le 13 mai la levée des sanctions américaines, disant vouloir "donner une chance de grandeur" aux nouvelles autorités de Damas.

Il avait aussi rencontré le lendemain le président syrien par intérim, Ahmad al-Chareh, à la tête de la coalition rebelle dirigée par le groupe islamiste Hayat Tahrir al-Sham (HTS) ayant renversé en décembre le président syrien.

Depuis, Washington a assoupli la plupart de ses sanctions pour faciliter le retour de la Syrie dans le système financier international et met en oeuvre des autorisations pour encourager de nouveaux investissements en Syrie.

Le département d'Etat a délivré une dérogation au titre de la "loi César" sur la protection des civils en Syrie. Cette loi de 2020 prévoyait des sanctions sévères contre toute entité ou entreprise coopérant avec le pouvoir déchu de Bachar al-Assad.

La Syrie, dirigée par le clan Assad pendant plusieurs décennies, fait l'objet de sanctions internationales depuis 1979. Celles-ci ont été renforcées après la répression par le pouvoir de Bachar al-Assad de manifestations prodémocratie en 2011, élément déclencheur de la guerre.

Le décret présidentiel, qui évoque les "mesures positives" prises par les autorités syriennes depuis la chute d'Assad, démantèle l'architecture globale qui entoure les sanctions américaines, dont une déclaration "d'urgence nationale" en date de 2004.

Le chef de la diplomatie syrienne, Assaad al-Chibani, a salué sur X "un tournant important, qui favorise l'entrée de la Syrie dans une nouvelle phase de prospérité, de stabilité et d'ouverture sur la communauté internationale".

" Avec la levée de ce grand obstacle à la reprise économique, s'ouvrent les portes tant attendues de la reconstruction et du développement, ainsi que de la réhabilitation des infrastructures vitales, créant ainsi les conditions nécessaires pour un retour digne et sûr des déplacés syriens dans leur patrie", a-t-il ajouté.

- Normalisation ? -

Les Etats-Unis maintiennent toutefois les sanctions visant Assad, qui a fui en Russie, "ses associés, les auteurs de violations des droits de l'homme, les trafiquants de drogue et personnes liées à l'Etat islamique", selon le décret.

Le retrait de la Syrie de la liste américaine des pays accusés de soutenir le terrorisme n'est pas encore à l'ordre du jour mais le secrétaire d'Etat américain Marco Rubio a clairement fait savoir que Washington envisageait de le faire.

"Je réexaminerai les désignations de HTS et du président al-Chareh comme terroristes mondiaux spécialement désignés, ainsi que la désignation de la Syrie comme Etat soutenant le terrorisme", a-t-il dit dans un communiqué.

La levée des sanctions américaines survient alors que le ministre israélien des Affaires étrangères, Gideon Saar, a affirmé lundi qu'Israël était "intéressé" par une normalisation de ses relations avec la Syrie et le Liban dans le cadre des accords d'Abraham de 2020.

Parrainés par le président américain lors de son premier mandat à la Maison Blanche, ces accords ont vu Bahreïn, les Emirats arabes unis, le Maroc et le Soudan établir des liens formels avec Israël.

L'émissaire américain pour la Syrie Tom Barrack a assuré à ce sujet lundi que les frappes israéliennes contre l'Iran avait offert une "fenêtre de tir qui n'a jamais existé" auparavant au Moyen-Orient.


Washington doit exclure de nouvelles frappes pour une reprise des discussions, selon Téhéran

Téhéran a été informé que les Etats-Unis ne voulaient "pas s'engager dans un changement de régime en Iran" en ciblant le Guide suprême du pays, l'ayatollah Ali Khamenei, a aussi rapporté le ministre iranien. (AFP)
Téhéran a été informé que les Etats-Unis ne voulaient "pas s'engager dans un changement de régime en Iran" en ciblant le Guide suprême du pays, l'ayatollah Ali Khamenei, a aussi rapporté le ministre iranien. (AFP)
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  • Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a martelé vouloir empêcher Téhéran de se doter de la bombe atomique
  • Une ambition farouchement rejetée par le pouvoir iranien qui revendique toutefois un droit au nucléaire civil notamment pour produire de l'énergie

LONDRES: Les discussions diplomatiques avec Washington ne pourront reprendre que si les États-Unis excluent de nouvelles frappes sur l'Iran, a déclaré le vice-ministre iranien des Affaires étrangères, Majid Takht-Ravanchi, à la BBC.

"Nous entendons dire que Washington veut nous parler", a dit le responsable iranien, dans une interview diffusée dimanche soir par la BBC.

"Nous ne nous sommes pas mis d'accord sur une date. Nous ne nous sommes pas mis d'accord sur les modalités", a-t-il indiqué. "Nous cherchons une réponse à cette question: allons-nous assister à une répétition d'un acte d'agression alors que nous sommes engagés dans le dialogue?", a poursuivi le responsable iranien.

Les Etats-Unis "n'ont pas encore clarifié leur position", a souligné Majid Takht-Ravanchi.

Téhéran a été informé que les Etats-Unis ne voulaient "pas s'engager dans un changement de régime en Iran" en ciblant le Guide suprême du pays, l'ayatollah Ali Khamenei, a aussi rapporté le ministre iranien.

Israël a ouvert le 13 juin les hostilités en bombardant l'Iran et en tuant ses principaux responsables militaires et des scientifiques liés à son programme nucléaire.

Les Etats-Unis se sont joints à l'offensive de leur allié israélien en bombardant trois sites nucléaires dans la nuit du 21 au 22 juin.

Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a martelé vouloir empêcher Téhéran de se doter de la bombe atomique.

Une ambition farouchement rejetée par le pouvoir iranien qui revendique toutefois un droit au nucléaire civil notamment pour produire de l'énergie.

Après 12 jours de bombardements réciproques, un cessez-le-feu est entré en vigueur le 24 juin, imposé par le président américain Donald Trump.

Ce dernier a prévenu que le Pentagone mènerait "sans aucun doute" de nouvelles frappes si l'Iran enrichissait de l'uranium à des niveaux lui permettant de fabriquer des armes nucléaires.

Majid Takht-Ravanchi a de nouveau revendiqué le droit de l'Iran à enrichir de l'uranium à hauteur de 60% pour produire de l'énergie.

"Le niveau peut être discuté, la capacité peut être discutée, mais dire que vous (...) devriez avoir zéro enrichissement, et que si vous n'êtes pas d'accord, nous allons vous bombarder, c'est la loi de la jungle", a critiqué le ministre.