Quand Macron échange avec Poutine pour éviter la guerre

Montage photo rassemblant Vladimir Poutine et Emmanuel Macron (Photo, AFP).
Montage photo rassemblant Vladimir Poutine et Emmanuel Macron (Photo, AFP).
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Publié le Samedi 25 juin 2022

Quand Macron échange avec Poutine pour éviter la guerre

  • Le président français a entamé une médiation de la dernière chance pour tenter d'empêcher la guerre
  • Emmanuel Macron apparaît ferme, offensif, un brin péremptoire, voire cassant

PARIS: "Pour ne rien te cacher, je voulais aller jouer au hockey-sur-glace (..) Là, je te parle depuis la salle de sport", réplique Vladimir Poutine à Emmanuel Macron qui lui propose une réunion au sommet avec Joe Biden: cette fin d'échange téléphonique surréaliste a lieu quatre jours avant le début de l'offensive russe en Ukraine.

Les neuf minutes de conversation, aussi inédites que fascinantes, sont au cœur du documentaire "Un président, l'Europe et la Guerre", signé Guy Lagache, qui raconte les coulisses diplomatiques des six derniers mois à l'Élysée et sera diffusé jeudi soir la chaîne française France 2.

Dimanche matin 20 février, la caméra s'arrête sur le conseiller diplomatique du président français, Emmanuel Bonne, entouré de trois collaboratrices, dans son bureau du 2, rue de l'Élysée à Paris.

Le président français, qui s'est rendu quelques jours plus tôt à Moscou et Kiev, a entamé une médiation de la dernière chance pour tenter d'empêcher la guerre.

Les quatre membres de la cellule diplomatique de l'Élysée suivent à distance l'échange téléphonique de leur "patron" avec le maître du Kremlin.

Emmanuel Macron apparaît ferme, offensif, un brin péremptoire, voire cassant. Vladimir Poutine ne lâche rien, s'agace. "Ecoute-moi bien", lui lance-t-il. Derrière quelques formules de politesse russes, l'ironie, voire le cynisme n'est jamais loin.

Le président français amorce la conversation, sans détours: "Je voudrais que tu me donnes d’abord ta lecture de la situation et peut-être de manière assez directe, comme on le fait tous les deux, me dire quelles sont tes intentions", dit-il.

"Que pourrais-je dire ? Tu vois toi-même ce qu’il se passe", rétorque Vladimir Poutine, en référence aux accords de Minsk censés ramener la paix dans l'est de l'Ukraine, où des séparatistes prorusses sont à la manoeuvre depuis l'annexion de la Crimée par la Russie en 2014. Il accuse Volodymyr Zelensky d'avoir dit vouloir acquérir l'arme nucléaire. "Non, n'importe quoi", commente Emmanuel Bonne.

«On s'en fout !»

"En fait notre cher collègue, Mr Zelensky, ne fait rien (pour les appliquer). Il vous ment", attaque-t-il, selon la traduction du documentaire, en parlant du président ukrainien.

Le maître du Kremlin accuse au passage son homologue français de vouloir "réviser les accords" et demande que les propositions de paix des séparatistes soient prises en compte.

Emmanuel Macron s'insurge contre la démonstration de son interlocuteur : "Je ne sais pas où ton juriste a appris le droit. Moi je regarde juste les textes et j'essaie de les appliquer !", lance-t-il.

Vladimir Poutine revient à la charge, déplore que les séparatistes ne soient pas entendus. "On s’en fout des propositions des séparatistes !", tranche le président français, ajoutant qu'elles ne sont pas prévues dans l'accord.

Mais le locataire de l'Élysée se pose aussi en médiateur. Il propose une réunion de toutes les parties. "Je vais dans la foulée exiger cela de Zelensky", insiste-t-il.

"La situation sur la ligne de contact est très tendue. J'ai vraiment appelé hier Zelensky au calme. Je vais lui redire, calmer tout le monde, calmer dans les réseaux sociaux, calmer les forces armées ukrainiennes", promet-il.

Il invite son homologue à faire de même avec les forces russes prépositionnées à la frontière avec l'Ukraine. "Ne cède pas aux provocations quelles qu’elles soient dans les heures et les jours qui viennent", le met-il aussi en garde.

«On reste en contact»

Emmanuel Macron en arrive finalement au but de son appel, convaincre Vladimir Poutine d'accepter une rencontre avec l'Américain Joe Biden à Genève pour tenter une désescalade au sommet.

Vladimir Poutine se montre peu emballé, encore moins à l'idée de fixer une date. "Avant toute chose, il faut préparer cette réunion en amont", insiste-t-il. Emmanuel Macron finit par lui arracher un "accord de principe".

Dans la foulée, l'Élysée annoncera un prochain sommet Biden-Poutine, qui n'aura pas lieu.

"On reste en contact en temps réel. Dès qu’il y a quelque chose, tu m’appelles", lui glisse au final Emmanuel Macron. "Je vous remercie Monsieur le président", conclut Poutine en français.

Quatre jours plus tard, le constat sera amer. "On ne l’a pas convaincu, il a envahi l’Ukraine", lâche Emmanuel Macron, sans fard, devant la caméra de Guy Lagache.

"Je pensais qu’on pouvait trouver par (...) la confiance, la discussion intellectuelle, un chemin avec Poutine", raconte-t-il, le 16 juin, dans le train qui le ramène d'une visite à Volodymyr Zelensky.

Avec les exactions commises par l'armée russe, notamment à Boutcha, une étape "irréversible" a été franchie sur le "plan moral", dit-il. "Je lui ai ensuite reparlé beaucoup moins"...


Première mission du porte-avions nucléaire français Charles de Gaulle aux Philippines

Le 6 juillet 1999, un prototype du Rafale M02 effectue un appontage sur la piste du porte-avions nucléaire Charles de Gaulle à Brest (Photo Getty Images)
Le 6 juillet 1999, un prototype du Rafale M02 effectue un appontage sur la piste du porte-avions nucléaire Charles de Gaulle à Brest (Photo Getty Images)
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  • L'ambassadrice de France a jugé dimanche que ces exercices militaires étaient « encore plus importants » en raison de la montée des tensions en mer de Chine méridionale.
  • La France cherche à réaffirmer son poids dans la région Asie-Pacifique, où la Chine et les États-Unis sont en concurrence pour exercer leur influence.

SUBIC BAY FREEPORT ZONE PHILIPPINES : Le porte-avions nucléaire français Charles de Gaulle a effectué sa première mission aux Philippines, où l'ambassadrice de France a jugé dimanche que ces exercices militaires étaient « encore plus importants » en raison de la montée des tensions en mer de Chine méridionale.

« Compte tenu de la montée des tensions, il est d’autant plus important de défendre le droit international et la liberté de navigation, que ce soit en mer ou dans les airs », a déclaré l'ambassadrice Marie Fontanel sur le pont du porte-avions, dans la baie de Subic, au nord de Manille.

Le groupe aéronaval a rejoint la marine des Philippines vendredi pour ces exercices.

Constitué de quelque 3 000 marins, il avait quitté le port de Brest en novembre pour une mission de plusieurs mois en mer Rouge, dans l'océan Indien et dans le Pacifique, durant laquelle il doit intégrer régulièrement des frégates ou des sous-marins de pays étrangers.

La France cherche à réaffirmer son poids dans la région Asie-Pacifique, où la Chine et les États-Unis sont en concurrence pour exercer leur influence.

Les Philippines cherchent pour leur part à renforcer leurs relations avec leurs alliés face aux confrontations régulières entre Manille et Pékin concernant la mer de Chine méridionale. Pékin y revendique en effet la majeure partie de cette voie navigable stratégique.

En novembre, Manille avait annoncé l'achat à la France de 40 vedettes rapides de patrouille dans le cadre d'un accord de 440 millions de dollars (environ 420 millions d'euros).


L'écrivain Boualem Sansal a entamé une grève de la faim, a déclaré son avocat

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  • « Je suis inquiet pour sa santé, comme pour la possibilité même d'un procès équitable », a affirmé Me François Zimeray, avocat français de l'écrivain, confirmant une information du JDD.
  • Selon Me Zimeray, qui a expliqué ne pas avoir obtenu de visa pour se rendre en Algérie afin de voir son client, Boualem Sansal aurait pris cette décision « en raison des pressions exercées contre lui pour changer d'avocat ».

PARIS : L'écrivain franco-algérien Boualem Sansal, incarcéré en Algérie depuis mi-novembre, a entamé lundi une grève de la faim, a indiqué son avocat dimanche à l'AFP, précisant tenir cette information d'une source judiciaire.

« Je suis inquiet pour sa santé, comme pour la possibilité même d'un procès équitable », a affirmé Me François Zimeray, avocat français de l'écrivain, confirmant une information du JDD.

Selon Me Zimeray, qui a expliqué ne pas avoir obtenu de visa pour se rendre en Algérie afin de voir son client, Boualem Sansal aurait pris cette décision « en raison des pressions exercées contre lui pour changer d'avocat ».

« Ni la pondération dans l'expression de sa défense, ni la retenue face à la campagne abjecte que j'ai subie dans certains médias algériens, ni le respect du cadre judiciaire de ce pays ne semblent avoir été appréciés par un régime qui persiste à me refuser le visa sans raison valable, privant Boualem Sansal de la défense de son choix », a martelé l'avocat.

Ce dernier a également affirmé que le protocole de soin suivi par Boualem Sansal avait été interrompu, alors que l'écrivain souffrirait d'un cancer, d'après des informations de presse.

Boualem Sansal est poursuivi en vertu de l'article 87 bis du Code pénal algérien, qui sanctionne comme acte terroriste ou subversif tout acte visant la sûreté de l'État, l'intégrité du territoire, la stabilité et le fonctionnement normal des institutions.

Selon le quotidien français Le Monde, le pouvoir algérien aurait mal pris les déclarations de Boualem Sansal au média français Frontières, réputé d'extrême droite, reprenant la position du Maroc selon laquelle le territoire de ce dernier pays aurait été amputé sous la colonisation française au profit de l'Algérie.

Son incarcération a provoqué les protestations de nombreux intellectuels et écrivains, qui estiment les poursuites sans aucun fondement.

Boualem Sansal a longtemps affirmé être né en 1949, ce qui lui donnerait aujourd'hui 75 ans. En décembre, son éditeur Antoine Gallimard avait pour sa part indiqué qu'il était en vérité né en 1944 et avait donc 80 ans.


Immigration : un conseil interministériel se réunit mercredi

Le ministre français de l'Intérieur Bruno Retailleau (C) serre la main d'un agent de la police nationale française dans une caserne de pompiers après une attaque au couteau à Mulhouse, dans l'est de la France, où un homme est soupçonné d'avoir tué une personne et grièvement blessé deux agents de police, le 22 février 2025 (Photo par SEBASTIEN BOZON / AFP)
Le ministre français de l'Intérieur Bruno Retailleau (C) serre la main d'un agent de la police nationale française dans une caserne de pompiers après une attaque au couteau à Mulhouse, dans l'est de la France, où un homme est soupçonné d'avoir tué une personne et grièvement blessé deux agents de police, le 22 février 2025 (Photo par SEBASTIEN BOZON / AFP)
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  • Ce conseil, qui était prévu avant l'attaque de Mulhouse, « se réunira ce mercredi », a déclaré Jean-Noël Barrot lors d'un entretien avec Europe 1 et CNews, où il était interrogé sur l'attaque de samedi.
  • Interrogé sur TF1, le ministre de l'Intérieur, Bruno Retailleau, a indiqué que le suspect faisait l'objet d'une obligation de quitter le territoire français (OQTF) et a accusé l'Algérie de l'avoir refoulé à 10 reprises.

PARIS : Le gouvernement français réunira un conseil interministériel de contrôle de l'immigration mercredi, alors qu'une attaque au couteau, perpétrée par un Algérien en situation irrégulière, a fait un mort samedi à Mulhouse, a assuré dimanche le ministre des Affaires étrangères.

Ce conseil, qui était prévu avant l'attaque de Mulhouse, « se réunira ce mercredi », a déclaré Jean-Noël Barrot lors d'un entretien avec Europe 1 et CNews, où il était interrogé sur l'attaque de samedi.

Au cours de l'entretien, le ministre a été interrogé sur les discussions avec ses homologues algériens concernant les obligations de quitter le territoire français (OQTF).

« Cette attaque terroriste nous appelle à amplifier encore la mobilisation qui est la nôtre pour mieux contenir et prévenir les conséquences de la présence de ce terroriste islamiste sur le territoire national », a estimé le ministre avant d'évoquer le conseil interministériel.

Interrogé sur TF1, le ministre de l'Intérieur, Bruno Retailleau, a indiqué que le suspect faisait l'objet d'une obligation de quitter le territoire français (OQTF) et a accusé l'Algérie de l'avoir refoulé à 10 reprises.

Le Premier ministre, François Bayrou, a d'ailleurs convoqué un conseil interministériel de contrôle de l'immigration ce mercredi. « Nous devons faire plus et nous devons faire mieux », a-t-il déclaré.

M. Barrot a également affirmé avoir demandé « aux 19 ambassadeurs, dans les pays où nous rencontrons le plus de difficultés pour renvoyer les étrangers en situation irrégulière, à me faire un rapport circonstanciel dont je présenterai les résultats ce mercredi au Premier ministre pour que nous puissions prendre des mesures fortes ».

« Il y a des pays vis-à-vis desquels il nous faut effectivement prendre des mesures fortes. Il y en a d'autres où, au contraire, il nous faut des mesures d'accompagnement », a-t-il ajouté.