EREVAN : La Russie a appelé jeudi à la "retenue" après de nouvelles violences entre l'armée azerbaïdjanaise et des séparatistes arméniens au Nagorny Karabakh, tandis que l'Arménie a demandé aux soldats de la paix russes d'agir dans cette enclave disputée.
"Nous sommes extrêmement préoccupés par l'escalade des tensions (...) et appelons les parties à faire preuve de retenue et à respecter le cessez-le-feu", a indiqué la diplomatie russe dans un communiqué, précisant que Moscou était en "contact étroit" avec Bakou et Erevan sur le sujet.
"Les soldats russes de maintien de la paix font tous les efforts nécessaires pour stabiliser la situation sur le terrain. Un travail actif est en cours avec les deux parties (...) à tous les niveaux", a assuré la diplomatie russe.
L'Azerbaïdjan a affirmé mercredi avoir pris le contrôle de plusieurs positions et détruit des cibles arméniennes au Nagorny Karabakh, lors d'une escalade qui a fait au moins trois morts et ravivé le risque d'une guerre d'ampleur.
Jeudi, le Premier ministre arménien Nikol Pachinian a, lui, sollicité l'aide des soldats de la paix russes.
"Au Nagorny Karabakh, il y a une ligne de contact où sont déployés des soldats de la paix, et ce territoire est sous leur responsabilité. Nous attendons que chaque tentative de violer la ligne de contact soit empêchée par le contingent de soldats de la paix", a-t-il déclaré lors d'une réunion de son gouvernement.
Selon M. Pachinian, l'opération de maintien de la paix doit être "clarifiée", car l'Azerbaïdjan refuse de signer "un document sur le mandat" de cette force russe déployée depuis novembre 2020.
Il a aussi demandé à l'Azerbaïdjan de remplir "ses obligations": reconnaître "l'existence du Nagorny Karabakh", respecter la ligne de contact, et reconnaître le "corridor de Latchin", qui relie l'enclave séparatiste à l'Arménie.
"Dans le cas contraire, nous devons promouvoir des mécanismes internationaux pour que l'Azerbaïdjan remplisse ses obligations", a-t-il poursuivi.
Les récents incidents risquent de peser sur les pourparlers pour la signature d'un traité de paix sous médiation de l'Union européenne qui ont lieu depuis plusieurs mois entre l'Azerbaïdjan et l'Arménie, deux ex-républiques soviétiques rivales du Caucase.
Après une guerre qui a fait plus de 30.000 morts au début des années 1990, les deux pays se sont affrontés à nouveau à l'automne 2020 pour contrôler le Nagorny Karabakh, une région montagneuse qui, soutenue par Erevan, a fait sécession de l'Azerbaïdjan.
Plus de 6.500 personnes ont été tuées lors cette nouvelle guerre perdue par l'Arménie, qui a cédé d'importants territoires à l'Azerbaïdjan.
Après un accord de cessez-le-feu signé en novembre 2020, Moscou a déployé des centaines de soldats de maintien de la paix au Nagorny Karabakh, mais les incidents armés restent fréquents.