«Tirer vers le haut»: quand la politique phare de Boris Johnson déraille

Boris Johnson quitte le 10 Downing Street à Londres, le mercredi 6 juillet 2022 (Photo, AP).
Boris Johnson quitte le 10 Downing Street à Londres, le mercredi 6 juillet 2022 (Photo, AP).
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Publié le Dimanche 10 juillet 2022

«Tirer vers le haut»: quand la politique phare de Boris Johnson déraille

  • Lorsque le Premier ministre Boris Johnson a remporté une victoire écrasante aux élections de 2019 en promettant de «tirer vers le haut» des villes comme Bradford, cela a donné de l'espoir aux élus locaux
  • Mais depuis son élection, il y a eu peu de progrès tangibles, voire même une dégradation de la situation, accusent ses opposants

BRADFORD, Royaume-Uni : Toutes les 10 à 20 minutes, un train arrive à la gare de Bradford. Le conducteur en sort, marche jusqu'en queue de train puis reprend le trajet.

Une routine fastidieuse mais nécessaire car on ne peut pas traverser en train Bradford, même si la ville du West Yorkshire -- la sixième plus grande d'Angleterre -- n'est pas en bout de ligne.

Depuis des décennies, les élus locaux réclament une solution et lorsque le Premier ministre Boris Johnson a remporté une victoire écrasante aux élections de 2019 en promettant de «tirer vers le haut» des villes comme Bradford, cela leur a donné de l'espoir. Ce programme, au cœur des succès électoraux du dirigeant dans les classes populaires, visait justement par ce genre de mesures à améliorer le quotidien de régions qui se sentent délaissées.

Mais quand deux ans plus tard, son gouvernement a finalement annoncé un plan de modernisation ferroviaire, ce fut la déception : le projet de gare était passé à la trappe.

Cette décision a provoqué la colère dans cette ville de 535.000 habitants, s'ajoutant aux déceptions suscités par un Premier ministre longtemps apprécié des classes populaires et désormais affaibli par les scandales.

«J'ai été vraiment déçue et dégoûtée», a témoigné Mandy Ridyard, directrice financière de Produmax, une société d'ingénierie aérospatiale basée à Bradford, soucieuse que la ville soit mieux connectée pour attirer une main-d'œuvre innovante.

«Nous essayons de rattraper notre retard. Donc ne pas investir (...) c'est vraiment de la folie parce qu'il y a de telles opportunités», a-t-elle déclaré.

- Promesse électorale -

Si au niveau international, Boris Johnson est surtout connu pour le Brexit, au niveau national, il a placé la lutte contre les disparités régionales au cœur de son programme politique.

En 2019, cette promesse a aidé le conservateur à arracher des dizaines de circonscriptions au parti travailliste dans des régions défavorisées du centre et du nord de l'Angleterre.

Mais depuis son élection, il y a eu peu de progrès tangibles, voire même une dégradation de la situation, accusent ses opposants.

Et malgré des démonstrations occasionnelles d'unité nationale telles que les récentes célébrations du jubilé de platine d'Elizabeth II, le Royaume-Uni est plus divisé que jamais, entre les désirs d'indépendance de l'Ecosse et la poussée des partis républicains favorables à la réunification en Irlande du Nord.

«Tirer vers le haut», analyse Mike Cartwright, de la chambre de commerce du West Yorkshire «C'était un slogan merveilleux (...) et ils s'en sont tirés pendant longtemps, sans expliquer ce que cela signifie et comment on met ça en oeuvre».

- «Oubliés» -

Avec ce programme, Bradford et des villes des environs ont reçu des financements supplémentaires, et la région a été désignée «zone d'investissement dans l'éducation».

La région du West Yorkshire devrait aussi bénéficier de nouvelles compétences décentralisées.

Mais alors qu'à Londres, une nouvelle ligne a récemment ouvert après avoir coûté environ 19 milliards de livres (22,5 milliards d'euros), la colère des habitants de Bradford contre le projet de gare avorté ne retombe pas.

D'autant que cette décision va à l'encontre d'une étude réalisée par le cabinet de conseil «People, Places, Policy and Data Unit» qui a révélé que parmi les 20 plus grandes villes britanniques, Bradford souffrait des pires connexions.

«C'était un peu comme si nous avions de nouveau été oubliés», a déclaré Josie Barlow, responsable d'une banque alimentaire qui a bénéficié d'une subvention pour aider à acheter un bâtiment.

Elle a ajouté qu'ils étaient «vraiment reconnaissants» pour cette manne de 225.000 livres mais a souligné l'importance d'investir dans les infrastructures.

Autrefois capitale de la laine, Bradford est maintenant classé cinquième zone la plus défavorisée et sixième en terme de taux de chômage à l'échelle nationale, selon l'indice de pauvreté du gouvernement en 2019.

«Des investissements, des grandes entreprises où beaucoup de gens sont employés, c'est ce dont nous avons besoin» défend Josie Barlow.

À Redcar, à une centaine de kilomètres au nord-est de Bradford, le programme dédié du gouvernement pour «tirer vers le haut» certaines régions a aidé à rénover un ensemble de logements dégradé et en proie à la criminalité.

Ce n'est «qu'un exemple de là où cela a fait une différence», assure Clare Harrigan, directrice du développement de Beyond Housing, qui loue de nombreux logement à loyers modérés.

«Nous vivions dans la misère jusqu'à ce que tout cela commence» raconte Sandra Cottrell, une habitante de 64 ans.

Pour autant, elle est sceptique quant aux ambitions de Boris Johnson, qui suscite beaucoup de défiance. «Je ne crois pas ce qu'il raconte».

«Levelling up» britannique: de quoi s'agit-il ?

Victorieux lors de élections de fin 2019, le Premier ministre britannique Boris Johnson avait promis de «niveler et d'unir le pays». Mais ses opposants critiquent un slogan vague sans stratégie cohérente pour remplir les objectifs affichés.

- Qu'est-ce que le «levelling up»? -

L'objectif affiché consiste à s'attaquer au déficit dont souffrent certaines régions frappées depuis des décennies par un déclin économique en stimulant création d'emploi, formation et productivité.

Il nécessite investissements et politiques dans des domaines allant du transport à la décentralisation, et fixe des objectifs à atteindre d'ici à 2030.

Mais le gouvernement conservateur insiste: il ne s'agit pas d'une redistribution de richesses. «Nous ne pensons pas qu'on peut rendre les régions pauvres du pays en rendant les régions riches plus pauvres», a déclaré Boris Johnson l'année dernière.

- Quand cela a-t-il commencé ? -

Les références remontent à des décennies, mais Boris Johnson a déployé le slogan - aux côtés de sa promesse de «réaliser le Brexit» pendant la campagne électorale de 2019.

Tous deux faisaient partie de son programme, représentant un appel aux électeurs traditionnels de l’opposition travailliste dans le centre et le nord de l'Angleterre.

- Pourquoi est-ce nécessaire? -

Le Royaume-Uni présente parmi les disparités régionales les plus criantes chez les pays développés, selon de nombreux organismes comme l'Institute for Fiscal Studies.

Londres et le sud-ouest de l'Angleterre surpassent le reste du pays dans tous les domaines, productivité, emploi, richesse relative.

Cette tendance vieille de plusieurs décennies a été en partie alimentée par des dépenses publiques plus élevées dans ces régions dans la recherche et l'innovation, un facteur clé pour la productivité, ainsi que des investissements plus importants dans l'éducation.

- Quelles sont les régions ciblées ? -

Le calendrier du gouvernement est si large que le tant attendu document d'orientation publié en février comportait des sections pour que toutes les régions reçoivent financements et projets, y compris à Londres et le Sud-Ouest.

Mais intrinsèquement, cette politique cible les villes laissées pour compte, en particulier dans les anciennes régions industrielles du centre et du nord de l'Angleterre et les régions côtières déshéritées.

- Qu'est-ce qui est inclus ? -

Le document de plus de 300 pages comporte 12 «missions» à accomplir d'ici à 2030 dans tous les domaines, de la délinquance en passant par la santé ou le logement.

Le programme prévoit un éventail de réformes à court et long terme et des promesses de financement.

Le gouvernement a annoncé pour ce faire des milliards de livres sterling d'investissements, dont 2,4 milliards de «fonds villes» et 2,6 milliards de «fonds de prospérité partagée» pour compenser les précédents fonds régionaux européens, et 4,8 milliards de «fonds nivellement».

D'autres initiatives comprennent la relocalisation d'emplois dans l'administration de Londres et du Sud-Ouest, la création de 10 ports francs, et encourager la décentralisation.

Le ministre des Finances Rishi Sunak a également modifié la manière dont les subventions pour l'investissement sont calculées afin que les projets ayant un important impact régional soient prioritaires.

- Où en est-on ? -

Les promesses de Boris Johnson sur le sujet ont subi un feu constant de critiques, lui reprochant de n'être qu'un slogan transformé en politique aux ambitions irréalistes, trop large et gravement sous-financée.

Cercles de réflexion, universitaires et autres se sont tous penchés sur les progrès du gouvernement ces derniers mois, les jugeant insuffisants.

L'Institute for Government a estimé que la douzaine de missions «ne réduira pas les inégalités régionales», tandis qu'une analyse de Bloomberg a conclu qu'elles s'élargissaient en réalité sous Boris Johnson.

Ses détracteurs affirment que le dirigeant conservateur, qui a survécu récemment à un vote de défiance, a été détourné par une série de scandales. Ses défenseurs mettent en avant la pandémie et la crise du coût de la vie, et avertissent que de nouveaux investissements mettront du temps à porter leurs fruits.

Mais récemment, une commission parlementaire a critiqué à son tour le modèle de financement pour distribuer les fonds, accusant le gouvernement de «jouer» des milliards de livres.

Villes «oubliées» dans le Nord de l'Angleterre, les habitants témoignent

A Redcar, dans le Nord-Est de l'Angleterre, les signes de la prospérité industrielle d'antan sont omniprésents. Triste souvenir d'une époque révolue pour des habitants nostalgiques et qui se sentent délaissés par Londres.

Les aciéries de Teesside -- qui furent un temps les plus importantes du Royaume-Uni -- dominent le paysage à des kilomètres à la ronde et rappellent l'époque où l'acier de la ville était utilisé dans le monde entier, y compris pour construire le célèbre Harbour Bridge de Sydney.

«Quand les aciéries ont fermé, ça a juste été horrible», se souvient Sandra Cottrell, 64 ans.

Cette mère de quatre enfants a vu l'industrie s'effondrer petit à petit ces deux dernières décennies. «Mon fils et tout le monde travaillait là bas (...) Il n'avait toujours connu que les aciéries et il a ensuite dû aller travailler à Manchester», raconte-t-elle à l'AFP.

Alors ici, les habitants ne croient pas vraiment dans le grand projet de «Levelling Up» (nivellement par le haut) des régions post-industrielles défavorisées du pays, projet phare du premier ministre Boris Johnson.

M. Johnson avait fait du rééquilibrage régional l'une des ses grandes promesses de campagne pro-Brexit et a annoncé des objectifs à l'horizon 2030 en termes de hausse des salaires, d'amélioration des transports, d'accès à internet ou encore de hausse du niveau scolaire ou de baisse de l'insécurité.

- Disparition de l'aciérie -

«Honnêtement, je ne sais pas» quoi en attendre, confie Mme Cottrell alors que dans le centre-ville de Redcar, de nombreuses boutiques ont fermé ou ont été remplacées par des enseignes à bas prix.

Des signes timides de renouveau sont tout de même observables. Des travaux de régénération de la ville -qui avait acquis une réputation locale de criminalité, de pauvreté et de négligence- progressent, financés en partie par le programme de «Levelling Up».

«C'est ce dont on a besoin par ici. J'ai juste l'impression qu'on a été laissés un peu de côté, mais ils se rendent compte qu'on est là maintenant», affirme Cath Smith, une voisine de 60 ans.

Elle aussi se souvient avec nostalgie des années 1970, quand «tout le monde travaillait» dans la région. A l'époque, son père et la plupart des hommes sont embauchés à l'aciérie, alors propriété de l'État.

Mais après la privatisation en 1988, elle observe impuissante la disparition de l'industrie et accuse les gouvernements successifs de ne pas avoir soutenu les milliers de travailleurs ayant perdu leur emploi.

«Ils s'en fichaient», affirme Mme Smith. «C'est comme si nous n'existions pas.»

- «Oubliés» -

A Bradford, à une centaine de kilomètres plus au sud-ouest, c'est la laine et non l'acier qui avait rendu la ville prospère. Mais la nostalgie des habitants est la même qu'à Redcar.

«Quand j'étais petite, c'était juste fantastique», raconte Judith Holmes, 69 ans.

«Le commerce, la laine (...) Tous les magasins étaient ouverts. On prospérait, c'était vibrant, c'était fabuleux», se souvient-elle.

Bradford, sixième plus grande ville d'Angleterre avec une population parmi les plus jeunes d'Europe, connaît aussi le chômage et la pauvreté.

«Je suis convaincue que Bradford a été oubliée, c'est certain», affirme Mme Holmes en écho aux habitantes de Redcar.

«On nous a fait beaucoup de promesses mais ça ne s'est jamais concrétisé», martèle-t-elle. «Ca va prendre du temps de faire revenir (cette prospérité). Je pense que c'est possible, mais ils (les autorités) doivent s'y mettre dès maintenant plutôt que de dire +peut-être+ en distribuant des fonds ici et là.»

Cette ancienne employée de la Poste fait des ménages dans des bureaux deux fois par semaine pour joindre les deux bouts.

Comme à Redcar, elle est sceptique sur l'ambition du Premier ministre de corriger les grandes inégalités territoriales. «J'y croirai quand je le verrai», assure-t-elle.

«Je ne le verrai surement pas à mon âge mais j'espère que ça arrivera pour les autres, pour mes petits-enfants. J'espère qu'ils auront un futur plus réjouissant.»

Selon elle, le Premier ministre est déconnecté des réalités et «devrait venir ici passer quelques jours et galérer comme beaucoup de gens».

«Je n'ai rien contre Boris Johnson mais personnellement, je ne pense pas qu'il comprenne.»

 

 


La Russie frappe à nouveau « massivement » le réseau énergétique ukrainien

Cette photo prise et diffusée par les services d'urgence ukrainiens le 28 mars 2024 montre des sauveteurs travaillant sur le site d'une attaque au missile à Mykolaivka, dans la région de Donetsk. (AFP).
Cette photo prise et diffusée par les services d'urgence ukrainiens le 28 mars 2024 montre des sauveteurs travaillant sur le site d'une attaque au missile à Mykolaivka, dans la région de Donetsk. (AFP).
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  • Des frappes russes ont endommagé "gravement" trois centrales thermiques ukrainiennes dans la nuit de jeudi à vendredi, blessé six personnes et provoqué des coupures de courant dans certaines régions
  • Les forces aériennes ukrainiennes ont pour leur part dit avoir détruit la grande majorité des 99 missiles et drones russes

KIEV: Des frappes russes ont endommagé "gravement" trois centrales thermiques ukrainiennes dans la nuit de jeudi à vendredi, blessé six personnes et provoqué des coupures de courant dans certaines régions, ont affirmé les autorités ukrainiennes, accusant Moscou d'attaques "barbares" contre leur réseau énergétique.

Les forces aériennes ukrainiennes ont pour leur part dit avoir détruit la grande majorité des 99 missiles et drones russes -- un chiffre particulièrement élevé -- lancés lors de cette nouvelle vague de bombardements nocturnes.

Moscou a intensifié ses frappes aériennes contre l'Ukraine au cours des dernières semaines, visant en particulier le réseau énergétique et disant agir en représailles aux attaques de Kiev dans ses régions frontalières.

Au total, dix régions à travers tout le pays ont été visées et six personnes, dont un enfant, ont été blessées, a déclaré le ministère de l'Intérieur ukrainien.

Trois centrales thermiques ukrainiennes ont subi d'importants dommages après les tirs russes, a indiqué le fournisseur d'énergie ukrainien DTEK, sans donner la localisation de ces installations.

"Les occupants ont attaqué trois centrales thermiques DTEK. Les équipements ont été gravement endommagés", a déclaré la compagnie dans un communiqué, précisant que ses ingénieurs avaient "rapidement" réagi pour faire face aux dégâts.

« Attaque massive »

Le Premier ministre ukrainien Denys Chmygal a affirmé que "la Russie (avait) continué ses attaques barbares contre le système énergétique ukrainien". Dans certaines zones, le courant a dû être coupé, a-t-il dit, sans préciser l'ampleur de ces coupures.

"L'Ukraine a besoin de davantage de systèmes de défense antiaérienne pour mettre en sécurité ses infrastructures essentielles et protéger sa population", a plaidé M. Chmygal.

Le ministre de l'Energie Guerman Galouchtchenko a auparavant déclaré qu'une "attaque massive" avait particulièrement visé des sites de production d'énergie dans les régions de Dnipropetrovsk (centre-sud), Poltava (centre), et Tcherkassy (centre).

Le gouverneur de celle de Dnipropetrovk, Sergiy Lyssak, a lui signalé que "plusieurs installations énergétiques" avaient été endommagées dans sa région.

En fin de matinée, il a annoncé qu'une civile avait été tuée et un homme blessé dans une attaque de drone dans la localité de Myrivska, près de Nikolpol, ajoutant que des tirs touchaient cette zone depuis le matin.

Dans la région de Donetsk (est), une autre femme est morte dans une attaque aérienne russe à Mykolaïvka qui a fortement endommagé une trentaine d'habitations, un marché et un bâtiment administratif, a annoncé la police ukrainienne.

Kiev réclame à ses alliés occidentaux de lui envoyer davantage d'aide, et plus vite. Mais, à Bruxelles comme à Washington, des divisions politiques ont enrayé la livraison d'armes et l'envoi de fonds ces derniers mois.

Ces dernières semaines, les responsables ukrainiens insistent notamment sur l'envoi de davantage de batteries Patriot. Ce puissant et coûteux système antiaérien a été pour la première fois fourni à l'Ukraine au printemps 2023.

« Intense activité aérienne »

Les forces aériennes ukrainiennes ont vendredi dit avoir détruit "84 cibles aériennes", dont 26 missiles et 58 drones Shahed de fabrication iranienne.

Au total, la Russie en aurait lancé 99, en majorité des drones, lors de cette "puissante" attaque aérienne, ont indiqué les forces ukrainiennes.

L'armée russe lance quasiment chaque nuit des missiles ou des drones contre le territoire de son voisin, mais leur nombre est généralement plus faible.

L'armée polonaise a fait état d'une surveillance renforcée de son espace aérien, quelques jours après qu'un missile russe tiré vers des villes de l'ouest de l'Ukraine a survolé le territoire polonais pendant 39 secondes.

"Cette nuit, on a observé une intense activité aérienne à longue portée de la part de la Fédération de Russie, liée à des frappes de missiles contre des cibles sur le territoire ukrainien", indique le commandement de l'armée polonaise dans un communiqué.

"Toutes les procédures nécessaires à la protection de l'espace aérien polonais ont été prises", et les forces polonaises "surveillent la situation de manière continue", ajoute le communiqué.


Grèce: séisme de magnitude 5,7 en mer Ionienne, pas de victimes

L'Observatoire d'Athènes avait initialement fait état de deux séismes successifs de 5,2 et de 5,7 mais Gerassimos Papadopoulos n'a pas exclu "une erreur du système" et fait état d'un seul séisme de magnitude 5,7 sur l'échelle de Richter. (AFP).
L'Observatoire d'Athènes avait initialement fait état de deux séismes successifs de 5,2 et de 5,7 mais Gerassimos Papadopoulos n'a pas exclu "une erreur du système" et fait état d'un seul séisme de magnitude 5,7 sur l'échelle de Richter. (AFP).
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  • La secousse tellurique a été ressentie sur l'île proche de Zante et de la péninsule du Péloponnèse
  • L'Observatoire d'Athènes avait initialement fait état de deux séismes successifs de 5,2 et de 5,7 mais Gerassimos Papadopoulos n'a pas exclu "une erreur du système" et fait état d'un seul séisme de magnitude 5,7 sur l'échelle de Richter

ATHENES: Un séisme de magnitude 5,7 s'est produit vendredi en mer, au large des îlots grecs de Strophades en mer Ionienne (ouest), selon l'Observatoire euro-méditerranéen, sans faire dans un premier temps de victimes ou de dégâts importants, selon les médias.

"La secousse tellurique a été enregistrée à 09H12 locales (07H12 GMT) à une profondeur de 20km dans une région où les séismes sont fréquents", a indiqué le sismologue Gerassimos Papadopoulos à la télévision publique Ert.

Deux répliques de 2,9 et de 4,5 ont suivi ce séisme, selon Gerassimos Papadopoulos.

La secousse tellurique a été ressentie sur l'île proche de Zante et de la péninsule du Péloponnèse.

L'Observatoire d'Athènes avait initialement fait état de deux séismes successifs de 5,2 et de 5,7 mais Gerassimos Papadopoulos n'a pas exclu "une erreur du système" et fait état d'un seul séisme de magnitude 5,7 sur l'échelle de Richter.

Les Strophades sont composés de deux îlots, l'un inhabité et l'autre abritant un monastère qui a été légèrement endommagé, selon l'agence de presse grecque ANA, citant des sources de la métropole de Zante.

Des artisans, qui travaillaient à la restauration du monastère, ont été évacués, selon la même source, mais aucun n'a été blessé lors du tremblement de terre.

La Grèce est située sur d'importantes failles géologiques et les tremblements de terre y sont fréquents surtout en mer, le plus souvent sans faire de victimes ou de dégâts importants.

Le dernier séisme mortel en Grèce de magnitude 7 a eu lieu le 30 octobre 2020 en mer Égée, entre l'île grecque de Samos et la ville d'Izmir (ouest de la Turquie).


A Baltimore, début des opérations pour rouvrir le port, un long processus

Les opérations pour retrouver les quatre autres corps ont été interrompues car les autorités ont jugé trop dangereux l'envoi de plongeurs sur le lieu de l'accident. (AFP).
Les opérations pour retrouver les quatre autres corps ont été interrompues car les autorités ont jugé trop dangereux l'envoi de plongeurs sur le lieu de l'accident. (AFP).
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  • Des grues ont commencé à arriver jeudi à Baltimore, dans l'est des Etats-Unis, dans le cadre des efforts visant à dégager les débris du pont qui s'est effondré
  • Le Corps des ingénieurs de l'armée "déplace la plus grande grue de la côte Est à Baltimore pour nous aider", a affirmé le gouverneur du Maryland

BALTIMORE: Des grues ont commencé à arriver jeudi à Baltimore, dans l'est des Etats-Unis, dans le cadre des efforts visant à dégager les débris du pont qui s'est effondré, les autorités prévenant que la réouverture du port, important pour l'économie américaine, prendra beaucoup de temps.

Ces engins vont devoir retirer les restes d'acier tordus du pont Francis Scott Key, emprunté chaque jour par des dizaines de milliers de véhicules, et qui s'est écroulé mardi tel un château de cartes, après avoir été percuté par un porte-conteneurs, bloquant l'entrée du port de Baltimore.

Le Corps des ingénieurs de l'armée "déplace la plus grande grue de la côte Est à Baltimore pour nous aider", a affirmé le gouverneur du Maryland, Wes Moore jeudi soir à la presse.

"Avant de pouvoir procéder au levage, nous devons trouver la manière de découper le pont en morceaux de la bonne taille afin de pouvoir les soulever hors de l'eau à l'aide d'une grue", a expliqué le contre-amiral des garde-côtes, Shannon Gilreath.

"Il s'agit également du lieu de repos de quatre pères, de quatre frères, de quatre fils", a déclaré Tom Perez, à la Maison Blanche lors d'un entretien à la chaîne américaine MSNBC.

Les corps de deux des six ouvriers portés disparus ont été retrouvés mercredi.

Les opérations pour retrouver les quatre autres corps ont été interrompues car les autorités ont jugé trop dangereux l'envoi de plongeurs sur le lieu de l'accident.

"L'eau est si sombre et les débris si denses que, dans la plupart des cas, nos plongeurs ne voient pas au-delà de 30 à 60 cm", a expliqué M. Moore.

"Nous sommes incroyablement sensibles à l'idée qu'il s'agit également du lieu de repos de quatre pères, de quatre frères, de quatre fils", a déclaré Tom Perez, haut fonctionnaire de la Maison-Blanche, à MSNBC plus tôt dans la journée.

« Fonds d'aide d'urgence »

Les quatre hommes, tous des immigrés latino-américains, sont présumés avoir été tués après que le Dali, un porte-conteneurs long de 300 mètres pour 48 mètres de largeur, s'est encastré dans une pile du pont à cause de problèmes de propulsion.

Ils faisaient partie d'une équipe de huit ouvriers travaillant de nuit à la réparation de la route. Deux d'entre eux ont été secourus peu après l'effondrement du pont.

Les habitants de la région ont participé à une veillée dans un parc voisin jeudi matin, ont rapporté les médias locaux, tandis que la mairie de Baltimore a lancé une collecte de fonds pour soutenir les familles des victimes.

Quant à la reconstruction, elle "ne va pas prendre des heures, ni des jours, ni des semaines", a par ailleurs prévenu le gouverneur de l'Etat du Maryland, où se situe Baltimore, évoquant "un très long chemin à parcourir" avant un retour à la normale.

Le Maryland a demandé à l'Etat fédéral une première enveloppe de 60 millions de dollars, appel rapidement entendu par le gouvernement.

Le ministère américain des Transports a annoncé jeudi le "déblocage rapide" de ce montant en "fonds d'aide d'urgence" au Maryland.

« Perte substantielle »

Cette somme doit permettre d'"aider le Maryland à entamer des travaux urgents" et sera suivie d'autres fonds "au fur et à mesure que la reconstruction progressera", a expliqué le ministre des Transports, Pete Buttigieg.

"Personne n'oubliera jamais les images choquantes d'un porte-conteneurs percutant le pont Francis Scott Key, provoquant son effondrement et la mort tragique de six personnes", a-t-il ajouté, dans un communiqué de la Maison Blanche.

Après le drame, le président Joe Biden s'est engagé à ce que l'administration fédérale prenne en charge l'intégralité du coût de la reconstruction du pont.

En raison de cet accident, le transport maritime reste suspendu, le port de Baltimore, qui génère plus de 15.000 emplois, étant le neuvième du pays en termes d'activité.

Jeudi, le patron du marché de l'assurance Lloyd's of London a prévenu que l'indemnisation par les compagnies d'assurance de l'accident pourrait être la plus élevée jamais versée dans le transport maritime.

"Cela devrait représenter une perte substantielle, sans doute la plus importante" concernant le transport maritime "mais pas en dehors de nos paramètres", a affirmé Bruce Carnegie-Brown sur la chaîne CNBC.

Sa réouverture est "notre priorité ", a déclaré le contre-amiral des garde-côtes.

En amont de Baltimore, les autorités portuaires de New York et du New Jersey prévoient d'accueillir plus de marchandises afin d'atténuer les conséquences de cet accident, ont annoncé jeudi les gouverneurs de ces Etats dans un communiqué commun.