CASABLANCA: Comme Bobby Fisher, pour des motifs différents, le numéro 1 du roi des jeux, Magnus Carlsen, abandonne son titre. La planète des échecs avait beau s’y attendre, la décision n’en demeure pas moins un coup de tonnerre. Le Norvégien, numéro un mondial au classement par points de la FIDE et quintuple champion du monde, a confirmé le 20 juillet dans un podcast ce qu’il avait suggéré en décembre 2021, à savoir qu’il ne remettrait pas son titre en jeu si le prétendant au titre était un joueur de sa génération. En conséquence, Magnus Carlsen ne disputera pas le match, programmé pour la fin 2023, qui devait l’opposer, pour la deuxième fois consécutive, au Russe Ian Nepomniachtchi, qu’il avait déjà affronté et battu en 2021.
Le quintuple champion
À 31 ans, Magnus Carlsen a confirmé qu’après avoir autant siégé sur le trône, il ne ressentait plus l’envie de disputer ce type de compétition, un duel titanesque et endurant d’un mois.
«J’ en ai parlé aux personnes de mon équipe, j’ai parlé à la fédération, j’ai parlé à Ian également. La conclusion est très simple: je ne suis pas motivé pour jouer un autre match». Avant de compléter sa réponse: «Je n’ai pas grand-chose à gagner, je n’aime pas particulièrement cela et même si je suis sûr qu’un match serait intéressant pour des raisons historiques, je n’ai aucune envie de jouer et je ne jouerai tout simplement pas le match.» Précisant que le Norvégien a fait part d’une confidence, il a envisagé cette décision, bien avant le tournoi des Candidats opposant les huit meilleurs d’échecs au monde excepté le champion en titre.
FIDE
Si le spectacle y perd au change, le désistement du quintuple champion profite indéniablement au dauphin du tournoi des Candidats, le Chinois Ding Liren, futur adversaire de Ian Nepomniachtchi pour le titre de champion du monde. Arkady Dvorkovich, président de la Fédération internationale des échecs a fait part publiquement de ses regrets suite à la décision de Magnus Carlsen. Il a, en effet, qualifié l’annonce du Norvégien de «mauvaise nouvelle pour la médiatisation des échecs» tempérant son propos en signifiant tout le respect qu’il avait pour Magnus Carlsen que nombre de ses pairs, Grands Maîtres d’échecs, considèrent comme étant le meilleur joueur de tous les temps.
L’histoire se répète
Loin de nous l’idée de vouloir démontrer à toute force que l’histoire ne serait qu'un éternel recommencement, en revanche il ne nous est pas interdit, ici, de relever les occurrences qui se rappellent au temps. Il est déjà arrivé, dans l’histoire des échecs, qu’un champion du monde ne défende pas son titre.
En 1946, Alexander Alekhine est décédé sans que son titre ait été remis en jeu.
En 1975, Bobby Fischer, après âpres discussions avec la Fédération internationale des échecs, n’a pas accepté le format des matchs, en conséquence, n’ayant pas disputé la rencontre, il a perdu son titre au profit d'Anatoly Karpov, vainqueur, alors, des Candidats.
Enfin, Garry Kasparov, en 1993, a quitté la FIDE pour disputer un Championnat du Monde sous l'égide d’une ligue nouvellement crée.