RAMALLAH: Un groupe de 67 personnalités politiques palestiniennes de premier plan a lancé mercredi l'Initiative de sauvetage national sous la direction de l'ancien ministre des Affaires étrangères Nasser al-Kidwa.
Cette initiative prévoit des réformes importantes du système politique et des institutions palestinienne. «Le succès de ce mécanisme proposé exige une application de la pression populaire, politique et juridique afin de mobiliser le soutien et de provoquer le changement.
«Il faut affirmer que l'OLP (Organisation de libération de la Palestine) doit être sortie de sa crise et reconstruite pour être en mesure de relever les défis.»
Les Palestiniens, ajoute l’initiative, connaissent un état de déclin sans précédent depuis la Nakba (la catastrophe palestinienne de 1948), une accumulation de l'absence de démocratie et de bonne gouvernance, parallèlement à l'oppression, au meurtre et au colonialisme israélien effréné.
Les Palestiniens constatent une fragmentation entre les pays arabes et une diminution du soutien régional et mondial, ce qui les rend incapables de faire face à tout cela et d'instaurer les changements internes nécessaires, une étape vitale pour faire face au déclin actuel et éviter une situation encore pire, selon l’initiative.
Il s'agit de la première initiative politique adoptée et signée par d'éminents Palestiniens qui critique vivement le régime du président, Mahmoud Abbas, et son approche unilatérale de la gouvernance.
Al-Kidwa, qui est également ancien envoyé spécial de l'OLP à l'ONU et ancien membre du comité central du Fatah s’est exprimé pour Arab News. «Nous disons qu'il y a une accélération de la perte de légitimité en raison de l’absence d'élections depuis 2005 et 2006, les élections de 2021 ayant été annulées, et en raison de la destruction des institutions, de l'absence de loi, et de la détérioration des conditions de vie des citoyens. Il y a également une violation de la dignité du citoyen palestinien.»
«Nous espérons que les responsables palestiniens répondront à cet effort des factions palestiniennes, dont le Fatah, et prendront une position claire. Nous nous efforcerons d'élargir et de mobiliser le soutien populaire, car un cadre provisoire et transitoire doit être atteint par le dialogue entre les parties qui acceptent ces principes», a-t-il ajouté.
«Il doit y avoir un effort collectif pour apporter des changements significatifs et étendus au système politique, en allant au-delà de ce qui est actuellement établi de manière à trouver quelque chose de nouveau.
«L’élaboration de cette vision commence par un dialogue national aboutissant à un consensus sur la composition, les attributions et la durée d’un organe transitoire, suivi d’un consensus dans le cadre de cet organe concernant une vision tangible du changement. Des élections générales sont alors convoquées, le Conseil national palestinien est reconstitué et les autres clauses de la vision convenue sont mises en œuvre», a-t-il expliqué.
«La position nationale exigeait de défendre le système politique palestinien et d'affronter ses ennemis à l'étranger et dans le pays, et j'ai exercé ce rôle. Mais maintenant, malheureusement, l'intérêt et la position nationale exigent un travail sérieux afin de changer le système politique de manière large et profonde, en raison de l'état de décadence et d'échec sans précédent qu'a atteint la situation palestinienne.»
«Garder le silence sur cette réalité amère et douloureuse n'est plus une option, et cela doit changer quelles que soient les circonstances», a-t-il insisté.
Un sondage d'opinion en Cisjordanie et dans la bande de Gaza, réalisé par le Palestinian Center for Policy and Survey Research (le Centre palestinien de recherche sur les politiques et les sondages) à Ramallah entre le 22 et le 25 juin, a montré une baisse significative de la popularité du mouvement Fatah et de sa direction, 73% des personnes interrogées se disant insatisfaites d'Abbas et 77% souhaitant sa démission.
L'analyste politique palestinien Ghassan al-Khatib a déclaré à Arab News qu’«il est essentiel de présenter au public et à l'élite de telles initiatives qui pointent du doigt les défaillances et proposent des idées de progrès.
«Cependant, en termes de chances de succès de telles initiatives, elles sont limitées car ceux qui en sont chargés avec de bonnes intentions ne disposent pas des outils d'influence nécessaires en termes de partis organisés et de public.»
Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com