LA HAYE : Le gouvernement néerlandais a gelé samedi le déblocage d'une aide publique de 3,4 milliards d'euros destinée à la compagnie aérienne KLM face à la crise du coronavirus, après le refus des syndicats de signer un accord sur cinq ans.
« L'aide prévue ne passe pas. C'est décevant mais c'est un fait », a déclaré à des journalistes le ministre néerlandais des Finances Wopke Hoekstra.
Auparavant, des syndicats de la compagnie néerlandaise avaient refusé de signer cet accord, dénonçant des changements « de dernière minute » sur la question de la baisse des salaires.
M. Hoekstra avait donné à la direction et aux syndicats de KLM jusqu'à samedi 11H00 GMT pour signer cet accord censé débloquer l'aide, sous forme de prêts, à la branche néerlandaise d'Air France-KLM.
Alors que les pourparlers se poursuivent avec plusieurs syndicats, le syndicat des pilotes néerlandais VNV a refusé de signer une clause de l'accord demandant au personnel d'accepter des baisses de salaires au cours des cinq prochaines années.
Cette semaine, KLM a présenté au ministère des Finances un plan d'austérité qui prévoit des coupes de 15 % dans les dépenses et la suppression de 5.000 emplois à la suite de l'impact de la pandémie du coronavirus sur le transport aérien.
Le plan comprend un accord avec les syndicats prévoyant une baisse des salaires des pilotes jusqu'en mars 2020 et du personnel naviguant et au sol jusqu'au début 2023.
« Nous n'avons pas signé », a déclaré un représentant de VNV après l'expiration du délai.
« Nous avions un accord avec KLM le 1er octobre, et maintenant (le gouvernement) recule sur cet accord », a déclaré le syndicaliste qui a refusé d'être nommé.
Des discussions se poursuivent également avec le syndicat FNV qui a accusé le gouvernement de « créer une grande incertitude avec des changements à la onzième heure ».
« Nous ne comprenons pas pourquoi KLM et le gouvernement exigent des engagements supplémentaires à la dernière minute », a déclaré FNV.
Mais, a-t-il ajouté, « comme FNV, nous ne mettrons jamais en danger l'avenir de KLM ».
Quelque 3.000 pilotes devraient être particulièrement touchés, avec des baisses de salaires allant jusqu'à 20 %, selon les medias néerlandais.
D'autres syndicats ont cependant signé l'accord, notamment celui des personnels de cabine et celui des techniciens, estimant que la survie de la compagnie était la priorité.
Air France-KLM a subi une perte nette de 1,6 milliard d'euros au cours du troisième trimestre, alors que ses bénéfices atteignaient 363 millions d'euros au troisième trimestre 2019.
KLM connaît « sa pire crise en 101 ans d'existence », a déclaré la compagnie dans un communiqué.
La signature de l'accord « était le dernier pas à faire pour l'approbation par le gouvernement. Sans ce prêt, KLM ne se sortira pas de cette passe difficile », a affirmé le patron de la compagnie, Pieter Elbers, cité dans le communiqué.
« Cela rend cette impasse extrêmement alarmante », a-t-il ajouté.