Situation incertaine au Sri Lanka après la fuite du président

La police tire des grenades lacrymogènes pour disperser les manifestants réclamant la démission du président sri-lankais Gotabaya dans une rue menant au palais présidentiel à Colombo, le 9 juillet 2022 (Photo, AFP).
La police tire des grenades lacrymogènes pour disperser les manifestants réclamant la démission du président sri-lankais Gotabaya dans une rue menant au palais présidentiel à Colombo, le 9 juillet 2022 (Photo, AFP).
Short Url
Publié le Dimanche 10 juillet 2022

Situation incertaine au Sri Lanka après la fuite du président

  • Les Etats-Unis ont exhorté dimanche les futurs nouveaux dirigeants du pays à «travailler rapidement» à des solutions face à la dégradation des conditions économiques
  • La crise, sans précédent depuis l'indépendance en 1948 de cette île de 22 millions d'habitants, a été aggravée, selon des économistes, par une série de mauvaises décisions politiques

La situation reste incertaine dimanche au Sri Lanka où le président Gotabaya Rajapaksa a accepté de démissionner la semaine prochaine, après avoir été contraint de fuir son palais envahi par la foule des manifestants protestant contre la crise catastrophique frappant le pays.

Les Etats-Unis ont exhorté dimanche les futurs nouveaux dirigeants du pays à "travailler rapidement" à des solutions face à la dégradation des conditions économiques, "notamment les pénuries d'électricité, de nourriture et de carburant", a déclaré un porte-parole du département d'Etat.

 

Les Etats-Unis exhortent les dirigeants du Sri Lanka à agir «rapidement» pour restaurer la stabilité

Les Etats-Unis ont exhorté dimanche les futurs nouveaux dirigeants du Sri Lanka à "travailler rapidement" pour restaurer la stabilité économique et calmer le mécontentement populaire, après l'annonce de la démission du président Gotabaya Rajapaksa qui a fui son palais pris d'assaut par des manifestants samedi.

Le nouveau gouvernement du Sri Lanka devra "travailler rapidement pour identifier et mettre en oeuvre des solutions qui permettront la stabilité économique à long terme et calmeront le mécontentement du peuple du Sri Lanka face à la dégradation des conditions économiques, notamment les pénuries d'électricité, de nourriture et de carburant", a déclaré un porte-parole du département d'Etat à Bangkok, où le chef de la diplomatie américaine Antony Blinken se trouve en visite.

Washington appelle également "le Parlement sri-lankais à aborder cette étape avec la volonté d'améliorer la situation de la nation, et non celle d'un parti politique en particulier", a poursuivi le porte-parole.

Les Etats-Unis ont mis en garde les partisans du gouvernement contre toute attaque contre des manifestants ou des journalistes, mais ont également critiqué les violences survenues samedi lorsque la foule a pris d'assaut la résidence de M. Rajapaksa.

"Le peuple sri-lankais a le droit d'élever pacifiquement sa voix, et nous demandons une enquête complète, l'arrestation et la poursuite en justice de toute personne impliquée dans tout incident violent lié à la manifestation", a déclaré le porte-parole.

M. Rajapaksa a entretenu des relations difficiles avec les Etats-Unis en raison de son rejet des allégations de crimes de guerre lors de la sanglante de la guerre civile sri-lankaise, qui a duré plusieurs décennies, et de son partenariat économique étroit avec la Chine.

Ces dernières semaines, les Etats-Unis et la Chine ont proposé de soutenir l'île, aux prises avec des pénuries de carburant et de nourriture sans précédent.

"Pour assurer une transition pacifique, le président a dit qu'il allait démissionner le 13 juillet", a déclaré samedi à la télévision le président du Parlement, Mahinda Abeywardana.

Deux proches du président ont, sans attendre, démissionné: le chef du service de presse Sudewa Hettiarachchi et le ministre des Médias Bandula Gunawardana, qui a également laissé son poste à la tête du parti présidentiel.

Le Premier ministre Ranil Wickremesinghe a tenté d'ouvrir la voie à un gouvernement d'union nationale, en convoquant une réunion de crise du gouvernement avec les partis d'opposition et proposant sa démission.

Mais cela n'a pas suffi à calmer la colère des manifestants qui dans la soirée ont assiégé sa résidence, en son absence, et y ont mis le feu, sans faire de blessés.

Le président Rajapaksa, 73 ans, sur la sellette depuis des mois, avait pu fuir quelques minutes avant que plusieurs centaines de manifestants ne pénètrent dans son palais, normalement réservé aux réceptions mais où il avait emménagé en avril après l'assaut sur son domicile privé.

Les soldats gardant la résidence officielle ont tiré en l'air pour dissuader les manifestants d'approcher du palais jusqu'à ce que le président soit évacué et prenne place à bord d'un navire militaire faisant route, selon une source militaire, vers la base navale de Trincomalee dans le Nord-Est de l'île.

Un blessé grave

Après minuit samedi, le chef d'état-major de la défense, le général Shavendra Silva, a lancé un appel au calme à la télévision, assurant: "Il existe une possibilité de résoudre la crise de manière pacifique et constitutionnelle".

L'hôpital national de Colombo, le principal de la capitale, a fait état de 105 personnes admises après les manifestations de samedi et de 55 toujours en traitement dimanche. Parmi les blessés figurent sept journalistes. "Une personne est dans un état très grave après une blessure par balle", a dit à l'AFP la porte-parole Pushpa Soysa.

Dimanche, les manifestants qui occupaient toujours le palais présidentiel ont déclaré qu'ils ne partiraient pas avant la démission effective du président.

"Notre combat n'est pas fini", a déclaré aux journalistes le dirigeant étudiant Lahiru Weerasekara. "Nous n'abandonnerons pas ce combat jusqu'à ce qu'il parte réellement".

Des militants étudiants ont dit avoir trouvé 17,8 millions de roupies (48 000 euros) dans la chambre de M. Rajapaksa et les avoir remis à la police.

Samedi, les manifestations pour exiger la démission de M. Rajapaksa ont rassemblé à Colombo des centaines de milliers de personnes. Des heurts ont opposé des manifestants aux forces de l'ordre qui tentaient de les disperser avec du gaz lacrymogène.

Les chaînes de télévision locales ont ensuite montré des images de centaines de personnes escaladant les grilles du palais présidentiel. Des manifestants ont diffusé en direct sur les réseaux sociaux des vidéos de la foule déambulant à l'intérieur, certains s'égaillant dans la piscine présidentielle ou dans les chambres à coucher.

Laminé

Les protestataires ont également investi samedi soir les bureaux de la présidence à proximité, devant lesquels des manifestants campaient depuis trois mois.

Autrefois pays à revenu intermédiaire avec un niveau de vie envié par l'Inde, le Sri Lanka a été laminé par la perte des recettes touristiques consécutives à un attentat jihadiste en 2019 puis la pandémie de Covid-19.

La crise, sans précédent depuis l'indépendance en 1948 de cette île de 22 millions d'habitants, a été aggravée, selon des économistes, par une série de mauvaises décisions politiques dont le clan présidentiel au pouvoir depuis 2005 est accusé par la population.

Le pays négocie un plan de sauvetage avec le Fonds monétaire international (FMI), lequel a déclaré dimanche espérer "un règlement de la situation actuelle de manière à permettre la reprise de notre dialogue".

Dimanche, le secrétaire d'Etat américain Antony Blinken a estimé que les restrictions imposées par la Russie aux exportations de céréales ukrainiennes pourraient avoir contribué aux pénuries au Sri Lanka.

Et le pape François a dit sa solidarité avec le peuple du Sri Lanka. "J'implore ceux qui dispose de l'autorité de ne pas ignorer le cri des pauvres et les besoins des gens", a-t-il lancé.


Israël : Netanyahu revient sur son choix pour la direction du Shin Bet

Benjamin Netanyahu, Premier ministre israélien (Photo AFP)
Benjamin Netanyahu, Premier ministre israélien (Photo AFP)
Short Url
  • La nomination de l'amiral Sharvit a été critiquée aux États-Unis par le sénateur républicain Lindsey Graham, proche du président américain Donald Trump. 
  • M. Netanyahu avait annoncé la nomination d'Eli Sharvit comme nouveau chef du Shin Bet lundi, malgré le gel par la Cour suprême du limogeage du directeur en exercice de l'agence, Ronen Bar.

JERUSALEM : Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a annoncé mardi être revenu sur son choix pour le nouveau directeur de l'Agence de la sécurité intérieure (Shin Bet) après que son candidat a été critiqué à Washington par un influent sénateur.

« Lundi, M. Netanyahu a de nouveau rencontré le vice-amiral [Eli] Sharvit à propos de sa nomination à la tête du Shin Bet », indique un communiqué du Bureau du Premier ministre.

Il l'a « remercié [...] d'avoir répondu à l'appel du devoir, mais l'a informé qu'après plus ample considération, il avait l'intention d'examiner d'autres candidatures », a indiqué un communiqué du bureau de M. Netanyahu.

Ce revirement soudain survient après que la nomination de l'amiral Sharvit a été critiquée aux États-Unis par le sénateur républicain Lindsey Graham, proche du président américain Donald Trump. 

« S'il est vrai que l'Amérique n'a pas de meilleur ami qu'Israël, la nomination d'Eli Sharvit comme nouveau chef du Shin Bet est plus que problématique », a écrit M. Graham sur X.

« Mon conseil à mes amis israéliens est de changer de cap et d'examiner plus minutieusement le passé de leur candidat », a-t-il ajouté, notant que des « déclarations » de l'amiral Sharvit « sur le président Trump et sa politique créeraient des tensions inutiles à un moment critique ».

M. Netanyahu avait annoncé la nomination d'Eli Sharvit comme nouveau chef du Shin Bet lundi, malgré le gel par la Cour suprême du limogeage du directeur en exercice de l'agence, Ronen Bar.

La décision de démettre M. Bar de ses fonctions, en qui M. Netanyahu dit ne plus avoir confiance, est fortement critiquée en Israël où les manifestations se multiplient contre le gouvernement et contre ce qui est perçu par ses opposants comme une dérive dictatoriale du Premier ministre.


Ukraine : Poutine « reste ouvert à tout contact » avec Trump, après ses critiques selon le Kremlin

Zelensky, Trump et Poutine (Photo AFP)
Zelensky, Trump et Poutine (Photo AFP)
Short Url
  • « Le président reste ouvert à tout contact avec le président Trump », a indiqué le porte-parole de la présidence russe, Dmitri Peskov.
  • Ce changement de ton a tranché avec la dynamique de rapprochement impulsée par Donald Trump et Vladimir Poutine depuis le retour du premier à la Maison Blanche en janvier.

MOSCOU : Vladimir Poutine « reste ouvert à tout contact » avec son homologue américain Donald Trump, a affirmé lundi le Kremlin, après les critiques du locataire de la Maison Blanche à l'encontre du président russe malgré leur rapprochement entamé depuis plusieurs semaines.

« Le président reste ouvert à tout contact avec le président Trump », a indiqué le porte-parole de la présidence russe, Dmitri Peskov, lors de son briefing quotidien, précisant qu'« aucun » nouvel appel entre les deux dirigeants n'était « prévu pour l'instant ».

Donald Trump a dit à la chaîne américaine NBC être « très énervé, furieux » envers son homologue russe, après que ce dernier eut évoqué l'idée d'une « administration transitoire » en Ukraine, sans son président actuel, Volodymyr Zelensky.

Ce changement de ton a tranché avec la dynamique de rapprochement impulsée par Donald Trump et Vladimir Poutine depuis le retour du premier à la Maison Blanche en janvier.

Ces dernières semaines, Moscou et Washington ont convenu d'une remise à plat de leurs relations bilatérales, très fortement dégradées par des années de tensions, qui ont culminé depuis 2022 avec le déclenchement de l'assaut russe contre l'Ukraine, soutenue par les États-Unis.

Donald Trump, qui souhaite mettre fin au conflit le plus rapidement possible, a également menacé la Russie de nouvelles taxes sur le pétrole russe si aucun accord n'était trouvé.

Or, la manne financière issue de la vente de son or noir est vitale pour Moscou, qui doit financer son offensive en Ukraine, particulièrement coûteuse.

Le président russe Vladimir Poutine a rejeté plus tôt ce mois-ci la proposition de cessez-le-feu inconditionnel de Donald Trump en Ukraine, que Kiev avait pourtant acceptée sous pression américaine.

Lundi, Dmitri Peskov a martelé que la Russie continuait à travailler « tout d'abord sur l'établissement de relations bilatérales et nous travaillons également sur la mise en œuvre de certaines idées liées au règlement ukrainien ».

« Le travail est en cours. Il n'y a pas encore de détails précis. Il s'agit d'un processus qui prend du temps, probablement en raison de la complexité du sujet », a-t-il poursuivi.


Lutte contre l'immigration clandestine : plus de 40 pays réunis à Londres

Des sauveteurs britanniques aident une vingtaine de migrants sur un bateau semi-rigide essayant de traverser la Manche depuis la France (Photo, AFP).
Des sauveteurs britanniques aident une vingtaine de migrants sur un bateau semi-rigide essayant de traverser la Manche depuis la France (Photo, AFP).
Short Url
  • Le Premier ministre britannique, Keir Starmer, accueille ce lundi à Londres les représentants d'une quarantaine de pays pour un sommet de deux jours dédié à la lutte contre l'immigration illégale.
  • Les trois premiers mois de l'année ont toutefois été marqués par un nouveau record d'arrivées, avec un total de 5 840 personnes ayant traversé la Manche à bord de ces embarcations de fortune.

LONDRES : Le Premier ministre britannique, Keir Starmer, accueille ce lundi à Londres les représentants d'une quarantaine de pays pour un sommet de deux jours dédié à la lutte contre l'immigration illégale, un dossier prioritaire pour Londres.

Le dirigeant travailliste, qui a pris ses fonctions en juillet dernier, a promis, comme ses prédécesseurs conservateurs, d'endiguer le phénomène des « small boats » (petits bateaux) en luttant contre les réseaux de passeurs.

Les trois premiers mois de l'année ont toutefois été marqués par un nouveau record d'arrivées, avec un total de 5 840 personnes ayant traversé la Manche à bord de ces embarcations de fortune.

Keir Starmer donnera le coup d'envoi de ce « premier grand sommet international organisé au Royaume-Uni pour faire face à l'urgence de l'immigration clandestine », qui se tiendra sous la houlette de la ministre de l'Intérieur Yvette Cooper.

Le ministre français Bruno Retailleau et son homologue allemande Nancy Faeser sont attendus, de même que des représentants du reste de l'Europe, d'Asie, du Moyen-Orient, d'Afrique et d'Amérique du Nord, y compris des États-Unis.

Les discussions porteront sur la collaboration entre les États pour démanteler les réseaux de passeurs de migrants, notamment vers le Royaume-Uni et les pays de l'Union européenne.

« Je ne crois tout simplement pas qu'il soit impossible de s'attaquer à la criminalité organisée liée à l'immigration », a déclaré le dirigeant travailliste dans un communiqué diffusé dimanche par le ministère de l'Intérieur.

- « Consensus mondial » -

« Nous devons combiner nos ressources, partager nos renseignements et nos tactiques, et nous attaquer au problème en amont », doit-il ajouter.

Ce sommet s'inscrit dans le prolongement des discussions que Mme Cooper avait eues en décembre avec ses homologues belge, allemand, français et néerlandais.

Les cinq pays avaient alors signé un plan d'action commun destiné à renforcer la coopération pour lutter contre ces réseaux de passeurs de migrants.

Le sommet de cette semaine réunira des représentants de pays de départ de migrants, comme le Vietnam ou l'Irak, ainsi que de pays de transit, comme ceux des Balkans.

Il réunira également le directeur de la Border Force, l'agence responsable des opérations de contrôle de la frontière au Royaume-Uni, ainsi que des représentants d'Interpol, d'Europol et d'Afripol.

Selon le ministère britannique de l'Intérieur, les ministres discuteront de l'équipement, de l'infrastructure et des faux papiers que les bandes criminelles utilisent pour faire entrer des personnes illégalement.

Ils examineront également le fonctionnement des filières et chercheront à « établir un consensus mondial sur la lutte » contre le recrutement de migrants en ligne.

Les Britanniques souhaitent également voir avec la Chine comment elle peut cesser d'exporter des moteurs et d'autres pièces détachées de petits bateaux utilisés pour les traversées de la Manche.

Keir Starmer est sous pression, face à la montée du parti anti-immigration Reform UK de Nigel Farage, qui a obtenu environ quatre millions de voix lors des élections générales de juillet, un résultat sans précédent pour un parti d'extrême droite.

Le Premier ministre a comparé les passeurs d'immigrés clandestins à des « terroristes ». En réponse, son gouvernement a introduit un projet de loi conférant aux forces de l'ordre des pouvoirs comparables à ceux dont elles disposent en matière de lutte antiterroriste, afin de combattre ces réseaux.

En février, le gouvernement a durci les règles d'acquisition de la nationalité pour la rendre pratiquement impossible à une personne arrivée illégalement au Royaume-Uni.

Il a aussi annoncé des règles plus strictes en matière de droit du travail.

« Fermer les yeux sur le travail illégal fait le jeu des passeurs qui tentent de vendre des places sur des bateaux peu solides et surchargés en promettant un travail et une vie au Royaume-Uni », a déclaré dimanche Mme Cooper, citée dans un communiqué de son ministère.

Au total, plus de 157 770 migrants sont arrivés au Royaume-Uni en traversant la Manche à bord de petites embarcations depuis que le gouvernement a commencé à collecter des données en 2018.