WASHINGTON: Joe Biden, paralysé au Congrès et limité par la Cour suprême, a malgré tout tenté mercredi de relancer ses promesses climatiques, en annonçant de nouvelles mesures réglementaires au moment où une vague de chaleur étouffe les Etats-Unis et plusieurs pays européens.
Le changement climatique est "un danger clair et immédiat" ainsi qu'une "menace existentielle pour notre nation et le monde", a dit le président américain.
"La santé de nos concitoyens est en jeu", ainsi que "notre sécurité nationale" et "notre économie", a-t-il ajouté, en visite dans le Massachusetts (nord-est), sur le site d'une ancienne centrale à charbon très polluante, fermée depuis 2017 et en voie de reconversion vers l'énergie éolienne.
"Puisque le Congrès ne fait pas ce qu'il devrait", a regretté le démocrate de 79 ans, qui vient tout juste de subir un grave revers parlementaire sur son programme de réformes environnementales, "je vais utiliser mes pouvoirs exécutifs".
Des élus de son parti lui demandent de déclarer "l'état d'urgence climatique", une manœuvre dont l'impact n'est pas très clair mais qui pourrait lui accorder des pouvoirs politiques supplémentaires.
Va-t-il le faire? "Je vais prendre cette décision rapidement", a-t-il déclaré lors de son retour à Washington, mercredi en fin de journée.
Au moment où Joe Biden parlait depuis le Massachusetts, de grandes parties de l'Europe étouffaient dans la canicule, et les Etats-Unis n'étaient pas épargnés: environ 100 millions de personnes y vivent actuellement dans des zones concernées par des alertes de grande chaleur ou de chaleur excessive.
"Nos enfants et petits-enfants comptent sur nous. Ce n'est pas une plaisanterie. Si nous ne limitons pas (le réchauffement) à moins de 1,5 degré, nous perdrons tout. Il n'y aura pas de retour en arrière possible", a encore dit le président. "Nous n'avons plus d'excuse", a-t-il estimé.
«A son rythme»
Le président entend progresser "à son rythme. Il a un certain nombre de prérogatives qu'il peut utiliser" pour commencer, a justifié mercredi sur CNN sa principale conseillère sur le climat, Gina McCarthy. Mais la Maison Blanche souligne que déclarer cet état d'urgence climatique reste une option.
Parmi les décrets présentés mercredi: des fonds supplémentaires pour aider à protéger les régions confrontées à la chaleur extrême et des mesures pour stimuler la production d'énergie éolienne aux Etats-Unis.
Dans le détail, l'agence fédérale chargée de la prise en charge des catastrophes naturelles et autres situations d'urgence, la FEMA, va engager 2,3 milliards de dollars pour aider les collectivités locales à s'adapter au changement climatique et à ses conséquences (canicule, sécheresse, inondations, etc.).
Le gouvernement fédéral veut également soutenir les ménages les moins favorisés et les zones d'habitations les moins riches qui n'ont pas accès à la climatisation, par exemple en aidant certaines familles à payer leurs factures d'électricité.
Enfin, l'administration Biden va permettre l'installation dans le Golfe du Mexique de capacités éoliennes pouvant fournir jusqu'à 3 millions de foyers en électricité.
La Maison Blanche se dit déterminée à tenir ses engagements climatiques, notamment la réduction des émissions de gaz à effet de serre.
Joe Biden, qui est revenu dans l'accord de Paris sur le climat quitté par son prédécesseur Donald Trump, a annoncé en avril 2021 que les Etats-Unis réduiraient leurs émissions de gaz à effet de serre de 50 à 52% d'ici 2030, par rapport à 2005.
Mais le président américain, comme sur le droit à l'avortement, la régulation des armes à feu et bien d'autres projets de réformes, éprouve à nouveau en matière d'environnement les limites de son pouvoir: il n'a pas de majorité franche au Congrès et le pouvoir judiciaire est contre lui.
Son agenda climatique a pris un coup lorsque le sénateur démocrate Joe Manchin, dont le vote est crucial, a dit qu'il ne soutiendrait pas une loi ambitionnant de faire évoluer l'économie américaine vers des sources d'énergie propre, la condamnant vraisemblablement à l'échec.
Et Joe Biden fait face à une Cour suprême devenue farouchement conservatrice et profondément hostile à toute régulation centralisée, qui vient de limiter fortement les pouvoirs de l'Etat fédéral dans la lutte contre le réchauffement climatique.