Les avocats palestiniens intensifient leurs protestations contre la gouvernance par «décret» d’Abbas

Des avocats protestent devant le bureau du Premier ministre dans la ville de Ramallah contre le président palestinien qui établit des lois par décret (Photo, AFP).
Des avocats protestent devant le bureau du Premier ministre dans la ville de Ramallah contre le président palestinien qui établit des lois par décret (Photo, AFP).
Short Url
Publié le Vendredi 29 juillet 2022

Les avocats palestiniens intensifient leurs protestations contre la gouvernance par «décret» d’Abbas

  • Le rôle de l'Autorité palestinienne suscite un tollé parmi les groupes mondiaux et les pays donateurs
  • Les avocats ont le droit de protester contre ces décisions, qui affectent le prestige et l'intégrité du système judiciaire, a signalé le haut responsable de l'AP

RAMALLAH: Les avocats palestiniens s'opposent à une législation adoptée par décret présidentiel qui «restreint les droits et les libertés».

Le différend entre les avocats et l'Autorité palestinienne s'est aggravé un mois après le lancement de manifestations contre l'approbation de dizaines de «décisions de justice» prises par le président, Mahmoud Abbas.

Ces mesures sont considérées illégales et renforceraient le contrôle du bureau du président, tout en ignorant les droits des citoyens.

L'Association du barreau palestinien a multiplié les protestations, notamment les grèves, les manifestations et les sit-in, qui ont paralysé le système judiciaire.

Le gouvernement palestinien n'a pas encore répondu aux demandes des avocats.

Des sources haut placées au sein de l'association du barreau ont déclaré à Arab News que cela entraînerait une escalade des protestations.

La principale demande des avocats est l'annulation de 400 décisions qui, selon eux, ont été prises illégalement par Abbas, âgé de 87 ans, en l'absence d'un Parlement palestinien.

Ce tumulte a attiré l'attention des organisations internationales et des pays donateurs sur l'Autorité palestinienne.

Plusieurs d'entre eux ont exprimé leur déception face à l'incapacité de l'autorité exécutive à répondre aux demandes des avocats de ne pas perturber le système judiciaire.

Majed al-Arouri, directeur de la Commission civile pour l'indépendance du pouvoir judiciaire et l'état de droit, a déclaré à Arab News qu'il y a eu une résistance généralisée aux décisions prises par la loi ces derniers mois, en particulier les lois judiciaires, qui menacent les droits de l'homme et les garanties d'un procès équitable.

«Les décisions de justice visent à servir les intérêts des individus au sein du système dirigeant, ou à arbitrer le système dirigeant en l'absence du Parlement. Les intérêts généraux du peuple, dont ceux des avocats, sont affectés par ces décisions», a signalé Al-Arouri.

Les demandes de l'association du barreau sont modestes, a-t-il affirmé, ajoutant: «Il ne faut pas plus de cinq minutes pour que la présidence prenne une décision à ce sujet et entame un dialogue.»

Al-Arouri a indiqué que l'intransigeance de l'AP a contraint l'association du barreau à descendre dans la rue et à adopter de nouvelles méthodes de manifestation, notamment en organisant des manifestations à côté des sièges du président et du gouvernement.

Pendant ce temps, un haut responsable de l'AP a déclaré à Arab News que le Premier ministre, Mohammed Chtayyeh, et le ministre de la Justice de l'AP, Mohammed al-Chalaldeh, n'avaient pas été informés des décisions de loi litigieuses, qui ont été rédigées par le président du Conseil judiciaire suprême, Issa Abou Charar.

Ali Mouhanna, conseiller présidentiel pour les affaires juridiques, a présenté les décisions à Abbas, qui les a publiées en tant que «décrets», selon le responsable.

Les avocats ont le droit de protester contre ces décisions, qui affectent le prestige et l'intégrité du système judiciaire, a signalé le haut responsable de l'AP.

Souhail Achour, président du Barreau palestinien, a confirmé à Arab News que le problème n'est pas lié à la présidence palestinienne, mais au Conseil judiciaire suprême et au conseiller du président, qui ont rédigé les décisions.

Jusqu'à 400 décrets ont été émis par le bureau d'Abbas et sont entrés en vigueur, une approche utilisée par le président palestinien en l'absence d'un Parlement qui introduit ou contrôle la législation.

«Cela fait presque un mois que nous avons commencé à protester en tant qu'avocats, mais nos demandes auprès du président du Conseil judiciaire suprême et du conseiller juridique du président, qui ont adopté ces lois, ont été ignorées. Nous poursuivons nos activités de protestation», a avisé Achour.

Il a déclaré à Arab News que l'association du barreau se réunira dimanche pour discuter du transfert des avocats du registre, puisqu’ils ne sont plus en mesure de remplir la mission qui leur a été confiée.

La Cisjordanie compte environ 7 000 avocats en exercice, auxquels s'ajoutent 3 000 stagiaires et 500 avocats retraités.

Tous sont membres de l'association du barreau, qui est l'un des syndicats les plus influents sur les territoires palestiniens.

Selon les experts juridiques palestiniens, cette question est venue s'ajouter à la prise de conscience croissante de l'opinion publique que les droits des citoyens sont ignorés suite à la décision d'annuler les élections législatives de 2021.

«Il n'existe pas de mécanisme spécifique pour l'émission de décisions de justice», a expliqué Al-Arouri.

«Certaines décisions sont publiées individuellement en fonction du degré de proximité de telle ou telle personne avec le président. Le gouvernement en fournit certaines, et seules quelques-unes font l'objet d'une consultation. Le citoyen n'a rien à voir avec ces décisions», a-t-il soutenu.

Al-Arouri a conclu: «La solution pour sortir de toutes ces crises est de répondre aux demandes de la population en organisant des élections présidentielles et législatives.»

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Finul: quatre soldats italiens blessés, Rome accuse le Hezbollah

Short Url
  • Dans un communiqué, le ministère italien de la Défense indique que "quatre soldats italiens ont été légèrement blessés après l'explosion de deux roquettes de 122 mm ayant frappé la base UNP 2-3 de Chamaa dans le sud du Liban
  • Selon un porte-parole de la Finul, la force onusienne a recensé plus de 30 incidents en octobre ayant entraîné des dommages matériels ou des blessures pour les Casques bleus

ROME: Quatre soldats italiens ont été légèrement blessés lors d'une nouvelle "attaque" contre la mission de maintien de la paix de l'ONU au Liban, la Finul, a indiqué vendredi le gouvernement italien, qui en a attribué la responsabilité au Hezbollah.

"J'ai appris avec profonde indignation et inquiétude que de nouvelles attaques avaient visé le QG italien de la Finul dans le sud du Liban (et) blessé des soldats italiens", a indiqué dans un communiqué la Première ministre Giorgia Meloni.

"De telles attaques sont inacceptables et je renouvelle mon appel pour que les parties en présence garantissent à tout moment la sécurité des soldats de la Finul et collaborent pour identifier rapidement les responsables", a-t-elle affirmé.

Mme Meloni n'a pas désigné le responsable de cette attaque, mais son ministre des Affaires étrangères Antonio Tajani a pointé du doigt le Hezbollah: "Ce devraient être deux missiles (...) lancés par le Hezbollah, encore une fois", a-t-il déclaré là la presse à Turin (nord-ouest).

Un porte-parole du ministère des Affaires étrangères a indiqué à l'AFP que Rome attendrait une enquête de la Finul.

Dans un communiqué, le ministère italien de la Défense indique que "quatre soldats italiens ont été légèrement blessés après l'explosion de deux roquettes de 122 mm ayant frappé la base UNP 2-3 de Chamaa dans le sud du Liban, qui abrite le contingent italien et le commandement du secteur ouest de la Finul".

"J'essayerai de parler avec le nouveau ministre israélien de la Défense (Israël Katz, ndlr), ce qui a été impossible depuis sa prise de fonction, pour lui demander d'éviter d'utiliser les bases de la Finul comme bouclier", a affirmé le ministre de la Défense Guido Crosetto, cité par le communiqué.

Selon un porte-parole de la Finul, la force onusienne a recensé plus de 30 incidents en octobre ayant entraîné des dommages matériels ou des blessures pour les Casques bleus, dont une vingtaine dus à des tirs ou des actions israéliennes.

Plus de 10.000 Casques bleus sont stationnés dans le sud du Liban, où la Finul est déployée depuis 1978 pour faire tampon avec Israël. Ils sont chargés notamment de surveiller la Ligne bleue, démarcation fixée par l'ONU entre les deux pays.

L'Italie en est le principal contributeur européen (1.068 soldats, selon l'ONU), devant l'Espagne (676), la France (673) et l'Irlande (370).


Syrie: le bilan des frappes israéliennes sur Palmyre s'élève à 92 morts

Quatre-vingt-douze combattants pro-iraniens ont été tués dans des frappes israéliennes mercredi à Palmyre, dans le centre de la Syrie, a annoncé vendredi l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH) dans un nouveau bilan. (AFP)
Quatre-vingt-douze combattants pro-iraniens ont été tués dans des frappes israéliennes mercredi à Palmyre, dans le centre de la Syrie, a annoncé vendredi l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH) dans un nouveau bilan. (AFP)
Short Url
  • Un dépôt d'armes proche de la zone industrielle de Palmyre a aussi été visé, selon l'OSDH, ONG basée au Royaume-Uni mais qui dispose d'un vaste réseau de sources en Syrie
  • Le bilan s'élève à "92 morts", a déclaré l'OSDH, parmi lesquels 61 combattants syriens pro-iraniens dont onze travaillant pour le Hezbollah libanais, "27 ressortissants étrangers" pour la plupart d'Al-Noujaba, et quatre membres du Hezbollah

BEYROUTH: Quatre-vingt-douze combattants pro-iraniens ont été tués dans des frappes israéliennes mercredi à Palmyre, dans le centre de la Syrie, a annoncé vendredi l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH) dans un nouveau bilan.

Mercredi, trois frappes israéliennes ont ciblé la ville moderne attenante aux ruines gréco-romaines de la cité millénaire de Palmyre. Une d'entre elles a touché une réunion de membres de groupes pro-iraniens avec des responsables des mouvements irakien d'Al-Noujaba et libanais Hezbollah, selon l'Observatoire.

Un dépôt d'armes proche de la zone industrielle de Palmyre a aussi été visé, selon l'OSDH, ONG basée au Royaume-Uni mais qui dispose d'un vaste réseau de sources en Syrie.

Le bilan s'élève à "92 morts", a déclaré l'OSDH, parmi lesquels 61 combattants syriens pro-iraniens dont onze travaillant pour le Hezbollah libanais, "27 ressortissants étrangers" pour la plupart d'Al-Noujaba, et quatre membres du Hezbollah.

L'ONG avait fait état la veille de 82 morts.

Ces frappes israéliennes sont "probablement les plus meurtrières" ayant visé la Syrie à ce jour, a déclaré jeudi devant le Conseil de sécurité Najat Rochdi, adjointe de l'envoyé spécial de l'ONU en Syrie.

Depuis le 23 septembre, Israël a intensifié ses frappes contre le Hezbollah au Liban mais également sur le territoire syrien, où le puissant mouvement libanais soutient le régime de Damas.

Depuis le début de la guerre civile en Syrie, Israël a mené des centaines de frappes contre le pays voisin, visant l'armée syrienne et des groupes soutenus par Téhéran, son ennemi juré. L'armée israélienne confirme rarement ces frappes.

Le conflit en Syrie a éclaté après la répression d'un soulèvement populaire qui a dégénéré en guerre civile. Il a fait plus d'un demi-million de morts, ravagé les infrastructures et déplacé des millions de personnes.

Située dans le désert syrien et classée au patrimoine mondial de l'Unesco, Palmyre abrite des temples gréco-romains millénaires.

 


Israël annonce mettre fin à un régime de garde à vue illimitée pour les colons de Cisjordanie

Short Url
  • Quelque 770 Palestiniens y ont été tués par des soldats ou des colons israéliens, selon des données de l'Autorité palestinienne
  • Dans le même temps, selon des données officielles israéliennes, 24 Israéliens, civils ou militaires, y ont été tués dans des attaques palestiniennes ou lors de raids militaires israéliens

JERUSALEM: Le ministre israélien de la Défense, Israël Katz, a annoncé vendredi que le régime dit de la détention administrative, équivalent d'une garde à vue quasi illimitée, ne serait désormais plus applicable aux colons israéliens en Cisjordanie.

Alors que "les colonies juives [en Cisjordanie] sont soumises à de graves menaces terroristes palestiniennes [...] et que des sanctions internationales injustifiées sont prises contre des colons [ou des entreprises oeuvrant à la colonisation], il n'est pas approprié que l'Etat d'Israël applique une mesure aussi sévère [la détention administrative, NDLR] contre des colons", déclare M. Katz dans un communiqué.

Israël occupe la Cisjordanie depuis 1967 et les violences ont explosé dans ce territoire palestinien depuis le début de la guerre entre Israël et le mouvement islamiste Hamas à Gaza, le 7 octobre 2023.

Quelque 770 Palestiniens y ont été tués par des soldats ou des colons israéliens, selon des données de l'Autorité palestinienne. Dans le même temps, selon des données officielles israéliennes, 24 Israéliens, civils ou militaires, y ont été tués dans des attaques palestiniennes ou lors de raids militaires israéliens.

Face à la montée des actes de violences commis par des colons armés, plusieurs pays occidentaux (Etats-Unis, Union européenne, Royaume-Uni et Canada notamment) ont au cours des douze derniers mois pris des sanctions (gel des avoirs, interdiction de voyager) contre plusieurs colons qualifiés d'"extrémistes".

Il y a quelques jours, les Etats-Unis ont sanctionné pour la première fois une entreprise israélienne de BTP active dans la construction de colonies en Cisjordanie.

La détention administrative est une procédure héritée de l'arsenal juridique de la période du Mandat britannique sur la Palestine (1920-1948), avant la création d'Israël. Elle permet aux autorités de maintenir un suspect en détention sans avoir à l'inculper, pendant des périodes pouvant aller jusqu'à plusieurs mois, et pouvant être renouvelées pratiquement à l'infini.

Selon le Club des prisonniers palestiniens, ONG de défense des Palestiniens détenus par Israël, plus de 3.430 Palestiniens se trouvaient en détention administrative fin août. Par comparaison, seuls huit colons juifs sont détenus sous ce régime à ce jour, selon le quotidien israélien de gauche Haaretz vendredi.

L'annonce de la fin de la détention administrative pour les colons survient au lendemain de l'émission par la Cour pénale internationale (CPI) de mandats d'arrêts internationaux contre le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, et son ex-ministre de la Défense Yoav Gallant recherchés par la justice internationale pour des "crimes de guerres" et "crimes contre l'humanité".

M. Netanyahu a rejeté catégoriquement la décision de la Cour comme une "faillite morale" et une mesure animée par "la haine antisémite à l'égard d'Israël".