DUBAÏ: Les Arabes estiment que les États-Unis devraient maintenir une position ferme à l’égard de l'Iran, mais ils restent divisés sur la stratégie que Washington devrait employer, selon une enquête panarabe Arab News / YouGov menée avant l'élection présidentielle du 3 novembre.
L'étude révèle que les Arabes sont divisés sur ce que le prochain président américain doit faire vis-à-vis de l'Iran, mais ils soutiennent la ligne dure en force.
Dr Majid Rafizadeh, politologue irano-américain et président du Conseil international américain, trouve que les divergences d’opinion pourraient être liées à l’étendue de l’influence de l’Iran dans chaque pays.
«Si l'objectif principal est d’affronter le régime iranien, certains voient encore dans la diplomatie et les négociations les meilleures marches à suivre, alors que d'autres pensent que faire pression est la politique la plus efficace», a déclaré Rafizadeh à Arab News. «Mais comme l’indique le sondage, l'écrasante majorité se penche vers une position plus ferme envers le régime de Téhéran. Tout observateur avisé peut voir que les tensions dans de nombreux États arabes ont pour source l’Iran et à ses mandataires. »
Les répondants en Irak et au Yémen, deux pays aux relations étroites avec l'Iran, sont fermement en faveur d'une ligne dure. Interrogée sur la stratégie que le prochain président américain devrait adopter dans ses futures relations avec l'Iran, une large proportion - 49% en Arabie saoudite, 53% en Irak et 54% au Yémen - s'est prononcée en faveur du maintien de sanctions strictes et d'une position de guerre.
Dans ces pays «l'Iran a de puissantes milices, groupes terroristes et mandataires ", déclare Rafizadeh. «Il n’est pas surprenant que nombreux dans ces États arabes soient frustrées par l’ingérence active de l’Iran dans leurs affaires intérieures, et qui fait des ravages dans la vie des gens en Irak, au Liban et au Yémen. Voilà pourquoi beaucoup de manifestants au Liban et en Irak ont commencé à lancer des slogans contre l’Iran.»
De nombreux répondants sont également favorables au maintien de sanctions strictes, ainsi qu’à la rédaction d'un accord nucléaire plus sévère avec la République islamique. «Croire que les sanctions apporteront un changement à la politique iranienne, et que le Moyen-Orient n’aura pas à passer par une guerre, c’est le meilleure scénario», a déclaré Alex Vatanka, chercheur principal au Middle East Institute à Washington.
«Les Arabes préfèrent les sanctions à la guerre. Mais une nouvelle guerre au Moyen-Orient entraînera inexorablement des États arabes dans son sillage. Que ce soit l'Irak, les États du Golfe, la Syrie, le Liban, et même potentiellement la Jordanie».
Les gens qui soutiennent les sanctions espèrent que la pression économique sera à elle seule suffisante pour modifier la politique, les intentions, et les priorités de l’Iran, et ce sans avoir recours au conflit armé, dit Vatanka.
«L'idée qu'il y aura une nouvelle grande guerre entre les États-Unis et l'Iran et que le monde arabe peut simplement rester à distance et observer de loin ne va pas se produire», a-t-il déclaré. «L'Iran a des sympathisants qui peuvent lui venir en aide lorsque Téhéran le demande, C'est une erreur de croire qu’il n'a pas d'amis dans la région».
Quant au vainqueur de l'élection présidentielle américaine, Rafizadeh estime qu'il est plus urgent que jamais de travailler en étroite collaboration avec les pays du CCG. «Les sables géopolitiques ont entièrement changé, et l'Iran s'est positionné contre les alliés américains et les États du Golfe», a-t-il déclaré.
«Le renforcement des relations avec les États du Golfe aurait pour objectif de se prémunir contre la destruction de la marée montante iranienne, et continuer à développer des partenaires de sécurité fiables et fiables dans la région. Ceci devrait à la tête de l'agenda politique présidentiel iranien en janvier».
«Il serait naïf d’espérer que les politiques d’apaisement puissent contenir les forces d’instabilité iraniennes. C’est ce qu’a fait l’administration américaine précédente, et ce n’est tout simplement pas une option pour la stabilité régionale future et la protection des intérêts américains au Moyen-Orient».
Rafizadeh conçoit que de nombreux habitants de la région considèrent la perspective d'une présidence de Joe Biden avec un certain malaise. «Un retour à toute forme d’acceptation de la politique régionale du régime iranien, ou l’envoi d’avions d’argent liquide à Téhéran risque de saboter la paix au Moyen-Orient», a-t-il déclaré. «Les deux candidats à l'élection présidentielle doivent chercher à s'appuyer sur le bon travail accompli lors des accords d'Abraham pour lutter contre ce discours».
Pour Vatanka, un tel dialogue pourrait largement contribuer à remédier au manque profond de confiance politique dans la région. «La région est fatiguée, elle a connu la guerre, elle est en ruine, et on dépense sur les armes l’argent qui aurait dû être consacré à la création d’emplois et aux écoles», a-t-il déclaré. «Cela ne peut pas durer éternellement, car les premières victimes seront les peuples du Moyen-Orient. Et le monde entier souffrira avec. Il être optimiste et espérer un dialogue politique plus élargi entre les États du Moyen-Orient dans le futur».
Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com