EREVAN: Le président turc Recep Tayyip Erdogan et le Premier ministre arménien Nikol Pachinian ont échangé lundi par téléphone, une conversation rare pendant laquelle ils ont appelé, selon Ankara et Erevan, à apaiser les relations entre leurs pays longtemps ennemis jurés.
Selon des communiqués identiques, les autorités turques et arméniennes ont indiqué que MM. Erdogan et Pachinian avaient convenu de "l'importance d'un processus bilatéral pour normaliser les relations entre leurs pays".
Cet entretien intervient alors qu'Ankara et Erevan ont réussi le 1er juillet une percée diplomatique: ils se sont entendus pour autoriser le transport direct de marchandises par voie aérienne entre leurs pays et pour ouvrir le passage de leurs frontières terrestres communes aux citoyens de pays tiers.
"Les dirigeants ont exprimé l'espoir que les accords du 1er juillet seront appliqués dans le futur le plus proche", selon le communiqué.
Les deux pays n'ont jamais établi officiellement de liens diplomatiques et leur frontière commune est fermée depuis les années 1990, obligeant les camions à transiter par la Géorgie ou l'Iran.
Les Arméniens estiment qu'un million et demi des leurs ont été tués de façon systématique pendant la Première Guerre mondiale par les troupes de l'Empire ottoman.
La Turquie, issue du démantèlement de l'empire en 1920, reconnaît des massacres mais récuse le terme de génocide, évoquant une guerre civile en Anatolie, doublée d'une famine, dans laquelle 300.000 à 500.000 Arméniens et autant de Turcs sont morts.
En décembre dernier, les deux pays avaient nommé des envoyés spéciaux afin de normaliser leurs relations, un an après la défaite de l'Arménie face à l'Azerbaïdjan, allié de la Turquie, dans la guerre menée pour le contrôle du Nagorny Karabakh.
L'Azerbaïdjan a utilisé lors de cette guerre de six semaines des drones de combat turcs pour reprendre la majeure partie du territoire contesté, qui était sous contrôle arménien depuis les années 1990.
Le 14 janvier, ces envoyés spéciaux, Serdar Kiliç côté turc, et Ruben Rubinyan pour l'Arménie, se sont rencontrés à Moscou. Le mois suivant, les vols commerciaux ont repris entre les deux pays, une première en deux ans.
L'amélioration des relations est vivement souhaitée par l'Arménie, en proie à des difficultés économiques, et encouragée par son allié russe.