Exposition saoudienne sur l’Hégire: le message universel du voyage du prophète Mahomet

Une exposition complète a été organisée à Dhahran (Photo, fournie/Ithra).
Une exposition complète a été organisée à Dhahran (Photo, fournie/Ithra).
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Publié le Samedi 06 août 2022

Exposition saoudienne sur l’Hégire: le message universel du voyage du prophète Mahomet

  • La migration du fondateur de l’islam de La Mecque à Médine en l’an 622 est racontée à travers un nouvel événement exhaustif organisé par Ithra
  • Selon les conservateurs, cette exposition vise à rendre l’histoire de l’Hégire accessible à un public international non musulman

DHAHRAN: La route qui mène de La Mecque à Médine en passant par les montagnes rocheuses du Hijaz, en Arabie saoudite, n’est pas très fréquentée de nos jours. Cependant, il y a mille quatre cents ans, le prophète Mahomet, fondateur de l’islam, a été contraint de l’emprunter lorsqu’il a dû quitter La Mecque pour échapper aux persécutions liées à ses enseignements religieux.

Avec ses disciples, il se rend par voie terrestre à Médine, à quelque 450 kilomètres au nord, pour un voyage qui sera connu sous le nom d’Hégire.

Pour commémorer l’anniversaire de ce moment décisif dans l’histoire de l’islam, une exposition complète a été organisée à Dhahran, dans la province d’Ach-Charqiya du Royaume, pour raconter le voyage entrepris en l’an 622. Cette exposition vise à partager l’impact et la pertinence de l’Hégire à travers ses thèmes d’amour, de paix, de liberté, de tolérance, de persévérance, de courage et de camaraderie.

«Avec cette exposition, nous visons un public mondial, pas les Arabes ou les musulmans en tant que tels. Nous visons tous ceux qui veulent être éclairés par les messages universels de l’Hégire», explique à Arab News Ashraf Ehsan Fagih, responsable des programmes au Centre du roi Abdelaziz pour la connaissance et la culture (Ithra), où l’exposition se tient actuellement.

Ithra est l’une des institutions culturelles les plus importantes du Royaume. Elle a été construite par Saudi Aramco et inaugurée par le roi Salmane en décembre 2016.

L’équipe d’Ithra a passé trois ans à préparer cette exposition, intitulée Hégire: sur les traces du Prophète (Photo, fournie/Ithra).

L’équipe d’Ithra a passé trois ans à préparer cette exposition, intitulée Hégire: sur les traces du Prophète, qui durera cinq ans. Après neuf premiers mois à Ithra, l’exposition se déplacera à Riyad et à Djeddah avant d’être présentée à l’étranger.

Elle a été organisée par l’équipe d’experts d’Ithra en collaboration avec le Dr Abdallah Hussein Alkadi, considéré comme la référence mondiale en ce qui concerne l’Hégire et l’un des plus grands biographes vivants du prophète Mahomet.

Cette exposition, la première du genre, retrace la séquence des événements qui ont conduit le prophète Mahomet à quitter La Mecque pour la ville de Yathrib, nom préislamique de Médine, ainsi que les difficultés qu’il a rencontrées en chemin.

À la suite de menaces et de persécutions de la part des Mecquois, culminant par une tentative d’assassinat, le prophète Mahomet, son beau-père, ami et compagnon, Abou Bakr, et son petit groupe de disciples se rendent à Yathrib, où il est chaleureusement accueilli par les Ansar, ou les aides, membres des tribus Al-Khazraj et Al-Aws de la région.

En reconnaissance de leur générosité, la ville a ensuite été rebaptisée Al-Madinah Al-Munawwarah, ce qui signifie «la ville illuminée».

Portraits de la tribu Al-Saidi tirés par le photographe sud-africain Ebrahim Hajee (Photo fournie/Ithra).

«L’Hégire marque le passage du temps et le début du calendrier islamique, et pour plus d’un milliard de musulmans dans le monde, l’Hégire est considérée comme la mère de tous les voyages», indique à Arab News Idries Trevathan, conservateur d’Ithra pour l’art et la culture islamiques.

«Elle marque le moment où le prophète Mahomet et ses disciples sont passés du statut de minorité persécutée à celui de communauté dans la civilisation mondiale. C’est l’événement le plus important de sa vie, et il a changé le cours de l’histoire.»

Pour organiser l’exposition, l’équipe a tiré l’histoire de vieux manuscrits écrits au cours du premier siècle de l’islam, avant, comme le décrit M. Fagih, de «passer à l’action». Pendant environ un mois, l’équipe a marché de La Mecque à Médine, sur les traces du prophète Mahomet.

«On atteint un niveau de conscience différent pendant ce voyage», affirme Kumail Almusaly, conservateur d’Ithra pour les expositions itinérantes, à Arab News.

«Nous avons passé des jours à grimper au sommet de diverses grottes, à ressentir des courbatures mais aussi à admirer la beauté du paysage. Nous avons fait l’expérience de la persévérance dont le prophète Mahomet avait besoin pour ce voyage.»

L'exposition commémore l’anniversaire de ce moment décisif dans l’histoire de l’islam (Photo fournie/Ithra).

Un documentaire sur le voyage d’Idries Trevathan et de Kumail Almusaly sur les traces du prophète Mahomet est en cours de production et devrait sortir sur les écrans à la fin de cette année.

M. Trevathan raconte que le voyage a été épuisant mais profondément gratifiant. «Marcher sur ce chemin est une expérience spirituelle. C’est difficile, et la plupart de la route est encore inaccessible en voiture. Il faut la parcourir à pied», dit-il. «C’était un énorme privilège d’effectuer moi-même ce trajet et d’être lié au prophète Mahomet à travers le paysage.»

«Pour cette exposition, nous avons voulu nous inspirer des incroyables traditions de la culture préislamique mais aussi de ce que l’on appelle le wuquf ‘ala al-atlal, ou le fait de se tenir face aux ruines et contempler ce qui s’y est passé.»

L’exposition a été réalisée en collaboration avec la fondation Turquoise Mountain du prince de Galles, une organisation caritative soutenant les arts et le patrimoine au Moyen-Orient, le Musée national d’Arabie saoudite à Riyad, la House of Islamic Arts à Djeddah et le King Abdelaziz Complex for Endowment Libraries à Médine, qui ont tous fourni des pièces pour l’exposition.

Elle comprend des objets islamiques, des œuvres d’art contemporain spécialement commandées à des artistes saoudiens et arabes, ainsi que des installations interactives, des photographies et des vidéos qui recréent l’expérience du voyage ardu du prophète Mahomet.

L’inclusion de nombreuses œuvres d’art contemporain provenant de tout le monde islamique est également considérée comme un attrait potentiel (Photo fournie/Ithra).

«Nous voulions créer quelque chose d’exceptionnel et de différent pour commémorer l’Hégire. Lorsque le prophète Mahomet a quitté sa tribu il y a 1400 ans, c’était du jamais vu, car à l’époque, on était défini par sa tribu», explique M. Fagih.

«Ce qui s’est passé était miraculeux à tous les égards. Il a abandonné sa tribu, il a été accepté par d’autres tribus dans une ville différente, et ils l’ont accepté comme un leader de la société.» 

En résumé, «l’histoire de l’Hégire est pleine de miracles et de difficultés auxquelles tout le monde peut s’identifier, telles que la solitude. Le prophète Mahomet avait 53 ans au moment de l’Hégire. On lui a donné une autre chance et il a réussi. Il n’a vécu que dix ans de plus», poursuit M. Fagih.

C’est aussi une histoire d’humilité, d’épreuves et de beauté, où le passé et le présent s’entremêlent dans un souvenir totalement immersif du voyage.

«Quand les Ansar ont accueilli les migrants de La Mecque et que la préparation de la Constitution de Médine a défini la manière dont les communautés de migrants sont traitées, cela a créé un précédent pour les générations suivantes», souligne M. Trevathan.

«Bien qu’il ait été persécuté à La Mecque, lorsque le prophète Mahomet est arrivé à Médine, il a préparé cette Constitution qui protège les droits de toutes les religions et communautés à Médine.»

Cette exposition, la première du genre, retrace la séquence des événements qui ont conduit le prophète Mahomet à quitter La Mecque pour la ville de Yathrib (Photo fournie/Ithra).

Selon M. Trevathan, par opposition aux actes de persécution que l’on voit souvent dans l’actualité, «certaines des plus anciennes religions se trouvent au Moyen-Orient, car elles ont été préservées par la civilisation musulmane, qui remonte à la Constitution du prophète Mahomet».

Le thème de la fraternité est également mis en avant tout au long de l’exposition. En effet, le prophète Mahomet et ses disciples ont été acceptés en tant que muhajiroun, ou émigrés, par les tribus rivales Al-Khazraj et Al-Aws, qui ont surmonté leurs différences pour servir une cause commune plus noble.

Le fait qu’ils aient été acceptés est considéré comme l’un des miracles de l’Hégire et constitue une leçon de tolérance, et les organisateurs espèrent qu’il trouvera écho auprès du public mondial.

L’inclusion de nombreuses œuvres d’art contemporain provenant de tout le monde islamique est également considérée comme un attrait potentiel qui place les valeurs et la signification actuelle de l’Hégire dans un contexte moderne.

«L’équilibre entre l’art islamique et l’art contemporain tout au long de l’exposition est important pour montrer l’évolution et la progression de l’histoire de cette exposition dans notre époque moderne», constate la responsable du musée Ithra, Farah Abushullaih.

Plusieurs œuvres commandées spécialement pour l’exposition ont par ailleurs été réalisées par des maîtres artisans d’Afghanistan, d’Inde, d’Arabie saoudite et de Syrie (Photo fournie/Ithra).

«En proposant un contenu qui porte sur ces deux types d’art et qui relate le voyage du prophète Mahomet, nous prenons un concept abstrait et essayons de faire le lien entre les histoires d’un récit collectif et une perspective contemporaine plus tangible.»

Par exemple, l’idée de fraternité est exprimée de manière poignante dans une installation d’art contemporain de l’artiste saoudienne Zahrah al-Ghamdi, l’une des femmes artistes les plus reconnues du Royaume, dont les œuvres ont été présentées à la Biennale de Venise, au British Museum et à Desert X Coachella en Californie.

L’installation de Mme al-Ghamdi, intitulée à juste titre Fraternité, est formée de nœuds en tissu et en argile, illustrant la façon dont les Ansar «ont accueilli de façon désintéressée les muhajirin dans leur maison, et les ont aidés en partageant tout ce qu’ils possédaient».

«Je voulais créer une œuvre d’art qui mette en évidence ce lien et la force de leurs racines pour créer une relation fructueuse. Les nœuds représentent les relations étroites et riches en amour entre les muhajirin et les Ansar», précise-t-elle dans une déclaration précédant l’exposition.

Parmi les œuvres contemporaines figure également un objet en cuivre peint du Marocain Younes Rahmoun, intitulé Maison-bateau, qui évoque le thème de la migration relatif à l’Hégire.

L'exposition a été organisée en collaboration avec Turquoise Mountain, oeuvre de charité du prince de Galles (Photo fournie/Ithra).

«J’ai utilisé la forme du bateau pour incarner une personne assise dans une position humble de recueillement et de méditation, tout en utilisant la forme de la maison pour symboliser le foyer», explique M. Rahmoun.

Quant à la maître calligraphe espagnole Nuria Garcia Masip, elle a créé Umm Ma’Bad Hilye, une œuvre calligraphique sur Umm Ma’bad, une femme âgée de la tribu des Khuza’ah, que le prophète Mahomet rencontre pendant l’Hégire et qui s’installe ensuite à Médine pour adhérer à l’islam.

La Hilye, ou panneau calligraphique, créée par Mme Masip illustre cette rencontre avec des pigments exquis d’or 22 carats et de gouache sur papier.

«Je trouve remarquable que les mots de cette femme bédouine décrivant le prophète Mahomet aient été transmis et préservés si magnifiquement au fil du temps», dit Mme Masip à Arab News.

«En tant que femme artiste, je me sens doublement inspirée et honorée d’avoir pu écrire et recomposer ses mots dans une hilye, qui est, par essence, une icône calligraphique du Prophète.»

Plusieurs œuvres commandées spécialement pour l’exposition ont par ailleurs été réalisées par des maîtres artisans d’Afghanistan, d’Inde, d’Arabie saoudite et de Syrie. Leur travail, qui fait appel à des techniques ancestrales, rend hommage non seulement à l’histoire de l’Hégire mais aussi au patrimoine islamique et à sa préservation.

Selon Thalia Kennedy, directrice artistique chez Turquoise Mountain, «beaucoup d’artisans qui ont créé des œuvres pour l’exposition ont traversé des épreuves très difficiles dans leur vie». «Je pense donc que la création de ces pièces sur l’Hégire et la mosquée de Médine revêt une signification particulière pour eux», ajoute-t-elle.

«C’est une histoire qui témoigne de la persévérance et de la capacité à surmonter les défis et à trouver de nouveaux lieux de spiritualité.»

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


L'art est une "traduction des sentiments", affirme un artiste saoudien de 16 ans

Jawad Al-Omair a déclaré avoir remarqué un changement radical dans ses capacités artistiques après avoir été présenté à un groupe d'artistes locaux qui lui ont enseigné des techniques de peinture à appliquer dans ses œuvres d'art. (Fournie)
Jawad Al-Omair a déclaré avoir remarqué un changement radical dans ses capacités artistiques après avoir été présenté à un groupe d'artistes locaux qui lui ont enseigné des techniques de peinture à appliquer dans ses œuvres d'art. (Fournie)
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  • Jawad Al-Omair s'est imposé comme peintre, s'inspirant de la beauté et de la douleur qui l'entourent
  • Dans une œuvre récente, Al-Omair a peint un grand autoportrait inspiré par le style de John Singer Sargent, un artiste américain réputé pour ses portraits peints à la fin du 19e et au début du 20e siècle.

RIYADH : Pendant que ses camarades de classe participaient à des activités sportives, l'artiste saoudien Jawad Al-Omair rêvait de la prochaine fois où il prendrait un pinceau ou un crayon pour dessiner à nouveau.

Il a expliqué à Arab News que le moment où il a découvert ses talents d'artiste, il n'était qu'en troisième année primaire.

Jawad Al-Omair a déclaré avoir remarqué un changement radical dans ses capacités artistiques après avoir été présenté à un groupe d'artistes locaux qui lui ont enseigné des techniques de peinture à appliquer dans ses œuvres d'art. (Fournie
Jawad Al-Omair a déclaré avoir remarqué un changement radical dans ses capacités artistiques après avoir été présenté à un groupe d'artistes locaux qui lui ont enseigné des techniques de peinture à appliquer dans ses œuvres d'art. (Fournie

"Tous les enfants allaient jouer. Je me retrouvais toujours à ouvrir mon cahier et à dessiner. Je me souviens d'un jour où j'ai dessiné quelque chose à l'école et, en rentrant, je l'ai montré à tout le monde. Je me suis dit que je devrais faire ça plus souvent."

Il utilise la peinture acrylique pour représenter ses idées vives sur la toile.

"Pour chaque peinture que je réalise, j'ai généralement une vision de la palette de couleurs et de la composition, et surtout du message et du sentiment que j'essaie de faire passer à travers le tableau".

Le jeune artiste considère la couleur comme un arsenal permettant de communiquer des émotions dans ses œuvres. "Si je voulais peindre quelque chose qui transmette le sentiment d'être perdu, j'utiliserais généralement des couleurs froides comme les gris et les bleus.

M. Al-Omair a déclaré qu'il avait remarqué un changement radical dans ses capacités artistiques après avoir été présenté à un groupe d'artistes locaux qui lui ont enseigné des techniques de peinture à appliquer dans ses œuvres d'art.

Jawad Al-Omair a déclaré avoir remarqué un changement radical dans ses capacités artistiques après avoir été présenté à un groupe d'artistes locaux qui lui ont enseigné des techniques de peinture à appliquer dans ses œuvres d'art. (Fournie)
Jawad Al-Omair a déclaré avoir remarqué un changement radical dans ses capacités artistiques après avoir été présenté à un groupe d'artistes locaux qui lui ont enseigné des techniques de peinture à appliquer dans ses œuvres d'art. (Fournie)

"Dana Almasoud est l'une de mes meilleures amies qui m'a beaucoup aidé. Il y a trois ans, j'étais un artiste complètement différent. J'étais incapable de dessiner de petits portraits, mais elle m'a appris à le faire. Je ne peux pas imaginer ce que serait ma vie si je ne les avais pas rencontrées", a-t-il déclaré.

Dans une œuvre récente, Al-Omair a peint un grand autoportrait inspiré par le style de John Singer Sargent, un artiste américain réputé pour ses portraits peints à la fin du 19e et au début du 20e siècle.

Il décrit Sargent comme l'un de ses artistes préférés. "Si vous voyez son autoportrait, il est similaire au mien. J'ai regardé ses œuvres pendant que je peignais afin de capturer la même atmosphère.

Il a fallu environ 12 heures à Al-Omair pour réaliser son autoportrait, qui met en valeur ses traits proéminents.

Jawad Al-Omair a déclaré avoir remarqué un changement radical dans ses capacités artistiques après avoir été présenté à un groupe d'artistes locaux qui lui ont enseigné des techniques de peinture à appliquer dans ses œuvres d'art. (Fournie)
Jawad Al-Omair a déclaré avoir remarqué un changement radical dans ses capacités artistiques après avoir été présenté à un groupe d'artistes locaux qui lui ont enseigné des techniques de peinture à appliquer dans ses œuvres d'art. (Fournie)

"On me fait souvent des commentaires sur mon nez, alors je l'ai peint au centre. Je voulais immortaliser mon moi de 16 ans, car qui sait à quoi je ressemblerai dans cinq ans ?

Le jeune artiste souhaite transformer toutes sortes d'expériences - même celles d'amis ou de membres de la famille - en œuvres d'art.

"Comment serait la vie si nous n'avions pas de musique ou de belles choses à regarder ? Quand on pense à un artiste, on imagine généralement quelqu'un avec un pinceau, mais c'est bien plus que cela.

"L'art consiste à traduire des sentiments avec une certaine habileté. Le cinéma a beaucoup appris à l'humanité parce qu'il permet d'en savoir plus sur les gens. L'écriture, les chansons et la musique sont des choses émotionnelles que nous partageons. L'art est l'une des parties les plus importantes de la vie. Chacun possède un côté artistique qu'il n'a peut-être pas encore découvert", a-t-il déclaré.

Ce texte est la traduction d'un article paru sur Arabnews.com

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 


A Milan, les icônes du design italien retrouvent leur splendeur d'antan

Des visiteurs regardent le canapé "La Bocca" (La Bouche) présenté par Gufram, au Palazzo Litta dans le cadre de l'événement Fuorisalone 2024, à la veille de la Semaine du design de Milan, à Milan, le 15 avril 2024. (Photo Gabriel Bouys AFP)
Des visiteurs regardent le canapé "La Bocca" (La Bouche) présenté par Gufram, au Palazzo Litta dans le cadre de l'événement Fuorisalone 2024, à la veille de la Semaine du design de Milan, à Milan, le 15 avril 2024. (Photo Gabriel Bouys AFP)
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  • «Pour Ponti, le mobilier avait sa dignité comme s'il s'agissait d'une sculpture, il avait sa propre vie et était libre, telle une œuvre d'art», dit M. Licitra, 71 ans, qui gère avec passion et minutie les archives de son illustre ancêtre
  • Dans un tout autre registre, le Groupe Memphis, mouvement éphémère du «design radical» et anticonformiste créé en 1981 par Ettore Sottsass, a refait surface

MILAN, Italie : Ancrées dans l'imaginaire collectif, les icônes créées par les grands maîtres du design italien comme Gio Ponti, Ettore Sottsass ou Mario Bellini ont retrouvé une nouvelle vie, grâce aux rééditions de ces meubles vintage omniprésentes au Salon du meuble de Milan.

Salvatore Licitra, petit-fils de Gio Ponti (1891-1979), fait glisser sa main délicatement sur le canapé en cuir vert, baptisé Due Foglie (Deux Feuilles) en raison de sa forme incurvée et douce, qui a été conçu en 1957 par le célèbre designer et revisité par le groupe Molteni.

Un peu plus loin, sur le même stand, il retrouve avec émotion un autre de ses chefs-d'oeuvre, le fauteuil Continuum de 1963 dont la structure est façonnée dans une ligne continue en canne de rotin. Un meuble qui lui rappelle son enfance, car il trônait à l'entrée du studio de son grand-père à Milan.

«Je suis content que l'on redécouvre un patrimoine qui n'était pas très connu car à l'époque il n'y avait pas de réseau de distribution. Maintenant, ces meubles tombés dans l'oubli existent à nouveau, ont un nom, une histoire», confie Salvatore Licitra.

«Pour Ponti, le mobilier avait sa dignité comme s'il s'agissait d'une sculpture, il avait sa propre vie et était libre, telle une œuvre d'art», dit M. Licitra, 71 ans, qui gère avec passion et minutie les archives de son illustre ancêtre.

Suscitant un grand intérêt dans le monde, les oeuvres de Gio Ponti, qui cherchait à la fois «la fonctionnalité et la beauté», sont très appréciées des Japonais qui «me demandent toujours où se trouve sa tombe pour pouvoir la visiter», assure son héritier.

- Objets culte de Memphis -

Dans un tout autre registre, le Groupe Memphis, mouvement éphémère du «design radical» et anticonformiste créé en 1981 par Ettore Sottsass, a refait surface. Dissous peu après le départ de son fondateur en 1985, il a cassé les codes bourgeois de l'époque avec des objets pop frôlant le kitsch et des formes géométriques.

«Le monde vit un moment de grisaille et de guerres, et les gens cherchent donc à se rasséréner en achetant des produits qui les égaient», explique Charley Vezza, PDG de la société Italian Radical Design, qui regroupe les marques Memphis Milano, Gufram et Meritalia.

«Personne n'a jamais jeté un meuble de Memphis, il a une certaine valeur, c'est un objet culte qu'on revend aux enchères», assure ce jeune entrepreneur âgé de 37 ans.

La mythique bibliothèque Carlton d'Ettore Sottsass, une pièce de collection surréaliste aux allures de totem créée en 1981 qui rejette tout concept de fonctionnalité, vaut ainsi plus de 15.000 euros.

Gufram a réédité à son tour une série limitée de Cactus, portemanteau vert et ludique inventé en 1972 par Guido Drocco et Franco Mello, en violet, bleu et rouge.

Et Meritalia a relancé la production des oeuvres du designer visionnaire Gaetano Pesce décédé début avril à 84 ans. Parmi elles, son canapé ludique et modulable La Michetta de 2005, inspiré de ces petits pains soufflés milanais.

- Une histoire à raconter -

«Les rééditions apportent un certain réconfort» aux acheteurs, «psychologique par le lien avec les racines du passé, mais aussi par la valeur économique qu'elles acquièrent au fil du temps», commente Maria Porro, présidente du Salone del Mobile.

Les murs du stand de Tacchini sont tapissés de photos des maestros du design et de leurs oeuvres, assorties de notes retraçant leur histoire. Fille du fondateur de l'entreprise familiale et son PDG, Giusi Tacchini ne cache pas sa passion pour ces icônes.

«Nous recherchons des pièces du passé qui ont une histoire à raconter. Il ne s'agit pas toujours de créateurs célèbres, mais aussi de designers inconnus ou peu connus», raconte-t-elle.

«Ce sont des produits qui ne suivent pas les modes du moment, des grands classiques que l'on aime aujourd'hui et qui seront encore beaux dans dix, vingt ou cinquante ans», s'émerveille-t-elle.

Le canapé Le Mura (Les murs), créé en 1972 par le designer renommé Mario Bellini, 89 ans, a été ainsi réédité en 2022, en utilisant de nouveaux matériaux et revêtements, tout en respectant l'original.

«Le Mura a été choisi pour ses lignes pures et son caractère», explique Giusi Tacchini. «C'est un mélange parfait d'intemporalité et de sensualité qui, pour nous, fait le succès d'un produit».


L'Arabie saoudite participe à la troisième édition de la parade internationale des chameaux à Paris

Les participants saoudiens au défilé de chameaux de Paris souligneront le rôle du Royaume dans la promotion de la valeur des chameaux en tant que symbole culturel associé à la société saoudienne depuis l'Antiquité. (Photo SPA)
Les participants saoudiens au défilé de chameaux de Paris souligneront le rôle du Royaume dans la promotion de la valeur des chameaux en tant que symbole culturel associé à la société saoudienne depuis l'Antiquité. (Photo SPA)
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  • L'événement de cette année célèbre la décision de l' Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture de faire de 2024 l'Année internationale des camélidés
  • Les représentants saoudiens souligneront le rôle du Royaume dans la promotion de la valeur des chameaux en tant que symbole culturel associé à la société saoudienne depuis l'Antiquité

RIYAD : L'Arabie saoudite participe à une parade spéciale de chameaux en France samedi, pour célébrer la désignation par l'ONU de 2024 comme Année internationale des camélidés.

L'événement à Paris a été organisé par la Fédération française pour le développement des camélidés en France et en Europe, sous l'égide de l'Organisation internationale du chameau, et est parrainé par le ministère saoudien de la Culture et le Club des chameaux du Royaume.

C'est la troisième année que l'événement a lieu.  L'événement a eu lieu pour la première fois en janvier 2019 et s'est répété en 2022. 

Les participants au défilé de chameaux, lamas, alpagas et autres membres de la famille des camélidés devraient comprendre plus de 50 représentants d'organisations liées aux chameaux provenant de plus de 30 pays, ainsi que des éleveurs de chameaux, des fonctionnaires, d'autres parties intéressées par ces animaux et des artistes de diverses branches des arts du spectacle.

Outre l'Arabie saoudite, les pays représentés sont les États-Unis, les Émirats arabes unis, le Qatar, Oman, Bahreïn, le Canada, l'Inde, le Maroc, la Tanzanie, le Pérou, l'Algérie, la République tchèque, le Pakistan, la Tunisie, l'Autriche, l'Espagne, le Burundi, le Sénégal, la République démocratique du Congo, la Mauritanie, la France, le Soudan, le Tchad, l'Angola, le Royaume-Uni et l'Ouganda.

Les représentants saoudiens souligneront le rôle du Royaume dans la promotion de la valeur des chameaux en tant que symbole culturel associé à la société saoudienne depuis l'Antiquité et « qui jouit toujours d'un grand prestige », a rapporté l'agence de presse saoudienne.

Vendredi, la veille du défilé, des discussions publiques ont eu lieu au centre historique du château de Janvry sur l'héritage culturel associé aux chameaux dans le monde et sur les contributions spécifiques des pays participants à l'événement annuel à Paris.

Le défilé sera suivi d'une réception pour les invités, dont les représentants des pays participants, des organisations internationales, des universités, des centres de recherche et du secteur privé, a rapporté l'APS.

L'Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture a proclamé 2024 Année internationale des camélidés afin d'honorer et de promouvoir ce secteur et de souligner le rôle important qu'il joue dans les efforts déployés pour assurer la sécurité alimentaire et la croissance économique dans de nombreux pays.

Ce texte est la traduction d'un article paru sur Arabnews.com