Présidentielle en Colombie: Gustavo Petro, ou la promesse du «changement»

Gustavo Petro, arrivé en tête du premier tour de la présidentielle en Colombie, se considère toujours à 62 ans comme un «révolutionnaire» (Photo, AFP).
Gustavo Petro, arrivé en tête du premier tour de la présidentielle en Colombie, se considère toujours à 62 ans comme un «révolutionnaire» (Photo, AFP).
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Publié le Vendredi 17 juin 2022

Présidentielle en Colombie: Gustavo Petro, ou la promesse du «changement»

  • La révolte de Gustavo Petro, issu de la classe moyenne et éduqué par des prêtres, prend racine dans son rejet du coup d'Etat militaire au Chili en 1973 contre le président Salvador Allende
  • Admirateur du Nobel de littérature Gabriel Garcia Marquez, il avait adopté pendant sa clandestinité le nom d'Aureliano, personnage de «Cent ans de solitude»

BOGOTA: C'est la troisième et dernière fois qu'il se présente à la présidentielle, assure-t-il, mais cette fois pourrait être la bonne : vieux routier de la politique colombienne, ex-guérillero, maire de gauche et désormais sénateur, Gustavo Petro, arrivé en tête du premier tour de la présidentielle en Colombie, se considère toujours à 62 ans comme un "révolutionnaire".

"J'ai consacré ma carrière à ce combat pour la justice sociale, contre les inégalités et la corruption", a-t-il encore rappelé mardi, se disant "prêt à conduire le destin" du pays et à "gouverner par l'amour et non par la haine".

Alors qu'il anticipait un classique duel face à la droite, la qualification surprise de l'indépendant Rodolfo Hernandez pour le second tour dimanche a changé la donne, tous deux se présentant en rupture avec l'élite qui dirige le pays depuis toujours.

"Après tant d'années d'un système dirigé par les mêmes personnes et qui ne fonctionne pas pour la majorité, le changement est l'aspiration et la lutte de toute la Colombie", souligne-t-il.

«Une vie, plusieurs vies»

Le leader de la coalition de gauche du "Pacte historique" le répète à l'envi : il ne veut rien de moins que changer le cours de "200 ans d'histoire".

"Faire des discours fait aujourd'hui partie de ma nature", écrit-il dans ses mémoires intitulées "Une vie, plusieurs vies". Un talent qui s'est cependant avéré être une faiblesse face à son rival Hernandez, roi du franc-parler et de la bonne blague, faisant paraître Petro comme parfois trop professoral ou sentencieux.

Petro effraie les conservateurs, hommes d'affaires, grands propriétaires et militaires, qui craignent un "saut dans le vide" si la gauche l'emporte, agitant l'épouvantail du "communisme" ou l'exemple du Venezuela voisin "socialiste bolivarien" plongé dans la crise.

Ses adversaires se font un plaisir de l'attaquer sur son passé au sein du M-19, une guérilla urbaine d'extrême gauche qui a signé un accord de paix en 1990.

Le candidat du "changement" se décrit comme un "progressiste" plutôt que comme un "gauchiste", conscient du rejet que le terme peut susciter dans un pays martyrisé par six décennies de conflit avec différentes guérillas.

Il incarne néanmoins toujours une gauche latino-américaine classique, héritière des années 60/80, en léger décalage avec une nouvelle génération plus soucieuse d'écologie, de féminisme et d'antiracisme que représente sa colistière, la charismatique afro-colombienne Francia Marquez.

«En déconstruction»

La révolte de Gustavo Petro, issu de la classe moyenne et éduqué par des prêtres, prend racine dans son rejet du coup d'Etat militaire au Chili en 1973 contre le président Salvador Allende, ainsi que dans une présumée "fraude électorale" à la même période contre un parti populaire colombien.

Admirateur du Nobel de littérature Gabriel Garcia Marquez, il avait adopté pendant sa clandestinité le nom d'Aureliano, personnage de "Cent ans de solitude".

Mais il a toujours été un combattant "médiocre", ont raconté ses compagnons d'armes. Arrêté et torturé par l'armée, il a été emprisonné pendant un an et demi.

Dans ses mémoires, il reconnait n'avoir jamais eu la "vocation militaire (...) ce que je voulais faire c'était la révolution". Une étiquette de "révolutionnaire" qu'il revendique toujours, avec son souci d'aider "les plus pauvres".

L'un des mots phares de sa campagne -"la vie"- est inspiré de son catholicisme, influencé par la Théologie de la libération. Il est d'ailleurs l'unique candidat de cette élection à avoir rencontré le pape François.

En cas de victoire, les militaires devront lui jurer fidélité et accepter les négociations de paix qu'il souhaite relancer avec les rébellions toujours actives, ainsi que l'offre qu'il compte proposer aux narcotrafiquants de se soumettre à la justice.

Menacé de mort et contraint à un exil de trois ans en Europe, Petro est aujourd'hui un des hommes politiques les plus protégés, après être devenu député, sénateur, puis maire de Bogota de 2012 à 2015.

Comme parlementaire, il a dénoncé les liens entre politiques et groupe paramilitaires d'extrême droite. Mais son passage à la mairie de la capitale a laissé un souvenir mitigé, l'image d'un homme autoritaire, médiocre gestionnaire.

Un de ses conseillers à cette époque, Daniel Garcia-Peña, critique son "despotisme" et sa "difficulté à travailler en équipe", tout en reconnaissant sa connaissance du pays. D'autres lui reprochent une forme de messianisme, de se croire un destin avec un peu trop d'ego.

Passionné de géographie, Gustavo Petro est marié et père de six enfants de plusieurs femmes. Dans une récente interview, sa fille adolescente Sofia s'est félicitée de "considérer son père comme un homme en déconstruction, une grande victoire pour le féminisme".

Colombie: Rodolfo Hernandez, l'invité surprise de la présidentielle

C'est la grande surprise de la présidentielle en Colombie. Rodolfo Hernandez, un millionnaire quasi-octogénaire, a mis la droite traditionnelle hors course et affronte dimanche au second tour l'opposant de gauche Gustavo Petro.

Sa formule magique : sus à la corruption, aux "voleurs" et à l'argent jeté par les fenêtres par la "bureaucratie, pour au final des idées parfois bien difficiles à cerner.

Parmi son patchwork de mesures : la "fermeture d'ambassades" colombiennes dans le monde pour amortir les prêts étudiants ou l'obligation pour tous les Colombiens de faire du sport et d'aller au moins une fois à la mer.


Mandats d'arrêt de la CPI : réaction outrées en Israël, un nouveau «procès Dreyfus» dit Netanyahu

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JERUSALEM: L'annonce par la Cour pénale internationale (CPI) de mandats d'arrêt contre le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu et son ex-ministre de la Défense Yoav Gallant a suscité des réactions outrées en Israël, M. Netanyahu comparant la décision de la Cour à un nouveau "procès Dreyfus".

"La décision antisémite de la Cour pénale internationale est comparable à un procès Dreyfus d'aujourd'hui qui se terminera de la même façon", a déclaré le chef du gouvernement dans un communiqué diffusé par son bureau.

Condamné pour espionnage, dégradé et envoyé au bagne à la fin du XIXe siècle en France, le capitaine français de confession juive Alfred Dreyfus avait été innocenté et réhabilité quelques années plus tard. L'affaire Dreyfus a profondément divisé la société française et révélé l'antisémitisme d'une grande partie de la population.

"Israël rejette avec dégoût les actions absurdes et les accusations mensongères qui le visent de la part de la [CPI]", dont les juges "sont animés par une haine antisémite à l'égard d'Israël", ajoute M. Netanyahu.

La CPI "a perdu toute légitimité à exister et à agir" en se comportant "comme un jouet politique au service des éléments les plus extrêmes oeuvrant à saper la sécurité et la stabilité au Moyen-Orient", a réagi son ministre des Affaires étrangères, Gideon Saar, sur X.

La CPI a émis jeudi des mandats d'arrêt contre MM. Netanyahu et Gallant "pour crimes contre l'humanité et crimes de guerre commis au moins à partir du 8 octobre 2023 jusqu'au 20 mai 2024", et contre Mohammed Deif, chef de la branche armée du Hamas "pour crimes contre l'humanité et crimes de guerre présumés commis sur le territoire de l'Etat d'Israël et de l'Etat de Palestine depuis au moins le 7 octobre 2023", date de l'attaque sans précédent du mouvement palestinien contre Israël à partir de Gaza ayant déclenché la guerre en cours.

"Jour noir" 

"C'est un jour noir pour la justice. Un jour noir pour l'humanité", a écrit sur X le président israélien, Isaac Herzog, pour qui la "décision honteuse de la CPI [...] se moque du sacrifice de tous ceux qui se sont battus pour la justice depuis la victoire des Alliés sur le nazisme [en 1945] jusqu'à aujourd'hui".

La décision de la CPI "ne tient pas compte du fait qu'Israël a été attaqué de façon barbare et qu'il a le devoir et le droit de défendre son peuple", a ajouté M. Herzog, jugeant que les mandats d'arrêt étaient "une attaque contre le droit d'Israël à se défendre" et visent "le pays le plus attaqué et le plus menacé au monde".

Itamar Ben Gvir, ministre de la Sécurité nationale, et chantre de l'extrême droite a appelé à réagir à la décision de la CPI en annexant toute la Cisjordanie, territoire palestinien occupé par Israël depuis 1967, et en y étendant la colonisation juive.

"Israël défend les vies de ses citoyens contre des organisations terroristes qui ont attaqué notre peuple, tué et violé. Ces mandats d'arrêt sont une prime au terrorisme", a déclaré le chef de l'opposition, Yaïr Lapid, dans un communiqué.

"Pas surprenant" 

Rare voix discordante, l'organisation israélienne des défense des droits de l'Homme B'Tselem a estimé que la décision de la CPI montre qu'Israël a atteint "l'un des points les plus bas de son histoire".

"Malheureusement, avec tout ce que nous savons sur la conduite de la guerre qu'Israël mène dans la bande de Gaza depuis un an [...] il n'est pas surprenant que les preuves indiquent que [MM. Netanyahu et Gallant] sont responsables de crimes de guerre et de crimes contre l'humanité", écrit l'ONG dans un communiqué.

Elle appelle par ailleurs "tous les Etats parties [au traité de Rome ayant institué la CPI] à respecter les décisions de la [Cour] et à exécuter ces mandats".

L'attaque sans précédent du Hamas contre Israël le 7 octobre 2023 a entraîné la mort de 1.206 personnes, majoritairement des civils, selon un décompte de l'AFP basé sur les données officielles, incluant les otages tués ou morts en captivité à Gaza.

La campagne de représailles militaires israéliennes sur la bande de Gaza a fait au moins 44.056 morts, en majorité des civils, selon les données du ministère de la Santé du Hamas pour Gaza, jugées fiables par l'ONU.

 


Le président chinois appelle à un cessez-le-feu à Gaza

Xi s'exprimait à Brasilia, où il a été reçu mercredi par le président brésilien Luiz Inacio Lula da Silva pour une visite d'Etat. (AFP)
Xi s'exprimait à Brasilia, où il a été reçu mercredi par le président brésilien Luiz Inacio Lula da Silva pour une visite d'Etat. (AFP)
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  • Le président chinois Xi Jinping a appelé mercredi à un cessez-le-feu dans la bande de Gaza et à "mettre fin rapidement à la guerre", a rapporté l'agence officielle Chine nouvelle
  • Les Etats-Unis ont empêché mercredi le Conseil de sécurité de l'ONU d'appeler à un cessez-le-feu "immédiat, inconditionnel et permanent" à Gaza, un nouveau veto en soutien à leur allié israélien dénoncé avec force par les Palestiniens

BRASILIA: Le président chinois Xi Jinping a appelé mercredi à un cessez-le-feu dans la bande de Gaza et à "mettre fin rapidement à la guerre", a rapporté l'agence officielle Chine nouvelle.

Il s'est dit "préoccupé par l'extension continue du conflit à Gaza" et a demandé la mise en œuvre de la solution à deux Etats et "des efforts inlassables en vue d'un règlement global, juste et durable de la question palestinienne".

Xi s'exprimait à Brasilia, où il a été reçu mercredi par le président brésilien Luiz Inacio Lula da Silva pour une visite d'Etat.

Les Etats-Unis ont empêché mercredi le Conseil de sécurité de l'ONU d'appeler à un cessez-le-feu "immédiat, inconditionnel et permanent" à Gaza, un nouveau veto en soutien à leur allié israélien dénoncé avec force par les Palestiniens.

 


L'envoyé américain Hochstein va rencontrer Netanyahu jeudi

L'envoyé américain Amos Hochstein cherche à négocier un cessez-le-feu dans la guerre entre Israël et le Hezbollah. (AP)
L'envoyé américain Amos Hochstein cherche à négocier un cessez-le-feu dans la guerre entre Israël et le Hezbollah. (AP)
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  • L'émissaire américain Amos Hochstein, qui tente de faire aboutir un cessez-le-feu entre Israël et le Hezbollah libanais, doit rencontrer jeudi le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu

JERUSALEM: L'émissaire américain Amos Hochstein, qui tente de faire aboutir un cessez-le-feu entre Israël et le Hezbollah libanais, doit rencontrer jeudi le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu, a-t-on appris de source officielle.

Omer Dostri, porte-parole de M. Netanyahu, a confirmé que les deux hommes devaient se voir dans la journée. La rencontre doit avoir lieu à 12H30 (10H30 GMT), selon un communiqué du Likoud, le parti du Premier ministre. Selon des médias israéliens, M. Hochstein a atterri en Israël mercredi soir en provenance du Liban et s'est entretenu dans la soirée avec Ron Dermer, ministre des Affaires stratégiques et homme de confiance de M. Netanyahu.