PARIS : Trouver le panier le moins cher, des promotions importantes sur des produits du quotidien : face à l'inflation, les Français ont davantage recours aux comparateurs de prix et aux applications recensant des réductions pour faire des économies.
"Les Français sont très attentifs au prix et aux promotions" depuis la guerre en Ukraine et la baisse du pouvoir d'achat, assure Franck Lehuédé, du Centre de recherche pour l'étude et l'observation des conditions de vie (Crédoc).
Selon l'Insee, l'augmentation des prix des produits alimentaires s'élevait à 4,3% sur un an le mois dernier.
Au total, 56% des Français "comparent les prix sur internet" au moment d'acheter un produit et 92% d'entre eux le font "au global" (sur internet ou en magasin), selon l'enquête "Tendances de consommation" réalisée par le Crédoc en mars.
En outre, près d'un Français sur deux (48%) déclarent "réduire leurs dépenses de consommation par rapport à ce qu'ils prévoyaient en début d'année", conséquence directe de la hausse des prix, déclare à l'AFP M. Lehuédé. C'est le plus souvent le cas "des ménages modestes, des familles", précise-t-il.
Mais pour Guillaume Durand, directeur France et Belgique de Shopmium, application de cashback permettant aux consommateurs d'être remboursés d'une partie de leurs achats en magasin, "personne n'est contre le fait de faire des économies".
30% des utilisateurs de l'application sont issus de CSP+, selon lui.
"Avant, on voyait les promophiles, qui avaient des classeurs remplis de coupons promotionnels, maintenant, ce profil laisse sa place au consommateur lambda" qui veut optimiser son budget alimentaire.
L'application Shopmium, qui permet aux marques partenaires de proposer des réductions à ses utilisateurs, a récemment vu bondir son nombre d'inscrits : à la fin mars 2022, l'entreprise comptait 7 millions d'utilisateurs, ce qui correspond à une hausse de 23% des inscriptions ce trimestre par rapport au premier trimestre 2021, assure M. Durand.
Au total, 4,5 millions d'euros ont été remboursés aux utilisateurs de Shopmium en 2021.
"Les remises permettent de continuer à se faire plaisir, selon M. Durand, on voit que les +snacking+ sont toujours achetés", même s'ils sont moins essentiels que d'autres aliments.
Même constat chez France Verif, un assistant d'achats proposant un comparateur de prix. La plateforme, qui compte 450.000 utilisateurs, a constaté un afflux entre avril et mai 2022 de recherches de "meilleurs prix, coupons de réductions ou bons d'achat" sur le secteur alimentaire : +81% (72% tous secteurs confondus), selon son chargé de communication.
"Gisement de pouvoir d'achat"
Où chercher les bons plans ? Le numérique "peut être vu comme le meilleur moyen de trouver un commerce proposant des prix compétitifs sur tel ou tel produit", dit-il. La chasse aux petits prix peut sembler plus facile à réaliser en ligne.
Mais sur l'alimentaire, "67% du total des recherches concernent des bons d'achat à faire valoir en magasins physiques", et non sur internet.
Le retour important des clients dans les magasins physiques avec la fin des restrictions sanitaires a pesé sur l'e-commerce alimentaire : il accuse une baisse de 4,3% au 1er trimestre 2022, selon les panélistes.
Pour le cabinet d'études spécialisé IRI, les consommateurs faisant leurs courses en ligne ont tendance à mieux contrôler leur budget et faire moins de folies. Ils réalisent moins d'achats coup de tête (4%, contre 16% dans les magasins physiques). Et peuvent éliminer plus facilement des produits en cas de montant final un peu trop salé : un panier en ligne est plus facile à vider qu'un caddie, relève Franck Lehuédé.
Bien que l'augmentation des coûts de transport et des matières premières pèse sur leurs finances, "les enseignes de la grande distribution continuent à faire des promotions", affirme Laurent Landel, président de Bonial, entreprise française recensant les catalogues de promotions de chaînes de magasins.
"Certains hypermarchés proposent entre 500 et 1.000 promotions chaque semaine", assure-t-il. Un "prétexte" pour attirer plus de clientèle. Avec à la clef un chiffre d'affaires où les promotions prennent de plus en plus de place : plus de 20% des ventes se font dans ce cadre, selon lui.
Du côté des consommateurs, la chasse aux promos et les comparateurs de prix représentent "un gisement de pouvoir d'achat non négligeable", dit M. Landel. Mais cela "prend du temps".