Attentats de novembre 2015: La défense d'Abrini demande «une peine juste»

Salah Abdeslam, principal suspect des attentats de Paris du 13 novembre 2015 (Photo, AFP).
Salah Abdeslam, principal suspect des attentats de Paris du 13 novembre 2015 (Photo, AFP).
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Publié le Vendredi 24 juin 2022

Attentats de novembre 2015: La défense d'Abrini demande «une peine juste»

  • Les avocats généraux ont requis la perpétuité contre Mohamed Abrini, ami d'enfance de Salah Abdeslam
  • Il avait quitté dans la précipitation la planque de région parisienne et les 10 autres hommes des commandos qui s'apprêtaient à semer la mort

PARIS: Il est "coupable", "il assume", il "sera condamné" et "il le sait". La défense du Belge Mohamed Abrini a plaidé jeudi pour une peine "juste" pour celui qui "n'a cessé de douter" et a été "capable" de renoncer à participer aux attentats du 13 novembre 2015 en France.

Les avocats généraux ont requis la perpétuité contre Mohamed Abrini, ami d'enfance de Salah Abdeslam, seul membre encore en vie des commandos qui ont fait 130 morts à Paris et en banlieue.

Mohamed Abrini est "l'homme au chapeau" identifié sur la vidéosurveillance de l'aéroport de Bruxelles le jour des attentats de mars 2016, juste avant qu'il n'abandonne son chariot d'explosifs et prenne la fuite.

Devant la cour d'assises spéciale de Paris en mars et pour la première fois, le Belge de 37 ans a reconnu qu'il était aussi "prévu" pour les attentats du 13 novembre 2015 --comme s'en doutait l'accusation-- mais que, déjà, il avait fait marche arrière.

Dans la nuit du 12 au 13 novembre 2015, il avait quitté dans la précipitation la planque de région parisienne et les 10 autres hommes des commandos qui s'apprêtaient à semer la mort.

"Ce n'est pas rien de renoncer à ce moment", martèle son avocate Marie Violleau.

On vient de "lui montrer sa chambre" et lui, "il s'en va". "Ils le regardent tous (...) Il ne tiendra pas de kalachnikov, n'enfilera pas de gilet explosif, il n'ira pas tirer au hasard sur les terrasses (de bars ou restaurants parisiens). Le 13 novembre, il ne tuera personne".

Oui, celui qui avait "basculé" à la mort de son frère en Syrie - un moment "fondamental" qu'elle demande à la cour de "comprendre" - a indéniablement apporté "une aide précieuse à la cellule", concède Me Violleau.

Quelques semaines avant les attentats, le "restaurateur de jour, cambrioleur de nuit" de Molenbeek a rencontré le coordinateur de la cellule puis louera des voitures et des planques en région parisienne, reconnaît-elle.

Mohamed Abrini sera donc condamné pour "complicité", "il le sait".

Et pourtant, "en sachant que sa peine sera exemplaire, que ça ne changera pas grand chose", il est "capable" à l'audience de "se désolidariser du reste du box", de "raconter", "de s'avancer sur le chemin de la vérité", note l'avocate.

Un "pas de géant", selon elle. "Deux pas en arrière", avait dit l'accusation, pas convaincue.

Celle-ci avait qualifié Mohamed Abrini de "lâche". "La lâcheté, c'est ce qu'il y a de plus humain", avance son avocat belge, Me Stanislas Eskenazi, en exhortant la cour a ne pas céder à "l'envie de vengeance".

La "peine juste", plaide Me Violleau, n'est pas la réclusion à la perpétuité avec 22 ans de sûreté demandée par le parquet antiterroriste mais "30 ans" - "avec la peine de sûreté que vous voulez".


Macron fustige les «bourgeois des centres-villes» qui financent «parfois» le narcotrafic

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  • Emmanuel Macron a également insisté sur "la nécessité d'avoir une approche interministérielle du très local à l'international"
  • La question est au centre du débat public depuis l'assassinat jeudi à Marseille de Mehdi Kessaci, le frère d'un militant engagé contre le narcotrafic

PARIS: Le président Emmanuel Macron a estimé mercredi lors du Conseil des ministres que ce sont "parfois les bourgeois des centres-villes qui financent les narcotrafiquants", selon des propos rapportés par la porte-parole du gouvernement Maud Bregeon lors de son compte-rendu.

Le chef de l'État a appuyé "l'importance d'une politique de prévention et de sensibilisation puisque, je reprends ses mots, +c'est parfois les bourgeois des centres-villes qui financent les narcotrafiquants+", a précisé Maud Bregeon, ajoutant: "on ne peut pas déplorer d'un côté les morts et de l'autre continuer à consommer le soir en rentrant du travail".

Emmanuel Macron a également insisté sur "la nécessité d'avoir une approche interministérielle du très local à l'international". La question est au centre du débat public depuis l'assassinat jeudi à Marseille de Mehdi Kessaci, le frère d'un militant engagé contre le narcotrafic.

 


Amiante dans les écoles: plus de 50 personnes et sept syndicats portent plainte à Marseille

Classée cancérogène, l'amiante présente des risques pour la santé principalement par inhalation, lorsque les poussières pénètrent le système respiratoire. (AFP)
Classée cancérogène, l'amiante présente des risques pour la santé principalement par inhalation, lorsque les poussières pénètrent le système respiratoire. (AFP)
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  • "La grande majorité des établissements scolaires en France, construits avant son interdiction en 1997, présentent encore à ce jour de l’amiante dans de nombreux éléments du bâti", rappelle dans un communiqué l'avocate Julie Andreu
  • Or, la vétusté de certains d'entre eux aggrave l'exposition à l'amiante et selon l'avocate, "les responsables concernés (collectivités locales) n’ont pas pris les mesures qui s’imposent"

MARSEILLE: Ils sont parents d'élèves, enseignants, agents municipaux: une cinquantaine de personnes, toutes exposées à l'amiante dans des écoles des Bouches-du-Rhône, vont déposer mercredi à Marseille une plainte contre X pour "mise en danger délibérée de la vie d'autrui".

Sept syndicats et trois associations de victimes de l'amiante sont aussi plaignants dans ce dossier, qui concerne 12 établissements scolaires, la plupart à Marseille.

"La grande majorité des établissements scolaires en France, construits avant son interdiction en 1997, présentent encore à ce jour de l’amiante dans de nombreux éléments du bâti", rappelle dans un communiqué l'avocate Julie Andreu, qui représente ces plaignants d'une douzaine d'établissements scolaires et dont la plainte va être déposée à 14h.

Or, la vétusté de certains d'entre eux aggrave l'exposition à l'amiante et selon l'avocate, "les responsables concernés (collectivités locales) n’ont pas pris les mesures qui s’imposent".

Classée cancérogène, l'amiante présente des risques pour la santé principalement par inhalation, lorsque les poussières pénètrent le système respiratoire.

"Une collègue est décédée en avril 2024 des suites d’un cancer lié à l’amiante, reconnu comme maladie professionnelle", a expliqué dans un dossier de presse le collectif stop amiante éducation, dans lequel sont réunis les syndicats et associations plaignants.

Le collectif dénonce "de nombreuses défaillances", notamment une absence d'information sur l'amiante, malgré les obligations réglementaires, ou encore une absence de protection pendant les travaux.

En mars, les syndicats enseignants avaient révélé que plus de 80% des bâtiments scolaires en France étaient potentiellement concernés par la présence d'amiante.

Un rapport du Haut Conseil de la Santé Publique publié en 2014, prévoit que d’ici 2050, 50.000 à 75.000 décès par cancer du poumon dus à l’amiante aient lieu, auxquels s’ajoutent jusqu'à 25.000 décès par mésothéliome (un autre type de cancer).

 


Assassinat de Mehdi Kessaci: «Non, je ne me tairai pas» face au narcotrafic, dit son frère dans une tribune au Monde

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  • "Je dirai et répéterai que mon frère Mehdi est mort pour rien. Je dirai la violence du narcotrafic"
  • "On me parle de crime d’avertissement. Mais un crime n'est jamais un avertissement"

PARIS: "Non, je ne me tairai pas" face au narcotrafic, a déclaré mercredi dans une tribune publiée dans le journal Le Monde Amine Kessaci, le frère de Mehdi, abattu jeudi à Marseille par deux personnes à moto.

"Je dirai et répéterai que mon frère Mehdi est mort pour rien. Je dirai la violence du narcotrafic", a également écrit le militant écologiste de 22 ans, engagé dans la lutte contre le narcobanditisme. En 2020, cette famille de six enfants avait déjà été endeuillée par l'assassinat d'un autre de ses frères, Brahim, 22 ans, dont le corps avait été retrouvé carbonisé dans un véhicule.

"On me parle de crime d’avertissement. Mais un crime n'est jamais un avertissement", a encore déclaré Amine Kessaci, qui a enterré mardi son frère Mehdi. "Voici ce que font les trafiquants : ils tentent d’annihiler toute résistance, de briser toute volonté, de tuer dans l’œuf tout embryon de révolte pour étendre leur pouvoir sur nos vies", a-t-il ajouté.

La protection policière qui lui a été accordée ne l'a pas été à ses proches, a souligné le militant écologiste de 22 ans. "Pourtant, qui ignorait que ma famille avait déjà payé un tribut de sang? Comment ne pas savoir que ma famille pouvait être touchée ?", s'est-il interrogé.

"Face à un tel ennemi, l’Etat doit prendre la mesure de ce qu'il se passe et comprendre qu'une lutte à mort est engagée", a-t-il encore prévenu.

"Il est temps d’agir, par exemple de faire revenir les services publics dans les quartiers, de lutter contre l’échec scolaire qui fournit aux trafiquants une main-d’œuvre soumise, de doter les enquêteurs et les forces de police des moyens dont ils ont besoin, de renforcer, de soutenir réellement les familles de victimes du narcotrafic. Nous comptons nos morts, mais que fait l’Etat ?"

Medhi Kessaci, 20 ans, a été assassiné jeudi à Marseille près d'une salle de concert par deux hommes à moto, activement recherchées, un "crime d'intimidation" et "un assassinat d'avertissement" pour les autorités.