Sur le front ukrainien, des pensées douloureuses pendant l'accalmie

Un militaire de l'armée ukrainienne utilise une doublure pour construire une pirogue dans une position dans la région nord-est de Soumy le 2 août 2022, alors que la guerre russo-ukrainienne entre dans son 159e jour. (AFP)
Un militaire de l'armée ukrainienne utilise une doublure pour construire une pirogue dans une position dans la région nord-est de Soumy le 2 août 2022, alors que la guerre russo-ukrainienne entre dans son 159e jour. (AFP)
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Publié le Jeudi 04 août 2022

Sur le front ukrainien, des pensées douloureuses pendant l'accalmie

  • Le 10e bataillon de l'armée ukrainienne avait commencé à avancer en creusant de nouvelles tranchées dans les terres noires à deux kilomètres de la frontière russe, avant qu'une pause ne s'impose
  • Environ 150 civils ont été tués dans la région de Soumy depuis le début de la guerre, a déclaré à l'AFP son gouverneur Dmytro Jyvytsky, 39 ans

REGION DE SOUMY: Les soldats du front Est de l'Ukraine ont passé cinq mois épuisants rythmés par des bombardements incessants. Pourtant, ce sont parfois les moments de calme où ils pensent à leur famille qui sont les plus durs.

Le 10e bataillon de l'armée ukrainienne avait commencé à avancer en creusant de nouvelles tranchées dans les terres noires à deux kilomètres de la frontière russe, avant qu'une pause ne s'impose.

"Il y a des bombardements sporadiques. Mais actuellement c'est l'armistice céréalier pour la période de récolte des deux côtés", explique à l'AFP le sergent Tchekh qui s'identifie par son nom de guerre conformément au protocole de sécurité.

"Mais dans deux ou trois jours, quand ce sera fini, les frappes reprendront avec une vigueur renouvelée."

La mère de cet officier de 51 ans est restée dans la région de Kherson, dans le sud, presque entièrement occupée par la Russie depuis le début de l'invasion, à 500 kilomètres de son fils qui combat dans la région de Soumy, dans le nord-est de l'Ukraine.

"Je n'ai eu aucun contact avec elle depuis trois mois et je ne sais pas si elle est en vie. Elle a 88 ans", raconte-t-il à l'AFP presque en chuchotant.

"J'ai eu des contacts avec les voisins et j'ai envoyé de l'argent, mais je n'ai aucune idée de la situation."

Motivation 

Avocat de profession, Tchekh a amené sa famille dans la sécurité relative de la ville occidentale de Lviv lorsque la guerre a éclaté. Puis il s'est rendu dans un bureau de recrutement local pour se porter volontaire.

Il s'inquiète pour sa mère injoignable, mais aspire à retrouver sa femme, ses deux filles et son jeune fils, qui attendent la fin de la guerre à l'étranger.

C'est ce rêve des retrouvailles qui le fait avancer.

"+Difficile+ n'est pas vraiment le bon mot", dit-il à l'AFP.

"Pour moi, c'est une motivation qui m'aide à me concentrer sur le travail en cours."

Environ 150 civils ont été tués dans la région de Soumy depuis le début de la guerre, a déclaré à l'AFP son gouverneur Dmytro Jyvytsky, 39 ans.

Les villes et villages le long de sa frontière de 564 kilomètres avec la Russie subissent toujours des bombardements presque quotidiens par des roquettes Grad, des obusiers et des mortiers, souligne-t-il.

Mais la partie de la ligne de front du 10e bataillon semble pour l'instant étrangement paisible.

Les camarades de Tchekh fument et discutent dans l'ombre de la forêt, profitant d'une pause dans le creusement de tranchées, leur occupation principale pendant la trêve.

Il n'y a pas de crépitement de coups de feu ni de bruit familier d'obus explosés qui serrent la gorge et accélèrent le sang.

Tout d'un coup l'air vibre d'un gémissement cacophonique qui ressemble à un cri de guerre mais on se rend vite compte que c'est une sonnerie de portable.

Donner l'exemple 

Le capitaine Roman, commandant de compagnie, supervise le creusement d'une nouvelle tranchée.

Il scrute la limite des arbres, les yeux plissés, à la recherche de signes de mouvement de l'ennemi qui ne vient pas. "Ils tirent de temps en temps avec de l'artillerie et des grenades", raconte à l'AFP l'homme de 43 ans.

Environ 90% des combattants du 10e bataillon sont des volontaires qui n'ont vu que peu ou pas de combat. Mais selon leurs supérieurs, ils compensent le manque d'expérience par le fait qu'ils font tout de tout leur coeur.

"Nous sommes ici pour défendre notre pays", déclare Roman à l'AFP. "Les soldats savent qu'ils peuvent mourir, mais ils sont prêts à accomplir leur tâche: défendre l'Ukraine"

En bas, le commandant de peloton, le lieutenant Volodymyr, montre fièrement la nouvelle tranchée.

Employé administratif à l'école polytechnique de Lviv dans la vie d'avant, l'homme de 43 ans a quitté son emploi et s'est engagé dans l'armée car il veut être un exemple pour ses deux fils.

Il a pensé à l'effet que sa mort au combat aurait sur les garçons de 12 et 16 ans, mais il estime que sa bravoure leur donnerait également le bon exemple.

"Si j'étais resté à Lviv sans rien faire, quel exemple de patriotisme leur aurais-je donné?"


Droits de douane: des démocrates soupçonnent Trump de possible délit d'initié

Donald Trump a signé son post sur Truth des lettres "DJT", qui représentent à la fois ses initiales et l’abréviation en bourse de son entreprise de médias, Trump Media & Technology Group. L'action de la société a clôturé la journée avec une hausse de 21,67%. (AFP)
Donald Trump a signé son post sur Truth des lettres "DJT", qui représentent à la fois ses initiales et l’abréviation en bourse de son entreprise de médias, Trump Media & Technology Group. L'action de la société a clôturé la journée avec une hausse de 21,67%. (AFP)
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  • Après avoir déclenché une guerre commerciale mondiale et ébranlé les marchés, le président américain a écrit mercredi sur TruthSocial, quelques minutes après l'ouverture de Wall Street, "C'EST LE MOMENT D'ACHETER"
  • Quelques heures plus tard, il annonçait une suspension pour 90 jours des droits de douane supplémentaires à l'encontre de dizaines de pays, à l'exception de la Chine, provoquant un rebond boursier historique

WASHINGTON: Donald Trump a-t-il commis un délit d'initié ? Plusieurs élus démocrates ont émis des soupçons, estimant que le président américain avait peut-être, en encourageant à acheter des actions juste avant son revirement spectaculaire sur les droits de douane, illégalement manipulé les marchés.

"Les proches de Donald Trump profitent-ils illégalement de ces énormes fluctuations du marché boursier par le biais de délits d'initiés ?", a interrogé le sénateur démocrate de Californie Adam Schiff sur son compte X mercredi.  "Le Congrès doit savoir", a-t-il ajouté, appelant à une enquête parlementaire.

"Le président des États-Unis participe littéralement à la plus grande manipulation de marché au monde", ont affirmé de leur côté les élus démocrates de la commission des services financiers de la Chambre des représentants, également sur X.

Après avoir déclenché une guerre commerciale mondiale et ébranlé les marchés, le président américain a écrit mercredi sur TruthSocial, quelques minutes après l'ouverture de Wall Street, "C'EST LE MOMENT D'ACHETER".

Quelques heures plus tard, il annonçait une suspension pour 90 jours des droits de douane supplémentaires à l'encontre de dizaines de pays, à l'exception de la Chine, provoquant un rebond boursier historique.

Après plusieurs jours d'effondrement, l'indice Dow Jones a fini mercredi en hausse de 7,87%, sa plus forte progression depuis 2008, et l'indice Nasdaq de 12,16%, du jamais-vu depuis 2001.

Un spécialiste en éthique a lui aussi estimé qu'il y avait matière à enquête.

"Les présidents ne sont pas des conseillers en investissement", a écrit sur X Richard Painter, professeur en droit et ancien avocat chargé de l'éthique à la Maison Blanche sous George W. Bush. "Ce scénario pourrait exposer le président à des accusations de manipulation du marché", a-t-il déclaré sur la chaîne NBC.

La Maison Blanche a assuré que Donald Trump ne voulait que "rassurer".

"Il est de la responsabilité du président des États-Unis de rassurer les marchés et les Américains sur leur sécurité économique face à l'alarmisme permanent des médias", a déclaré au Washington Post Kush Desai, porte-parole de la Maison Blanche.

Donald Trump a signé son post sur Truth des lettres "DJT", qui représentent à la fois ses initiales et l’abréviation en bourse de son entreprise de médias, Trump Media & Technology Group. L'action de la société a clôturé la journée avec une hausse de 21,67%.

 


Trump annonce des discussions «directes» avec l'Iran sur le nucléaire

Donald Trump a créé la surprise en annonçant que Washington menait des discussions "directes" avec l'Iran sur son programme nucléaire, en recevant lundi le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, reparti sans les concessions commerciales qu'il espérait obtenir. (AFP)
Donald Trump a créé la surprise en annonçant que Washington menait des discussions "directes" avec l'Iran sur son programme nucléaire, en recevant lundi le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, reparti sans les concessions commerciales qu'il espérait obtenir. (AFP)
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  • "Nous avons des discussions directes avec l'Iran. Elles ont commencé, elles se poursuivront samedi, nous aurons une très grande réunion", a déclaré à la presse le président américain
  • Il a ensuite assuré que cette rencontre se tiendrait samedi "à très haut niveau" et même "quasiment au plus haut niveau"

WASHINGTON: Donald Trump a créé la surprise en annonçant que Washington menait des discussions "directes" avec l'Iran sur son programme nucléaire, en recevant lundi le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, reparti sans les concessions commerciales qu'il espérait obtenir.

"Nous avons des discussions directes avec l'Iran. Elles ont commencé, elles se poursuivront samedi, nous aurons une très grande réunion", a déclaré à la presse le président américain.

Il a ensuite assuré que cette rencontre se tiendrait samedi "à très haut niveau" et même "quasiment au plus haut niveau".

Il s'agit d'une annonce spectaculaire de la part du président américain, notoirement peu friand de tractations diplomatiques complexes impliquant plus de deux parties, alors que l'Iran avait rejeté dimanche tout dialogue direct avec Washington.

Téhéran a confirmé sa position après cette annonce.

Le ministre iranien des Affaires étrangères, Abbas Araghchi, doit avoir samedi à Oman des "entretiens indirects" avec l'émissaire américain pour le Moyen-Orient, Steve Witkoff, a annoncé mardi l'agence iranienne Tasnim.

"Il s'agit autant d'une opportunité que d'un test. La balle est dans le camp de l'Amérique", avait écrit plus tôt M. Araghchi sur le résau social X, en annonçant la tenue de discussions "de haut niveau indirectes".

Proches alliés durant la monarchie Pahlavi, les deux pays n'ont plus de relations diplomatiques depuis 1980 et la prise d'otages de diplomates américains dans leur ambassade à Téhéran, dans la foulée de la Révolution islamique.

Mais ils échangent indirectement par le biais de l'ambassade de Suisse à Téhéran. Le sultanat d'Oman a plusieurs fois joué un rôle de médiateur, et le Qatar dans une moindre mesure.

"Grand danger" 

"Nous traitons directement avec eux. Et peut-être que nous aurons un accord", a dit lundi le président américain, qui avait retiré avec fracas les Etats-Unis d'un accord international avec l'Iran lors de son premier mandat, en 2018.

Cet accord, conclu en 2015, prévoyait la levée de certaines sanctions en échange d'un encadrement des activités nucléaires iraniennes.

Donald Trump a dit lundi que si un nouvel accord était trouvé, il serait "différent et peut-être beaucoup plus robuste". Mais il a ajouté que l'Iran serait "en grand danger" si les discussions n'aboutissaient pas.

En attendant, l'Iran doit mener mardi à Moscou des consultations sur ce même dossier avec ses proches partenaires, la Russie et la Chine.

Benjamin Netanyahu, tenant d'une ligne dure face à Téhéran, a appelé à ce que l'Iran ne produise "jamais" d'arme nucléaire. Il a plaidé pour que les tractations diplomatiques débouchent sur un démantèlement "complet", évoquant l'exemple de la Libye.

Concernant les droits de douane, autre enjeu de sa visite, le Premier ministre israélien a promis d'"éliminer le déficit commercial des Etats-Unis" vis-à-vis d'Israël.

Il est le premier dirigeant étranger reçu par le président américain depuis l'annonce la semaine dernière des nouveaux droits de douane, qui ont provoqué un coup de tabac sur les places financières mondiales.

"Un autre cessez-le-feu" 

Le dirigeant israélien est reparti sans promesse d'exemption ou de réduction des droits de douane de 17%, qui seront imposés sur les importations en provenance de son pays à compter de mercredi.

Un journaliste a demandé à Donald Trump s'il comptait revenir sur cette taxe, et il a répondu: "Peut-être pas. N'oubliez pas que nous aidons beaucoup Israël".

Israël avait tenté en vain d'échapper aux nouvelles taxes en levant mardi la totalité des droits de douane restants sur les 1% de marchandises américaines encore concernées.

Benjamin Netanyahu a par ailleurs déclaré que Israël oeuvrait à un nouvel "accord" sur la libération des otages retenus par le Hamas à Gaza.

"Nous faisons tout notre possible pour faire sortir les otages. Nous envisageons un autre cessez-le-feu, nous verrons bien ce qui se passera", a renchéri Donald Trump.

Après deux mois d'une trêve fragile, l'armée israélienne a repris le 18 mars son offensive militaire dans la bande de Gaza, d'où le mouvement palestinien avait lancé une attaque sans précédent le 7 octobre 2023 en Israël.

La récente trêve a permis le retour de 33 otages israéliens, dont huit sont décédés, en échange de la libération de quelque 1.800 Palestiniens détenus par Israël.

Sur les 251 otages enlevés lors de l'attaque du Hamas, 58 sont toujours retenus dans le territoire palestinien, dont 34 sont morts selon l'armée israélienne.


L'Iran refuse de négocier directement avec les États-Unis

Un Iranien marche sous une bannière du guide suprême, l'ayatollah Ali Khamenei, lors d'une journée pluvieuse à Téhéran, le 5 avril 2025. (Photo ATTA KENARE / AFP)
Un Iranien marche sous une bannière du guide suprême, l'ayatollah Ali Khamenei, lors d'une journée pluvieuse à Téhéran, le 5 avril 2025. (Photo ATTA KENARE / AFP)
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  • Le mois dernier, Donald Trump a adressé une lettre aux dirigeants iraniens dans laquelle il propose d'engager des négociations sur leur programme nucléaire
  • « Des négociations directes avec une partie qui menace constamment de recourir à la force (...) et dont les différents responsables expriment des positions contradictoires n'auraient pas de sens », a déclaré le ministre iranien des Affaires étrangères.

TEHERAN : L'Iran a rejeté dimanche tout dialogue direct avec les États-Unis, estimant que cela « n'aurait aucun sens », alors que le président américain Donald Trump suggère des pourparlers directs et menace de bombarder le pays en cas d'échec de la diplomatie.

Les pays occidentaux, les États-Unis en tête, soupçonnent l'Iran de vouloir se doter de l'arme nucléaire depuis des décennies. Téhéran rejette ces allégations et affirme que ses activités nucléaires n'ont qu'une finalité civile, notamment en matière d'énergie.

Le mois dernier, Donald Trump a adressé une lettre aux dirigeants iraniens dans laquelle il propose d'engager des négociations sur leur programme nucléaire. Mais le président américain a également menacé de bombarder l'Iran en cas d'échec de la diplomatie et a pris des sanctions supplémentaires à l'encontre du secteur pétrolier iranien. 

« Des négociations directes avec une partie qui menace constamment de recourir à la force (...) et dont les différents responsables expriment des positions contradictoires n'auraient pas de sens », a déclaré samedi soir le ministre iranien des Affaires étrangères Abbas Araghchi, selon des propos rapportés dimanche par son ministère.

« Mais nous restons attachés à la diplomatie et sommes prêts à essayer la voie de négociations indirectes », a ajouté M. Araghchi. 

Jeudi, le président américain a affirmé qu'il préférait mener des « négociations directes » avec l'Iran.

« À quoi bon menacer si l'on veut négocier ? », s'est interrogé samedi le président iranien, Massoud Pezeshkian, élu l'an dernier avec la promesse de reprendre le dialogue avec l'Occident afin d'obtenir un allègement des sanctions pour relancer l'économie.

En 2015, l'Iran a conclu un accord avec les membres permanents du Conseil de sécurité de l'ONU (Chine, Russie, États-Unis, France et Royaume-Uni) et l'Allemagne pour encadrer ses activités nucléaires.

Le texte prévoyait un allègement des sanctions en échange d'une limitation des activités nucléaires iraniennes. 

En 2018, Donald Trump a retiré son pays de l'accord avec fracas durant son premier mandat et rétabli les sanctions. En guise de représailles, l'Iran s'est désengagé du texte et a accéléré son programme nucléaire.

L'Iran ne cherche pas à se doter de l'arme nucléaire, mais « n'aura d'autre choix que de le faire » en cas d'attaque contre le pays, a mis en garde lundi Ali Larijani, un proche conseiller du guide suprême iranien, l'ayatollah Ali Khamenei.