Les rédactions de France Télévision votent la défiance contre leur directeur de l'information

Les journalistes des médias publics protestent contre l'intention du gouvernement de suspendre la redevance télévisuelle (Photo, AFP).
Les journalistes des médias publics protestent contre l'intention du gouvernement de suspendre la redevance télévisuelle (Photo, AFP).
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Publié le Vendredi 01 juillet 2022

Les rédactions de France Télévision votent la défiance contre leur directeur de l'information

  • Les 334 journalistes qui ont voté la défiance frôlent la majorité absolue des effectifs cumulés des rédactions
  • Sollicitée par l'AFP, la direction de France Télévisions n'a pas souhaité réagir immédiatement

PARIS: Les rédactions nationales de France Télévisions ont largement voté jeudi soir la défiance à l'égard de leur directeur de l'information Laurent Guimier, en délicatesse avec ses troupes sur le sujet notamment des effectifs.

Selon des résultats fournis par la société des journalistes de France 2, l'une des organisatrices du scrutin, la défiance a été votée à 79,52% des suffrages exprimés, avec un taux de participation de 71,09%, sur l'ensemble des quatre rédactions (France 2, France 3 National, la rédaction web de franceinfo.fr et la rédaction d'info en continu franceinfo:TV).

Les 334 journalistes qui ont voté la défiance frôlent la majorité absolue des effectifs cumulés des rédactions (678 journalistes).

Le désaveu est particulièrement fort à franceinfo.fr (93% des exprimés), mais surtout à France 2 (86,58% des exprimés pour la défiance), le poids-lourd journalistique de France Télévision avec 425 journalistes.

En revanche, la confiance l'a emporté à franceinfo:TV par 53% des exprimés.

Les rédactions de France Télévisions ont connu "une exceptionnelle mobilisation", a indiqué dans son communiqué le bureau de la SDJ de France 2.

"Nous ne pouvons pas imaginer que ce message, sans équivoque, soit ignoré par la présidence de France Télévisions", a ajouté la SDJ.

Sollicitée par l'AFP, la direction de France Télévisions n'a pas souhaité réagir immédiatement.

Les commentaires "seront d'abord adressés aux équipes en interne", a indiqué un porte-parole de France Télévisions.

Selon des sources au sein de la rédaction, le conflit latent entre le directeur de l'information et ses troupes s'est cristallisé récemment sur la question du non-renouvellement de 5 CDD, dans une rédaction qui travaille déjà à flux très tendus.

La décision de France Télévisions de rediffuser des reportages, plutôt que de produire de nouveaux sujets, a également été très critiquée en interne.

Relations compliquées

"Mais depuis quelques temps déjà les relations entre les rédactions et M. Guimier étaient compliquées", a estimé un membre du bureau de la Société des journalistes.

Selon des témoignages concordants, nombre de journalistes reprochent à Laurent Guimier de peu se montrer dans les rédactions.

"Il n'est pas beaucoup là, on ne le voit jamais dans les conférences de rédaction", a indiqué l'un d'entre eux.

Beaucoup de journalistes lui reprochent également d'avoir fait profil bas face à Emmanuel Macron et Marine Le Pen, quand les deux candidats, chacun de leur côté ont refusé de venir sur le plateau de France 2 à des moments clef de la campagne présidentielle, alors que les autres candidats s'étaient pliés à l'exercice.

Ce vote survient deux jours après un fort mouvement de grève dans l'audiovisuel public contre la suppression de la redevance voulue par le gouvernement dès cet automne et dans un contexte plus large de craintes pour leur avenir.

Laurent Guimier est un journaliste qui a fait une grande partie de sa carrière à Europe 1, mais a aussi dirigé la radio France Info, de 2014 à 2017.

Après avoir dirigé le pôle radio du groupe Lagardère en 2018-2019, il avait intégré France Télévisions comme directeur de franceinfo (le site web et l'application regroupant les offres TV radio et numérique du service public), avant de devenir le directeur de l'information en septembre 2020.

En avril 2016, les journalistes de France Télévisions avaient également adopté une motion de défiance contre leur directeur de l'information Michel Field, sur fond de projet de fusion des rédactions. Michel Field avait finalement démissionné un an plus tard, alors qu'une seconde motion de défiance s'annonçait.


L'écrivain Boualem Sansal a entamé une grève de la faim, a déclaré son avocat

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  • « Je suis inquiet pour sa santé, comme pour la possibilité même d'un procès équitable », a affirmé Me François Zimeray, avocat français de l'écrivain, confirmant une information du JDD.
  • Selon Me Zimeray, qui a expliqué ne pas avoir obtenu de visa pour se rendre en Algérie afin de voir son client, Boualem Sansal aurait pris cette décision « en raison des pressions exercées contre lui pour changer d'avocat ».

PARIS : L'écrivain franco-algérien Boualem Sansal, incarcéré en Algérie depuis mi-novembre, a entamé lundi une grève de la faim, a indiqué son avocat dimanche à l'AFP, précisant tenir cette information d'une source judiciaire.

« Je suis inquiet pour sa santé, comme pour la possibilité même d'un procès équitable », a affirmé Me François Zimeray, avocat français de l'écrivain, confirmant une information du JDD.

Selon Me Zimeray, qui a expliqué ne pas avoir obtenu de visa pour se rendre en Algérie afin de voir son client, Boualem Sansal aurait pris cette décision « en raison des pressions exercées contre lui pour changer d'avocat ».

« Ni la pondération dans l'expression de sa défense, ni la retenue face à la campagne abjecte que j'ai subie dans certains médias algériens, ni le respect du cadre judiciaire de ce pays ne semblent avoir été appréciés par un régime qui persiste à me refuser le visa sans raison valable, privant Boualem Sansal de la défense de son choix », a martelé l'avocat.

Ce dernier a également affirmé que le protocole de soin suivi par Boualem Sansal avait été interrompu, alors que l'écrivain souffrirait d'un cancer, d'après des informations de presse.

Boualem Sansal est poursuivi en vertu de l'article 87 bis du Code pénal algérien, qui sanctionne comme acte terroriste ou subversif tout acte visant la sûreté de l'État, l'intégrité du territoire, la stabilité et le fonctionnement normal des institutions.

Selon le quotidien français Le Monde, le pouvoir algérien aurait mal pris les déclarations de Boualem Sansal au média français Frontières, réputé d'extrême droite, reprenant la position du Maroc selon laquelle le territoire de ce dernier pays aurait été amputé sous la colonisation française au profit de l'Algérie.

Son incarcération a provoqué les protestations de nombreux intellectuels et écrivains, qui estiment les poursuites sans aucun fondement.

Boualem Sansal a longtemps affirmé être né en 1949, ce qui lui donnerait aujourd'hui 75 ans. En décembre, son éditeur Antoine Gallimard avait pour sa part indiqué qu'il était en vérité né en 1944 et avait donc 80 ans.


Immigration : un conseil interministériel se réunit mercredi

Le ministre français de l'Intérieur Bruno Retailleau (C) serre la main d'un agent de la police nationale française dans une caserne de pompiers après une attaque au couteau à Mulhouse, dans l'est de la France, où un homme est soupçonné d'avoir tué une personne et grièvement blessé deux agents de police, le 22 février 2025 (Photo par SEBASTIEN BOZON / AFP)
Le ministre français de l'Intérieur Bruno Retailleau (C) serre la main d'un agent de la police nationale française dans une caserne de pompiers après une attaque au couteau à Mulhouse, dans l'est de la France, où un homme est soupçonné d'avoir tué une personne et grièvement blessé deux agents de police, le 22 février 2025 (Photo par SEBASTIEN BOZON / AFP)
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  • Ce conseil, qui était prévu avant l'attaque de Mulhouse, « se réunira ce mercredi », a déclaré Jean-Noël Barrot lors d'un entretien avec Europe 1 et CNews, où il était interrogé sur l'attaque de samedi.
  • Interrogé sur TF1, le ministre de l'Intérieur, Bruno Retailleau, a indiqué que le suspect faisait l'objet d'une obligation de quitter le territoire français (OQTF) et a accusé l'Algérie de l'avoir refoulé à 10 reprises.

PARIS : Le gouvernement français réunira un conseil interministériel de contrôle de l'immigration mercredi, alors qu'une attaque au couteau, perpétrée par un Algérien en situation irrégulière, a fait un mort samedi à Mulhouse, a assuré dimanche le ministre des Affaires étrangères.

Ce conseil, qui était prévu avant l'attaque de Mulhouse, « se réunira ce mercredi », a déclaré Jean-Noël Barrot lors d'un entretien avec Europe 1 et CNews, où il était interrogé sur l'attaque de samedi.

Au cours de l'entretien, le ministre a été interrogé sur les discussions avec ses homologues algériens concernant les obligations de quitter le territoire français (OQTF).

« Cette attaque terroriste nous appelle à amplifier encore la mobilisation qui est la nôtre pour mieux contenir et prévenir les conséquences de la présence de ce terroriste islamiste sur le territoire national », a estimé le ministre avant d'évoquer le conseil interministériel.

Interrogé sur TF1, le ministre de l'Intérieur, Bruno Retailleau, a indiqué que le suspect faisait l'objet d'une obligation de quitter le territoire français (OQTF) et a accusé l'Algérie de l'avoir refoulé à 10 reprises.

Le Premier ministre, François Bayrou, a d'ailleurs convoqué un conseil interministériel de contrôle de l'immigration ce mercredi. « Nous devons faire plus et nous devons faire mieux », a-t-il déclaré.

M. Barrot a également affirmé avoir demandé « aux 19 ambassadeurs, dans les pays où nous rencontrons le plus de difficultés pour renvoyer les étrangers en situation irrégulière, à me faire un rapport circonstanciel dont je présenterai les résultats ce mercredi au Premier ministre pour que nous puissions prendre des mesures fortes ».

« Il y a des pays vis-à-vis desquels il nous faut effectivement prendre des mesures fortes. Il y en a d'autres où, au contraire, il nous faut des mesures d'accompagnement », a-t-il ajouté. 


« La France doit produire plus pour manger mieux », affirme la ministre de l'Agriculture

Le président français Emmanuel Macron (G) s'adresse à la presse en compagnie de la ministre française de l'Agriculture et de la Souveraineté alimentaire Annie Genevard  L'édition 2025 du SIA (Salon International de l'Agriculture) Agriculture se tient à Paris du 22 février au 2 mars 2025. (Photo par Thomas Padilla / POOL / AFP)
Le président français Emmanuel Macron (G) s'adresse à la presse en compagnie de la ministre française de l'Agriculture et de la Souveraineté alimentaire Annie Genevard L'édition 2025 du SIA (Salon International de l'Agriculture) Agriculture se tient à Paris du 22 février au 2 mars 2025. (Photo par Thomas Padilla / POOL / AFP)
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  • la France doit affirmer sa souveraineté agricole comme un enjeu régalien et réarmer sa puissance alimentaire », a-t-elle déclaré, appelant à « sonner la mobilisation générale ».
  • « La France doit produire plus pour manger mieux. Produire plus pour reconquérir l’assiette des Français, produire plus pour importer moins et garantir les standards de production que nous exigeons de nos paysans », a-t-elle ajouté.

PARIS : « La France doit produire plus pour manger mieux », a affirmé dimanche, lors de l'inauguration du stand du ministère au Salon de l'agriculture, la ministre de l'Agriculture Annie Genevard, livrant sa vision de la souveraineté alimentaire.

« Dans ce moment de grand bouleversement de l'ordre international (...), la France doit affirmer sa souveraineté agricole comme un enjeu régalien et réarmer sa puissance alimentaire », a-t-elle déclaré, appelant à « sonner la mobilisation générale ».

« La France doit produire plus pour manger mieux. Produire plus pour reconquérir l’assiette des Français, produire plus pour importer moins et garantir les standards de production que nous exigeons de nos paysans », a-t-elle ajouté, suscitant des applaudissements dans le public, largement composé de représentants du monde agricole (producteurs, interprofessions, syndicats, chambres d'agriculture, etc.).

« Produire plus pour pouvoir investir et ainsi produire mieux. Produire plus pour rester une puissance exportatrice et jouer dans la cour des grands alors que de nouveaux équilibres de la géopolitique agricole se dessinent », a-t-elle poursuivi, au côté de son homologue marocain, Ahmed El Bouari, dont le pays est l'invité d'honneur du Salon.

« Produire plus et tourner le dos aux partisans de la décroissance et du repli sur soi », a ajouté Mme Genevard.

Tout en estimant qu'il est « un non-sens » d'opposer agriculture et environnement alors que les agriculteurs travaillent « avec la nature », elle a déclaré se battre « chaque jour pour qu'on ne bride pas l'alimentation au nom de la planète, alors qu'il n’y a aucun bénéfice objectif à ces entraves administratives ou réglementaires ».

La ministre s'en est ensuite vigoureusement pris aux « idéologues », « les procureurs qui mangent du paysan à tous les repas sans en avoir jamais vu, pour entretenir le fantasme d'une France agricole productiviste ».

« On invoque souvent la dette environnementale que nous pourrions laisser à nos enfants. Mais je ne veux pas non plus leur laisser une dette alimentaire », a-t-elle encore affirmé.