Petites combines et grandes manoeuvres autour du «talon d'Achille de l'Otan dans l'Arctique»

Sur cette photo d'archive prise le 07 mai 2022, un monument à Lénine est photographié pendant le blizzard, dans la ville minière de Barentsburg, sur l'archipel du Svalbard, dans le nord de la Norvège. (AFP)
Sur cette photo d'archive prise le 07 mai 2022, un monument à Lénine est photographié pendant le blizzard, dans la ville minière de Barentsburg, sur l'archipel du Svalbard, dans le nord de la Norvège. (AFP)
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Publié le Jeudi 23 juin 2022

Petites combines et grandes manoeuvres autour du «talon d'Achille de l'Otan dans l'Arctique»

  • Un traité atypique, conclu en 1920 à Paris, qui garantit aussi aux ressortissants des Etats signataires la liberté d'y exploiter les ressources naturelles «sur un pied de parfaite égalité»
  • C'est à ce titre que, depuis des décennies, la Russie - l'URSS avant elle - extrait du charbon sur ces terres habitées par moins de 3 000 personnes d'une cinquantaine de nationalités

BARENTSBURG: Dans le blizzard, des drapeaux russes, une sculpture à la gloire du communisme, un buste de Lénine... Incongrus en terre occidentale, les emblèmes témoignent des visées internationales sur l'archipel norvégien du Svalbard en plein cœur d'un Arctique convoité.

A un millier de kilomètres du pôle Nord, ce territoire grand comme deux fois la Belgique, parfois considéré comme le "talon d'Achille de l'Otan dans l'Arctique", offre à des puissances comme la Russie et la Chine une possibilité unique d'étendre leur empreinte dans une région stratégiquement importante et économiquement prometteuse.

La raison à cela ? Un traité atypique, conclu en 1920 à Paris, qui reconnaît la souveraineté de la Norvège sur le Svalbard mais garantit aussi aux ressortissants des Etats signataires (aujourd'hui 46) la liberté d'y exploiter les ressources naturelles "sur un pied de parfaite égalité".

C'est à ce titre que, depuis des décennies, la Russie - l'URSS avant elle - extrait du charbon sur ces terres habitées par moins de 3 000 personnes d'une cinquantaine de nationalités.

Ici, tout ou presque est glacial: la nature avec ses pics enneigés, ses glaciers et ses glaces marines malmenés par le changement climatique, les températures qui tombent souvent à -20°C l'hiver, mais aussi le décor façonné par les hommes.

Anachronique avec sa sculpture géante proclamant "Notre objectif - le communisme" et ses autres vestiges soviétiques, le village de Barentsburg pérennise la présence russe sur l'archipel.

Quelque 370 Russes et Ukrainiens du Donbass y cohabitent encore autour d'un filon de houille de piètre qualité. Plongés dans une obscurité totale l'hiver, sans route pour rejoindre le chef-lieu Longyearbyen (peuplé essentiellement de Norvégiens), ils dépendent de la mer pour être approvisionnés.

Sur les hauteurs, trône le consulat de Russie, moderne et protégé par de hautes grilles. Sergueï Gouchtchine y reçoit dans une entrée en marbre égayée par un jardin d'hiver, un luxe qui détonne avec l'allure décatie des bâtisses environnantes.

"Le Spitzberg est recouvert de la sueur et du sang du peuple russe depuis des siècles", affirme le consul. "Je ne conteste pas que c'est un territoire norvégien mais il fait (aussi) partie de l'histoire russe".

A la toponymie officielle - "Svalbard" - choisie par la Norvège pour asseoir son emprise sur l'archipel, les Russes préfèrent systématiquement le nom historique de "Spitzberg" (ou "Spitsberg"), une dissonance qui n'est symboliquement pas innocente.

Arguant que ses pêcheurs et chasseurs venaient sous ces latitudes dès le XVIe siècle traquer la baleine, le phoque et l'ours polaire et qu'elle y est aujourd'hui, hormis la Norvège, le seul acteur économique d'importance, la Russie veut avoir voix au chapitre sur la gouvernance du Svalbard.

Un ovni juridique conçu sous l'édredon: cinq choses à savoir sur le traité du Svalbard

Comptant parmi l'un des plus anciens traités internationaux encore en vigueur, le traité du Svalbard encadre la gouvernance de l'archipel de l'Arctique depuis son élaboration, dans des circonstances rocambolesques, à Paris en 1920.

Voici cinq choses à savoir sur le traité du Svalbard:

Texte atypique

Dans le premier des dix articles du "Traité concernant le Spitsberg" - premier nom donné au Svalbard, également parfois orthographié "Spitzberg" -, les signataires reconnaissent "la pleine et entière souveraineté de la Norvège" sur l'archipel et ses dépendances, jusqu'alors considérés comme "terra nullius" (n'appartenant à personne).

Mais les articles suivants garantissent aux ressortissants des parties contractantes la liberté d'exploiter les ressources naturelles du territoire, leur accordant notamment le droit de se livrer "à toutes opérations maritimes, industrielles, minières et commerciales sur un pied de parfaite égalité".

Les possibilités de militarisation sont aussi drastiquement limitées. L'article 9 dispose que "la Norvège s'engage à ne créer et à ne laisser s'établir aucune base navale (...), à ne construire aucune fortification dans lesdites régions, qui ne devront jamais être utilisées dans un but de guerre".

Né d'une liaison adultère

"L'ébauche du traité du Svalbard a été conçue dans un lit" entre l'ambassadeur norvégien, Fritz Wedel Jarlsberg, qui entretenait une relation avec le conseiller juridique du ministère français des Affaires étrangères, Henri Fromageot", affirme l'ancien diplomate norvégien, Sverre Jervell.

"C'est une histoire épique" car dans l'intimité de leur liaison adultère à Paris, M. Jarlsberg écrit le premier article qui "dit que la Norvège a l'entière souveraineté sur le Svalbard" et M. Fromageot les suivants "qui disent en fait que la Norvège n'a pas l'entière responsabilité sur le Svalbard".

"Quand le texte a été envoyé à Oslo, le ministre des Affaires étrangères (Nils Ihlen, ndlr) est devenu très nerveux, il n'en voulait pas parce qu'il avait peur des Russes" qui auraient aussi pu revendiquer le territoire, relate M. Jervell.

Mais "le traité a été signé à l'insu" d'Oslo.

Il entre en vigueur en 1925.

46 signataires

Seule une poignée de pays sont représentés dans les tractations commencées en 1919. L'Allemagne, tout juste défaite pendant la Première Guerre mondiale, et la Russie, puissance qui aurait pu fait valoir ses droits mais alors en proie à la révolution, sont exclues des pourparlers.

Accepter une souveraineté norvégienne est d'autant plus digeste pour les Etats présents que le royaume nordique est neutre.

Rapidement reconnue par la Norvège après sa création fin 1922, l'Union soviétique signe formellement le traité en 1935.

Chine, Inde, Arabie saoudite, Venezuela, les deux Corées... Des dizaines d'autres pays signeront ultérieurement le texte, portant à 46 le nombre des parties contractantes.

Différences d'interprétation

Le traité est l'objet d'interprétations divergentes, en particulier sa portée géographique.

Presque seule contre tous, la Norvège affirme qu'en mer, il s'applique aux seules eaux territoriales, limitant ainsi l'accès égal aux ressources à la zone des 12 milles marins autour du Svalbard.

La Russie et les pays occidentaux estiment, eux, que le traité, de par son esprit, vaut pour les 200 milles de la Zone économique exclusive (ZEE), concept qui n'existait pas en 1920.

Pour contourner l'obstacle, la Norvège n'a pas établi de ZEE mais mis en place une Zone de protection des pêches (ZPP) qui lui permet de réglementer la pêche dans ces eaux.

Enjeux considérables

Derrière ces arguties juridiques, des ressources potentiellement considérables...

Jugeant que le principe d'égalité d'accès valait pour la zone des 200 milles - et ignorant le fait que la Norvège (non membre de l'UE) est, de toute façon, la seule puissance réglementaire reconnue -, l'Union européenne a accordé à ses pêcheurs des permis sur le cabillaud et le crabe des neiges ces dernières années.

Si Bruxelles et Oslo ont récemment convenu de quotas sur le cabillaud, la question de fond sur la portée géographique du traité n'a toujours pas été tranchée par une instance internationale.

Le crabe des neiges est particulièrement problématique.

Contrairement aux pêcheurs européens, la Norvège estime qu'il s'agit d'une espèce "sédentaire" (vivant en contact permanent avec le fond marin comme les huîtres) qui relève donc du droit régissant le plateau continental, autre concept qui n'existait pas en 1920 et où un Etat côtier dispose de droits exclusifs.

Si Oslo devait un jour transiger sur le crabe, la question de la propriété se poserait pour d'autres ressources (hydrocarbures, minéraux) gisant potentiellement au même endroit.

L'arme environnementale

Incidemment, l'archipel, notamment l'île la plus au sud, Bjørnøya (l'île aux Ours), est posté près des eaux que les sous-marins nucléaires russes de la puissante Flotte du Nord doivent emprunter pour gagner l'océan Atlantique.

"Le principal intérêt des Russes est d'éviter une situation où d'autres pourraient utiliser l'endroit à des fins offensives", analyse Arild Moe, chercheur à l'Institut Fridtjof Nansen à Oslo.

"Pour ce faire, ils y maintiendront une présence raisonnable et seront aussi très attentifs à ce qui s'y produit", dit-il.

Après avoir plaidé, en vain, pour une cogestion au sortir de la Seconde Guerre mondiale, la Russie réclame maintenant, sans plus de succès, des "consultations bilatérales" pour lever les restrictions qui, dit-elle, brident ses activités dans l'archipel.

Son filon de charbon tournant depuis longtemps à perte, Barentsburg a ajouté des cordes à son arc en se diversifiant dans la recherche scientifique et le tourisme. On y vient en motoneige ou en bateau, selon les saisons, pour admirer ce qui fut pendant des décennies une vitrine de l'URSS du côté occidental du Rideau de fer.

Tous ces vestiges du passé, "on les garde ici non pas parce qu'on aspire toujours au communisme mais parce que l'on tient à notre patrimoine et aussi parce que les touristes aiment se prendre en photo avec", glisse la guide et historienne Natalia Maximichina.

Mais Moscou reproche aux autorités norvégiennes d'entraver l'expansion de ses activités en invoquant la protection de la nature, un impératif contenu dans le traité fondateur. Les vols d'hélicoptères russes sont par exemple très strictement encadrés.

"On a commencé à mettre en place des réserves naturelles autour des implantations russes", reconnaît l'ancien diplomate Sverre Jervell, architecte de la politique norvégienne dans la région de la mer de Barents.

"Surtout après la fin de la Guerre froide et la dissolution de l'URSS, quand Barentsburg peinait à rester à flot".

Pour réfréner les ambitions russes ? "Pas officiellement, mais en réalité, oui", dit-il. "On avait bien sûr de bons arguments: c'est une nature très fragile. Mais on a en particulier protégé les espaces autour des implantations russes".

Outre Barentsburg, la Russie a longtemps maintenu d'autres communautés minières (Pyramiden, Grumant) sur l'archipel, à tel point que le nombre de Russes y dépassait largement celui des Norvégiens à la fin de la Guerre froide.

Action, réaction 

Régulièrement, la Russie hausse la voix et accuse la Norvège de violer une disposition importante du traité qui, de facto, fait du Svalbard un espace démilitarisé.

Chaque escale de frégate norvégienne ou visite de parlementaires de l'Otan donne lieu à des protestations officielles.

Idem pour la gigantesque station satellite Svalsat, près de Longyearbyen, la plus grande installation de ce type au monde.

Sur un plateau venteux, tout près de la Réserve mondiale de semences (la fameuse "Arche de Noé végétale"), quelque 130 antennes abritées par des radômes blancs aux airs de balles de golf géantes communiquent avec l'espace. Et téléchargent des données militaires, fustige Moscou.

En janvier, un des deux câbles à fibre optique reliant Svalsat au continent a été mystérieusement endommagé.

Les critiques fusent dans les deux sens. La Russie est, elle aussi, accusée de prendre des libertés avec le traité.

Comme lorsque son vice-Premier ministre Dmitri Rogozine, pourtant sur la liste des sanctions européennes après l'annexion russe de la Crimée en 2014, a fait une apparition impromptue au Svalbard en 2015.

Ou quand des forces spéciales tchétchènes en route pour un exercice près du pôle Nord y ont fait escale l'année suivante.

Si les experts excluent la réédition du scénario criméen dans l'archipel, ils disent s'attendre à y observer de nouvelles passes d'armes à cause du nouveau coup de froid provoqué par l'invasion russe de l'Ukraine le 24 février.

"Le Svalbard est sensible à la conjoncture internationale", analyse Arild Moe. "C'est un endroit où la Russie peut facilement exprimer son mécontentement et mettre la pression sur la Norvège. On va probablement le voir à l'avenir".

«Talon d'Achille de l'Otan»

Pour James Wither, professeur au Centre européen d'études de sécurité George C. Marshall, l'archipel est le "talon d'Achille de l'Otan dans l'Arctique" car son "éloignement de la Norvège continentale et son statut juridique particulier le rendent politiquement et militairement vulnérable à l'aventurisme russe".

"Bien que le danger d'une confrontation militaire directe reste faible", Moscou pourrait être tenté d'y avancer de manière à diviser le camp occidental, écrivait l'ancien officier britannique en 2018.

La Norvège cherche à minimiser les griefs russes, arguant qu'ils sont connus de longue date et qu'elle jouit sur ces îles de la même souveraineté que sur n'importe quelle autre partie de son territoire.

Salué pour avoir réussi à nouer des liens étroits avec son homologue russe Sergueï Lavrov quand il était ministre des Affaires étrangères entre 2005 et 2012, le Premier ministre norvégien Jonas Gahr Støre se veut l'apôtre de l'adage "Grand Nord, basses tensions".

"Je ne dirais pas que nous sommes en train d'être testés, mais il y a un intérêt grandissant pour l'Arctique des pays riverains et plus éloignés", dit-il.

"Nous souhaitons voir les communautés se développer au Svalbard (...) et cela se fera de manière transparente", ajoute-t-il.

Par précaution, l'Etat norvégien a tout de même déboursé 300 millions de couronnes (33,5 millions d'euros) en 2016 pour acheter un immense domaine foncier à proximité immédiate de Longyearbyen, le seul encore dans des mains privées sur l'archipel.

Face à l'intérêt supposé d'investisseurs étrangers, notamment chinois, le gouvernement d'alors avait justifié l'achat de ces 217,6 km2 par son "souhait que ces terres soient norvégiennes".

L'arrivée éventuelle de nouvelles puissances soulève la crainte d'une déstabilisation, une peur sur laquelle la Russie ne manque pas de jouer.

"Si nous quittions le Spitzberg, qui viendrait prendre notre place ?" demande le consul Sergueï Gouchtchine. "Cela pourrait être la Chine par exemple ou les Etats-Unis, ou n'importe quel autre Etat partie au traité".

«Diplomatie par la science»

Au même titre que le Groenland, l'Islande ou les îles Féroé, le Svalbard semble bien dans le viseur de la Chine qui se définit comme un Etat "quasi Arctique" et affiche sa volonté d'établir une "route de la Soie polaire".

Dans un Arctique qui se réchauffe trois fois plus vite que la planète, le recul de la banquise ouvre des opportunités économiques, réelles ou fantasmées: nouvelles zones de pêche, nouvelles routes maritimes commerciales, accès plus facile à de potentielles ressources pétro-gazières et minérales...

Tout est bon pour mettre le pied dans la porte.

Troisième localité de l'archipel, Ny-Ålesund est une ancienne communauté minière désormais tournée vers la recherche scientifique internationale.

Parmi les bâtisses occupées par les institutions d'une dizaine de pays, difficile de ne pas voir celle occupée par les chercheurs chinois.

Caractéristiques de la Chine impériale, deux grands lions gardiens en marbre veillent sur l'entrée du vénérable bâtiment, propriété de l'Etat norvégien mais rebaptisé "station Fleuve jaune" par ses locataires de l'Institut de recherche polaire de Chine (PRIC).

Un flagrant exemple de "planter de drapeau", de "diplomatie par la science" dont la portée ne doit pas être sous-estimée, selon Torbjørn Pedersen, professeur norvégien de sciences politiques à l'université de Bodø.

"Certaines capitales étrangères en sont venues à dépeindre leur présence là-bas comme des stations nationales et des positions stratégiques susceptibles de leur donner une influence politique sur les îles et dans la région arctique au sens large", écrivait-il dans le Polar Journal en 2021.

"Une partie de la présence scientifique au Svalbard peut sembler motivée par des motivations géopolitiques", ajoutait-il. Elle "pourrait potentiellement enhardir certains acteurs étatiques, y compris des grandes puissances, avec des aspirations régionales - et devenir un véritable défi de sécurité pour le pays hôte, la Norvège".

Les autorités norvégiennes voient d'un mauvais œil ces postures qui ont davantage leur place en Antarctique que dans un pays souverain.

En 2019, elles ont lancé une nouvelle stratégie officielle qui vise à affaiblir cette logique de stations autonomes sur lesquelles chaque nation ferait flotter son pavillon. L'accent doit être mis dorénavant sur des recherches communes par thématiques au sein d'infrastructures partagées.

La mission scientifique franco-allemande (AWIPEV) semble faire les frais de cette reprise en main. Depuis 2014, France et Allemagne souhaitent regrouper au sein d'un bâtiment unique leurs moyens actuellement dispersés sur plusieurs emprises, mais le dossier n'avance pas.

En coulisse, il se murmure que les Norvégiens redoutent de créer un précédent.

"On ne peut pas faire quelque chose pour les Français et refuser la même chose aux Chinois", résume Sverre Jervell. "Le principe du traité du Svalbard est de ne pas discriminer".


Londres: manifestation propalestinienne à la veille de la trêve à Gaza

Des manifestants et des contre-manifestants se rassemblent à Whitehall, dans le centre de Londres, lors d'une manifestation nationale pour la Palestine, le 18 janvier 2025. (Photo BENJAMIN CREMEL / AFP)
Des manifestants et des contre-manifestants se rassemblent à Whitehall, dans le centre de Londres, lors d'une manifestation nationale pour la Palestine, le 18 janvier 2025. (Photo BENJAMIN CREMEL / AFP)
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  • des milliers de manifestants propalestiniens se sont rassemblés dans le centre de Londres samedi, à la veille de l'entrée en vigueur de la trêve conclue entre Israël et le Hamas, espérant plus qu'un « répit temporaire ».
  • Les participants ont brandi des pancartes sur lesquelles on pouvait lire « Arrêtez d'armer Israël » ou « Gaza, arrêtez le massacre ». Certains ont chanté : « De la rivière à la mer, la Palestine sera libérée. »

LONDRES : Il faut continuer à « mettre la pression » : des milliers de manifestants propalestiniens se sont rassemblés dans le centre de Londres samedi, à la veille de l'entrée en vigueur de la trêve conclue entre Israël et le Hamas, espérant plus qu'un « répit temporaire ».

« Nous voulons être optimistes » concernant ce cessez-le-feu, et « nous devons être dans la rue pour nous assurer qu'il tienne », affirme à l'AFP Sophie Mason, une Londonienne de 50 ans, habituée des manifestations propalestiniennes dans la capitale britannique.

La trêve, qui doit débuter dimanche matin, prévoit la libération d'otages israéliens aux mains du Hamas et de prisonniers palestiniens détenus par Israël, un retrait israélien des zones densément peuplées de Gaza, ainsi qu'une augmentation de l'aide humanitaire.

La marche prévue s'est transformée en un rassemblement statique sur Whitehall, la grande avenue du quartier des ministères, la police ayant rejeté le parcours proposé par le mouvement Palestine Solidarity Campaign, car il passait trop près d'une synagogue.

La police, présente en masse, a annoncé sur X avoir arrêté en fin d'après-midi « entre 20 et 30 manifestants » qui étaient sortis du périmètre autorisé, après avoir déjà procédé à sept autres arrestations un peu plus tôt.

Les participants ont brandi des pancartes sur lesquelles on pouvait lire « Arrêtez d'armer Israël » ou « Gaza, arrêtez le massacre ». Certains ont chanté : « De la rivière à la mer, la Palestine sera libérée. »

« Nous devons mettre la pression pour que ce cessez-le-feu soit respecté et que l'aide internationale arrive à Gaza », affirme Ben, syndicaliste de 36 ans, qui a refusé de donner son nom de famille.

Anisah Qausher, étudiante venue avec sa mère, estime quant à elle que le cessez-le-feu « arrive tard et il est insuffisant ». Si elle espère qu'il « apportera un répit temporaire », elle estime qu'il va falloir « faire beaucoup plus », évoquant le défi de la reconstruction de Gaza.

Selon elle, l'entrée de davantage d'aide humanitaire est « une victoire », mais « cela ne devrait pas être quelque chose soumis à autorisation ». C'est un droit », ajoute-t-elle.

Une manifestation rassemblant une centaine de personnes brandissant des drapeaux israéliens se tenait non loin de là.

L'attaque du 7 octobre a fait 1 210 morts côté israélien, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP basé sur des données officielles. Sur les 251 personnes enlevées ce jour-là, 94 sont toujours otages à Gaza, dont 34 sont mortes selon l'armée.

Au moins 46 899 personnes, en majorité des civils, ont été tuées dans l'offensive israélienne à Gaza, selon les données du ministère de la Santé du Hamas jugées fiables par l'ONU.

Selon l'ONU, la guerre a provoqué un niveau de destructions « sans précédent dans l'histoire récente » dans le territoire palestinien assiégé.


En Espagne, une trentaine de personnes ont été blessées, dont plusieurs sont dans un état grave, dans un accident de télésiège

Drapeau de l'Espagne (Photo iStock)
Drapeau de l'Espagne (Photo iStock)
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  • « Nous sommes en train de parler de 30 à 35 blessés, graves, très graves ou moins graves », a déclaré Miguel Ángel Clavero, directeur des services d'urgence de la région d'Aragon, où se situe la station d'Astún, sur la télévision publique TVE.
  • Tous les skieurs qui étaient restés suspendus dans leur télésiège ont pu être secourus », a-t-il ajouté.

MADRID : Dans une station de ski des Pyrénées, près de la frontière française, dans le nord-est de l'Espagne, un accident de télésiège a fait samedi plus d'une trentaine de blessés, dont plusieurs gravement, ont indiqué les autorités locales.

« Nous sommes en train de parler de 30 à 35 blessés, graves, très graves ou moins graves », a déclaré Miguel Ángel Clavero, directeur des services d'urgence de la région d'Aragon, où se situe la station d'Astún, sur la télévision publique TVE.

« Visiblement, il y a eu un problème au niveau de la poulie de l'un des télésièges, ce qui a entraîné une perte de tension du câble et la chute de certains télésièges », a-t-il expliqué.

Le président régional Jorge Azcón a précisé pour sa part que les trois personnes les plus gravement atteintes avaient été transférées à l'hôpital, l'une d'entre elles, une femme, en hélicoptère.

Les médias locaux ont évoqué un total de neuf blessés très graves, information que M. Azcón n'a pas confirmée.

Tous les skieurs qui étaient restés suspendus dans leur télésiège ont pu être secourus », a-t-il ajouté.

« Nous avons soudainement entendu un bruit et nous sommes tombés au sol, dans le télésiège. Nous avons rebondi cinq fois, en haut, en bas, et nous avons mal au dos et pris des coups, mais il y a des gens qui sont tombés des télésièges », a raconté María Moreno, l'une des victimes, sur la télévision publique.

« Nous avons eu très peur », a-t-elle ajouté.

Un jeune témoin des faits a déclaré sur TVE avoir vu un câble du mécanisme du télésiège sauter. « Les télésièges se sont mis à rebondir soudainement et les gens ont volé », a-t-il décrit.

Cinq hélicoptères et une quinzaine d'ambulances ont été mobilisés pour évacuer les blessés vers des hôpitaux proches de la station, où a été installé un hôpital de campagne, selon les services de secours.

Dans un message publié sur X, le Premier ministre espagnol Pedro Sánchez a déclaré être « choqué par les informations sur l'accident survenu dans la station d'Astún » et a indiqué avoir « offert tout le soutien » du gouvernement central aux autorités locales.


Iran : deux juges de la Cour suprême assassinés dans leur bureau selon les médias

Des membres de la police se tiennent devant le bâtiment judiciaire après l'assassinat des juges de la Cour suprême Mohammad Moghiseh et Ali Razini à Téhéran, Iran, le 18 janvier. (Reuters)
Des membres de la police se tiennent devant le bâtiment judiciaire après l'assassinat des juges de la Cour suprême Mohammad Moghiseh et Ali Razini à Téhéran, Iran, le 18 janvier. (Reuters)
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  • les juges Ali Razini et Mohammad Moghisseh, ont été tués dans l'enceinte de la Cour suprême, dans le sud de la capitale iranienne, a précisé Mizan Online.
  • e président iranien, Massoud Pezeshkian, a exhorté les forces de l'ordre à « identifier dans les plus brefs délais les commanditaires et les auteurs » du crime.

TEHERAN : Deux juges de la Cour suprême iranienne ont été assassinés samedi dans leur bureau à Téhéran par un homme armé qui s'est ensuite suicidé, a annoncé l'agence officielle de l'Autorité judiciaire, Mizan Online.

Les chefs de la branche 39 et 53 de la Cour suprême, les juges Ali Razini et Mohammad Moghisseh, ont été tués dans l'enceinte de la Cour suprême, dans le sud de la capitale iranienne, a précisé Mizan Online.

Le porte-parole du pouvoir judiciaire, Asghar Jahangir, a déclaré à la télévision que l'assaillant était « entré dans le bureau des deux juges armé d'un pistolet » et les avait tués.

Les motivations de l'auteur des faits n'ont pas été communiquées, mais Mizan Online a précisé qu'il « n'avait pas de dossier devant la Cour suprême ».

L'affaire, très rare en Iran, « fait désormais l'objet d'une enquête », a ajouté Mizan, qualifiant les faits d'acte « terroriste ».

Selon un communiqué publié sur le site de la présidence, le président iranien, Massoud Pezeshkian, a exhorté les forces de l'ordre à « identifier dans les plus brefs délais les commanditaires et les auteurs » du crime.

« Il ne fait aucun doute que le brillant chemin de ces juges, qui ont consacré leur vie à lutter contre les crimes contre la sécurité nationale, se poursuivra avec force », a-t-il ajouté.

Les deux juges tués samedi étaient des hodjatoleslam, un rang intermédiaire dans le clergé chiite, et avaient présidé les audiences d'importants procès ces dernières années.

Mohammad Moghisseh, âgé de 68 ans, a eu une longue carrière au sein de la justice depuis l'instauration de la République islamique en 1979.

Il a été sanctionné en 2019 par les États-Unis pour avoir supervisé « un nombre incalculable de procès inéquitables ».

De son côté, Ali Razini, 71 ans, a occupé des postes importants au sein du système judiciaire comme politique de l'Iran.

En 1998, alors qu'il était à la tête du pouvoir judiciaire de la capitale Téhéran, il avait été la cible d'une autre tentative d'assassinat, selon Mizan.

En 2005, le juge du tribunal révolutionnaire de Téhéran, Massoud (Hassan) Moghadas, avait été assassiné en pleine rue dans la capitale.

En avril 2023, un ayatollah membre de l'Assemblée des experts, le collège chargé de nommer, superviser et éventuellement démettre le guide suprême, a été tué par balles dans le nord de l'Iran.