SOFIA: L'ambassadrice de Russie à Sofia a envisagé vendredi la fermeture de son ambassade dans le pays, après le refus de la Bulgarie de revenir sur la décision d'expulser 70 membres du personnel diplomatique russe.
"Malheureusement, notre appel au ministère des Affaires étrangères a été ignoré", a déploré Eleonora Mitrofanova dans un message publié sur le réseau social Facebook.
"J'ai donc l'intention d'aborder sans délai avec les dirigeants de mon pays la question de la fermeture de l'ambassade de Russie en Bulgarie, qui entraînera inévitablement celle de la mission diplomatique bulgare à Moscou", a-t-elle déclaré.
La veille, elle avait lancé un ultimatum au gouvernement en lui demandant de renoncer aux expulsions avant vendredi à la mi-journée.
Dans le cas contraire, "Moscou prendra des mesures très drastiques. Cela ne peut rester sans conséquences. (...) Les relations diplomatiques peuvent même être rompues", avait averti Mme Mitrofanova sur la télévision publique BNT.
Interrogée sur la possibilité d'une fermeture de l'ambassade, le porte-parole du Kremlin Dmitri Peskov, cité par les agences de presse russes, a affirmé que la question serait "examinée par le ministère des Affaires étrangères et si nécessaire portée jusqu'au président" Vladimir Poutine.
«Jouer sur les peurs»
Le Premier ministre bulgare sortant Kiril Petkov a de son côté défendu le renvoi d'ici au 3 juillet de dizaines de membres de la représentation russe, accusés de "travailler contre les intérêts" bulgares.
Il reste 43 personnes à l'ambassade russe, a-t-il affirmé en marge d'un déplacement en province, plaidant pour un maintien des liens diplomatiques entre "deux nations amies" et au "retrait de cette menace".
"Mme Mitrofanova essaie juste de jouer sur les peurs des gens et je pense que le ministère russe des Affaires étrangères lui dira de baisser d'un ton parce que ce n'est pas productif", a ajouté M. Petkov. "Elle n'a pas le droit de mettre en péril les relations entre nos deux pays".
Il s'agit d'un nombre sans précédent d'expulsions prononcé par ce pays des Balkans, membre de l'Union européenne et de l'Otan mais traditionnellement proche de la Russie.
"C'est une décision souveraine qui doit être respectée", a réagi l'Otan, par la voix de sa porte-parole Oana Lungescu, "condamnant fermement les pratiques russes de comportement coercitif" et "les tentatives d'interférence dans nos processus et institutions démocratiques".
Dans un communiqué, l'UE a également "regretté la menace injustifiée de la Fédération russe de rompre les liens diplomatiques avec la Bulgarie".
"Une mesure aussi disproportionnée ne ferait qu'accroître l'isolement de la Russie", a estimé Nabila Massrali, la porte-parole du chef de la diplomatie européenne Josep Borrell.
De nombreux pays européens ont expulsé des diplomates russes à la suite de l'invasion de l'Ukraine le 24 février, Moscou ayant répondu par des mesures similaires.