PARIS : Le Délégué interministériel à la lutte contre le racisme (Dilcrah) en France a annoncé mercredi à l'AFP avoir saisi la justice du tweet d'un responsable turc qualifiant l'hebdomadaire satirique Charlie Hebdo, dont la dernière une se moque du président Recep Tayyip Erdogan, de « bâtards ».
Dans un tweet publié mardi soir, le ministre délégué turc à la Culture, Serdam Can, écrit en français: « @Charlie_Hebdo_ Vous êtes des bâtards.. Vous êtes des fils des chiennes... »
En début d'après-midi, le tweet avait été "retiré en France à cause des lois locales", pouvait-on lire sur Twitter.
« Il y a quelque chose d'indécent dans le contexte actuel marqué et par le procès des attentats de Charlie Hebdo (qui a débuté en septembre, ndlr) et par la tragédie de l'assassinat de Samuel Paty (le 16 octobre, ndlr) à mettre de l'huile sur le feu en menaçant la rédaction de Charlie », a expliqué Frédéric Potier à l'AFP.
Le journal satirique a publié mardi soir sur les réseaux sociaux la une de son édition de mercredi, sur laquelle s'étale une caricature de M. Erdogan en slip, bière à la main, qui soulève la robe d'une femme voilée en s'écriant: « Ouuuh ! Le prophète ! »
Sur fond de vives tensions entre Paris et Ankara, ce dessin a fait bondir en Turquie, qui a évoqué un « racisme culturel » et menacé la France de représailles « judiciaire et diplomatique ».
Le délégué interministériel à la lutte contre le racisme, l'antisémitisme et la haine anti-LGBT a par ailleurs directement interpellé le réseau social américain Twitter.
Le message « nauséabond de ce haut dignitaire turc est-il conforme à vos conditions d'utilisation ? La @DILCRAH saisira la justice de son côté. Nous ne cèderons rien à ces tentatives d'intimidation. #toujoursCharlie », a-t-il tweeté.
« Cela pose la question de la responsabilité des réseaux sociaux », a-t-il précisé à l'AFP, « puisque là, ces insultes sont diffusées sur Twitter, qui dans ses propres règles d'utilisation prohibe le harcèlement et les comportements manifestement illicites. J'appelle aimablement et fermement Twitter à faire respecter ses propres règles ».