Afghanistan: kalach au vestiaire et cahier ouvert, des talibans reprennent les études

Sur cette photo prise le 7 juin 2022, un membre des talibans (C) avec ses camarades de classe assiste à un cours de faculté d'économie dans une université privée de Kaboul. Ahmad SAHEL ARMAN / AFP
Sur cette photo prise le 7 juin 2022, un membre des talibans (C) avec ses camarades de classe assiste à un cours de faculté d'économie dans une université privée de Kaboul. Ahmad SAHEL ARMAN / AFP
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Publié le Jeudi 11 août 2022

Afghanistan: kalach au vestiaire et cahier ouvert, des talibans reprennent les études

  • Depuis la prise du pouvoir à Kaboul par les talibans en août dernier, plusieurs centaines de jeunes combattants du groupe islamiste ont repris des études dans la capitale afghane, à leur initiative ou à l'instigation de leurs chefs
  • Studieux et motivé, Gul Agha Jalali dit vouloir s'«instruire» et poursuivre des études universitaires, en Turquie, en Allemagne ou en Italie, jusqu'au doctorat, «afin d'être capable de servir (son) pays»

KABOUL: Avant, Gul Agha Jalali posait des bombes contre les forces afghanes, américaines ou de l'Otan. Aujourd'hui, le jeune taliban travaille dans un ministère, et apprend l'informatique et l'anglais pour s'"instruire" et "servir" son pays.

Depuis la prise du pouvoir à Kaboul par les talibans en août dernier, plusieurs centaines de jeunes combattants du groupe islamiste ont repris des études dans la capitale afghane, à leur initiative ou à l'instigation de leurs chefs.

"Quand notre pays était occupé par les infidèles, nous avions besoin de bombes, de mortiers et de fusils", explique à l'AFP Gul Agha Jalali, 23 ans, affecté au service des archives du ministère du Transport et de l'Aviation civile.

"Maintenant, nous avons besoin de stylos et d'ordinateurs. Le monde a beaucoup évolué, on a besoin de technologie et de développement", poursuit le jeune homme, qui a combattu cinq ans dans les rangs talibans, posant des bombes la nuit contre l'"ennemi".

"Il est évident que l'éducation est un espoir pour tous les Afghans", estime Bilal Karimi, porte- parole adjoint du gouvernement.

"Un grand nombre de moudjahidin (ndlr: combattants talibans) motivés, qui n'ont pas achevé leurs études, ont approché des établissements d'enseignement et y étudient leurs matières préférées pour améliorer leurs capacités", se réjouit-il auprès de l'AFP.

Dans une salle du ministère du Transport - voisin de l'ambassade des Etats-Unis fermée depuis dix mois -, une trentaine d'employés, parmi lesquels une dizaine de jeunes talibans, dont l'ancien poseur de bombes, répondent à un questionnaire sur le cours d'informatique de la semaine passée.

"Ne copiez pas !", lance le professeur à un taliban qui lorgne sur la copie de son voisin.

Studieux et motivé, Gul Agha Jalali dit vouloir s'"instruire" et poursuivre des études universitaires, en Turquie, en Allemagne ou en Italie, jusqu'au doctorat, "afin d'être capable de servir (son) pays".

Pistolet dans le casier

Il suit aussi des cours à l'Institut musulman de langue anglaise, qui s'affiche comme le centre privé de formation numéro Un en Afghanistan.

Salles aux couleurs pastel, grandes affiches d'étudiants et d'étudiantes souriants vantant les mérites de l'établissement, dans les locaux modernes du centre, situé non loin de l'aéroport de Kaboul: quelques 3.000 élèves sont inscrits, dont la moitié de femmes et quelque 300 talibans, selon son directeur, qui souhaite conserver l'anonymat.

A la porte de l'institut, barbe longue et turban noir serrant sa tête, un jeune taliban vient de terminer son cours d'anglais. Il quitte rapidement les lieux après avoir récupéré son pistolet laissé dans un casier à l'entrée.

Quand les talibans viennent, tôt le matin ou bien en fin de journée, "ils se conforment entièrement aux normes sociales du centre", assure le directeur.

"Lorsqu'ils entrent, ils remettent leurs armes, ils n'utilisent pas la force, ils ne profitent pas de leur position (...) Leur attitude dénote un grand changement par rapport à il y a une vingtaine d'années", lors de la première prise du pouvoir des islamistes (1996-2001), poursuit-il.

Amanullah Mubariz, 25 ans, est lui venu s'inscrire avec un collègue à un cours pour débutants.

Depuis ses 18 ans, il a combattu l'armée afghane dans plusieurs provinces et aussi le groupe jihadiste Etat islamique (EI), qui mène toujours la lutte contre les talibans.

En parallèle, il a poursuivi des études en journalisme et communication à l'université de Nangarhar (est). Il a été arrêté deux fois par les ex-forces gouvernementales, dont une alors qu'il passait un examen.

"Je veux faire un master, j'ai postulé dans une université en Inde, mais j'ai échoué à l'anglais, ma candidature a été rejetée. C'est pourquoi je suis venu ici" à l'institut, explique le jeune homme, qui ne souhaite pas révéler le poste qu'il occupe actuellement dans l'organisation talibane.

Cheveux longs, turban blanc immaculé et contour des yeux soulignés au khôl, Mohammad Sabir en revanche ne rechigne pas à dire qu'il travaille à la Direction générale du renseignement (GDI).

Futur économiste

Il est inscrit en section économie à l'université Dawat, dans l'ouest de Kaboul. Ici, parmi quelques milliers d'étudiants, environ 200 talibans suivent des cours d'économie-gestion, d'informatique, ou bien de droit et sciences politiques, outre ceux, obligés, d'éducation religieuse.

Pendant cinq ans, Mohammad Sabir a posé des bombes et tendu des embuscades contre les anciennes forces gouvernementales, dans la province du Wardak (centre). Il combattait avec son frère, chef d'un groupe d'une centaine de talibans.

"J'ai terminé l'école secondaire en 2018, mais je n'ai pas pu passer l'examen d'entrée à l'université, alors j'ai arrêté mes études. J'ai repris cette année, après la victoire de l'Emirat islamique", le nom du régime taliban, dit le jeune homme, âgé de 25 ans.

Et il espère "devenir économiste pour aider (son) pays", plongé dans une grave crise financière et humanitaire depuis août dernier, à la suite du gel de milliards d'avoirs détenus à l'étranger et de l'arrêt brutal de l'aide internationale.

Interrogés pour savoir si les filles pouvaient avoir comme eux les mêmes ambitions d'étudier puis de travailler pour leur pays, certains jeunes talibans semblent plus ouverts que la direction du mouvement islamiste, qui a largement exclu les femmes des emplois publics, restreint leur droit à se déplacer, et interdit l'accès des filles au collège et au lycée.

"Personnellement, en tant que jeune, étudiant et membre de l'Emirat, je suis d'avis qu'elles ont le droit à l'éducation, donc la façon dont nous servons (le pays), elles pourraient aussi (le) servir", explique ainsi Amanullah Mubariz.

"Pourquoi pas", répond de son côté Gul Agha Jalali, pour qui "ce pays a besoin d'elles aussi bien que de nous".


Selon une source ukrainienne , Zelensky ne serait pas prêt à signer un accord sur les minerais avec Washington

Le président ukrainien Volodymyr Zelensky (Photo AFP )
Le président ukrainien Volodymyr Zelensky (Photo AFP )
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Le président ukrainien Volodymyr Zelensky n'est « pas prêt » à signer un accord avec les États-Unis qui leur offrirait un accès préférentiel aux minerais du pays, a affirmé samedi à l'AFP une source ukrainienne proche du dossier, alors que les deux pays sont en pleines tensions.

Donald Trump réclame depuis plusieurs semaines l'équivalent de 500 milliards de dollars de terres rares, en guise de dédommagement, selon lui, du soutien américain à Kiev face à l'invasion russe, une condition qu'Ukraine ne peut accepter pour l'instant.

« Le président ukrainien n'est pas prêt à accepter le projet dans sa forme actuelle. Nous essayons toujours de faire des changements de manière constructive », a expliqué cette source ukrainienne qui a requis l'anonymat.

« Ils veulent nous soutirer 500 milliards de dollars », a-t-elle accusé.

« Quel genre de partenariat est-ce là ? (...) Et pourquoi devons-nous donner 500 milliards, il n'y a pas de réponse », a-t-elle encore dit, affirmant que Kiev avait « proposé des amendements. Ils ont été soumis ».

Depuis l'appel entre Donald Trump et Vladimir Poutine le 12 février, Moscou et Washington ont exprimé leur volonté de repartir sur de nouvelles bases, et le président américain a complètement renversé la position de son pays concernant la guerre en Ukraine, en reprenant la rhétorique du Kremlin sur la responsabilité de Kiev.

Le 24 février 2022, l'Ukraine a été envahie par la Russie, le Kremlin affirmant agir pour protéger le pays contre la menace de l'OTAN et empêcher un élargissement de l'organisation.

Donald Trump souhaite négocier un accord avec l'Ukraine afin d'obtenir un accès à 50 % de ses minerais stratégiques, en guise de compensation pour l'aide militaire et économique déjà fournie à Kiev.

Le conseiller à la sécurité nationale de M. Trump, Mike Waltz, s'est montré très pressant vendredi.

« Le président Zelensky va signer cet accord, et vous le verrez à très court terme, et c'est bon pour l'Ukraine », a-t-il insisté lors d'un rassemblement de conservateurs près de Washington.

Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a rejeté avec vigueur la première proposition américaine d'accord, arguant qu'il ne pouvait « pas vendre » son pays.

Il a toutefois laissé la porte ouverte à des « investissements » américains en échange de telles garanties.

De son côté, Donald Trump affirme que les États-Unis ont dépensé 350 milliards de dollars pour s'engager dans une guerre qui ne pouvait pas être gagnée. Or, selon l'institut économique IfW Kiel, l'aide américaine globale à l'Ukraine, financière, humanitaire et militaire, a atteint 114,2 milliards d'euros (près de 120 milliards de dollars au cours actuel) entre début 2022 et fin 2024, dont 64 milliards d'euros en assistance militaire.

Le 1er février, M. Zelensky a assuré que l'Ukraine n'avait reçu à ce stade que 75 des 177 milliards de dollars d'aide votée par le Congrès américain.


Les États-Unis proposent à l'ONU une résolution pour « une fin rapide » du conflit en Ukraine

Le président ukrainien Volodymyr Zelensky (G) accueille l'envoyé américain Keith Kellogg dans ses bureaux à Kiev le 20 février 2025, dans le contexte de l'invasion russe de l'Ukraine.  (Photo par Sergei SUPINSKY / AFP)
Le président ukrainien Volodymyr Zelensky (G) accueille l'envoyé américain Keith Kellogg dans ses bureaux à Kiev le 20 février 2025, dans le contexte de l'invasion russe de l'Ukraine. (Photo par Sergei SUPINSKY / AFP)
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  • Les États-Unis ont proposé un projet de résolution à l'Assemblée générale de l'ONU qui ne mentionne pas le respect de l'intégrité territoriale de l'Ukraine.
  • Le texte proposé par les États-Unis ne condamne pas l'agression russe ni ne fait référence explicite à l'intégrité territoriale de l'Ukraine, ce qui ressemble à une trahison de la part de Kiev et à un coup bas contre l'UE.

NATIONS-UNIES : Les États-Unis ont proposé un projet de résolution à l'Assemblée générale de l'ONU qui ne mentionne pas le respect de l'intégrité territoriale du pays, après une nouvelle attaque du président américain Donald Trump contre son homologue ukrainien Volodymyr Zelensky.

Dans un communiqué, le secrétaire d'État américain, Marco Rubio, a exhorté les pays membres de l'ONU à approuver cette nouvelle résolution « simple » et « historique », et « tous les États membres à la soutenir, afin de tracer un chemin vers la paix ».

« Cette résolution est une bonne idée », a rapidement commenté l'ambassadeur russe à l'ONU, Vassili Nebenzia, déplorant toutefois l'absence de référence « aux racines » du conflit.

Les Européens, désarçonnés par l'ouverture du dialogue américano-russe sur l'Ukraine, n'avaient pas réagi samedi matin à la proposition américaine.

« Nous n'avons pas de commentaire pour l'instant », a simplement indiqué l'ambassadeur français à l'ONU Nicolas de Rivière, alors que l'Assemblée générale doit se réunir lundi.

Le texte proposé par les États-Unis ne condamne pas l'agression russe ni ne fait référence explicite à l'intégrité territoriale de l'Ukraine, ce qui ressemble à une trahison de la part de Kiev et à un coup bas contre l'UE, mais aussi à un mépris pour les principes fondamentaux du droit international », a déclaré à l'AFP Richard Gowan, de l'International Crisis Group.

L'Assemblée générale de l'ONU se réunit lundi pour marquer le troisième anniversaire de l'invasion russe de l'Ukraine.

À cette occasion, l'Ukraine et les Européens ont préparé un projet de résolution qui souligne la nécessité de « redoubler » d'efforts diplomatiques pour mettre fin à la guerre « cette année », et prend note des initiatives de plusieurs États membres ayant présenté « leur vision pour un accord de paix complet et durable ».

Le texte réitère également les précédentes demandes de l'Assemblée générale, appelant à un retrait immédiat et inconditionnel des troupes russes d'Ukraine ainsi qu'à la cessation des attaques de la Russie contre l'Ukraine.

Ces précédents votes avaient rassemblé plus de 140 voix sur les 193 États membres.

Les nouvelles salves de M. Trump contre M. Zelensky interviennent alors que la visite de l'émissaire du président américain, Keith Kellogg, semblait avoir apaisé la situation. Ces nouvelles attaques de M. Trump contre M. Zelensky font suite à des premières invectives virulentes plus tôt dans la semaine, qui avaient suscité une vive réaction de la part de Kiev et la stupéfaction de ses alliés européens.

M. Zelensky avait déclaré avoir eu des échanges « productifs » avec M. Kellogg, et ce dernier l'avait qualifié de « dirigeant courageux et assiégé d'une nation en guerre ».

Vendredi, le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, a réaffirmé que le président Vladimir Poutine était « ouvert » à des pourparlers de paix.

La Russie exige notamment que l'Ukraine lui cède quatre régions ukrainiennes, en plus de la Crimée qu'elle a annexée en 2014, et qu'elle n'adhère jamais à l'Otan. Des conditions jugées inacceptables par les autorités ukrainiennes qui demandent à leurs alliés des garanties de sécurité solides.

M. Trump et ses collaborateurs ont jugé « irréaliste » l'adhésion de l'Ukraine à l'Otan et son ambition de reprendre ses territoires perdus à la Russie.

Sur le terrain, la situation reste difficile pour les troupes ukrainiennes. L'armée russe a revendiqué vendredi la prise de deux localités dans l'est de l'Ukraine.


60 ans après, l'assassinat de Malcolm X continue de secouer l'Amérique

L'avocat Ben Crump (à droite) et la fille de Malcolm X, Ilyasah Shabazz, s'adressent à la presse pour demander la déclassification des documents du pasteur musulman afro-américain et militant des droits de l'homme Malcolm X, à l'occasion du 60e anniversaire de son assassinat, à Harlem, dans l'État de New York, le 21 février 2025. La conférence de presse s'est tenue au Malcolm X and Dr Betty Shabazz Memorial and Educational Center, dans la salle de bal où Malcolm X a été assassiné le 21 février 1965. (Photo de CHARLY TRIBALLEAU / AFP)
L'avocat Ben Crump (à droite) et la fille de Malcolm X, Ilyasah Shabazz, s'adressent à la presse pour demander la déclassification des documents du pasteur musulman afro-américain et militant des droits de l'homme Malcolm X, à l'occasion du 60e anniversaire de son assassinat, à Harlem, dans l'État de New York, le 21 février 2025. La conférence de presse s'est tenue au Malcolm X and Dr Betty Shabazz Memorial and Educational Center, dans la salle de bal où Malcolm X a été assassiné le 21 février 1965. (Photo de CHARLY TRIBALLEAU / AFP)
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  • Six décennies jour pour jour après sa mort, un hommage est rendu vendredi à la figure de proue du mouvement « Black Power », notamment pour son héritage en matière de « justice sociale ».
  • « Nous espérons que la vérité tant attendue éclatera, après 60 ans d'attente, et que ce qui s'est passé sera documenté », explique à l'AFP Ilyasah Shabazz, la fille de Malcolm X.

NEW-YORK : Six décennies jour pour jour après sa mort, un hommage est rendu vendredi à la figure de proue du mouvement « Black Power », notamment pour son héritage en matière de « justice sociale ». C'est ce que rappelle le Shabazz Center, le mémorial et centre éducatif installé dans l'ancienne salle de bal de Harlem où il a été abattu à 39 ans, au faîte de son influence, et ce quelques mois seulement après l'abolition de la ségrégation raciale.

Qui a commandité le meurtre ? Comment le drame a-t-il pu survenir en pleine réunion publique, alors que les menaces pesant sur le militant, porte-voix de la « Nation of Islam » puis de l'abolition des discriminations, étaient connues des autorités ?

Pour obtenir des réponses, sa famille a engagé en novembre 2024 des poursuites au civil spectaculaires, réclamant 100 millions de dollars aux forces de l'ordre et aux agences fédérales qu'elle accuse, selon elle, d'avoir joué un rôle à divers degrés dans son assassinat.

Dans ce dossier qui doit entrer dans le vif du sujet début mars devant un tribunal de Manhattan, la famille assure disposer d'éléments nouveaux lui permettant d'assigner en justice la police de New York (NYPD), le FBI ou encore la CIA.

« Nous espérons que la vérité tant attendue éclatera, après 60 ans d'attente, et que ce qui s'est passé sera documenté », explique à l'AFP Ilyasah Shabazz, la fille de Malcolm X.

- « Qui a donné l'ordre ? » -

Selon l'assignation en justice, la famille du leader afro-américain, également connu sous le nom d'El-Hajj Malik El-Shabazz, estime que les forces de l'ordre et les services de renseignement américains ont sciemment désengagé les policiers dont la mission était de le protéger la nuit du drame.

Des agents en civil ne sont pas non plus intervenus au moment des faits et, depuis sa mort, les agences de renseignement s'emploieraient à dissimuler leurs agissements, selon la plainte.

Contactée par l'AFP, la police de New York n'a pas souhaité s'exprimer pour l'instant.

« Cette dissimulation a duré des décennies, privant la famille Shabazz de la vérité et de leur droit à obtenir justice », estime auprès de l'AFP Me Ben Crump, qui défend le dossier pour les filles de Malcolm X.

« Nous écrivons l'histoire en nous dressant ici face à ces torts et en demandant des comptes devant les tribunaux », se félicite le conseil, qui a demandé vendredi la « déclassification de documents » liés à ce dossier.

L'affaire avait déjà rebondi en 2021, lorsque deux des trois anciens hommes reconnus coupables de l'assassinat et ayant passé plus de vingt ans derrière les barreaux ont finalement été innocentés, ce qui constitue l'une des plus grandes erreurs judiciaires des États-Unis. En réparation, les deux Afro-Américains ont touché 36 millions de dollars de la part de la ville et de l'État de New York.

« On sait déjà assez précisément comment l'assassinat de Malcolm X s'est déroulé. On sait qui en est responsable : cinq membres de la Nation of Islam. La seule chose qu'on ignore, c'est qui a donné l'ordre », observe Abdur-Rahman Muhammad, historien et spécialiste reconnu du dossier, dont les travaux pendant des décennies ont contribué à disculper les deux accusés à tort.

Selon lui, les éléments mis en avant aujourd'hui par la famille de Malcolm X sont « peu crédibles ».

Il concède toutefois que « si la plainte permet de déterminer qui a donné l'ordre final, alors elle aura de la valeur ».

Cet énième rebondissement aura au moins permis de remettre en avant « l'héritage » de Malcolm X, plus important que jamais sous le second mandat de Donald Trump, « ennemi implacable » de la communauté noire, affirme l'historien.

« Cela va inciter les Afro-Américains à se serrer les coudes », anticipe Abdur-Rahman Muhammad. « En résumé, la communauté noire doit revenir au message de Malcolm : lutter. »