Propagande djihadiste: Dix ans de prison pour l'Algérien Saber Lahmar

L'ex-détenu algérien de Guantanamo Saber Lahmar lors d'un entretien le 23 mai 2011 à Bordeaux (Photo, AFP).
L'ex-détenu algérien de Guantanamo Saber Lahmar lors d'un entretien le 23 mai 2011 à Bordeaux (Photo, AFP).
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Publié le Vendredi 17 juin 2022

Propagande djihadiste: Dix ans de prison pour l'Algérien Saber Lahmar

  • Le tribunal a retenu contre Saber Lahmar des prêches et des propos «où il justifiait le départ en Syrie et en Irak», établis par des enregistrements ou des témoignages de proches
  • Les magistrates l'ont en outre condamné à une période de sûreté des deux tiers ainsi qu'à une interdiction définitive du territoire français

PARIS : L'Algérien Saber Lahmar, innocenté de Guantanamo mais jugé en mai à Paris pour avoir incité des candidats au djihad à partir en Irak ou Syrie, a été condamné vendredi à dix ans de prison par le tribunal qui a revanche relaxé celui que l'accusation voyait comme son «second».

La 16e chambre du tribunal correctionnel de Paris, spécialisée en matière de terrorisme, a considéré que cet homme né en 1969 avait, via des prêches et des conversations, «joué un rôle actif» dans plusieurs départs aux conséquences importantes, puisqu'un homme est présumé mort depuis fin 2015.

Né en Algérie, Saber Lahmar fait une licence en sciences islamiques et, selon la justice, devient membre du Groupe islamique armé (GIA).

Il part ensuite quelques années terminer ses études à Médine, en Arabie saoudite, avant d'apparaître en Bosnie-Herzégovine entre 1996 et 2001, où il travaille notamment dans une grande mosquée de Sarajevo considérée comme un lieu de rassemblement d'islamistes.

Les Bosniens le livrent aux Américains début 2002 avec cinq autres Algériens, soupçonnés d'avoir fomenté un attentat contre l'ambassade des Etats-Unis.

Il est transféré dans la prison militaire de Guantanamo, sur l'île de Cuba, où il est détenu jusqu'en 2008 et subit des tortures, avant d'être innocenté par la justice américaine et d'être accueilli en France fin 2009.

Rapidement considéré comme un «guide religieux» par des membres de la communauté musulmane locale en Nouvelle-Aquitaine, il officie dans une salle de prière clandestine située au-dessus du restaurant à Bordeaux de Mohamed H., l'autre prévenu, puis régulièrement pour la prière du vendredi dans la mosquée de Saint-André-de-Cubzac (Gironde).

Le tribunal a retenu contre lui des prêches et des propos «où il justifiait le départ en Syrie et en Irak», établis par des enregistrements ou des témoignages de proches, ainsi que des conversations avec les personnes parties sur zone, après leur départ, où «il ne remettait pas en cause» celui-ci.

Les magistrates, qui ont suivi les réquisitions du parquet national antiterroriste (Pnat), l'ont en outre condamné à une période de sûreté des deux tiers ainsi qu'à une interdiction définitive du territoire français.

- «Particulière gravité» -

La 16e chambre a justifié sa décision par les importantes «conséquences provoquées» par les faits d'une «particulière gravité» qui lui sont reprochés : le départ d'Othman Yekhlef, probablement mort sur zone fin 2015, ainsi celui d'un couple et ses cinq enfants.

Le père, Salim Machou, est l'un des sept Français condamnés à mort en 2019 par la justice irakienne pour leur appartenance au groupe Etat islamique. Les enfants «ont vécu en zone de guerre» et «sont retenus depuis 2017 dans un camp du Rojava», a déploré le tribunal.

Pendant toute l'audience, M. Lahmar avait rejeté constamment les accusations. Ses avocats, Me Christian Blazy et Alix de Villanove, ont annoncé qu'ils allaient faire appel.

«Sous prétexte qu'il avait une certaine aura de par sa culture islamique, on le condamne sans preuve, pour avoir facilité le départ d'une famille vers la zone irako-syrienne alors qu'il n'avait objectivement aucun pouvoir pour le faire», ont-ils critiqué.

Mohamed H., coprévenu présenté par l'accusation comme le «second du +cheikh+ Lahmar» et né au Maroc en 1977, a en revanche été relaxé, malgré les réquisitions du Pnat de six ans d'emprisonnement.

Le tribunal a estimé que son «adhésion totale à l'idéologie de l'organisation Etat islamique» entre fin 2015 et mi 2017 était certes établie.

Mais «l'adhésion à une idéologie propagée par une organisation terroriste ne constitue pas une participation à une association de malfaiteurs terroriste», a souligné la présidente de la 16e chambre.

Au cours de l'audience, Mohamed H. avait reconnu pour la première fois sa «radicalisation» passée, un «réel cheminement d'introspection» selon la 16e chambre, qui a en outre jugé qu'aucun élément ne prouvait qu'il avait eu un rôle de propagande ou d'incitation au départ.

«La justice ne s’est pas contentée d’hypothèses ou de suppositions et a rendu une décision de justice fondée et à la motivation sans faille. Mon client va pouvoir reprendre le cours de sa vie. C’est un soulagement», s'est félicitée son avocate, Me Noémie Saidi-Cottier.


Première mission du porte-avions nucléaire français Charles de Gaulle aux Philippines

Le 6 juillet 1999, un prototype du Rafale M02 effectue un appontage sur la piste du porte-avions nucléaire Charles de Gaulle à Brest (Photo Getty Images)
Le 6 juillet 1999, un prototype du Rafale M02 effectue un appontage sur la piste du porte-avions nucléaire Charles de Gaulle à Brest (Photo Getty Images)
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  • L'ambassadrice de France a jugé dimanche que ces exercices militaires étaient « encore plus importants » en raison de la montée des tensions en mer de Chine méridionale.
  • La France cherche à réaffirmer son poids dans la région Asie-Pacifique, où la Chine et les États-Unis sont en concurrence pour exercer leur influence.

SUBIC BAY FREEPORT ZONE PHILIPPINES : Le porte-avions nucléaire français Charles de Gaulle a effectué sa première mission aux Philippines, où l'ambassadrice de France a jugé dimanche que ces exercices militaires étaient « encore plus importants » en raison de la montée des tensions en mer de Chine méridionale.

« Compte tenu de la montée des tensions, il est d’autant plus important de défendre le droit international et la liberté de navigation, que ce soit en mer ou dans les airs », a déclaré l'ambassadrice Marie Fontanel sur le pont du porte-avions, dans la baie de Subic, au nord de Manille.

Le groupe aéronaval a rejoint la marine des Philippines vendredi pour ces exercices.

Constitué de quelque 3 000 marins, il avait quitté le port de Brest en novembre pour une mission de plusieurs mois en mer Rouge, dans l'océan Indien et dans le Pacifique, durant laquelle il doit intégrer régulièrement des frégates ou des sous-marins de pays étrangers.

La France cherche à réaffirmer son poids dans la région Asie-Pacifique, où la Chine et les États-Unis sont en concurrence pour exercer leur influence.

Les Philippines cherchent pour leur part à renforcer leurs relations avec leurs alliés face aux confrontations régulières entre Manille et Pékin concernant la mer de Chine méridionale. Pékin y revendique en effet la majeure partie de cette voie navigable stratégique.

En novembre, Manille avait annoncé l'achat à la France de 40 vedettes rapides de patrouille dans le cadre d'un accord de 440 millions de dollars (environ 420 millions d'euros).


L'écrivain Boualem Sansal a entamé une grève de la faim, a déclaré son avocat

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  • « Je suis inquiet pour sa santé, comme pour la possibilité même d'un procès équitable », a affirmé Me François Zimeray, avocat français de l'écrivain, confirmant une information du JDD.
  • Selon Me Zimeray, qui a expliqué ne pas avoir obtenu de visa pour se rendre en Algérie afin de voir son client, Boualem Sansal aurait pris cette décision « en raison des pressions exercées contre lui pour changer d'avocat ».

PARIS : L'écrivain franco-algérien Boualem Sansal, incarcéré en Algérie depuis mi-novembre, a entamé lundi une grève de la faim, a indiqué son avocat dimanche à l'AFP, précisant tenir cette information d'une source judiciaire.

« Je suis inquiet pour sa santé, comme pour la possibilité même d'un procès équitable », a affirmé Me François Zimeray, avocat français de l'écrivain, confirmant une information du JDD.

Selon Me Zimeray, qui a expliqué ne pas avoir obtenu de visa pour se rendre en Algérie afin de voir son client, Boualem Sansal aurait pris cette décision « en raison des pressions exercées contre lui pour changer d'avocat ».

« Ni la pondération dans l'expression de sa défense, ni la retenue face à la campagne abjecte que j'ai subie dans certains médias algériens, ni le respect du cadre judiciaire de ce pays ne semblent avoir été appréciés par un régime qui persiste à me refuser le visa sans raison valable, privant Boualem Sansal de la défense de son choix », a martelé l'avocat.

Ce dernier a également affirmé que le protocole de soin suivi par Boualem Sansal avait été interrompu, alors que l'écrivain souffrirait d'un cancer, d'après des informations de presse.

Boualem Sansal est poursuivi en vertu de l'article 87 bis du Code pénal algérien, qui sanctionne comme acte terroriste ou subversif tout acte visant la sûreté de l'État, l'intégrité du territoire, la stabilité et le fonctionnement normal des institutions.

Selon le quotidien français Le Monde, le pouvoir algérien aurait mal pris les déclarations de Boualem Sansal au média français Frontières, réputé d'extrême droite, reprenant la position du Maroc selon laquelle le territoire de ce dernier pays aurait été amputé sous la colonisation française au profit de l'Algérie.

Son incarcération a provoqué les protestations de nombreux intellectuels et écrivains, qui estiment les poursuites sans aucun fondement.

Boualem Sansal a longtemps affirmé être né en 1949, ce qui lui donnerait aujourd'hui 75 ans. En décembre, son éditeur Antoine Gallimard avait pour sa part indiqué qu'il était en vérité né en 1944 et avait donc 80 ans.


Immigration : un conseil interministériel se réunit mercredi

Le ministre français de l'Intérieur Bruno Retailleau (C) serre la main d'un agent de la police nationale française dans une caserne de pompiers après une attaque au couteau à Mulhouse, dans l'est de la France, où un homme est soupçonné d'avoir tué une personne et grièvement blessé deux agents de police, le 22 février 2025 (Photo par SEBASTIEN BOZON / AFP)
Le ministre français de l'Intérieur Bruno Retailleau (C) serre la main d'un agent de la police nationale française dans une caserne de pompiers après une attaque au couteau à Mulhouse, dans l'est de la France, où un homme est soupçonné d'avoir tué une personne et grièvement blessé deux agents de police, le 22 février 2025 (Photo par SEBASTIEN BOZON / AFP)
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  • Ce conseil, qui était prévu avant l'attaque de Mulhouse, « se réunira ce mercredi », a déclaré Jean-Noël Barrot lors d'un entretien avec Europe 1 et CNews, où il était interrogé sur l'attaque de samedi.
  • Interrogé sur TF1, le ministre de l'Intérieur, Bruno Retailleau, a indiqué que le suspect faisait l'objet d'une obligation de quitter le territoire français (OQTF) et a accusé l'Algérie de l'avoir refoulé à 10 reprises.

PARIS : Le gouvernement français réunira un conseil interministériel de contrôle de l'immigration mercredi, alors qu'une attaque au couteau, perpétrée par un Algérien en situation irrégulière, a fait un mort samedi à Mulhouse, a assuré dimanche le ministre des Affaires étrangères.

Ce conseil, qui était prévu avant l'attaque de Mulhouse, « se réunira ce mercredi », a déclaré Jean-Noël Barrot lors d'un entretien avec Europe 1 et CNews, où il était interrogé sur l'attaque de samedi.

Au cours de l'entretien, le ministre a été interrogé sur les discussions avec ses homologues algériens concernant les obligations de quitter le territoire français (OQTF).

« Cette attaque terroriste nous appelle à amplifier encore la mobilisation qui est la nôtre pour mieux contenir et prévenir les conséquences de la présence de ce terroriste islamiste sur le territoire national », a estimé le ministre avant d'évoquer le conseil interministériel.

Interrogé sur TF1, le ministre de l'Intérieur, Bruno Retailleau, a indiqué que le suspect faisait l'objet d'une obligation de quitter le territoire français (OQTF) et a accusé l'Algérie de l'avoir refoulé à 10 reprises.

Le Premier ministre, François Bayrou, a d'ailleurs convoqué un conseil interministériel de contrôle de l'immigration ce mercredi. « Nous devons faire plus et nous devons faire mieux », a-t-il déclaré.

M. Barrot a également affirmé avoir demandé « aux 19 ambassadeurs, dans les pays où nous rencontrons le plus de difficultés pour renvoyer les étrangers en situation irrégulière, à me faire un rapport circonstanciel dont je présenterai les résultats ce mercredi au Premier ministre pour que nous puissions prendre des mesures fortes ».

« Il y a des pays vis-à-vis desquels il nous faut effectivement prendre des mesures fortes. Il y en a d'autres où, au contraire, il nous faut des mesures d'accompagnement », a-t-il ajouté.