BEYROUTH : Le 4 août 2020, une explosion massive a détruit une partie des silos à grains du port de Beyrouth, occasionnant la mort de plus de deux cents personnes, plus de 7000 blessés et la destruction de dizaines de milliers de logements et locaux divers. Elle était due au stockage toujours non élucidé de matières explosives dans cette zone.
Actuellement, les autorités locales affirment ne pas avoir de budget pour rénover les silos, un site devenu tout un symbole pour une majorité de Beyrouthins qui affirment ne pouvoir ni pardonner ni oublier ce qu’ils qualifient de « crime ».
En outre, les activistes, victimes et proches des victimes, considèrent les silos comme un « témoin silencieux » de la catastrophe advenue. Ils les identifient également comme le principal symbole de la résilience du Liban, même si une partie des bâtiments s'effondre depuis quelques semaines, en proie à des flammes imputées à la fermentation des céréales résiduelles.
Pour éviter que la mémoire commune ne s'efface à cause de l’indifférence de l'État, des institutions privées prennent les devants. Parmi elles, Domaine Public Architects a conçu un projet 3D pour transformer la scène de l’explosion en un espace où les gens peuvent trouver un apaisement collectif.
Le projet 3D a été conçu par Karim Fakhry, Jean Nmeir et Dragan Vukovic. Il montre comment les silos, aujourd'hui détruits, peuvent être transformés en un espace culturel à Beyrouth.
Bien qu'il s'agisse de la plus grande explosion non nucléaire de l'histoire, aucune justice n'a été rendue aux victimes, et les autorités libanaises – principales mises en cause - ont bloqué tous les efforts visant à obtenir un procès équitable. Pire encore, une énorme partie des silos restants s'est effondrée le 4 août 2022, lors de la marche organisée pour commémorer cet événement éminemment traumatique pour la capitale et ses habitants.
Le projet « Beirut Memorial » vise également à protéger la mémoire collective, avec un large espace où les gens peuvent se rassembler pour voir les noms des victimes et leur rendre hommage.
Même si le projet risque de ne pas voir le jour, il reflète le besoin des Libanais de réclamer justice par le biais de l'art et la créativité.