RABAT: Rabat prône la reprise des "tables rondes" pour parvenir à une "solution politique" du conflit du Sahara occidental, un format rejeté par l'Algérie qui soutient les indépendantistes du Polisario, a indiqué mardi la diplomatie marocaine en recevant l'envoyé de l'ONU Staffan de Mistura.
M. de Mistura, en visite à Rabat depuis le 2 juillet, a eu des entretiens mardi avec le ministre des Affaires étrangères, Nasser Bourita, et l'ambassadeur du Maroc auprès de l’ONU, Omar Hilale, selon un communiqué du ministère.
"La délégation marocaine a rappelé les constantes de la position du Maroc (...) pour une solution politique, basée exclusivement sur l'initiative marocaine d'autonomie, dans le cadre de la souveraineté nationale et de l'intégrité territoriale du royaume", souligne le communiqué.
"Elle a réitéré l’attachement du Maroc au processus politique des tables rondes" afin de parvenir à une solution politique "réaliste, pragmatique, durable et basée sur le compromis", conclut-il.
A New York, le porte-parole de l'ONU, Stéphane Dujarric, a évoqué une "réunion utile" entre Staffan de Mistura et Nasser Bourita. "Dans le contexte du processus politique sur le Sahara occidental, l'envoyé personnel compte mener d'autres voyages dans la région visant à faire avancer ce processus", a-t-il ajouté.
La question du Sahara occidental, ex-colonie espagnole considérée comme un "territoire non autonome" par l'ONU, oppose depuis des décennies le Maroc aux indépendantistes sahraouis du Front Polisario, soutenus par Alger.
Rabat, qui contrôle près de 80% de ce territoire, propose un plan d'autonomie sous sa souveraineté. Le Polisario réclame un référendum d'autodétermination sous l'égide de l'ONU, prévu lors de la signature en 1991 d'un cessez-le feu mais jamais concrétisé.
- Liberté de mouvement -
Les tables rondes, organisées à Genève en 2019 suivant une résolution de l'ONU, sont censées réunir le Maroc, le Polisario, l'Algérie et la Mauritanie.
Mais Alger a d'ores et déjà rejeté ce format quadripartite "contre-productif" et souhaite des négociations bilatérales entre le Polisario et le Maroc.
M. de Mistura a dû renoncer à une visite prévue au Sahara occidental, la première depuis qu'il a pris ses fonctions en novembre, selon l'ONU.
Aucune explication n'a été donnée au choix du haut diplomate italo-suédois mais selon des sources proches du dossier, les autorités marocaines avaient exprimé des réserves à un tel déplacement lors de la précédente visite de M. de Mistura au mois de janvier.
En outre, il n'aurait pas été en mesure de rencontrer tous les interlocuteurs qu'il souhaitait au Sahara occidental.
Interrogé mardi sur l'avenir de cette médiation, Stéphane Dujarric a assuré que l'émissaire "pouvait bien sûr continuer sa mission". Il "n'a pas perdu sa liberté de mouvement", il "contrôle où il va et il décidera où il va", a-t-il affirmé, refusant de fournir des explications sur les raisons de l'annulation du déplacement au Sahara occidental.
Dans l'immédiat, Staffan de Mistura doit regagner Bruxelles où il réside.
Dans un communiqué lundi, le Polisario avait "regretté profondément" l'annulation de la visite de M. de Mistura et accusé Rabat de "l'empêcher de témoigner directement de la situation sur le terrain dans les territoires sahraouis occupés".