Soyons Actifs/Actives, instauré par l’organisation non gouvernementale Solidarité laïque et soutenu par l’Agence française de développement (AFD) ainsi que par le ministère de l’Europe et des Affaires étrangères, est un programme pluri-acteurs ayant pour objectif la réduction des inégalités. Soyons Actifs/Actives se donne pour mission la mise en œuvre d’actions concrètes, afin de permettre l’accès aux droits (dans le domaine de l’éducation et de la santé notamment) de même qu’à une aide substantielle aux plus démunis.
Ce projet, qui rassemble 93 entités tunisiennes et françaises (associations, syndicats, coopératives, collectivités territoriales et pouvoirs publics), a été instauré en réponse aux sollicitations de la diaspora tunisienne. Il a actuellement entamé la deuxième phase de son combat en faveur des droits humains (2019-2022), qui consiste à valoriser la société civile dans son processus d’émancipation, et à repenser ses fondements sur des bases plus justes.
Interrogé par Arab News, Guilhem Arnal, directeur opérationnel Europe, Bassin méditerranéen et Asie de l’organisation Solidarité laïque, explique : « Nous aidons la société civile à se renforcer dans sa phase de démocratisation. Nous agissons sur des enjeux communs qui touchent à la réduction des inégalités et à l’accès aux droits. Il s’agit d’un partenariat égalitaire entre la France et la Tunisie, “de société à société”. »
M. Arnal affirme que la réussite de la révolution tunisienne a inspiré le monde, y compris la société française : « Nos modèles de coopération ont souvent perpétué des systèmes de domination. Dans ce programme concerté pluri-acteurs, les intervenants apportent leur expérience, leurs compétences et leur regard sur le monde afin de résoudre ensemble des problématiques essentielles : élargir l’accès à l’éducation pour tous, revoir nos modèles économiques en veillant à ne laisser personne de côté et renforcer la participation citoyenne, qui est un puissant levier de développement et de bien-être sur nos territoires. »
Lassaad Arfaoui, directeur de l’antenne Solidarité laïque Tunisie/Méditerranée, souligne pour sa part que « le programme a permis de financer et d’accompagner la réalisation de 47 projets pilotes dans trois thématiques ayant pour socle commun la réduction des inégalités : l’éducation, l’insertion socioprofessionnelle et la mise en place d’actions encourageant la démocratie participative. Ces projets ont touché 40 000 personnes. »
Plus récemment, les membres de Soyons Actifs/Actives se sont mobilisés pour soutenir les populations défavorisées qui ont été encore plus fragilisées pendant la période du confinement. Un fonds d’urgence a ainsi été mis en place afin de financer des actions citoyennes à Bizerte, Tataouine, Tunis, Sidi Bouzid, Kasserine, Mahdia, Gabès, Sfax et Djerba. Près de dix mille familles vulnérables ont pu en bénéficier.
« La société civile tunisienne, fidèle à ses habitudes, se mobilise sans relâche contre le coronavirus – un élan de solidarité sans précédent, et sur plusieurs fronts : de la sensibilisation à la désinfection, en passant par de grandes actions de collecte de fonds ou de fabrication de matériel médical, nécessaire pour la protection des soignants », précise Lassaad Arfaoui.
Plusieurs associations de la ville de Sfax se sont ainsi mobilisées pour désinfecter des établissements publics tels que les bureaux de poste. À Sidi Bouzid, l’association Victoire pour la femme rurale, qui aide et accompagne des ouvrières agricoles depuis de nombreuses années, a organisé des activités de sensibilisation auprès des travailleuses du secteur informel en fournissant des masques de protection et des produits ménagers.
Enfin, dans la localité de Ras Jebel, l’association Création, créativité pour le développement et l’embauche (CCDE) – qui regroupe des diplômés de l’enseignement supérieur au chômage et se montre très active dans le développement de l’économie sociale et solidaire – a mis en place un hôpital de campagne pour accueillir des malades supplémentaires.
« Notre modèle économique doit désormais se tourner vers le social et l’humain. C’est pour cette raison que nous avons plaidé auprès du gouvernement et des parlementaires tunisiens en faveur de l’élaboration urgente d’une loi qui reconnaisse et soutienne les acteurs de l’économie sociale et solidaire », explique Hamadi Jeljeli, président de CCDE.
Le programme Soyons Actifs/Actives a défini trois nouveaux axes stratégiques, lesquels seront déployés dans les prochains mois : soutien des clubs scolaires d’éducation populaire (afin d’accompagner les élèves lors des examens de fin d’année ou pour la rentrée scolaire de septembre), accompagnement des projets d’économie sociale et solidaire (au bénéfice de population fragilisée par la crise sanitaire) et soutien aux associations (afin que ces dernières soient intégrées dans les politiques publiques du pays).
« Cette crise a révélé d’immenses inégalités sociales et économiques, et a ouvert les yeux de ceux qui refusaient de les voir. L’action solidaire de Soyons Actifs/Actives a contribué à documenter ces inégalités et à faire entendre une voix qui souhaite changer le système libéral, qui nous mène dans l’impasse », conclut Laassad Arfaoui.