Du désespoir plein les malles, Haresh veut chercher un avenir en Europe

Le Kurde irakien Haresh Talib marche dans les rues de la ville de Souleimanieh, au nord-est de l'Irak, dans la région autonome du Kurdistan, le 1er juillet 2022 (Photo, AFP).
Le Kurde irakien Haresh Talib marche dans les rues de la ville de Souleimanieh, au nord-est de l'Irak, dans la région autonome du Kurdistan, le 1er juillet 2022 (Photo, AFP).
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Publié le Mercredi 13 juillet 2022

Du désespoir plein les malles, Haresh veut chercher un avenir en Europe

  • Le Kurdistan, qui jouit d'une large autonomie, est parvenu à se façonner l'image d'une région stable, propre à attirer les investisseurs étrangers
  • Mais pour la population, la réalité est tout autre. Le chômage y frappait en 2021 17,4% de la population active contre 14% à l'échelle du pays, selon le ministère irakien du Plan

SOULEIMANIYEH : "Il n'y a pas d'avenir, ici"! Au Kurdistan d'Irak, sa paie arrive au compte-gouttes et les luttes politiques usent sa patience. "Bientôt", Haresh Talib va tenter avec sa famille de migrer illégalement en Europe. Pour la deuxième fois.

Ce Kurde irakien de 36 ans vit dans un quartier propret de Souleimaniyeh, deuxième ville du Kurdistan dans le nord de l'Irak. Il habite le premier étage d'une maison avec sa femme et ses deux garçons.

Dans le salon, la télévision diffuse le dessin animé "Peppa Pig" qui amuse tant Haudin, 8 ans. Dehors, Hajant, 12 ans, taquine le ballon. "J'adore le Real Madrid, je suis fan de Benzema", dit-il dans un anglais limpide.

Pourtant l'image de la famille de la classe moyenne à qui rien ne manque est trompeuse.

"Bientôt", Haresh Talib et les siens feront leurs valises pour rejoindre la route de l'émigration illégale, comme des milliers de Kurdes d'Irak.

Aller simple pour la Turquie, puis tentative de traversée de la mer Egée pour rallier la Grèce? Le père de famille refuse de le dire. Tout juste révèle-t-il qu'il souhaite aller jusqu'en Grande-Bretagne, "mais si ça ne marche pas, j'irai en Allemagne", où il compte sur des proches pour subvenir à ses besoins au début.

"Dans ces pays-là, on peut travailler, on peut garantir des études aux enfants", assène-t-il. "Je me soucie plus de leur vie que de la mienne."

Cet Irakien veut sortir sa famille du Kurdistan, une "jungle" où ses enfants manquent souvent les cours à cause des grèves des enseignants, eux-mêmes excédés de ne plus toucher leurs salaires.

«Intimidations»

Haresh Talib a deux emplois pour faire bouillir la marmite: imprimeur et fonctionnaire. "Le gouvernement nous demande de travailler, mais il ne nous paie pas les salaires accumulés depuis des années", souffle-t-il.

Le Kurdistan, qui jouit d'une large autonomie, est parvenu à se façonner l'image d'une région stable, propre à attirer les investisseurs étrangers.

Mais pour la population, la réalité est tout autre. Le chômage y frappait en 2021 17,4% de la population active contre 14% à l'échelle du pays, selon le ministère irakien du Plan.

Surtout, deux foyers du Kurdistan sur trois vivent d'un salaire ou d'une pension d'Etat. Or, les versements sont chroniquement en retard en raison du bras de fer entre le gouvernement régional kurde et le pouvoir central à Bagdad, ce dernier étant accusé de ne pas verser au Kurdistan sa part du budget fédéral destinée aux fonctionnaires.

"Ces dernières années, la crise économique s'est doublée de l'idée que la corruption est généralisée, que les inégalités grandissent et que la situation politique stagne", analyse Shivan Fazil, chercheur au Stockholm International Peace Research Institute.

"Ce sont les facteurs principaux qui ont déclenché la dernière vague de migration du Kurdistan."

C'est sans compter avec les "intimidations" et "arrestations arbitraires" qui pèsent comme une chape de plomb sur la liberté d'expression, selon un rapport de l'ONU datant de 2021.

Enfin, la menace des bombes n'est pas si loin: dans le nord de l'Irak, l'armée turque mène une opération visant, selon elle, des bases des rebelles kurdes turcs.

Faux passeports

Haresh Talib apostrophe, lui, les "luttes politiques" qui agitent la région autonome riche en pétrole et que tiennent deux clans familiaux rivaux: les Barzani à Erbil et les Talabani à Souleimaniyeh.

"Maintenant ce sont leurs fils qui ont pris la relève", se désole-t-il, fustigeant des élites déconnectées du quotidien de la population et évoquant des "menaces" contre lui, sans en préciser la nature.

Comme des milliers de migrants du Kurdistan, il s'est rendu l'année dernière par avion à Minsk avec sa famille, avant de se retrouver coincé à la frontière entre le Bélarus et la Pologne.

Entre octobre et décembre 2021, il a tenté par trois fois d'entrer illégalement en Pologne avec sa famille. Les deux premières fois, il a payé un passeur.

Lors d'une tentative, "un chien des garde-frontières a sauté sur mon fils. J'ai frappé le chien, mais les policiers m'ont battu puis nous ont arrêtés".

Pour la troisième tentative, ils se sont procuré de faux passeports grecs.

"Nous avons essayé de passer (en Pologne) depuis Brest, la dernière ville du Bélarus avant la frontière, mais nous avons été arrêtés à cause des faux passeports, puis emprisonnés", explique l'Irakien.

Expulsé en décembre vers le Kurdistan, il ne s'est pas défait de son obsession: retenter le coup pour "sortir de cette jungle".


Dans Gaza affamée, des Palestiniens se rabattent sur la viande de tortue

(Photo AFP)
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  • Faute de mieux, c'est la troisième fois que cette Palestinienne de 61 ans prépare un repas à base de tortue pour sa famille déplacée, qui vit aujourd'hui sous une tente à Khan Younès, dans le sud de la bande de Gaza.
  • « La famine n'est pas seulement un risque, mais elle semble se développer rapidement dans presque toutes les régions de Gaza », a averti un collectif d'ONG internationales cette semaine.

KHAN YOUNES, TERROIRES PALESTINIENS : Dans une bande de Gaza où les protéines sont rares, certains se résignent à manger des tortues marines.

« Les enfants étaient réticents, on leur a dit que c'était aussi délicieux que du veau », explique Majida Qanan, qui surveille les morceaux de viande rouge mijotant sur un feu de bois.

« Certains en ont mangé, d'autres pas. »

Faute de mieux, c'est la troisième fois que cette Palestinienne de 61 ans prépare un repas à base de tortue pour sa famille déplacée, qui vit aujourd'hui sous une tente à Khan Younès, dans le sud de la bande de Gaza.

Depuis 18 mois de guerre dévastatrice entre Israël et le mouvement islamiste Hamas, le territoire et ses 2,4 millions d'habitants se trouvent dans une situation humanitaire critique.

« La famine n'est pas seulement un risque, mais elle semble se développer rapidement dans presque toutes les régions de Gaza », a averti un collectif d'ONG internationales cette semaine.

Depuis le 2 mars, Israël bloque toute livraison humanitaire, accusant le Hamas de détourner l'aide. Le mouvement palestinien dément ces accusations et accuse en retour Israël d'utiliser « la famine comme arme de guerre ».

Selon le Bureau des affaires humanitaires de l'ONU (OCHA), la bande de Gaza est aujourd'hui probablement plongée dans « la pire » situation humanitaire depuis le début de la guerre déclenchée le 7 octobre 2023 par une attaque sans précédent du Hamas contre Israël.

En juin dernier, les acteurs du secteur humanitaire avaient évoqué des Palestiniens si démunis qu'ils en étaient parfois réduits à se nourrir d'aliments pour animaux ou d'herbe, et à boire l'eau des égouts.

Entretemps, une trêve, entrée en vigueur le 19 janvier, a permis d'augmenter les livraisons humanitaires, jusqu'au nouveau blocage israélien du 18 mars, suivi de la reprise de ses opérations militaires.

Les tortues, elles, sont tuées selon les rites halal, c'est-à-dire conformément aux préceptes de la religion musulmane, affirme Abdul Halim Qanan.

« S'il n'y avait pas de famine, on n'en mangerait pas, mais il faut bien compenser le manque de protéines avec quelque chose ».


Le président syrien reçoit un membre républicain du Congrès américain

Le président Al-Sharaa rencontre Cory Mills, membre du Congrès américain, à Damas. (Courtesy : SANA)
Le président Al-Sharaa rencontre Cory Mills, membre du Congrès américain, à Damas. (Courtesy : SANA)
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  • En janvier, les États-Unis ont annoncé un allègement temporaire des sanctions pour « ne pas entraver » la fourniture de services essentiels à la population syrienne. Ils ont cependant précisé qu'ils n'envisageraient pas d'assouplir davantage les sanctions
  • C'est la première visite du genre pour un élu américain depuis la chute de Bachar al-Assad en décembre.

DAMAS : Le président syrien par intérim, Ahmad al-Chareh, s'est entretenu à Damas avec un membre du Congrès américain, a indiqué samedi la présidence syrienne, ce qui constitue la première visite du genre pour un élu américain depuis la chute de Bachar al-Assad en décembre.

Cory Mills, membre du parti républicain, est arrivé vendredi en Syrie, accompagné de Marlin Stutzman, également membre du parti de Donald Trump.

Le nouveau président a rencontré M. Mills au palais présidentiel à Damas en présence de son ministre des Affaires étrangères, Assaad al-Chaibani, a indiqué la présidence dans un communiqué.

Le président syrien par intérim, Ahmad al-Chareh, s'est entretenu à Damas avec un membre du Congrès américain, a indiqué samedi la présidence syrienne, ce qui constitue la première visite du genre pour un élu américain depuis la chute de Bachar al-Assad en décembre.

Cory Mills, membre du parti républicain, est arrivé vendredi en Syrie, accompagné de Marlin Stutzman, également membre du parti de Donald Trump.

Le nouveau président a rencontré M. Mills au palais présidentiel à Damas en présence de son ministre des Affaires étrangères, Assaad al-Chaibani, a indiqué la présidence dans un communiqué.

Peu après l'arrivée d'Ahmed Chareh, Washington avait annoncé ne plus proposer de récompense pour son arrestation, après avoir reçu des « messages positifs » lors de la première visite officielle de diplomates américains à Damas après l'éviction de M. Assad.

Le nouveau gouvernement syrien cherche à obtenir une levée des sanctions internationales imposées à l'époque de Bachar al-Assad afin de relancer l'économie du pays, exsangue après 14 années de guerre civile.

Toutefois, certains pays souhaitent attendre de voir si les nouvelles autorités vont respecter les droits humains. 

En janvier, les États-Unis ont annoncé un allègement temporaire des sanctions pour « ne pas entraver » la fourniture de services essentiels à la population syrienne. Ils ont cependant précisé qu'ils n'envisageraient pas d'assouplir davantage les sanctions tant que des progrès sur des priorités telles que la lutte contre le « terrorisme » n'auront pas été constatés.

Les sanctions économiques ont un impact lourd sur le pays, où 90 % des Syriens vivent sous le seuil de pauvreté, selon l'ONU.

Une délégation ministérielle syrienne et le gouverneur de la Banque centrale doivent participer à des réunions avec le Fonds monétaire international et la Banque mondiale à Washington la semaine prochaine, ont récemment indiqué deux sources proches des participants.

La visite des deux élus américains intervient alors que les États-Unis ont annoncé le retrait prochain d'environ un millier de soldats américains déployés en Syrie pour lutter contre les jihadistes.

Washington a également mis en garde le même jour contre le risque d'attaques « imminentes » en Syrie, selon un message diffusé sur le site de l'ambassade américaine, fermée depuis 2012.


Les États-Unis annoncent réduire de moitié leurs effectifs militaires en Syrie

Les États-Unis ont commencé à retirer des centaines de soldats du nord-est de la Syrie, a rapporté le New York Times jeudi. (AFP/File)
Les États-Unis ont commencé à retirer des centaines de soldats du nord-est de la Syrie, a rapporté le New York Times jeudi. (AFP/File)
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  • Cette décision intervient près de trois mois après l'arrivée au pouvoir de Donald Trump, qui est défavorable depuis longtemps à la présence américaine sur place et prône un retour à une politique isolationniste des États-Unis.
  • La présence américaine en Syrie va être ramenée « à moins d'un millier de soldats dans les mois prochains », sur environ 2 000 actuellement, a déclaré Sean Parnell, le porte-parole du Pentagone, dans un communiqué.

WASHINGTON : Les États-Unis ont annoncé vendredi qu'ils allaient réduire de moitié leur présence militaire en Syrie, estimant avoir lutté avec « succès » contre le groupe État islamique (EI), même si des groupes djihadistes demeurent actifs dans un pays encore fragile.

Cette décision intervient près de trois mois après l'arrivée au pouvoir de Donald Trump, qui est défavorable depuis longtemps à la présence américaine sur place et prône un retour à une politique isolationniste des États-Unis.

Les États-Unis sont présents sur le sol syrien depuis des années, notamment dans le cadre de la coalition internationale contre l'EI.

La présence américaine en Syrie va être ramenée « à moins d'un millier de soldats dans les mois prochains », sur environ 2 000 actuellement, a déclaré Sean Parnell, le porte-parole du Pentagone, dans un communiqué.

« Cette consolidation démontre les progrès considérables réalisés pour réduire l'attrait et les capacités opérationnelles du groupe Etat islamique, tant dans la région que dans le monde », a-t-il dit, évoquant plus globalement « le succès des États-Unis contre l'EI ».

Arrivé au pouvoir à Washington le 20 janvier, Donald Trump est depuis longtemps sceptique sur la présence militaire en Syrie. Et la chute fin décembre de Bachar al-Assad, remplacé à la tête du pays par une coalition menée par des islamistes, n'a pas changé la donne.

La prise de contrôle de pans entiers de la Syrie et de l'Irak par l'EI à partir de 2014 a déclenché l'intervention d'une coalition internationale menée par les États-Unis, dont l'objectif principal était de soutenir les unités de l'armée irakienne et les Kurdes qui combattaient l'EI au sol par les airs.

Mais Washington a alors aussi déployé des milliers de ses soldats pour soutenir ces troupes locales et mener ses propres opérations militaires.
« L'armée américaine va rester prête à mener des frappes contre ce qu'il reste de l'EI en Syrie », a déclaré vendredi le porte-parole du Pentagone, qui dit maintenir « des capacités importantes dans la région ».

Les États-Unis disposent actuellement d'environ 2 500 soldats en Irak, un chiffre appelé à diminuer.

La sécurité en Syrie reste précaire depuis la chute de Bachar al-Assad, après près de 14 ans d'une guerre déclenchée par la répression violente de manifestations antigouvernementales en 2011.

À la tête de forces de sécurité dominées par d'anciens rebelles islamistes, les autorités syriennes de transition ont la lourde tâche de maintenir la sécurité dans un pays multiethnique et multiconfessionnel où de nombreux groupes armés, parmi lesquels des djihadistes, sont encore présents.