PARIS: Les Français votaient dimanche un peu moins nombreux qu'il y a une semaine pour le second tour des élections législatives dont l'issue déterminera la marge de manœuvre du président Emmanuel Macron pour les cinq prochaines années face à une gauche en ordre de bataille.
L'abstention devrait être très élevée, ajoutant encore de l'incertitude sur le résultat. Selon les estimations de cinq instituts de sondages, elle se situera entre 53,5 et 54%, son deuxième plus haut niveau pour ce scrutin.
La participation à 15H00 GMT atteignait 38,11% dimanche à 17h00 (15H00 GMT) en métropole, selon le ministère de l'Intérieur, un chiffre en baisse de 1,31% par rapport au premier tour, il y a une semaine, mais en hausse par rapport au second tour des législatives de 2017 où elle atteignait 35,33% à la même heure.
Les bureaux de vote fermeront à 16H00 GMT à l'exception des grandes villes où le délai court jusqu'à 18H00 GMT, heure de publication des premières estimations. Si le scrutin est très serré, la répartition précise des 577 sièges à l'Assemblée nationale pourrait n'être connue que tard dans la nuit.
Les derniers sondages autorisés vendredi suggèrent que la coalition du président centriste libéral, réélu le 24 avril, devrait obtenir une majorité relative, mais pas nécessairement la majorité absolue de 289 députés indispensable pour conduire les réformes annoncées.
Une majorité relative l'obligerait à rechercher en permanence le soutien d'autres groupes politiques pour approuver les projets de loi.
Au premier tour, la majorité sortante est arrivée au coude-à-coude autour de 26% des voix avec l'alliance de gauche de Jean-Luc Mélenchon qui a réussi à rassembler socialistes, écologistes, communistes et son propre mouvement de gauche radicale.
Pour la gauche unie - une première depuis des décennies -, l'enjeu est d'imposer une cohabitation au chef de l'Etat mais l'hypothèse semble peu probable, faute de réserve de voix. Elle est toutefois d'ores et déjà quasi assurée de constituer le principal bloc d'opposition à l'Assemblée, rôle jusque-là endossé par la droite.
Recomposition politique en trois blocs
Dans la dernière ligne droite, Emmanuel Macron, qui s'est rendu pour la première fois à Kiev jeudi, a dramatisé l'enjeu, disant que la guerre en Ukraine touchait le quotidien des Français et insistant sur le "besoin d'une France vraiment européenne qui puisse parler d'une voix claire et nette".
Il a aussi brandi l'épouvantail des "extrêmes", dont la victoire viendrait selon lui semer le "désordre" en France, les accusant de vouloir sortir de l'Union européenne (UE).
Ce scrutin parachève un long cycle électoral qui aura confirmé une vaste recomposition politique de la France autour de trois blocs au détriment des partis traditionnels de droite et de gauche, entamée avec l'élection de M. Macron en 2017.
Dans un bureau de vote de Lyon (centre) Wagner Théaud, développeur Web de 39 ans accompagné de son fils, a "oublié de voter" au premier tour car il n'a "pas suivi la campagne".
En banlieue parisienne, Nassim Djilali, un consultant âgé de 32 ans, confie n'avoir pas voté à une élection nationale depuis 2012. "Je ne vote qu'aux municipales, parce que le maire fait des choses concrètes sur la ville", explique-t-il.
Les Français se seront rendus au total aux urnes pas moins de quatre fois en deux ans, dans un contexte de crises successives, de la pandémie de Covid-19 à la guerre en Ukraine à la hausse de l'inflation et des menaces sur l'économie.
L'autre enjeu du scrutin est la progression de l'extrême droite derrière Marine Le Pen, finaliste à la présidentielle face à M. Macron en 2017 et en 2022.
Son parti, le Rassemblement national (RN), espère atteindre la barre des 15 députés pour former un groupe à l'Assemblée nationale, pour la deuxième fois dans l'histoire du parti, après 1986.
Quant à la droite classique, qui table sur une soixantaine de députés, elle pourrait paradoxalement se retrouver en position d'arbitre dans la future Assemblée.
Parmi les premiers résultats provenant d'outre-mer, où le second tour a débuté samedi, la nouvelle secrétaire d'Etat chargée de la Mer Justine Benin a été battue en Guadeloupe par le candidat de gauche.
Conformément à une règle non écrite mais déjà appliquée en 2017 par Emmanuel Macron, Mme Benin devra, à peine nommée, quitter le gouvernement.
Cela pourrait aussi être le cas de plusieurs autres ministres, dont Clément Beaune (Europe) Amélie de Montchalin (Transition écologique) ou Stanislas Guerini (Fonction publique), chef du parti présidentiel, engagés dans des duels serrés face à la gauche en région parisienne.