KABOUL : Un haut dignitaire religieux taliban, connu pour ses discours enflammés contre le groupe djihadiste État islamique, et l'un de ses frères ont été tués jeudi à Kaboul dans un attentat suicide, revendiqué dans la soirée par l'EI.
Rahimullah Haqqani, qui s'était récemment prononcé publiquement en faveur de l'autorisation de la scolarisation des filles en Afghanistan, avait survécu à au moins deux précédentes tentatives d'assassinat, dont une au Pakistan en octobre 2020.
"La madrassa du cheikh Rahimullah a été prise pour cible aujourd'hui et, de ce fait, lui et l'un de ses frères sont tombés en martyrs", a déclaré à l'AFP Khalid Zadran, porte-parole de la police de Kaboul, ajoutant que trois autres personnes ont été blessées dans l'explosion.
Il avait auparavant déclaré que seul Haqqani avait été tué et que quatre autres personnes avaient été blessées.
Le porte-parole du gouvernement, Bilal Karimi, a confirmé sa mort "dans une attaque menée par un ennemi lâche", mais n'a pas donné plus de détails.
Dans un communiqué cité par le SITE Intelligence Group, organisme spécialisé dans la surveillance des sites internet islamistes, le groupe EI a revendiqué l'attentat suicide.
Le kamikaze "a réussi à pénétrer dans le bureau de l'un des plus éminents défenseurs des talibans et l'un des plus grands d'entre eux à inciter à combattre" les membres de l'Etat islamique, avant de faire détoner sa "veste explosive", est-il écrit.
Selon des sources talibanes, même s'il n'occupait aucune fonction officielle, Rahimullah Haqqani était une personnalité influente qui avait enseigné à de nombreux membres du groupe au fil des ans.
Des dizaines de membres et de responsables talibans ont exprimé leurs condoléances sur les réseaux sociaux.
"Vous vous êtes acquitté de vos responsabilités. Le destin ne peut être empêché, mais la communauté musulmane est devenue orpheline", a ainsi tweeté Mobin Khan, ancien porte-parole de la police de Kaboul.
Le religieux était connu pour ses discours rageurs contre le groupe djihadiste Etat islamique (EI), qui a revendiqué plusieurs attentats en Afghanistan depuis le retour au pouvoir des talibans il y a un an.
Ces derniers mois, Rahimullah Haqqani avait également soutenu le droit des filles à aller à l'école.
"Il n'y a aucune justification dans la charia pour dire que l'éducation des femmes n'est pas autorisée, aucune justification du tout", avait-il déclaré à la BBC dans une interview en mai.
Depuis qu'ils ont pris le pouvoir, les talibans ont imposé de sévères restrictions aux filles et aux femmes afin de les soumettre à leur conception intégriste de l'islam.
Ils ont notamment fermé en mars des écoles secondaires pour filles dans de nombreuses régions, juste après leur réouverture pourtant annoncée de longue date.