DUBAÏ: Avant les élections américaines de 1992, le candidat Bill Clinton a résumé ce qu'il considérait comme la raison pour laquelle il deviendrait président: «C'est l'économie, imbécile». Il a eu raison car les électeurs ont renié la politique économique du président George H.W. Bush dans leurs efforts pour élire Clinton.
Jusqu'à ce que la pandémie de la Covid-19 commence à ravager l'économie américaine en mars, le président Donald Trump aurait pu faire la même déclaration. Pendant les quatre années de sa présidence, l'économie américaine avait bâti sur les progrès mis en branle par son prédécesseur pour se remettre de la crise financière mondiale de 2009.
Selon la plupart des mesures; la croissance, l’emploi et l’inflation, les années Trump avaient été bonnes, et ceux qui se trouvaient au sommet avaient encore plus de raisons d'être reconnaissants, grâce aux importantes réductions d'impôts dont il avait fait une politique phare.
La pandémie a changé tout cela en l'espace de quelques semaines, alors que les mesures de confinement ont bouleversé l'économie. Les demandes de chômage ont atteint des records absolus, les faillites et les fermetures ont ravagé plusieurs entreprises américaines, et le produit intérieur brut s'est durement effondré. Le Fonds monétaire international prévoit que l'économie américaine diminuera de 4,3% cette année.
Mais Trump pourrait encore prétendre à la place que «c'est la bourse, imbécile» comme raison pour laquelle il pourrait être réélu. Et ce principalement en raison des milliards de dollars injectés dans l'économie sous la forme de mesures de relance budgétaire. Les indices boursiers américains avaient nagé à contre-courant de la marée économique.
L'indice S&P 500 a atteint un sommet historique en septembre, permettant à Trump de se vanter que sous son administration, les investisseurs et les millions de personnes dont les moyens de subsistance dépendent du secteur financier, n’ont jamais été plus heureux.
Maintenant, il semble que même cette affirmation finale est fragile. Au cours des deux derniers jours, les marchés boursiers américains et européens ont fait marche arrière alors que les investisseurs craignaient le nombre croissant de cas de la Covid-19, ainsi que le reconfinement économique dans de nombreux pays.
Trump pourrait avancer que Wall Street s'inquiète de la perspective de l'élection de Joe Biden à la présidence d'ici la fin de la semaine prochaine. Certes, le candidat, par définition, n’a pas assez d’expérience en termes de politique économique.
Il est également connu pour favoriser certaines politiques, comme une réglementation plus stricte sur les secteurs environnementaux, plus de dépenses pour les soins de santé et des taxes plus élevées pour les services et projets fédéraux. Celles-là sont traditionnellement considérées comme contraires à la philosophie du «marché libre» américain.
En particulier, l'industrie de l'énergie s'inquiète des éventuelles restrictions sur la production de pétrole et de gaz de schiste que Biden et son équipe «verte» sont censées favoriser. Cependant, il convient de souligner que le candidat démocrate a précisément déclaré qu'il n'interdirait pas la fracturation hydraulique dans les gisements de schiste, comme le souhaitent certains écologistes.
Paradoxalement, l'État du Texas, l'un des plus importants en termes de votes dans les collèges électoraux, semble avoir plus à perdre que les autres si les craintes qui entourent Biden et l'énergie sur Biden se matérialisent. Pourtant, la lutte entre démocrates et républicains est la plus serrée depuis des décennies, selon les sondages.
Le moment du ralentissement de Wall Street est le pire possible pour le président sortant, qui déclare chaque nouveau pic du S&P comme une victoire personnelle, et une indication de son art de conclure des accords. Si cette affirmation lui est refusée au cours de la dernière semaine de campagne, la bataille sera difficile et les élections encore plus ardues.
Il y a une chance que les grandes firmes technologiques puissent offrir un certain soulagement. Des sociétés comme Apple, Amazon, Alphabet et Facebook devraient déclarer leurs bénéfices pour le troisième trimestre, et la manière dont ces chiffres sont perçus pourrait donner un coup de pouce aux indices. Ces compagnies ont réalisé des gains importants du marché au début de l'année.
Mais pour Trump, un tel répit pourrait être trop peu et arriver trop tard. Il semble que c’est enfin le tour de Wall Street et Main Street de glisser vers la ruine, et le président ne peut rien y faire.
Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com