Gaz russe : en Allemagne, l'avenir embué d'une usine de flacons à parfums

Des flacons de parfum sont exposés dans une salle d'exposition du producteur de verre allemand Heinz-Glas Group à Kleintettau, en Allemagne, le 3 août 2022. (AFP).
Des flacons de parfum sont exposés dans une salle d'exposition du producteur de verre allemand Heinz-Glas Group à Kleintettau, en Allemagne, le 3 août 2022. (AFP).
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Publié le Lundi 08 août 2022

Gaz russe : en Allemagne, l'avenir embué d'une usine de flacons à parfums

  • Dans son usine bavaroise de Kleintettau, près de 70 tonnes de verre sortent chaque jour du vacarme des machines et de la chaleur des fours
  • Pour fabriquer et modeler ce matériau, l'usine a besoin de hautes températures, jusqu'à 1 600 degrés. Le gaz est massivement utilisé dans ce processus

KLEINTETTAU : Avec ses 400 ans d'histoire, l’entreprise Heinz-Glas, qui fabrique des flacons en verre pour les plus grands parfumeurs, dont l'Oréal, a vu passer les tempêtes. Mais l’actuelle crise gazière qui secoue l'Allemagne pourrait être fatale.

"Nous vivons une situation hors du commun", dit à l’AFP Murat Agac, adjoint exécutif du PDG de cette société familiale allemande, qui a vu passer treize générations à sa tête depuis 1622.

"En cas de fin des livraisons de gaz (...) la production de verre disparaîtra", ajoute-t-il.

Implantée dans la région verrière du Rennsteig, à cheval entre la Bavière, dans le sud du pays, et la Thuringe à l'est, l'entreprise est l'un des principaux acteurs mondiaux du secteur.

Dans son usine bavaroise de Kleintettau, près de 70 tonnes de verre sortent chaque jour du vacarme des machines et de la chaleur des fours.

Pour fabriquer et modeler ce matériau, l'usine a besoin de hautes températures, jusqu'à 1 600 degrés. Le gaz est massivement utilisé dans ce processus.

Jusqu'à récemment la ressource coulait à flot, et à petit prix, grâce aux pipelines reliant l’Allemagne à la Russie.

Mais cette époque est révolue. Moscou a réduit, dans le sillage de la guerre en Ukraine, de 80% ses livraisons.

Résultat, une envolée des prix. Pour Heinz-Glas, le coût "été multiplié par dix, parfois même vingt par rapport à 2019", une situation qui n'est "pas tenable économiquement", estime Murat Agac.

Four à gaz

A Kleintettau, de petits vases, agrémentés de motifs à reliefs, sont modelés dans la fournaise, inspectés minutieusement par les ouvriers, avant d'être envoyés aux clients de l'entreprise - dont le français l'Oréal.

Les conséquences d'un arrêt des livraisons de gaz russe seraient très lourdes pour l'entreprise, qui produit un million de ces flacons par jour en Allemagne.

Le four de la deuxième usine du groupe à Piesau, village de montagne au pied des pâturages, serait définitivement endommagé s'il venait à s'arrêter, selon M. Agac.

Même dans l'usine de Kleintettau, où les fours fonctionnent à l'électricité, environ "40%" du processus industriel marche encore au gaz.

A l’image de Heinz-Glas, c’est l’ensemble de l'industrie allemande, pilier de la première économie de la zone euro, qui est menacée.

Le gaz russe représentait jusqu'à 55% des importations allemandes avant la guerre en Ukraine.

Les industriels se préparent désormais à une fin prochaine des livraisons, alors que le spectre d'un rationnement est déjà agité par le gouvernement.

Le géant chimique BASF a mis au point un vaste plan visant à remplacer le gaz par du mazout dans sa deuxième usine allemande. Le groupe Henkel, spécialiste des lessives et adhésifs, prévoit de son côté un recours massif au télétravail.

Alternatives

Pour faire face, Heinz-Glas a elle investi dans une bassine de stockage de gaz liquéfié, qui pourrait arriver quotidiennement par camion.

Mais cela devrait coûter "trois fois plus cher" qu’actuellement, et ne suffira pas.

A long terme, le remplacement de l'ensemble du système gazier en infrastructures électriques pourrait coûter "50 millions d'euros" pour le groupe, un montant qu'il s'estime incapable de débourser.

"Nous avons besoin du soutien de l'Etat", affirme Murat Agac, laissant planer le risque de délocalisations en Inde, ou en Chine, où l'entreprise détient déjà une usine.

Les deux usines allemandes du groupe auraient en outre besoin de l'équivalent de "3 000 terrains de football de panneaux solaires" pour fonctionner.

Pour les 1 500 salariés de l'entreprise en Allemagne- et 54 000 employés du secteur dans l'ensemble du pays- les perspectives sont donc sombres.

"Moi, je suis âgée, mais les jeunes ici ont peur pour leur emploi", déclare à l'AFP Michaela Trebes, 61 ans, en inspectant des centaines de petites fioles sortant, bien alignées, des chaînes de production.

La direction tente de rassurer les troupes.

"Nous avons vécu lors de notre fondation la guerre de Trente ans (...) la peste. Et rien qu'au 20ème siècle, la Première et la Seconde Guerre mondiale, le choc pétrolier. Nous allons surmonter cette crise", dit M.Agac.


La flottille pour Gaza quitte la Tunisie, direction le territoire palestinien

Après plusieurs reports, la flottille internationale pour Gaza a quitté lundi la Tunisie pour mettre le cap sur le territoire palestinien assiégé par Israël, dans le but de "briser le blocus israélien" et d'ouvrir un "corridor" humanitaire. (AFP)
Après plusieurs reports, la flottille internationale pour Gaza a quitté lundi la Tunisie pour mettre le cap sur le territoire palestinien assiégé par Israël, dans le but de "briser le blocus israélien" et d'ouvrir un "corridor" humanitaire. (AFP)
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  • Une vingtaine de bateaux venus de Barcelone (Espagne) ont quitté Bizerte, les derniers étant partis à l'aube lundi, selon un photographe de l'AFP sur place
  • Yasemin Acar, du comité de coordination de la partie maghrébine de la flottille, a posté sur Instagram des images de bateaux tunisiens prenant aussi la mer ces dernières heures, avec le message "le blocus de Gaza doit cesser"

BIZERTE: Après plusieurs reports, la flottille internationale pour Gaza a quitté lundi la Tunisie pour mettre le cap sur le territoire palestinien assiégé par Israël, dans le but de "briser le blocus israélien" et d'ouvrir un "corridor" humanitaire.

"Nous essayons d'envoyer un message à la population de Gaza, (de lui dire) que le monde ne l'a pas oubliée", a dit à l'AFP la militante écologiste suédoise Greta Thunberg avant d'embarquer dans le port de Bizerte, dans le nord de la Tunisie.

"Lorsque nos gouvernements ne prennent pas leurs responsabilités, nous n'avons pas d'autre choix que de prendre les choses en main", a-t-elle ajouté.

Une vingtaine de bateaux venus de Barcelone (Espagne) ont quitté Bizerte, les derniers étant partis à l'aube lundi, selon un photographe de l'AFP sur place.

Yasemin Acar, du comité de coordination de la partie maghrébine de la flottille, a posté sur Instagram des images de bateaux tunisiens prenant aussi la mer ces dernières heures, avec le message "le blocus de Gaza doit cesser", "nous partons par solidarité, dignité et pour la justice".

Les embarcations arrivées d'Espagne s'étaient transférées à Bizerte après un séjour mouvementé à Sidi Bou Saïd, près de Tunis.

La "Global Sumud Flotilla", accueillie par des rassemblements de soutien, a indiqué que deux de ses bateaux avaient été visés par des attaques de drones deux nuits de suite la semaine passée, publiant des vidéos à l'appui. Après la deuxième annonce, les autorités tunisiennes ont dénoncé "une agression préméditée" et dit mener une enquête.

L'eurodéputée franco-palestinienne Rima Hassan qui, comme Greta Thunberg, avait été détenue à bord du "Madleen" lors d'une précédente traversée vers Gaza, a dit à l'AFP redouter "bien entendu" de nouvelles attaques, ajoutant: "on se prépare aux différents scénarios".

Selon elle, les personnalités les plus en vue - dont l'actrice française Adèle Haenel - ont été réparties entre les deux plus gros bateaux de coordination "de manière à équilibrer et (ne) pas concentrer toutes les personnalités visibles dans un seul et même bateau".

Le départ de Tunisie a été repoussé à plusieurs reprises en raison de motifs de sécurité, de retard dans les préparatifs pour certains bateaux et de la météo.

La Global Sumud Flotilla ("sumud" signifie "résilience" en arabe), qui comprend aussi des embarcations parties ces derniers jours de Corse (France), Sicile (Italie) et Grèce, avait initialement prévu d'atteindre le territoire palestinien à la mi-septembre, après deux tentatives bloquées par Israël en juin et juillet.

 


Les ministres du Groupe E3 condamnent les frappes israéliennes à Doha

Cette photo satellite obtenue le 10 septembre auprès de Planet Labs PBC et datée du 24 janvier 2025 montre le complexe qui abritait les membres du bureau politique du groupe militant palestinien Hamas et qui a été pris pour cible par une frappe israélienne le 9 septembre, dans la capitale du Qatar, Doha. (AFP)
Cette photo satellite obtenue le 10 septembre auprès de Planet Labs PBC et datée du 24 janvier 2025 montre le complexe qui abritait les membres du bureau politique du groupe militant palestinien Hamas et qui a été pris pour cible par une frappe israélienne le 9 septembre, dans la capitale du Qatar, Doha. (AFP)
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  • Selon eux, cette action militaire compromet également les négociations en cours visant à la libération des otages encore détenus et à la conclusion d’un accord de cessez-le-feu à Gaza
  • Les trois pays européens ont exprimé leur solidarité avec le Qatar, soulignant son rôle clé dans la médiation menée avec l’Égypte et les États-Unis entre Israël et le Hamas

PARIS: Les ministres des Affaires étrangères de l’Allemagne, de la France et du Royaume-Uni ont condamné, dans une déclaration conjointe, les frappes israéliennes ayant visé Doha le 9 septembre. Ils estiment que ces attaques constituent une violation de la souveraineté du Qatar et représentent un risque d’escalade supplémentaire dans la région.

Selon eux, cette action militaire compromet également les négociations en cours visant à la libération des otages encore détenus et à la conclusion d’un accord de cessez-le-feu à Gaza. « Nous appelons toutes les parties à intensifier leurs efforts pour parvenir à un cessez-le-feu immédiat », ont-ils insisté.

Les trois pays européens ont exprimé leur solidarité avec le Qatar, soulignant son rôle clé dans la médiation menée avec l’Égypte et les États-Unis entre Israël et le Hamas. Ils appellent les parties à « faire preuve de retenue » et à saisir l’opportunité de rétablir la paix.

Les ministres ont réaffirmé que la priorité devait rester la mise en place d’un cessez-le-feu permanent, la libération des otages et l’acheminement massif d’aide humanitaire à Gaza pour enrayer la famine. Ils demandent l’arrêt immédiat des opérations militaires israéliennes dans la ville de Gaza, dénonçant les déplacements massifs de civils, les pertes humaines et la destruction d’infrastructures vitales.

Ils exhortent par ailleurs à garantir aux Nations unies et aux ONG humanitaires un accès sûr et sans entrave à l’ensemble de la bande de Gaza, y compris dans le Nord.

Enfin, le Groupe E3 a rappelé sa condamnation « sans équivoque » des crimes commis par le Hamas, qualifié de mouvement terroriste, qui doit, selon eux, « libérer immédiatement et sans condition les otages, être désarmé et écarté définitivement de la gouvernance de la bande de Gaza ».


L’ONU adopte une résolution franco-saoudienne pour la paix israélo-palestinienne sans le Hamas

L'ancienne ministre allemande des Affaires étrangères et présidente de la 80e session de l'Assemblée générale des Nations Unies, Annalena Baerbock, s'exprime lors d'une réunion de l'Assemblée générale pour voter sur la solution de deux États à la question palestinienne au siège des Nations Unies (ONU), le 12 septembre 2025 à New York. (AFP)
L'ancienne ministre allemande des Affaires étrangères et présidente de la 80e session de l'Assemblée générale des Nations Unies, Annalena Baerbock, s'exprime lors d'une réunion de l'Assemblée générale pour voter sur la solution de deux États à la question palestinienne au siège des Nations Unies (ONU), le 12 septembre 2025 à New York. (AFP)
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  • Résolution adoptée par 142 voix pour, 10 contre — dont Israël et les États-Unis
  • Le vote précède un sommet de haut niveau co-présidé par Riyad et Paris le 22 septembre

​​​​​​NEW YORK : L’Assemblée générale des Nations unies a voté massivement vendredi en faveur de l’adoption de la « Déclaration de New York », une résolution visant à relancer la solution à deux États entre Israël et la Palestine, sans impliquer le Hamas.

Le texte a été approuvé par 142 pays, contre 10 votes négatifs — dont Israël et les États-Unis — et 12 abstentions. Il condamne fermement les attaques du Hamas du 7 octobre 2023, exige le désarmement du groupe, la libération de tous les otages, et appelle à une action internationale collective pour mettre fin à la guerre à Gaza.

Intitulée officiellement « Déclaration de New York sur le règlement pacifique de la question de Palestine et la mise en œuvre de la solution à deux États », la résolution a été présentée conjointement par l’Arabie saoudite et la France, avec le soutien préalable de la Ligue arabe et de 17 États membres de l’ONU.

Le texte souligne la nécessité de mettre fin à l’autorité du Hamas à Gaza, avec un transfert des armes à l’Autorité palestinienne, sous supervision internationale, dans le cadre d’une feuille de route vers une paix durable. Celle-ci inclut un cessez-le-feu, la création d’un État palestinien, le désarmement du Hamas, et une normalisation des relations entre Israël et les pays arabes.

L’ambassadeur de France, Jérôme Bonnafont, qui a présenté la résolution, l’a qualifiée de « feuille de route unique pour concrétiser la solution à deux États », soulignant l’engagement de l’Autorité palestinienne et des pays arabes en faveur de la paix et de la sécurité. Il a aussi insisté sur l’urgence d’un cessez-le-feu immédiat et de la libération des otages.

Ce vote intervient à quelques jours d’un sommet de haut niveau de l’ONU, co-présidé par Riyad et Paris le 22 septembre, où le président Emmanuel Macron s’est engagé à reconnaître officiellement un État palestinien.

La représentante américaine, Morgan Ortagus, s’est vivement opposée à la résolution, la qualifiant de « coup de communication malvenu et malavisé » qui récompenserait le Hamas et nuirait aux efforts diplomatiques authentiques.

Elle a dénoncé la mention du « droit au retour » dans le texte, estimant qu’il menace le caractère juif de l’État d’Israël.

« Cette résolution est un cadeau au Hamas,» a déclaré Mme Ortagus, ajoutant que le désarmement du Hamas et la libération des otages étaient la clé de la fin de la guerre. Elle a exhorté les autres nations à se joindre aux États-Unis pour s'opposer à la déclaration.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com