SOULEIMANIYEH: Les forces de sécurité au Kurdistan d'Irak ont fait usage de gaz lacrymogène et tiré samedi des balles en caoutchouc pour disperser une manifestation antipouvoir, arrêtant brièvement sept parlementaires d'un parti d'opposition ayant appelé au rassemblement dans la région autonome.
"Nouvelle génération", jeune parti de l'opposition kurde, a appelé à la manifestation qui devait se tenir à Souleimaniyeh, deuxième ville du Kurdistan, et plusieurs autres villes, pour dénoncer des conditions de vie de plus en plus difficiles, les pratiques autoritaires du gouvernement régional et la corruption qui sévit dans la région autonome.
Des dizaines de véhicules de police étaient déployés dans le centre de Souleimaniyeh (nord). Quand des centaines de manifestants sont arrivés, les forces de sécurité ont immédiatement utilisé des gaz lacrymogènes et tiré des balles en caoutchouc pour les disperser, a constaté un correspondant de l'AFP.
Les forces de sécurité ont empêché les journalistes d'utiliser leur caméra, a-t-il précisé.
Six députés Nouvelle génération, siégeant au Parlement fédéral de Bagdad, ont été interpellés, principalement à Souleimaniyeh: ils s'apprêtaient à rallier les manifestations, a indiqué à l'AFP Srwa Abdulwahid, la cheffe du bloc parlementaire.
Une septième parlementaire, siégeant au Parlement régional, a été arrêtée, a-t-elle précisé.
Tous ont été libérés au bout de quelques heures, a-t-elle assuré.
Mme Abdulwahid a aussi publié sur Twitter les portraits d'une trentaine de militants arrêtés ces derniers jours.
Le Kurdistan est régulièrement pointé du doigt par les défenseurs des droits humains qui dénoncent arrestations arbitraires, violations de la liberté de manifestation et atteintes à la liberté de la presse.
"La corruption, la pauvreté et le chômage ont atteint des sommets" au Kurdistan, fustigeait début août sur Twitter Shaswar Abdalwahid qadir, le président de Nouvelle Génération (neuf députés sur les 329 du Parlement fédéral).
Il a accusé les autorités de vouloir reporter les prochaines législatives régionales, prévues à l'automne. "A part les manifestations, quel autre choix avons-nous ?"
Le Kurdistan d'Irak, se présentant comme une oasis de stabilité avec ses infrastructures et ses projets immobiliers rutilants, est dominé par deux formations historiques : le Parti démocratique du Kurdistan (PDK) et l'Union patriotique du Kurdistan (UPK), chacun tenu par des clans familiaux rivaux, les Barzani et les Talabani.
La répression des manifestations intervient au moment où, à Bagdad, les partisans de l'influent leader chiite Moqtada Sadr poursuivent samedi leur sit-in dans les jardins du Parlement.
Il y a une semaine, ils ont envahi l'ultrasécurisée Zone verte, abritant institutions gouvernementales et ambassades, pour occuper le Parlement.