Conflits dans leur pays d’origine et en Palestine: les Ukrainiens de Gaza font part de leur expérience commune

Deux millions d’habitants à Gaza souffrent de pénuries d’électricité, d’eau polluée et d’instabilité politique. (AFP)
Deux millions d’habitants à Gaza souffrent de pénuries d’électricité, d’eau polluée et d’instabilité politique. (AFP)
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Publié le Mardi 28 juin 2022

Conflits dans leur pays d’origine et en Palestine: les Ukrainiens de Gaza font part de leur expérience commune

Deux millions d’habitants à Gaza souffrent de pénuries d’électricité, d’eau polluée et d’instabilité politique. (AFP)
  • Près de cent vingt familles de Gaza ayant des liens avec l’Ukraine ont été évacuées pendant la guerre de onze jours qui a opposé les forces israéliennes à des groupes militants palestiniens en mai dernier
  • De nombreux Ukrainiens locaux ont été bouleversés par l’organisation d’une manifestation pro-Moscou en mars

 

LONDRES: Il y a près de huit cent trente personnes nées en Ukraine qui vivent à Gaza. Il s’agit de la plus grande population d’étrangers habitant dans la zone côtière soumise à un blocus, selon les dirigeants de la communauté.

Pendant des décennies, leurs familles en Ukraine ont craint pour leur sécurité dans la bande de Gaza. Désormais, ces expatriés s’inquiètent pour la sécurité de leurs familles en Ukraine.

Natalya Hassoumi, endocrinologue à Beit Lahia, a souvent été dans l’impossibilité de contacter sa famille en Ukraine pendant plusieurs jours lorsque des frappes aériennes étaient menées contre le territoire palestinien.

Cela fait désormais trois semaines qu’elle n’a plus eu de nouvelles de ses parents, de ses frères et de ses sœurs à Kherson, une ville sous occupation russe. 

«Je n’avais jamais envisagé qu’une guerre puisse se produire en Ukraine. Je ne pensais pas que les Ukrainiens pourraient se retrouver sans nourriture ni électricité. Gaza et l’Ukraine font désormais face aux mêmes problèmes», déclare-t-elle au Guardian.

L’Union soviétique a fourni un soutien considérable à la cause palestinienne, offrant des bourses et des visas d’affaires aux personnes de Cisjordanie et de Gaza pendant des décennies, selon elle.

Ces liens sont restés solides après que l’Ukraine a déclaré son indépendance en 1991.

La grande majorité des Ukrainiens vivant à Gaza sont des femmes qui ont rencontré leur mari palestinien alors qu’elles étudiaient dans des universités ukrainiennes.

Près de cent vingt familles de Gaza ayant des liens avec l’Ukraine ont été évacuées pendant la guerre de onze jours qui a opposé les forces israéliennes à des groupes militants palestiniens en mai dernier. Deux cent cinquante-six personnes avaient été tuées à Gaza et quatorze personnes en Israël.

Cependant, moins d’un an plus tard, Viktoria Saidam et son mari Ibrahim ont décidé de se réfugier chez les parents d’Ibrahim au sud de la bande de Gaza, où la population souffre de pénuries d’électricité, d’eau polluée et d’instabilité politique, selon le rapport du Guardian.

Natalya Mabhouh vit à Gaza depuis 1997. Sa mère et sa sœur se trouvent toujours dans sa ville natale de Kharkiv.

«Quand je suis arrivée à Gaza, la situation économique était bonne et la paix régnait. Cependant, nous nous sommes habitués aux guerres et à l’escalade de la violence depuis. Cela a été un énorme choc. Les Russes et les Ukrainiens sont comme un seul peuple. Je ne comprends toujours pas comment cela a pu arriver», confie la coiffeuse au Guardian.

La société palestinienne soutient plutôt la Russie face à l’Ukraine, considérant le conflit comme une lutte de superpuissance par procuration avec les États-Unis, l’allié numéro un d’Israël. Cependant, ni le Hamas ni l’Autorité palestinienne n’ont publiquement pris position en ce qui concerne l’invasion russe.

L’invasion russe a également exacerbé les tensions entre les communautés ukrainienne et russophone à Gaza.

De nombreux Ukrainiens locaux ont été bouleversés par l’organisation d’une manifestation pro-Moscou en mars.

En mars, de nombreux Ukrainiens locaux ont été attristés par une manifestation pro-Moscou, organisée par un groupe de Russes. Cette manifestation a mis fin à de nombreuses amitiés de longue date. «C’est vraiment difficile», déclare Natalya Hassoumi. «Ma mère est Ukrainienne et mon père est Russe. Les gens ont soudain arrêté de me parler. J’ai l’impression que beaucoup de gens ne se soucient pas des détails, mais c’est une occupation, comme les Israéliens.»

La communauté ukrainienne de Gaza est inquiète quant à l’avenir de sa patrie et de son pays d’adoption. Achraf al-Nimr, un dirigeant de la communauté ukrainienne locale, déclare au Guardian: «Nous avons réussi à construire une vie ici. Nous resterons, malgré tout.»

Il affirme que quinze membres de la famille de sa femme à Marioupol ont disparu depuis le début du siège russe. «Nous pouvons soutenir les Ukrainiens en leur donnant des instructions sur la manière de gérer la guerre, de se cacher et de recueillir des fonds. Nous les aiderons par tous les moyens possibles», conclut-il.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


La BBC doit «se battre» pour défendre son journalisme, dit le DG sortant

Au moment où le groupe est très critiqué et accusé de partialité, en particulier par la droite conservatrice, le DG sortant a reconnu que "les temps sont durs pour la BBC". (AFP)
Au moment où le groupe est très critiqué et accusé de partialité, en particulier par la droite conservatrice, le DG sortant a reconnu que "les temps sont durs pour la BBC". (AFP)
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  • Tim Davie, qui a démissionné dimanche, a reconnu qu'une "erreur" avait été commise dans un documentaire sur le président américain diffusé en octobre 2024, selon ses propos tenus lors d'une visioconférence avec les employés du groupe audiovisuel public
  • Le groupe audiovisuel public britannique est dans la tourmente après avoir réalisé, pour ce documentaire diffusé dans son magazine d'information phare "Panorama", un montage trompeur d'un discours de Donald Trump

LONDRES: La BBC doit "se battre" pour défendre son journalisme, a déclaré mardi le directeur général sortant de la BBC, Tim Davie, alors que le groupe public britannique est menacé de plainte en diffamation par Donald Trump.

Tim Davie, qui a démissionné dimanche, a reconnu qu'une "erreur" avait été commise dans un documentaire sur le président américain diffusé en octobre 2024, selon ses propos tenus lors d'une visioconférence avec les employés du groupe audiovisuel public, rapportés par la chaîne BBC News.

Le groupe audiovisuel public britannique est dans la tourmente après avoir réalisé, pour ce documentaire diffusé dans son magazine d'information phare "Panorama", un montage trompeur d'un discours de Donald Trump, le 6 janvier 2021, qui donnait l'impression que le président sortant incitait explicitement ses partisans à une action violente contre le Congrès.

"Nous avons fait une erreur, et il y a eu un manquement à nos règles éditoriales", a reconnu Tim Davie, expliquant qu'il avait assumé sa "part de responsabilité" en démissionnant.

Il n'a toutefois pas mentionné directement la menace d'action en justice lancée par Donald Trump, ni la date de son départ effectif, lors de cette visioconférence avec le président de la BBC, Samir Shah.

Au moment où le groupe est très critiqué et accusé de partialité, en particulier par la droite conservatrice, le DG sortant a reconnu que "les temps sont durs pour la BBC".

"Mais nous nous en sortirons", et "nous devons nous battre pour défendre notre journalisme", a-t-il insisté.

"Nous sommes une organisation unique et précieuse, et je vois la liberté de la presse mise à rude épreuve, je vois son instrumentalisation", a-t-il encore ajouté.


Le président allemand demande à son homologue algérien de gracier l'écrivain Boualem Sansal

La présidence algérienne a confirmé dans son propre communiqué que M. Steinmeier avait demandé à Abdelmadjid Tebboune "d'accomplir un geste humanitaire en graciant l'écrivain Boualem Sansal", une information reprise par la télévision algérienne par ailleurs. (AFP)
La présidence algérienne a confirmé dans son propre communiqué que M. Steinmeier avait demandé à Abdelmadjid Tebboune "d'accomplir un geste humanitaire en graciant l'écrivain Boualem Sansal", une information reprise par la télévision algérienne par ailleurs. (AFP)
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  • "Un tel geste serait l'expression d'une attitude humanitaire et d'une vision politique à long terme. Il refléterait ma relation personnelle de longue date avec le président Tebboune et les bonnes relations entre nos deux pays"
  • Appelant son homologue Abdelmadjid Tebboune à un "geste humanitaire", Frank-Walter Steinmeier propose aussi que Boualem Sansal soit transféré en Allemagne pour "y bénéficier de soins médicaux (...) compte tenu de son âge avancé (...)"

BERLIN: Le président allemand a exhorté lundi son homologue algérien à gracier l'écrivain franco-algérien Boualem Sansal, emprisonné depuis un an en Algérie et au coeur d'une grave crise diplomatique entre Alger et Paris.

Appelant son homologue Abdelmadjid Tebboune à un "geste humanitaire", Frank-Walter Steinmeier propose aussi que Boualem Sansal soit transféré en Allemagne pour "y bénéficier de soins médicaux (...) compte tenu de son âge avancé (...) et de son état de santé fragile".

"Un tel geste serait l'expression d'une attitude humanitaire et d'une vision politique à long terme. Il refléterait ma relation personnelle de longue date avec le président Tebboune et les bonnes relations entre nos deux pays", a estimé le président allemand, dans un communiqué.

La présidence algérienne a confirmé dans son propre communiqué que M. Steinmeier avait demandé à Abdelmadjid Tebboune "d'accomplir un geste humanitaire en graciant l'écrivain Boualem Sansal", une information reprise par la télévision algérienne par ailleurs.

Selon des spécialistes à Alger, le fait que la présidence et la télévision publique reprennent les éléments de langage du président allemand peut être perçu comme un signe positif.

Mais aucune indication n'a été donnée quant au calendrier de la prise de décision par le président algérien.

Dans une longue interview accordée en septembre dernier, le président Abdelmadjid Tebboune avait par ailleurs évoqué la possibilité de se rendre en Allemagne fin 2025 ou début 2026.

Arrêté à Alger le 16 novembre 2024, le romancier et essayiste franco-algérien Boualem Sansal a été condamné en appel en juillet à cinq ans de réclusion pour avoir notamment déclaré que l'Algérie avait hérité sous la colonisation française de territoires appartenant jusque-là au Maroc.

Jeudi, le ministre français des Affaires étrangères, Jean-Noël Barrot, avait souligné que la France menait un "dialogue exigeant" avec Alger pour obtenir la libération de Boualem Sansal.

L'affaire s'inscrit dans un contexte d'hostilité entre Paris et Alger, qui sont empêtrés depuis plus d'un an dans une crise diplomatique sans précédent qui s'est traduite par des expulsions de fonctionnaires de part et d'autre, le rappel des ambassadeurs des deux pays et des restrictions sur les porteurs de visas diplomatiques.


La BBC, dans l'oeil du cyclone, sommée de s'expliquer

Le président de la BBC, Samir Shah, doit s'expliquer lundi au lendemain de la démission retentissante du directeur général du groupe audiovisuel public britannique et de la patronne de sa chaîne d'information BBC News, après le montage trompeur d'un discours de Donald Trump. (AFP)
Le président de la BBC, Samir Shah, doit s'expliquer lundi au lendemain de la démission retentissante du directeur général du groupe audiovisuel public britannique et de la patronne de sa chaîne d'information BBC News, après le montage trompeur d'un discours de Donald Trump. (AFP)
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  • La BBC, institution longtemps chérie des Britanniques mais cible régulière des médias et responsables politiques conservateurs, est dans la tourmente, accusée ces derniers jours d'avoir déformé des propos du président américain dans un documentaire
  • La BBC est mise en cause pour avoir monté des passages différents d'un discours de Donald Trump datant du 6 janvier 2021, jour de l'assaut du Capitole à Washington, de telle façon qu'il semble inciter ses partisans à marcher vers le siège du Congrès

LONDRES: Le président de la BBC, Samir Shah, doit s'expliquer lundi au lendemain de la démission retentissante du directeur général du groupe audiovisuel public britannique et de la patronne de sa chaîne d'information BBC News, après le montage trompeur d'un discours de Donald Trump.

La BBC, institution longtemps chérie des Britanniques mais cible régulière des médias et responsables politiques conservateurs, est dans la tourmente, accusée ces derniers jours d'avoir déformé des propos du président américain dans un documentaire de son magazine d'information phare, "Panorama", diffusé en octobre 2024, une semaine avant la présidentielle américaine.

La BBC est mise en cause pour avoir monté des passages différents d'un discours de Donald Trump datant du 6 janvier 2021, jour de l'assaut du Capitole à Washington, de telle façon qu'il semble inciter ses partisans à marcher vers le siège du Congrès pour se "battre comme des diables".

Or, dans la phrase originale, M. Trump disait: "Nous allons marcher vers le Capitole et nous allons encourager nos courageux sénateurs et représentants et représentantes au Congrès". L'expression "se battre comme des diables" correspondait à un autre passage du discours.

Face à la polémique grandissante, son directeur général, Tim Davie, et la patronne de la chaîne d'information du groupe BBC News, Deborah Turness, ont annoncé dimanche leur démission, qui fait la Une des journaux lundi.

Le président américain a dénoncé les "journalistes corrompus" et "malhonnêtes" de la BBC, sur son réseau Truth Social.

Le président du conseil d'administration du groupe, Samir Shah, doit s'excuser et s'expliquer dans une réponse écrite aux questions de la commission parlementaire sur la culture sur cette affaire, et sur d'autres accusations de partialité sur la couverture de la guerre à Gaza.

"La BBC doit répondre à de graves questions concernant ses normes éditoriales et la manière dont la direction gère les problèmes", a jugé la présidente de la commission, Caroline Dinenage, estimant que le groupe public "se devait d'être exemplaire" face à la montée de la désinformation.

Lundi, la patronne démissionnaire de BBC News a de nouveau assuré qu'il n'y avait "pas de partialité institutionnelle" sur la chaîne, qui a produit le programme mis en accusation.

 

- "Violation des règles" -

 

La classe politique a quasi unanimement critiqué la BBC pour sa gestion de l'affaire, qui tombe d'autant plus mal que le groupe audiovisuel doit renégocier d'ici fin 2027 son nouveau contrat de mission avec le gouvernement.

La cheffe de l'opposition, Kemi Badenoch, a déploré "un catalogue de graves défaillances". Le chef du parti d'extrême droite Reform UK, Nigel Farage, a appelé à "un changement de fond en comble" du groupe public.

La BBC tire une grande part de ses ressources de la redevance annuelle (174,50 livres, soit 198 euros), payée par 22,8 millions de foyers, soit 3,8 milliards de livres.

Samir Shah a dit espérer que le futur directeur général du groupe, dont la nomination pourrait prendre plusieurs mois, "façonnerait positivement" le prochain contrat de mission. la ministre de la Culture, Lisa Nandy, qui a qualifié la situation d'"extrêmement grave", a affirmé que le futur contrat aiderait la BBC à "garantir son rôle" auprès du public.

Le chef du parti libéral démocrate (centriste), Ed Davey, a appelé le Premier ministre Keir Starmer, et la classe politique en général, à défendre la BBC face à Donald Trump et la sphère Maga. "Il est facile de voir pourquoi Trump veut détruire la première source d'information dans le monde. Nous ne pouvons pas le laisser faire", a-t-il prévenu sur la plateforme X.

Le Telegraph a eu connaissance d'une note interne rédigée par l'ancien conseiller indépendant du comité des normes éditoriales de la BBC, Michael Prescott, dans laquelle il suggérait que des erreurs avaient été commises dans le montage. Il affirme que les responsables chargés des normes éditoriales du groupe auprès de qui il a soulevé le problème ont nié toute violation des règles.

En octobre, le régulateur des médias avait épinglé la BBC pour avoir "enfreint les règles de diffusion" à propos d'un reportage à Gaza dans lequel le narrateur principal, un enfant, était le fils d'un haut responsable du mouvement islamiste palestinien Hamas.