Le cinéaste chypriote Marios Piperides souligne l'importance du discours culturel

Le cinéaste chypriote Marios Piperides espère créer un discours politique, transmettre cette histoire basée sur sa propre expérience et amener les gens à réfléchir sur la question de «la nature des frontières», a-t-il affirmé à Arab News. (Photo, fournie)
Le cinéaste chypriote Marios Piperides espère créer un discours politique, transmettre cette histoire basée sur sa propre expérience et amener les gens à réfléchir sur la question de «la nature des frontières», a-t-il affirmé à Arab News. (Photo, fournie)
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Publié le Vendredi 24 juin 2022

Le cinéaste chypriote Marios Piperides souligne l'importance du discours culturel

Le cinéaste chypriote Marios Piperides espère créer un discours politique, transmettre cette histoire basée sur sa propre expérience et amener les gens à réfléchir sur la question de «la nature des frontières», a-t-il affirmé à Arab News. (Photo, fournie)
  • Le cinéaste espère créer un discours politique, transmettre cette histoire basée sur sa propre expérience et amener les gens à réfléchir sur la question de «la nature des frontières»
  • «Il est également important d'avoir des salles d'art et d'essai plus petites.»

Le cinéaste chypriote Marios Piperides s'est rendu pour la première fois en Arabie saoudite pour la projection de son film sélectionné, Smuggling Hendricks, à Riyad, le 16 juin. La projection faisait partie de la première semaine du Festival du film européen, qui a présenté 14 films européens au cinéma The Esplanades VOX.

Smuggling Hendricks est inspiré d’une histoire vraie qui tourne autour d'un musicien en difficulté, Yiannis, qui envisage de déménager. Ses plans sont perturbés par son chien, Jimi, qui traverse la frontière séparant le Sud grec, du Nord turc. Le passage d'animaux entre les deux pays étant interdit, Yiannis fait appel à un colon turc pour récupérer son chien. L'intrigue comporte de puissantes observations politiques et juridiques sur la question chypriote, sous la forme d’une comédie d'art et d'essai bon enfant.

Le cinéaste espère créer un discours politique, transmettre cette histoire basée sur sa propre expérience et amener les gens à réfléchir sur la question de «la nature des frontières», a-t-il affirmé à Arab News. «Nous construisons nos propres frontières et gardons les gens à l'écart, en créant cette peur de l'inconnu.»

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Le cinéaste chypriote Marios Piperides. (Photo, fournie)

Son parcours cinématographique a commencé il y a vingt ans lorsqu'il est revenu à Chypre après avoir terminé ses études aux États-Unis. Cette opportunité d'échange lui a permis d'acquérir des connaissances sur le secteur cinématographique américain et de contribuer à la scène cinématographique de son pays.

Cette manifestation d'échange culturel rejoint l'initiative de l'EuroFest à Riyad, qui vise à faire connaître au peuple saoudien les efforts internationaux, à présenter rapidement des cinéastes saoudiens et à créer un espace de discussion.

Le marché du film étant particulièrement concurrentiel, le cinéaste insiste sur l'importance de donner au public une raison de rechercher un film de niche plutôt que des productions plus importantes et plus accessibles.

«Je pense qu'il s'agit d'essayer de trouver un moyen de raconter quelque chose au niveau local, mais qui a un attrait international. Partager une histoire locale qui serait intéressante pour quelqu'un à Chypre ou quelqu'un en France, c'est le pari que vous devez essayer de gagner [...]. Vous devez trouver votre propre voix», a soutenu Piperides. 

Alors que la scène cinématographique indépendante en Europe s'éteint lentement et que les financements deviennent de plus en plus difficiles à obtenir, il est merveilleux de constater que l'industrie cinématographique saoudienne est en plein essor, a affirmé le réalisateur. Alors qu'il n'y a que 14 salles de cinéma sur l'île, l'Arabie en compte actuellement plus de 50. «Venant d'un petit pays, il est très important d'avoir l’opportunité d'échanger et de comprendre la culture de l'autre à travers le cinéma», a indiqué Piperides.

«La chose positive ici est que vous avez un grand marché que nous n'avons pas à Chypre. Votre marché est en pleine croissance et avide de films. Tout cela est nouveau. La fréquentation des salles est en baisse aujourd’hui en Europe», a-t-il précisé lors d'une conférence dans le cadre du programme des événements parallèles du festival, animée par la star de la télévision et de la radio Mohammad Bajnaid.

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La projection faisait partie de la première semaine du Festival du film européen, qui a présenté 14 films européens au cinéma The Esplanades VOX. (Photo, AFP)

Pour le réalisateur, les cinémas créent un espace où les gens peuvent partager leurs expériences, leurs points de vue et leurs opinions, et ouvrent la voie à des discussions sur des problèmes spécifiques. «Le cinéma à Chypre, dans les années 50 ou jusqu'aux années 80, c'était énorme. Il y avait un grand nombre de salles de cinéma. Dans un petit village de 2 000 à 3 000 habitants, il y avait six cinémas. Maintenant, il n'y a qu'un seul cinéma d'art et d'essai, et il est en difficulté», a affirmé Piperides.

«Il est important de voir s'ils peuvent assurer une programmation parallèle», a-t-il mentionné.

Bien qu'il s'agisse du premier festival du film européen à Riyad, il serait intéressant de présenter des films d'art et d'essai ainsi que des films indépendants dans la capitale et les villes et villages voisins.

«Il est également important d'avoir des salles d'art et d'essai plus petites. Pour projeter plus de films, non seulement européens, et plus de films d'art et d'essai, non seulement des blockbusters, américains, bollywoodiens ou égyptiens. Je crois qu'il y a un public pour cela.»

Les films d'art et d'essai sont connus pour traiter de problèmes complexes qui s'adressent à un public spécifique plutôt qu'à un public de masse, ce qui les rend moins populaires sur les marchés mondiaux. «Les distributeurs ne présentent pas de films d'art européens parce qu'ils n’ont aucun moyen de rentrer dans leurs frais. Grâce aux festivals, vous pouvez voir de bons films que vous n'auriez pas pu voir autrement», a-t-il indiqué.

Ce film a été projeté pour la première fois en 2018 et a été présenté dans plusieurs régions du monde. «C'est quand même agréable de voir que le film est encore d’actualité et continue d’intéresser le public. Il est toujours d'actualité parce que rien n'a changé, au fond — la situation politique à Chypre. Par ailleurs, le film aborde aussi le sujet des frontières, ce qui reste toujours un problème.»

En un sens, le film documente l'évolution non seulement du talent du réalisateur mais aussi de l'industrie elle-même. Piperides met en évidence le rôle essentiel de la réflexion sur des œuvres précédentes ainsi que de la critique continue. «Je remarque des erreurs que j'ai faites, ou des choses que j’aurais pu améliorer au niveau de la technique, du scénario, des choses qui auraient pu être meilleures. À l’époque, c'était ce que je savais faire. Vous apprenez et vous essayez de faire mieux. Il est important d’être critique envers soi-même et envers son propre travail.»         

Ce texte est la traduction d'un article paru sur Arabnews.com


Imaan Hammam brille en demoiselle d'honneur

 Le top model Imaan Hammam a récemment assisté au mariage de sa meilleure amie et collègue top model Cindy Bruna, qui a épousé l'ancien basketteur et acteur Blondy Baruti lors d'une cérémonie intime à Paris. (Instagram)
Le top model Imaan Hammam a récemment assisté au mariage de sa meilleure amie et collègue top model Cindy Bruna, qui a épousé l'ancien basketteur et acteur Blondy Baruti lors d'une cérémonie intime à Paris. (Instagram)
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  • Imaan Hammam assiste au mariage de sa meilleure amie et mannequin Cindy Bruna
  • Hammam et Bruna sont des amis proches depuis des années et apparaissent souvent ensemble lors d'événements de mode et de défilés internationaux

DUBAI : Le mannequin Imaan Hammam a récemment assisté au mariage de sa meilleure amie et collègue mannequin Cindy Bruna, qui a épousé l'ancien basketteur et acteur Blondy Baruti lors d'une cérémonie intime à Paris.

Mme Bruna, mannequin franco-congolais connu pour son travail avec Victoria's Secret et de grandes maisons de couture, s'est mariée lors d'une célébration privée à laquelle ont assisté des amis proches et des membres de sa famille. Elle portait une robe personnalisée du créateur libanais Elie Saab.
Hammam faisait partie du cortège nuptial en tant que demoiselle d'honneur de Bruna. Le mannequin néerlando-maroco-égyptien portait une longue robe rouge bordeaux sans manches.

La robe a été associée à des gants longueur coude assortis dans la même teinte rouge foncé, créant un look coordonné et frappant qui se distinguait tout en étant conforme à l'événement formel.

Sur Instagram, elle a posté des images avec la légende : "Week-end très spécial pour célébrer ma sœur et Blondy. La plus belle des mariées ... vraiment. Mon cœur est tellement plein. Nous avons dansé, nous avons ri et nous avons aimé chaque moment".

La robe, longue comme le sol, présentait des lignes épurées et une coupe aérodynamique, permettant à la riche couleur d'occuper le devant de la scène. Hammam a opté pour un style minimal, laissant la robe et les gants faire le plus gros du travail.

Hammam et Bruna sont des amis proches depuis des années et apparaissent souvent ensemble lors d'événements de mode et de défilés internationaux.

Hammam est l'un des mannequins les plus demandés de l'industrie. Elle a été repérée à la gare centrale d'Amsterdam avant de faire ses débuts sur les podiums en 2013 en participant au défilé de couture de Jean Paul Gaultier.

Hammam a défilé pour Burberry, Fendi, Prada, Bottega Veneta, Marc Jacobs, Moschino, Balenciaga et Carolina Herrera. Il a également participé à des campagnes internationales, notamment pour DKNY, Celine, Chanel, Versace, Givenchy, Giorgio Armani et Tiffany & Co.

Au début de cette année, elle a lancé Ayni, une plateforme d'archivage dédiée à la préservation et à la célébration de l'expression artistique arabe de son point de vue.

"Pour moi, cela a toujours été bien plus profond que la simple mode. Il s'agit de rester connectée à mes racines, de raconter des histoires qui me touchent et de mettre en lumière les voix qui ont besoin d'être entendues."

Elle a ajouté qu'elle espérait qu'Ayni dépasserait sa vision personnelle pour devenir une "véritable communauté".


Dans le «Paris du Moyen-Orient», le deuil de Brigitte Bardot côtoie les souvenirs d'une époque dorée

 Brigitte Bardot a passé quatre jours au Liban en mars 1967. (Instagram)
Brigitte Bardot a passé quatre jours au Liban en mars 1967. (Instagram)
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  • La visite de Bardot en 1967 a coïncidé avec l'apogée culturelle du Liban
  • Le pays est considéré comme le centre du style mondial et de la sophistication

DUBAI, BEYROUTH : La mort de la légende du cinéma français Brigitte Bardot à l'âge de 91 ans a attiré l'attention sur l'une des icônes culturelles les plus captivantes du XXe siècle et sur un moment remarquable, quoique bref, où sa célébrité a coïncidé avec l'âge d'or du Liban.

En mars 1967, Bardot arrive à Beyrouth pour une visite de quatre jours qui placera brièvement la légende de l'écran français au cœur d'un haut lieu du glamour et de la modernité au Moyen-Orient.
À l'époque, Beyrouth était célébrée comme le "Paris du Moyen-Orient", connue pour ses hôtels luxueux, sa vie nocturne animée et son mélange cosmopolite de cultures.

Mimi Raad, une célèbre consultante libanaise en image qui dirige le département image de la chaîne MBC1, a déclaré à Arab News : "Les années 60 étaient considérées comme l'âge d'or de Beyrouth. Les femmes libanaises, connues à l'époque comme les plus avant-gardistes et les plus élégantes du Moyen-Orient, étaient fascinées par le style emblématique de Brigitte Bardot ainsi que par son insouciance et sa liberté. La haute société libanaise s'inspirait du glamour européen et Brigitte Bardot représentait ce souffle de nouveauté dans le style et l'attitude".

"Ses visites au Liban ont renforcé l'image du Liban en tant que destination méditerranéenne glamour, souvent comparée à Saint-Tropez, renforçant la réputation de Beyrouth en tant que centre cosmopolite et destination de vacances à la mode qui reflétait les endroits les plus chics d'Europe à l'époque.

De son côté, Hadia Sinno, consultante libanaise en matière de style, a parlé à Arab News de l'admiration qu'elle voue depuis toujours à Bardot. "Depuis mon plus jeune âge, Brigitte Bardot est une icône que j'admire profondément, non seulement pour sa beauté, mais aussi pour son style sans effort, sa simplicité naturelle et cet art de vivre français incomparable. J'ai toujours été captivée par son look, en particulier par les bandeaux qu'elle portait dans les cheveux et les hauts à épaules découvertes qui la caractérisaient", a-t-elle déclaré.

"Pour nous, Libanais, il y a toujours eu un lien spécial. Nous aimons profondément le style français, et sa visite au Liban reste un événement légendaire qui a jeté un pont entre nos deux cultures. Au-delà du grand écran, elle est devenue une force de la nature, en prenant la tête du mouvement anti-fourrure qui a choqué le monde et l'industrie de la mode.

"Avec ses jupes fluides, ses cheveux en désordre et son assurance enjouée, elle ne s'est pas contentée de porter des vêtements, elle a défini une époque. Une véritable icône.

"Et même si nous n'avions pas beaucoup entendu parler d'elle ces dernières années, c'est avec une profonde tristesse que nous avons appris son décès.


Le romancier Hassan Daoud a déclaré à Arab News : "À l'époque, Beyrouth grouillait de vie artistique et culturelle, et certains des plus anciens restaurants de la ville affichent encore les photos des célèbres artistes français et américains qui les fréquentaient".

M. Daoud a raconté l'histoire d'un ami qui travaillait à l'époque à la Direction générale de la sécurité. Il raconte que lorsque Bardot est arrivée à Beyrouth par bateau et qu'elle a dû être transférée dans un petit bateau pour atteindre la côte, il l'a aidée en lui tenant la main. Il ne s'est pas lavé les mains de la journée pour garder la sensation de sa main contre la sienne.

Bardot séjourna au célèbre hôtel cinq étoiles Phoenicia, où des célébrités internationales se prélassaient au bord de la piscine et côtoyaient les élites de la jet-set. Les paparazzis l'ont photographiée au bord de la piscine, en mode célébrités détendues, emblématique à la fois de son attrait mondial et de la scène vibrante de Beyrouth.

Pendant son court séjour, l'actrice s'est promenée dans le vieux souk de Beyrouth, le marché animé qui était à l'époque une fusion de marchands vendant des bijoux, des montres et des produits de luxe.

Elle a visité Assaad Georges Daou, un bijoutier célèbre pour avoir créé des pièces pour la royauté et les stars de cinéma, ce qui témoigne de la réputation de Beyrouth en tant que centre de la mode et du style dans la région.

Mme Bardot s'est également aventurée au-delà de la capitale pour se rendre à Byblos, une ancienne ville portuaire phénicienne qui offre des vues étincelantes sur la mer et des ruines historiques.

Elle y a flâné dans le port pittoresque et le vieux souk, dégusté des fruits de mer locaux et profité des loisirs en bord de mer qui reflétaient l'allure méditerranéenne décontractée qu'elle incarnait à l'écran.

Son départ du Liban s'inscrivait dans le cadre d'une croisière en Méditerranée. Selon certains témoignages, le voyage a été interrompu par des problèmes mécaniques qui ont bloqué le navire brièvement en mer.

Le chercheur et écrivain Walid Nuwayhid, spécialisé en philosophie et en histoire, a évoqué cette époque où Beyrouth était un pôle d'attraction pour les acteurs, les artistes et les intellectuels de diverses nationalités.  

"Ils venaient se détendre sur ses célèbres plages, dont la piscine Saint-Georges et les piscines du quartier Ramlet Al-Bayda, qui ont disparu avec le déclenchement de la guerre civile dans les années 1970.

Nuwayhid ajoute : "Des artistes célèbres, dont Johnny Hallyday, fréquentaient les hôtels Phoenicia et Vendome, ainsi que la rue Zaytouna, qui regorgeait de bars et de lieux de vie nocturne animés. Ils fréquentaient également le Casino du Liban, le seul casino du Moyen-Orient à l'époque."

"Le Liban était un lieu de tournage de films étrangers et accueillait le Festival international du film de Beyrouth. Malgré les ressources limitées du Liban, le festival occupait une place importante sur la scène artistique mondiale", a-t-il ajouté.

L'aéroport de Beyrouth était à l'époque la seule grande porte d'entrée entre l'Europe et l'Asie. Il n'y avait pas d'aéroport à Dubaï et l'Égypte était en cours de nationalisation socialiste, ce qui a provoqué l'exode des communautés étrangères vers le Liban ou vers l'Europe. Le Liban était le seul refuge en raison de son ouverture et de la liberté dont il jouissait. Les générations qui nous ont précédés connaissaient l'importance de ce pays, ils ont donc construit une économie basée sur la fourniture de services qui répondent aux besoins, une économie basée sur l'aéroport, le port, l'imprimerie, l'hôpital, l'école, le café, qui tous fournissaient des services à la région et à ses environs, ils ont donc quitté Alexandrie et sont venus à Beyrouth".

Bardot est devenue une star mondiale après avoir joué dans "Et Dieu créa la femme" en 1956. Elle a joué dans une cinquantaine d'autres films avant de prendre sa retraite en 1973.

Bardot a ensuite consacré plus de quatre décennies à la protection des animaux, une mission qui a trouvé un écho auprès des groupes de protection des animaux dans le monde entier, y compris au Liban.

L'association Beirut for the Ethical Treatment of Animals a publié sur les réseaux sociaux un hommage sincère, saluant sa mort avec une "immense tristesse" et soulignant son "engagement inébranlable" dans leur mission.

"Aujourd'hui, nous disons au revoir à Brigitte Bardot - une âme légendaire dont l'amour pour les animaux a transformé d'innombrables vies. Du grand écran aux premières lignes de la protection animale, elle a consacré plus de quatre décennies à la protection de ceux qui ne peuvent pas parler pour eux-mêmes", peut-on lire dans le message.

"Grâce à la Fondation Brigitte Bardot, elle a transformé la compassion en action et a inspiré le monde à se préoccuper davantage des animaux, à les aimer plus férocement et à défendre ceux qui n'ont pas de voix.

"Chez BETA, nous exprimons notre profonde gratitude à Brigitte Bardot et à la Fondation Brigitte Bardot pour leur soutien généreux et leur engagement inébranlable.

"Votre gentillesse a renforcé notre mission, a apporté de l'espoir là où il y avait du désespoir, et a aidé à sauver tant de vies précieuses.

La visite de Brigitte Bardot a laissé une image durable du Liban en tant que centre de style international et de sophistication.


Vers l’infini et au‑delà – Goldorak, 50 ans d’inspiration

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  •  50 ans après sa création, la série animée Goldorak continue de marquer l’imaginaire arabe
  • Arab News Japan s’entretient avec son créateur Go Nagai, des fans du Moyen-Orient, et revient sur l’histoire du robot OVNI chargé de protéger notre planète

​​​​​​LONDON: Peu d’importations culturelles ont franchi les frontières de manière aussi inattendue — et aussi puissante — que Goldorak, le robot géant japonais qui, il y a un demi-siècle, est devenu un héros de l’enfance à travers le monde arabe, et plus particulièrement en Arabie saoudite.

Créé au Japon au milieu des années 1970 par le mangaka Go Nagai, Goldorak s’inscrivait dans la tradition des « mecha », ces récits de robots géants. Le genre, façonné par l’expérience japonaise de la Seconde Guerre mondiale, explorait les thèmes de l’invasion, de la résistance et de la perte à travers le prisme de la science-fiction.

Si la série a rencontré un succès modéré au Japon, c’est à des milliers de kilomètres de là, au Moyen-Orient, que son véritable héritage s’est construit.

L’anime « UFO Robot Goldorak » est arrivé à la télévision dans la région en 1979, doublé en arabe et diffusé pour la première fois au Liban, en pleine guerre civile. L’histoire du courageux Actarus, prince exilé dont la planète a été détruite par des envahisseurs extraterrestres, a profondément résonné chez les enfants grandissant dans un contexte de conflits régionaux et d’occupation par Israël.

Ses thèmes — la défense de la patrie, la résistance à l’agression et la protection des innocents — faisaient douloureusement écho aux réalités de la région, transformant la série d’un simple divertissement en un véritable refuge émotionnel.

Une grande partie de l’impact de la série tenait à la réussite de son arabisation. Le doublage arabe puissant et le jeu vocal chargé d’émotion, notamment celui de l’acteur libanais Jihad El-Atrash dans le rôle d’Actarus, ont conféré à la série une gravité morale inégalée par les autres dessins animés de l'époque.

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Au début des années 1980, Goldorak s'était répandu à travers le Moyen-Orient, inspirant des communautés de fans en Arabie saoudite, au Koweït, en Irak et au-delà. (Fourni)

Le générique de la série, interprété par Sami Clark, est devenu un hymne que le chanteur libanais a continué à interpréter lors de concerts et de festivals jusqu’à son décès en 2022.

Au début des années 1980, Goldorak s’était répandu à travers le Moyen-Orient, inspirant des communautés de fans en Arabie saoudite, au Koweït, en Irak et au-delà. Pour beaucoup, il s’agissait non seulement d’un premier contact avec les anime japonais, mais aussi d’une source d’enseignements sur des valeurs telles que la justice et l’honneur.

L’influence de Goldorak dans la région a été telle qu’il a fait l’objet de recherches universitaires, qui ont non seulement mis en lumière la manière dont le sort des personnages résonnait auprès du public du Moyen-Orient, mais ont aussi relié sa popularité aux souvenirs générationnels de l’exil, en particulier à la Nakba palestinienne.

Un demi-siècle plus tard, Goldorak demeure culturellement vivant et pertinent dans la région. En Arabie saoudite, qui avait pleinement adopté la version originale de la série, Manga Productions initie aujourd’hui une nouvelle génération de fans à une version modernisée du personnage, à travers un jeu vidéo, The Feast of The Wolves, disponible en arabe et en huit autres langues sur des plateformes telles que PlayStation, Xbox et Nintendo Switch, ainsi qu’une nouvelle série animée en langue arabe, «  Goldorak U », diffusée l’an dernier.

Cinquante ans après les débuts de la série, « Goldorak » est de retour — même si, pour toute une génération de fans de la série originale, dont les étagères regorgent encore de produits dérivés et de souvenirs, il n’est en réalité jamais vraiment parti.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com