PEKIN : La Chine a annoncé mercredi suspendre l'importation de certains fruits et poissons de Taïwan, ainsi que l'exportation de sable vers l'île, en réaction à la visite de la présidente de la Chambre des représentants américaine Nancy Pelosi.
Le déplacement de Mme Pelosi, plus importante élue américaine à se rendre à Taipei en 25 ans, a déclenché la colère des autorités chinoises.
Elles ont réagi en condamnant sa venue et en lançant des exercices militaires autour de l'île, qu'elles considèrent comme partie intégrante de la Chine.
A Taïwan, Nancy Pelosi dit être venue «en paix» dans la région
La présidente de la Chambre des représentants américaine Nancy Pelosi, arrivée mardi soir à Taïwan, a affirmé mercredi qu'elle était venue "en paix dans la région", alors que sa visite dans l'île a déclenché la colère de Pékin.
"Nous venons en amis à Taïwan, nous venons en paix dans la région", a-t-elle dit lors d'une rencontre avec la vice-présidente du Parlement taïwanais Tsai Chi-chang.
A ces réactions s'ajoutent désormais des sanctions commerciales: l'administration chinoise des douanes a décidé mercredi de suspendre l'importation des agrumes et de certains poissons de Taïwan.
Elle affirme avoir détecté "de façon répétée" un type de cochenille nuisible sur les agrumes et y avoir enregistré des taux excessifs de pesticides. Des emballages contenant deux types de poissons ont également été testés positifs au coronavirus, a-t-elle assuré.
De son côté, le ministère du Commerce a annoncé "suspendre l'exportation de sable naturel vers Taïwan" à partir de mercredi, sans donner d'explications.
Le sable naturel est généralement utilisé pour fabriquer du béton et de l'asphalte, et Taïwan dépend majoritairement de la Chine pour s'en fournir.
Ce n'est pas la première fois que Pékin cible ainsi les échanges commerciaux avec d'autres pays ou avec Taïwan.
C'est "un schéma classique pour Pékin", note Even Pay, analyste spécialisée en agriculture au cabinet Trivium China.
"Quand les tensions diplomatiques et commerciales sont élevées, les régulateurs chinois adoptent généralement une attitude extrêmement stricte en termes de respect des règles (...) en cherchant tout motif justifiant une interdiction commerciale", ajoute-t-elle.
En mars 2021, la Chine avait interdit les importations d'ananas de l'île, affirmant y avoir découvert des parasites, une mesure alors interprétée comme une sanction politique.
Le Conseil taïwanais de l'Agriculture a également indiqué mardi que la Chine avait invoqué des infractions à la réglementation pour suspendre l'importation de différentes marchandises de l'île comme des produits de la pêche, du thé et du miel.
Les autorités chinoises font monter la pression sur Taïwan depuis l'arrivée au pouvoir en 2016 de l'actuelle présidente Tsai Ing-wen, issue d'un parti pro-indépendance.
La Chine est le premier partenaire commercial de Taïwan, avec des échanges qui ont grimpé en 2021 de 26%, à 328 milliards de dollars.