La russophile Bulgarie à l'épreuve de la guerre en Ukraine

Cette photo d'archive prise à Sofia le 4 mai 2022 montre des manifestants agitant des drapeaux ukrainiens et bulgares après avoir enveloppé le monument controversé de l'armée soviétique avec le drapeau bulgare pour protester contre l'invasion russe de l'Ukraine (Photo, AFP).
Cette photo d'archive prise à Sofia le 4 mai 2022 montre des manifestants agitant des drapeaux ukrainiens et bulgares après avoir enveloppé le monument controversé de l'armée soviétique avec le drapeau bulgare pour protester contre l'invasion russe de l'Ukraine (Photo, AFP).
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Publié le Dimanche 22 mai 2022

La russophile Bulgarie à l'épreuve de la guerre en Ukraine

  • Chaque semaine ou presque depuis le début du conflit, pro et anti-Russes se défient à Sofia, autour de monuments à la gloire de l'Armée rouge
  • Selon un sondage de l'institut britannique YouGov mené en avril dans 16 pays de l'UE et le Royaume-Uni, 44% des Bulgares tiennent l'Otan pour responsable de la guerre, pourcentage le plus élevé de la liste

SOFIA: "Les Russes, nos frères slaves": ce sentiment, partagé dans une grande partie de la Bulgarie, peut-il résister à la guerre en Ukraine? Membre de l'UE et de l'Otan mais traditionnellement proche de Moscou, ce pays des Balkans s'interroge sur son identité.

Chaque semaine ou presque depuis le début du conflit, pro et anti-Russes se défient à Sofia, autour de monuments à la gloire de l'Armée rouge, protégés par les uns, attaqués par les autres.

Pour Maria Kostadinova, doctorante de 23 ans rencontrée par l'AFP lors d'un de ces rassemblements, "défendre l'Ukraine, c'est un choix de civilisation qui nous rattache aux pays développés".

Dans le camp d'en face, Galina Stoyanova, institutrice de 54 ans, balaie les images des atrocités du conflit: "des créations d'Hollywood", assène-t-elle.

Et de rendre hommage aux "doubles libérateurs russes" qui "se sont sacrifiés en 1878", mettant fin à la domination ottomane, puis ont "affranchi la Bulgarie du fascisme en 1944".

Même discours sur les réseaux sociaux, où des dizaines de milliers d'internautes suivent avec avidité les comptes véhiculant la ligne du Kremlin.

L'activité a explosé ces dernières semaines, a constaté l'unité bulgare de vérification numérique de l'AFP qui a consacré 85% de ses articles depuis le 24 février à débusquer de fausses informations justifiant l'invasion russe ou dénigrant les réfugiés ukrainiens.

Selon un sondage de l'institut britannique YouGov mené en avril dans 16 pays de l'UE et le Royaume-Uni, 44% des Bulgares tiennent l'Otan pour responsable de la guerre, pourcentage le plus élevé de la liste.

«Mythes tenaces»

"La Bulgarie diffère des autres pays de l'ancien bloc communiste" dans lesquels l'ère soviétique a laissé des souvenirs amers, explique Dimitar Bechev, politologue spécialiste de l'Europe de l'Est qui enseigne à Oxford.

"Les livres d'histoire nourrissent la mythologie de la fraternité" avec la Russie, souligne-t-il, évoquant aussi "les liens culturels, politiques et sociétaux" tissés jusqu'à la chute du régime communiste en 1989.

De nombreux Bulgares comprennent en outre le russe, certains s'informant régulièrement sur les médias moscovites. 

Des affinités qu'on retrouve dans la classe politique, où le parti socialiste a menacé de quitter la coalition gouvernementale en cas de livraison d'armes à l'Ukraine. 

Le président Roumen Radev s'est lui aussi prononcé contre une telle décision, tandis que les nationalistes prorusses de la petite formation Vazrajdane, entrée récemment au Parlement, organisent régulièrement des manifestations "pour la paix".

"Les métastases du communisme demeurent dans les esprits", estime l'historienne Evelina Kelbetcheva, qui s'efforce depuis des années de déconstruire "des mythes tenaces" dans la population et milite pour une réforme des programmes scolaires. 

La guerre, possible déclic? 

Avec le conflit, des Bulgares commencent à changer d'attitude.

Cette professeure, scénariste d'un documentaire sur l'occupation soviétique après la seconde guerre mondiale, évoque ainsi la soudaine popularité du film.

Sorti fin 2021, il a été diffusé à la télévision après le lancement de l'offensive russe et visionné depuis par des dizaines de milliers d'internautes.

Viols, meurtres brutaux, gabegie financière: révélant des archives inédites, l'oeuvre jette une lumière crue sur les actes de l'Armée rouge. Sans compter le coût de son entretien qui "a ruiné" la Bulgarie, assure Mme Kelbetcheva.

"Ce documentaire ouvre les yeux de ceux, nombreux, qui croient à une interprétation romantique faussée de l'histoire", estime Todor Gabarov, un universitaire rencontré à l'issue d'une projection à Sofia.

«Dépoutiniser la Bulgarie»

La guerre actuelle "bouleverse des équilibres profonds", note l'institut Alpha Research. "Beaucoup de ceux qui continuent à aimer la Russie expriment désormais une attitude négative envers le président Vladimir Poutine".

S'il jouissait de 58% de soutien en Bulgarie en mars 2020, sa cote de popularité a dégringolé à 32% fin février pour chuter à 25% en avril.

Il est temps pour la Bulgarie, touchée de longue date par la stratégie "d'infiltration" du Kremlin via "la propagande sur internet, la dépendance économique et la corruption de l'élite dirigeante", de "se dépoutiniser", insiste une des formations au pouvoir, Bulgarie démocratique.

Dans le même sens, le Premier ministre Kiril Petkov, résolument pro-européen, appelle à limiter "l'influence russe" sur la Bulgarie qui, privée de gaz russe, veut en profiter pour enfin s'émanciper.

"Nous sommes là pour prouver qu'il n'y a pas que des poutinophiles ici", lançait Stanimir Ganev, un informaticien de 43 ans, en manifestant le 9 mai dans les rues de la capitale, drapeau jaune et bleu au vent.


Une guerre commerciale avec les États-Unis est « très probable » selon un responsable de la BCE

Banque centrale européenne, Francfort-sur-le-Main, Allemagne (Photo iStock)
Banque centrale européenne, Francfort-sur-le-Main, Allemagne (Photo iStock)
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  • Une guerre commerciale avec les États-Unis « est très probable » sous la présidence de Donald Trump, avec des conséquences négatives pour l'activité et les prix, a averti dimanche une haute responsable de la Banque centrale européenne.
  • La zone euro est aussi dans son viseur, notamment l'Allemagne qui détient l'excédent commercial le plus élevé avec les États-Unis.

FRANCFORT, ALLEMAGNE : Une guerre commerciale avec les États-Unis « est très probable » sous la présidence de Donald Trump, avec des conséquences négatives pour l'activité et les prix, a averti dimanche une haute responsable de la Banque centrale européenne (BCE).

Donald Trump, qui sera investi président lundi, a fortement misé sur les droits de douane dans sa communication, « il est donc très probable qu'une guerre commerciale éclate », déclare Isabel Schnabel, membre du directoire de la BCE, dans un entretien sur la chaîne YouTube du site allemand de conseil financier Finanztip.

Donald Trump prévoit d'imposer, dès le 20 janvier, des droits de douane de 25 % sur tous les produits en provenance du Mexique et du Canada, invoquant la lutte contre l'entrée de drogues et de migrants.

La Chine, déjà ciblée lors de son premier mandat, pourrait également voir ses taxes augmenter de 10 %.

La zone euro est aussi dans son viseur, notamment l'Allemagne qui détient l'excédent commercial le plus élevé avec les États-Unis.

Pour la zone euro, ces droits pourraient entraîner une hausse des prix, notamment si l'Europe répond par des mesures de rétorsion, ce qui conduirait à « une augmentation des prix à l'importation », explique Mme Schnabel.

Dans l'immédiat, l'incertitude actuelle est « un poison pour la conjoncture » en freinant la consommation et l'investissement, prévient-elle.

Selon la banquière centrale, les droits de douane entraînent généralement des pertes de prospérité à l'échelle mondiale : si la mondialisation a apporté des gains de richesse considérables à l'Europe, « il est possible que nous devions désormais nous préparer à voir au moins une partie de ces gains s'inverser ».

Malgré ce contexte menaçant, la BCE est « sur la bonne voie » pour atteindre son objectif d'inflation de 2 %, assure Mme Schnabel, ce qui devrait permettre à l'institut de continuer à baisser ses taux, la prochaine occasion étant donnée fin janvier.

Après les quatre baisses décidées depuis juin, pour ramener de 4 % à 3 % son principal taux directeur, la BCE se rapproche « du point où il faudra examiner attentivement jusqu'où nous pouvons aller », conclut la banquière centrale, adepte d'une politique monétaire rigoureuse.


Gaza : le pape François appelle au « respect immédiat » de la trêve

Le  pape François (Photo AFP)
Le  pape François (Photo AFP)
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  • « J'exprime ma gratitude à tous les médiateurs », a déclaré le pontife argentin peu après le début de la trêve entre Israël et le Hamas.
  • « Je prie beaucoup pour eux et leurs familles. J'espère aussi que l'aide humanitaire parviendra encore plus rapidement (...) à la population de Gaza, qui a tant de besoins urgents », a-t-il souligné.

CITE DU VATICAN, SAINT-SIEGE : Le  pape François a appelé samedi au « respect immédiat » du cessez-le-feu à Gaza et a plaidé en faveur d'un renforcement de l'aide humanitaire ainsi que du retour des otages.

« J'exprime ma gratitude à tous les médiateurs », a déclaré le pontife argentin peu après le début de la trêve entre Israël et le Hamas.

« Merci à toutes les parties impliquées dans cet important résultat. J'espère que les parties respecteront immédiatement l'accord tel que convenu, et que tous les otages pourront enfin rentrer chez eux pour embrasser à nouveau leurs proches », a-t-il déclaré.

« Je prie beaucoup pour eux et leurs familles. J'espère aussi que l'aide humanitaire parviendra encore plus rapidement (...) à la population de Gaza, qui a tant de besoins urgents », a-t-il souligné.

« Les Israéliens et les Palestiniens ont besoin de signes clairs d'espoir. J'espère que les autorités politiques des deux pays, avec l'aide de la communauté internationale, parviendront à une solution juste basée sur deux États », a-t-il encore déclaré. « Que chacun dise oui au dialogue, oui à la réconciliation, oui à la paix. »


La start-up Perplexity AI propose une fusion avec TikTok

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  • La start-up d'intelligence artificielle (IA) Perplexity AI a soumis samedi au groupe chinois ByteDance une offre de fusion avec la filiale américaine du réseau social TikTok,
  • Le projet, révélé initialement par la chaîne américaine CNBC, prévoit la création d'une nouvelle entité qui réunirait les actifs de Perplexity AI et de TikTok USA.

WASHINGTON : La start-up d'intelligence artificielle (IA) Perplexity AI a soumis samedi au groupe chinois ByteDance une offre de fusion avec la filiale américaine du réseau social TikTok, a indiqué à l'AFP une source proche du dossier, alors que la plateforme est menacée de disparition dans quelques heures.

TikTok est sous le coup d'une loi qui prend effet dimanche et qui impose à sa maison mère, le groupe chinois ByteDance, de vendre le réseau social sous peine d'interdiction.

ByteDance a jusqu'ici refusé d'envisager une cession et, vendredi, TikTok a annoncé qu'il se préparait à débrancher l'application à l'expiration de la limite fixée par une loi votée au Congrès américain en avril 2024.

Le projet, révélé initialement par la chaîne américaine CNBC, prévoit la création d'une nouvelle entité qui réunirait les actifs de Perplexity AI et de TikTok USA, a précisé la source.

Les titres de cette holding seraient distribués en partie aux actionnaires existants de Perplexity AI et de ByteDance, le solde allant à de nouveaux investisseurs prêts à acquérir une participation dans le nouvel ensemble.

Les actionnaires de ByteDance qui ne souhaitent pas participer à cette nouvelle structure verront leurs titres rachetés.

Environ 60 % du capital de ByteDance sont détenus par des investisseurs institutionnels, 20 % par les fondateurs de l'entreprise et 20 % par ses salariés.

La transaction proposée par Perplexity AI ne donne pas de montant pour TikTok, « mais je ne vois pas un accord intervenir avec une valorisation inférieure à 50 milliards de dollars », a expliqué la source proche du dossier.

Compte tenu de la nature de l'opération, très peu d'argent changerait effectivement de mains, l'idée étant d'attribuer aux parties prenantes des actions du nouveau conglomérat.

Cette union permettrait à Perplexity AI d'enrichir les contenus proposés à ses utilisateurs, selon la même source.

Lancé fin 2022 et soutenu par Jeff Bezos, le fondateur d'Amazon, Perplexity AI combine un assistant IA et un moteur de recherche pour trouver des informations sur Internet.

Il se positionne comme un concurrent des grands moteurs de recherche, en premier lieu Google.

En décembre, la start-up a effectué une nouvelle levée de fonds qui a valorisé l'entreprise à 9 milliards de dollars.

D'autres investisseurs ont fait part de leur intérêt pour TikTok.

L'homme d'affaires Frank McCourt est ainsi prêt à mettre 20 milliards de dollars sur la table avec d'autres partenaires pour les activités américaines de l'application, en dehors de son puissant algorithme.

Samedi, Donald Trump a déclaré qu'il étudierait de près le dossier une fois investi à la présidence des États-Unis, et qu'un report de 90 jours de la mise en œuvre de la loi serait « probablement décidé ».