GENEVE: Une femme enceinte qui a subi des violences obstétricales en Espagne devrait être indemnisée par l'Etat pour avoir subi un déclenchement prématuré du travail et une césarienne sans son autorisation, a estimé jeudi un comité de l'ONU.
Le Comité pour l'élimination des discriminations contre les femmes estime que la victime -dont l'identité n'est pas révélée- "a subi des violences obstétricales, un type particulier de violence contre les femmes (...) dont il est démontré qu'elles sont très répandues, systématiques dans leur nature et enraciné dans les systèmes de santé", souligne un communiqué du Comité.
Le Comité a demandé à l'Espagne de verser à la victime "une réparation appropriée du préjudice qu'elle a subi".
Selon les faits rapportés par le Comité, la victime, a fait l'objet d'un déclenchement du travail non justifié avant de se voir imposer une césarienne alors qu'elle avait les bras attachés au lit et en l'absence de son mari. Une fois le bébé mis au monde, elle a été empêchée de le prendre dans ses bras.
Elle a souffert par la suite de stress post traumatique post partum.
Le Comité a demandé à l'Espagne "de respecter l'autonomie des femmes et leur capacité à prendre des décisions éclairées concernant leur santé reproductive en leur fournissant des informations complètes à chaque étape de l'accouchement et en exigeant que leur consentement libre, préalable et éclairé soit obtenu pour tout traitement invasif pendant l'accouchement".
"Si les médecins et les infirmières avaient suivi toutes les normes et tous les protocoles applicables, il est possible que la victime aurait accouché naturellement sans avoir à passer par toutes ces procédures qui l'ont traumatisée physiquement et mentalement", a déclaré Hiroko Akizuki, membre du Comité.
Selon ce comité, la victime qui a porté l'affaire devant la justice espagnole "s'est heurtée à des stéréotypes sexistes et à de la discrimination tout au long du processus administratif et judiciaire".
"Au cours de la procédure en Espagne, on lui a dit que c'était au médecin qu'il appartenait de décider de pratiquer ou non une césarienne et que le préjudice psychologique qu'elle avait subi n'était qu'une question de perception", souligne encore le comité.