Sévères restrictions d'eau et risques d'incendies, la sécheresse s'installe sur la France

Le débit de la Loire est en forte baisse, à 129 m3 par seconde le 20 juillet, contre 475 m3/s au début du mois et la Loire-Atlantique est placée en "alerte eau potable" depuis le 20 juillet. (Photo d'illustration, AFP)
Le débit de la Loire est en forte baisse, à 129 m3 par seconde le 20 juillet, contre 475 m3/s au début du mois et la Loire-Atlantique est placée en "alerte eau potable" depuis le 20 juillet. (Photo d'illustration, AFP)
Short Url
Publié le Mardi 26 juillet 2022

Sévères restrictions d'eau et risques d'incendies, la sécheresse s'installe sur la France

  • Seuls l'Aisne, l'Ariège, la Corrèze, les Hauts-de-Seine, Paris et la Seine-Saint-Denis ne sont pas concernés par au moins un arrêté préfectoral limitant certains usages de l'eau
  • L'Etat a mobilisé l'Office français de la biodiversité (OFB) pour assurer des opérations de contrôle visant à assurer le respect des arrêtés sécheresse dans les départements concernés

STRASBOURG : La sécheresse s'installe sur la France: 90 départements sur 96 font désormais face à des restrictions d'usage de l'eau, un record, et certains villages ne sont même plus alimentés en eau potable, le risque d'incendie restant à son niveau maximal.

Seuls l'Aisne, l'Ariège, la Corrèze, les Hauts-de-Seine, Paris et la Seine-Saint-Denis ne sont pas concernés par au moins un arrêté préfectoral limitant certains usages de l'eau, selon le site de l'information sécheresse du gouvernement, Propluvia.

La carte de Propluvia qui résume les différents niveaux d'alerte a viré au rouge dans une bonne partie de l'ouest du bassin de la Loire -Indre, Loire-Atlantique, Mayenne, Sarthe, Deux-Sèvres, Vendée, Vienne-, mais aussi dans la Drôme, l'intérieur du Var, le Lot et le sud-est du Val-de-Marne.

Dans ces zones seuls les prélèvements d'eau permettant d'assurer l'exercice des usages prioritaires sont autorisés, pour la santé, la sécurité civile, l'approvisionnement en eau potable et la salubrité, les prélèvements à des fins agricoles étant proscrits.

"On a un record du nombre de départements avec restriction" en France, a noté le ministère de la Transition écologique.

L'Etat a d'ailleurs mobilisé l'Office français de la biodiversité (OFB) pour assurer des opérations de contrôle visant à assurer le respect des arrêtés sécheresse dans les départements concernés.

Camions citernes

Le débit de la Loire est en forte baisse, à 129 m3 par seconde le 20 juillet, contre 475 m3/s au début du mois et la Loire-Atlantique est placée en "alerte eau potable" depuis le 20 juillet. Les usages de l'eau y sont réglementés "afin d'éviter des pénuries en eau potable" et la "dégradation de la qualité de l'eau", indique la préfecture.

En Franche-Comté la situation est tout aussi catastrophique, au point que plusieurs communes du Doubs n'ont plus d'eau potable et doivent être alimentées par des camions citernes, selon la préfecture.

Même problème dans le sud de la France, aux Saintes-Marie-de-la-Mer par exemple: "C'est compliqué de trouver de l'eau douce", alerte la maire Christelle Aillet (LR). "Ici on est au bout du bout des Bouches-du-Rhône. Il ne pleut pas depuis huit mois et comme le Rhône est très bas, le sel monte jusqu'à 20 kilomètres dans les terres. On a donc un problème d'eau et de volume, c'est devenu pour nous le nerf de la guerre", a expliqué à l'AFP Mme Aillet.

De son côté, le Vaucluse a interdit d'accès l'ensemble de ses massifs forestiers pour la journée en raison du risque élevé d'incendie. Idem dans les Bouches-du-Rhône où la préfecture a prolongé jusqu'au mercredi 27 inclus la fermeture des 25 massifs forestiers du département, dont le très touristique parc national des Calanques, en raison de la persistance des fortes chaleurs et de forts coups de vent attendus.

Le Var ou la Haute-Corse ont également bouclé plusieurs massifs. Les préfectures appellent les populations à adopter des comportements préventifs pour ne pas risquer de provoquer un incendie (ne pas fumer dans les zones boisées ou faire de barbecue en forêt...) mais aussi à alerter aussitôt les autorités s'ils sont témoins d'un départ de feu.

«Pire qu'en 1976»

En Bourgogne, l'alerte rouge sécheresse ne concerne que la zone de Beaune (Côte d'Or), réputée pour ses vins, ce qui laisse entrevoir des vendanges encore très précoces. Le record de 2020 pourrait même être battu: cette année-là, la récolte avait démarré le 16 août à Beaune, du jamais vu depuis... 1556.

La circulation sur les fleuves et canaux est également très perturbée: la navigation est ainsi interrompue sur une partie du canal de Bourgogne et dans la région de Nancy, tandis que beaucoup de péniches sur le Rhin ne sont chargées qu'au tiers de leur capacité, pour ne pas racler le fond du fleuve.

L'agriculture souffre, elle aussi, dans des zones a priori épargnées par le manque d'eau.

Dans le Pas-de-Calais par exemple, Jean-Pierre Clipet, responsable FDSEA, s'inquiète de "rendements qui décrochent, avec deux phénomènes qui se combinent, le stress hydrique mais aussi la chaleur, affectant l'ensemble des cultures, blé, betteraves, légumes... Dans le Boulonnais, des collègues me disent que c'est pire qu’en 1976, ils ne savent pas comment ils vont nourrir leurs bêtes cet hiver".


Le Liban réforme le secret bancaire, une mesure clé pour ses bailleurs

Cette photo prise le 20 mai 2020 montre une vue de l'entrée fortifiée de la Banque du Liban, la banque centrale du Liban, dans la capitale Beyrouth. (AFP)
Cette photo prise le 20 mai 2020 montre une vue de l'entrée fortifiée de la Banque du Liban, la banque centrale du Liban, dans la capitale Beyrouth. (AFP)
Short Url
  • Le Liban a accordé jeudi, par un vote au Parlement, un accès plus large des organismes de contrôle aux informations bancaires, une réforme clé réclamée dans ce pays
  • Le gouvernement a indiqué que la loi s'appliquerait de manière rétroactive sur 10 ans

BEYROUTH: Le Liban a accordé jeudi, par un vote au Parlement, un accès plus large des organismes de contrôle aux informations bancaires, une réforme clé réclamée dans ce pays, plongé dans une grave crise économique, par les bailleurs internationaux, dont le FMI.

Le gouvernement a indiqué que la loi s'appliquerait de manière rétroactive sur 10 ans, couvrant donc le début de la crise économique lorsque les banquiers ont été accusés d'aider des personnalités à transférer des fonds importants à l'étranger.

Le Premier ministre libanais, Nawaf Salam, a salué une "étape indispensable vers la réforme financière" que son gouvernement a promis de réaliser et un "pilier essentiel d'un plan de reconstruction".

Cette mesure, a-t-il ajouté, est "fondamentale pour restaurer les droits des déposants et la confiance des citoyens et de la communauté internationale". Il a mis en avant que l'opacité financière, prévalant de longue date au Liban, n'était plus aussi attractive pour les investisseurs qu'elle avait pu l'être.

"Il ne faut pas croire qu'avec cette loi, n'importe qui va entrer dans une banque et demander des détails sur un compte", a tempéré le ministre des Finances, Yassine Jaber, en déplacement à Washington avec son collègue de l'Economie, Amer Bisat, et le nouveau gouverneur de la Banque centrale, Karim Souaid.

Ces responsables doivent se rendre à la Banque mondiale et au Fonds monétaire international (FMI).

Le Liban a longtemps été une plaque-tournante financière régionale, dont la législation stricte sur le secret bancaire était perçue comme un atout, jusqu'à la profonde crise économique et financière qui a éclaté en 2019 et terni sa réputation.

Depuis, les autorités sont sous pression, interne et internationale, pour réformer une législation accusée d'avoir permis une fuite de capitaux au déclenchement de la crise, alors que les simples déposants étaient privés de leur épargne et que la valeur de la monnaie locale plongeait.

- Loi rétroactive sur dix ans -

Selon le groupe de défense des droits libanais Legal Agenda, les changements votés jeudi autorisent "les organes de contrôle et de régulation bancaire (...) à demander l'accès à toutes les informations sans raison particulière".

Ces organismes pourront avoir accès à des informations comme le nom des clients et les détails de leurs dépôts, et enquêter sur d'éventuelles activités suspectes, selon Legal Agenda.

La communauté internationale exige depuis longtemps d'importantes réformes pour débloquer des milliards de dollars et aider à la relance de l'économie libanaise, dont les maux sont imputés à la mauvaise gestion et à la corruption.

La récente guerre entre Israël et le mouvement libanais pro-iranien Hezbollah a aggravé la situation et le pays, à court d'argent, a besoin de fonds pour la reconstruction.

M. Salam a souligné que la réforme "ouvrait une page nouvelle" dans la lutte contre l'évasion fiscale, la corruption et le blanchiment.

Le ministre des Finances a relevé que la Banque centrale aura "plus de marge de manoeuvre" pour accéder à certains comptes.

Selon Alain Aoun, membre de la commission des finances du Parlement, une première réforme en 2022 avait été jugée insuffisante par le FMI. Les organismes de contrôle pourront désormais demander "l'information qu'ils veulent", a-t-il dit à l'AFP.

En avril 2022, le Liban et le FMI avaient conclu un accord sous conditions pour un prêt sur 46 mois de trois milliards de dollars, mais les réformes alors exigées n'ont pour la plupart pas été entreprises.

En février, le FMI s'est dit ouvert à un nouvel accord, et le nouveau gouvernement libanais a promis d'autres réformes. Il doit prochainement soumettre au Parlement un projet de loi pour restructurer le secteur bancaire.

Mercredi, le gouvernement a aussi signé un accord de 250 millions de dollars avec la Banque mondiale pour relancer son secteur électrique en déshérence, qui prive régulièrement les Libanais de courant.


Un influenceur franco-iranien jugé en juillet pour apologie du terrorisme

La justice vise des propos tenus par l'influenceur sur l'attaque sanglante du Hamas le 7 octobre 2023, qui a entraîné la mort de 1.218 personnes du côté israélien, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP basé sur des chiffres officiels. (AFP)
La justice vise des propos tenus par l'influenceur sur l'attaque sanglante du Hamas le 7 octobre 2023, qui a entraîné la mort de 1.218 personnes du côté israélien, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP basé sur des chiffres officiels. (AFP)
Short Url
  • La justice vise des propos tenus par l'influenceur sur l'attaque sanglante du Hamas le 7 octobre 2023, qui a entraîné la mort de 1.218 personnes du côté israélien, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP basé sur des chiffres officiels
  • Se présentant comme journaliste indépendant sur TikTok, où il est suivi par 330.000 abonnés, le mis en cause, qui s'est fait connaître avec une association d'aide aux plus démunis, y partage de nombreux contenus sur l'actualité du Moyen-Orient

BOBIGNY: Un influenceur franco-iranien sera jugé début juillet devant le tribunal de Bobigny (Seine-Saint-Denis) pour apologie du terrorisme, ont indiqué jeudi à l'AFP le parquet et ses avocats.

Shahin Hazamy, 29 ans, s'est vu "délivrer une convocation à une audience du 3 juillet pour apologie du terrorisme par un moyen de communication en ligne en public", a déclaré le parquet, confirmant son arrestation mardi révélée par le magazine Le Point.

La justice vise des propos tenus par l'influenceur sur l'attaque sanglante du Hamas le 7 octobre 2023, qui a entraîné la mort de 1.218 personnes du côté israélien, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP basé sur des chiffres officiels.

Se présentant comme journaliste indépendant sur TikTok, où il est suivi par 330.000 abonnés, le mis en cause, qui s'est fait connaître avec une association d'aide aux plus démunis, y partage de nombreux contenus sur l'actualité du Moyen-Orient.

"En s'en prenant à un journaliste la justice envoie un très mauvais signal à la liberté de la presse. Notre client Shahin Hazamy a subi un traitement inadmissible, avec une perquisition devant ses enfants en bas âge alors que les faits reprochés ont bientôt deux ans", ont déclaré à l'AFP ses avocats Nabil Boudi et Antoine Pastor.

Ces poursuites font suite à l'arrestation fin février d'une autre Iranienne en France, Mahdieh Esfandiari, actuellement écrouée pour apologie du terrorisme dans le cadre d'une information judiciaire confiée au Pôle national de lutte contre la haine en ligne (PNLH).

Annonçant cette nouvelle arrestation en France d'un de ses ressortissants, la télévision d'Etat iranienne a fustigé mercredi une "violation flagrante de la liberté d'expression dans un pays qui prétend être une démocratie".


Macron appelle à intégrer Mayotte dans la Commission de l'océan Indien

Le président français Emmanuel Macron a demandé jeudi "l'intégration" du département français de Mayotte à la Commission de l'océan Indien (COI), en plaidant pour une "approche pragmatique" face à l'hostilité des Comores. (AFP)
Le président français Emmanuel Macron a demandé jeudi "l'intégration" du département français de Mayotte à la Commission de l'océan Indien (COI), en plaidant pour une "approche pragmatique" face à l'hostilité des Comores. (AFP)
Short Url
  • "Nous ne pouvons pas laisser un territoire et ceux qui y vivent à l'écart d'un certain nombre de nos programmes", a dit M. Macron, en citant expressément Mayotte, au cinquième sommet de la COI dans la capitale malgache Antananarivo
  • Mais à la différence de La Réunion, autre département français dans cette partie du monde, Mayotte reste à la porte de l'organisation intergouvernementale

ANTANANARIVO: Le président français Emmanuel Macron a demandé jeudi "l'intégration" du département français de Mayotte à la Commission de l'océan Indien (COI), en plaidant pour une "approche pragmatique" face à l'hostilité des Comores.

"Nous ne pouvons pas laisser un territoire et ceux qui y vivent à l'écart d'un certain nombre de nos programmes", a dit M. Macron, en citant expressément Mayotte, au cinquième sommet de la COI dans la capitale malgache Antananarivo.

La COI réunit les États insulaires (Madagascar, Comores, Maurice, Seychelles et La Réunion pour la France) dans le sud-ouest de l'océan Indien.

Mais à la différence de La Réunion, autre département français dans cette partie du monde, Mayotte reste à la porte de l'organisation intergouvernementale.

"L'implication de nos populations, l'intégration de toutes nos îles dans les efforts de la COI pour la prospérité et la sécurité, dans la pluralité de ses dimensions maritime, alimentaire et pour la santé sont dans l'intérêt de nos peuples et de la région", a insisté M. Macron.

Il a suggéré toutefois d'"avancer de manière pragmatique vers cet objectif", sans réclamer l'intégration pleine et entière immédiate de l'archipel.

"La France est le premier bailleur de la COI", a-t-il aussi souligné, en précisant que l'Agence française du développement (AFD) gérait un "portefeuille de 125 millions d'euros de projets" de l'organisation.

"La COI est un modèle de coopération (...) Aucune de nos îles ne peut relever seule le défi", a-t-il ajouté, évoquant un "océan Indien profondément bousculé" par les défis planétaires actuels.

"Ensemble, en conjuguant nos atouts (..) nous pouvons tracer une voie nouvelle singulière", a-t-il assuré.

L'Union des Comores s'oppose à l'intégration de Mayotte dans la COI car elle conteste la souveraineté de la France sur Mayotte, restée française lorsque l'archipel des Comores est devenu indépendant en 1975.

Mayotte, tout comme les îles Éparses, autre territoire français hérité de la colonisation et revendiqué par Madagascar, sont au cœur du canal du Mozambique, voie majeure de transport maritime qui renferme d'importantes réserves en hydrocarbures.