TOKYO: Le Japon s'alarme dans son dernier "livre blanc" sur la défense publié vendredi des nouvelles menaces que représente la Russie et s'inquiète de la pression croissante exercée par la Chine sur Taïwan.
Le rapport annuel du ministère japonais de la Défense consacre un chapitre entier à l'invasion russe de l'Ukraine, considérant qu'elle risque de transmettre le message qu'"une tentative de changer unilatéralement le statu quo par la force est acceptable".
La Russie pourrait par ailleurs se retrouver affaiblie par ce conflit, ce qui pourrait la pousser à "renforcer encore davantage ses relations avec la Chine", s'inquiète encore le ministère de la Défense nippon.
Son livre blanc, qui passe en revue les risques géopolitiques mondiaux ainsi que les menaces spécifiques pour le Japon, souligne aussi que Moscou pourrait avoir de plus en plus recours à la dissuasion nucléaire, ce qui pourrait générer une augmentation de son activité autour du Japon, où circulent régulièrement des sous-marins nucléaires russes.
Le Japon s'est joint aux sanctions occidentales contre la Russie et a déjà vu depuis la présence militaire russe s'intensifier à proximité de son territoire. En mai, des bombardiers russes et chinois ont notamment volé ensemble près de l'archipel.
Le livre blanc 2022 s'attarde également longuement sur Taïwan, notant que "depuis l'invasion de l'Ukraine par la Russie, Taïwan cherche à renforcer davantage ses efforts d'autodéfense" face à la menace que fait planer Pékin sur son territoire.
Le Japon, qui s'inquiète aussi de la Chine et de la Corée du Nord pour sa propre sécurité, devrait lui-même significativement doper son budget de la défense.
Celui-ci grimpe régulièrement depuis des années, mais le Japon continue de présenter les plus faibles dépenses militaires parmi les pays du G7 rapportées à leurs PIB respectifs.
Le Parti libéral-démocrate (PLD, droite nationaliste) au pouvoir a pour objectif de long terme de doubler le budget national de la défense pour qu'il atteigne 2% du PIB.
De par sa Constitution pacifiste rédigée et entrée en vigueur peu après la Seconde Guerre mondiale sous l'occupation américaine du pays, le Japon n'est pas censé disposer d'une armée proprement dite, et ses investissements militaires sont théoriquement limités à des moyens défensifs.
Le PLD et d'autres partis souhaitant réviser la Constitution ont désormais une assise parlementaire suffisante pour ce faire, mais ce processus s'annonce long et complexe.