EREVAN: La Russie s'est déclarée samedi prête à fournir l'assistance "nécessaire" à l'Arménie, en conflit avec l'Azerbaïdjan dans la région sécessionniste du Nagorny-Karabakh, si les combats s'étendent au territoire arménien.
L'annonce de Moscou, qui a renouvelé son appel à un cessez-le-feu, est intervenue après que le Premier ministre arménien Nikol Pachinian a demandé plus tôt dans la journée au président Vladimir Poutine d'entamer des consultations "urgentes" sur l'aide que pourrait fournir la Russie pour assurer la sécurité de son pays.
La demande arménienne, qui laisse craindre une escalade dans le conflit, est intervenue au lendemain de l'échec de nouveaux pourparlers entre l'Arménie et l'Azerbaïdjan qui visaient à instaurer un cessez-le-feu.
La Russie dispose d'une base militaire à Gumri, la deuxième ville d'Arménie. Elle est également liée à Erevan par un traité de sécurité collective, mais a affirmé par le passé qu'il ne s'étendait pas à la région séparatiste du Nagorny Karabakh.
"La Russie apportera à Erevan toute l'assistance nécessaire si les affrontements prennent place directement sur le territoire de l'Arménie", a indiqué le ministère russe des Affaires étrangères dans un communiqué.
Parallèlement, la porte-parole de la diplomatie russe, Maria Zakharova, a précisé à la télévision russe que "les formats concrets" d'une assistance seraient discutés.
Dans une lettre à Vladimir Poutine, M. Pachinian a affirmé samedi matin que les combats se rapprochaient des frontières arméniennes et accusé à nouveau la Turquie de soutenir l'Azerbaïdjan.
Invoquant les bonnes relations entre les deux pays et le traité d'amitié, de coopération et d'assistance mutuelle lie les deux pays depuis 1997, il a appelé Moscou à l'aide.
"Le Premier ministre arménien a demandé au président russe d'entamer des consultations urgentes dans le but de déterminer la nature et la quantité de l'aide que la Fédération russe peut apporter à l'Arménie pour assurer sa sécurité", a annoncé la diplomatie arménienne.
Intervention risquée
Carey Cavanaugh, un ancien ambassadeur américain, estime qu'une intervention militaire étendue dans le conflit n'est pas dans l'intérêt de Moscou.
"C'est impossible de mesurer les risques mais une intervention de troupes russes ou turques à ce stade conduirait à une escalade significative dans le conflit", a-t-il affirmé à l'AFP.
Selon lui, l'armée russe "pourrait faire sortir des troupes de leur garnison à Gumri pour assurer la sécurité de la frontière" arménienne, ou porter assistance à des réfugiés fuyant les combats.
Contacté par l'AFP, Hikmet Hajiyev, conseiller diplomatique du président azerbaïdjanais Ilham Aliev, n'a pas souhaité faire de commentaires.
Le ministre arménien des Affaires étrangères, Zohrab Mnatsakanian, et son homologue azerbaïdjanais, Djeyhoun Baïramov, s'étaient rencontrés vendredi à Genève pour tenter sans succès de trouver une issue à la crise.
Vendredi soir, les médiateurs français, russes et américains, réunis au sein du "groupe de Minsk", ont indiqué que les belligérants avaient convenu d'un certain nombre de mesures, notamment l'engagement à "ne pas viser délibérément les populations civiles ou des cibles non militaires".
Toutefois, le "ministère de la Défense" du Nagorny Karabakh a accusé samedi l'Azerbaïdjan d'avoir bombardé la capitale de cette région sécessionniste, Stepanakert, et la ville stratégique proche de Choucha.
Le ministère a fait état "de blessés parmi les civils à Choucha". Pour sa part, Bakou a rejeté les accusations de bombardements sur Stepanakert.
Depuis le 27 septembre, les forces azerbaïdjanaises et celles du Nagorny Karabakh soutenues par Erevan s'affrontent à nouveau. Jusqu'ici, trois tentatives de trêve humanitaires ont volé en éclats.
Selon des bilans partiels, ces affrontements, les pires depuis une guerre au début des années 1990, ont fait plus de 1.250 morts. Le président Poutine, dont le pays fait office d'arbitre dans la région, a lui évoqué la semaine dernière un bilan s'approchant de 5.000 morts.
Le Nagorny Karabakh a fait sécession de l'Azerbaïdjan dans les années 1990 à l'issue d'une guerre ayant fait 30.000 morts et des centaines de milliers de déplacés.