TÉHÉRAN : Les autorités iraniennes ont arrêté vendredi soir un important militant réformateur Mostafa Tajzadeh, accusé "d'activités contre la sécurité de l'Etat", a rapporté l'agence de presse iranienne Mehr.
Mostafa Tajzadeh, 65 ans, figure du mouvement réformateur et ancien prétendant à la candidature pour la présidentielle de 2021, a été arrêté vendredi soir, accusé de "conspiration pour agir contre la sécurité du pays et de diffuser des mensonges pour perturber l'opinion publique", souligne l'agence de presse.
"Son mandat d'arrestation a été émis par les autorités judiciaires", ajoute le média iranien.
Ancien vice-ministre sous la présidence du réformateur Mohammad Khatami (1997-2005), Tajzadeh s'est présenté lors de sa démarche pour une éventuelle candidature à la présidentielle en 2021 comme un "citoyen, réformiste" et "prisonnier politique pendant sept ans".
M. Tajzadeh avait été arrêté en 2009 après l'annonce officielle de la réélection à la présidence de Mahmoud Ahmadinejad, contestée par une opposition rassemblée autour des candidats réformateurs malheureux Mehdi Karoubi et Mir Hossein Moussavi et criant à des fraudes massives.
Depuis sa libération en 2016, il appelle régulièrement les autorités à libérer les deux dirigeants de cette contestation dite du "Mouvement", assignés à résidence depuis plus de dix ans.
Les autorités iraniennes ont mené de nombreuses arrestations ces derniers temps. Vendredi l'agence Irna a annoncé l'arrestation de deux cinéastes accusés de "troubles à l'ordre public" pour avoir dénoncé la corruption et l'incurie des fonctionnaires après l'effondrement d'un immeuble à Abadan (sud-ouest) qui avait causé la mort de 43 personnes. De nombreuses manifestations avaient eu lieu après ce drame.
Iran: arrestation de deux cinéastes pour «troubles à l'ordre public»
Les autorités iraniennes ont arrêté vendredi deux cinéastes accusés de "troubles à l'ordre public" pour avoir encouragé des manifestations après l'effondrement meurtrier d'un immeuble dans le sud-ouest du pays en mai, indique l'agence de presse iranienne Irna.
Mohammad Rasoulof, primé à l'étranger, et son collègue Mostafa Aleahmad ont, selon l'agence officielle, "encouragé les manifestations et ont perturbé l'ordre public et la sécurité de la population, alors que la ville d'Abadan vivait un drame bouleversant", après l'effondrement d'un immeuble le 23 mai qui a tué 43 personnes.
Le 23 mai, l'immeuble Metropol, en construction à Abadan, l'une des principales villes de la province du Khouzestan, dans le sud-ouest du pays, s'est partiellement effondré au coeur d'une rue très fréquentée.
Cette catastrophe, l'une des plus meurtrières depuis des années en Iran, a entraîné une série de manifestations à travers le pays en solidarité avec les familles des victimes et contre les autorités, accusées de corruption et d’incompétence
Les manifestants appelaient à ce que "les fonctionnaires incompétents", responsables de la tragédie, soient jugés et punis. Au cours des manifestations, la police iranienne a fait usage de gaz lacrymogènes, tiré des coups de semonce et procédé à des arrestations.
Mené par M. Rasoulof, un groupe de cinéastes iraniens a publié fin mai une lettre ouverte appelant les forces de sécurité "à déposer les armes" face à la colère contre "la corruption, le vol, l'incompétence et la répression", qui avaient conduit à l'effondrement de l'immeuble.
Mohammad Rasoulof, 50 ans a remporté l'Ours d'or à Berlin en 2020 pour son film "Le diable n'existe pas" mais il n'a pas pu se rendre en Allemagne. Son passeport avait été confisqué après son précédent long métrage en 2017 "Un homme intègre", présenté à Cannes, où il avait remporté le prix de la catégorie "Un Certain Regard".