Législatives: les candidats tous azimuts pour le dernier jour de campagne

De retour d'Ukraine, Emmanuel Macron revient dans l'arène vendredi pour la dernière journée de campagne avant le second tour des législatives (Photo, AFP).
De retour d'Ukraine, Emmanuel Macron revient dans l'arène vendredi pour la dernière journée de campagne avant le second tour des législatives (Photo, AFP).
Short Url
Publié le Vendredi 17 juin 2022

Législatives: les candidats tous azimuts pour le dernier jour de campagne

  • Emmanuel Macron, qui se rendra dans l'après-midi au salon VivaTech consacré au numérique et ses innovations, avait demandé solennellement mardi avant son voyage sur le conflit en Ukraine, une «majorité solide» aux Français
  • Les sondages ne garantissent pas une majorité absolue d'au moins 289 sièges pour le camp d'Emmanuel Macron

PARIS: Majorité absolue ou simple ? De retour d'Ukraine, Emmanuel Macron revient dans l'arène vendredi pour la dernière journée de campagne avant le second tour des législatives où se joue le sort de son deuxième quinquennat face à l'alliance de gauche et le RN.

Au lendemain d'un débat télévisé de l'entre-deux-tours qui s'est focalisé sur le pouvoir d'achat et les retraites entre Gabriel Attal pour la majorité, Clémentine Autain pour la Nupes et Jordan Bardella pour le RN, les candidats terminent à minuit une campagne envenimée entre macronistes et mélenchonistes.

La Première ministre Elisabeth Borne continue d'arpenter sa circonscription dans le Calvados, Marine Le Pen la sienne dans le Pas-de-Calais et Jean-Luc Mélenchon avec Julien Bayou tiendront une nouvelle conférence de presse dans la matinée à Paris.

Reprenant l'angle d'attaque de toute la macronie, le chef du Modem François Bayrou a mis en garde jeudi soir dans un autre débat du France 2 contre un "bazar universel" à l'Assemblée si Emmanuel Macron n'avait pas de majorité absolue et que la Nupes obtenait un grand groupe.

Emmanuel Macron, qui se rendra dans l'après-midi au salon VivaTech consacré au numérique et ses innovations, avait demandé solennellement mardi avant son voyage sur le conflit en Ukraine, une "majorité solide" aux Français, estimant que "rien ne serait pire que d'ajouter un désordre français au désordre mondial".

Des déclarations qui lui ont valu de fortes critiques de ses adversaires: la droite a raillé un "sauve-qui-peut politique", Jean-Luc Mélenchon "un sketch à la Trump" et Marine Le Pen une intervention "complètement inappropriée".

Ce voyage pèsera-t-il sur le vote de dimanche? Pour Jean-Daniel Lévy, directeur général de l'institut de sondages Harris Interractive, il est possible que ce déplacement "apparaisse soit comme une forme de désertion ou, à l'inverse, comme une forme de continuité pour le président de la République à l'égard d'enjeux internationaux qui apparaissent comme importants".

"Je ne pense pas que le fait que le président n'ait pas été en campagne sur le terrain dans les derniers jours constitue un élément (pour dimanche), mais plutôt le fait qu'il y ait peu de poids lourds autour de lui" pour faire campagne, explique le président de l'institut Elabe, Bernard Sananès.

Les sondages ne garantissent pas une majorité absolue d'au moins 289 sièges pour le camp d'Emmanuel Macron, à l'image de la dernière étude Elabe publiée vendredi matin pour BFMTV et L'Express, qui lui attribue entre 255 et 295 sièges.

A deux jours du second tour, le résultat demeure donc incertain: "Tout dépend de la dynamique de campagne, de l'abstention et du report de voix", explique à l'AFP M. Sananès.

«L'épouvantail» Mélenchon 

Avec moins d'un électeur sur deux qui s'est rendu aux urnes dimanche, la mobilisation sera un enjeu déterminant: "Y a-t-il des réserves de voix pour la Nupes? Parviendra-t-elle à mobiliser les plus jeunes qui ne sont pas allés au premier tour?", résume le politologue.

Pour la majorité sortante, la question de la participation se pose aussi: "Y a-t-il des réserves dans un électorat légitimiste qui n'aurait pas été voter en pensant que la victoire d'Emmanuel Macron était acquise?", se demande M. Sananès.

"Il y a une singularité par rapport à 2017", relève M. Lévy. "Les électeurs ont voté pour Emmanuel Macron à la présidentielle à hauteur de 28%, mais seulement à 26% pour Ensemble! lors des législatives", précise-t-il à l'AFP.

"La situation ne lui est pas favorable si on compare ces chiffres avec ceux d'il y a cinq ans quand un quart des électeurs avait soutenu Emmanuel Macron lors de la présidentielle et un tiers aux législatives", rappelle-t-il.

M. Lévy s'interroge sur la stratégie de la majorité sortante qui a fait de l'insoumis un "épouvantail" dans l'entre-deux-tours.

"D'un point de vue de l'opinion, la possibilité que Jean-Luc Mélenchon accède à Matignon apparaît comme quasi nulle. Donc la mobilisation contre lui ne s'opère pas suffisamment", explique-t-il.

La majorité sortante qui se présente sous l'étiquette Ensemble! (LREM, MoDem, Agir et Horizons) est arrivée dimanche au coude à coude autour de 26% des voix avec l'alliance de gauche (LFI, PS, EELV et PCF), devant le RN de Marine Le Pen (18,68%), un score nettement supérieur à celui de 2017 (13,2%).


« Attentat terroriste » en France : un mort, le ministre de l'Intérieur blâme l'Algérie sur l'immigration

La police scientifique française travaille sur le site d'une attaque au couteau où un homme est soupçonné d'avoir tué une personne et grièvement blessé deux policiers à Mulhouse, dans l'est de la France, le 22 février 2025. (Photo par SEBASTIEN BOZON / AFP)
La police scientifique française travaille sur le site d'une attaque au couteau où un homme est soupçonné d'avoir tué une personne et grièvement blessé deux policiers à Mulhouse, dans l'est de la France, le 22 février 2025. (Photo par SEBASTIEN BOZON / AFP)
Short Url
  • dans l'est de la France, un homme de 37 ans, fiché pour risque de « terrorisme », a tué une personne et blessé au moins trois policiers à l'arme blanche.
  • Selon le président Emmanuel Macron, il s'agit d'un « acte de terrorisme », tandis que le ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau a mis en cause la non-coopération de l'Algérie sur l'immigration.

MULHOUSE, FRANCE : Samedi, dans l'est de la France, un homme de 37 ans, fiché pour risque de « terrorisme », a tué une personne et blessé au moins trois policiers à l'arme blanche. Selon le président Emmanuel Macron, il s'agit d'un « acte de terrorisme », tandis que le ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau a mis en cause la non-coopération de l'Algérie sur l'immigration.

Selon des témoignages concordants obtenus par l'AFP, l'assaillant a crié « Allah u Akbar » (« Dieu est le plus grand » en arabe) à plusieurs reprises samedi, lors de l'attaque menée dans la ville de Mulhouse, ainsi que lors de son interpellation par les forces de l'ordre.

Selon le parquet de Mulhouse, l'assaillant a agressé les victimes avec un couteau, blessant notamment un Portugais de 69 ans qui est décédé.

Deux policiers municipaux ont été grièvement blessés, l'un à la carotide et l'autre au thorax, a affirmé à l'AFP le procureur de Mulhouse Nicolas Heitz. Si le second a pu sortir de l'hôpital, le premier doit être transféré dimanche au centre hospitalier de Colmar, à environ 40 kilomètres de Mulhouse. Trois autres policiers municipaux auraient été plus légèrement atteints, a précisé le procureur.

En déplacement au Salon de l'agriculture à Paris, Emmanuel Macron a dénoncé un « acte de terrorisme islamiste » qui ne fait pas de doute.

Nicolas Heitz a déclaré que le suspect était inscrit au fichier de traitement des signalements pour la prévention de la radicalisation à caractère terroriste.

Interrogé sur la chaîne TF1, le ministre de l'Intérieur, Bruno Retailleau, a indiqué que le suspect faisait l'objet d'une obligation de quitter le territoire français (OQTF) et accusé l'Algérie de l'avoir refusé à dix reprises.

« Une fois de plus, c'est le terrorisme islamiste qui a frappé. Et, une fois de plus, j'ajoute que ce sont les désordres migratoires qui sont aussi à l'origine de cet acte terroriste », a-t-il lancé.

Devant l'hôtel de police de Mulhouse, où il a rendu hommage au sang-froid des policiers, M. Retailleau a précisé que le suspect présentait également « un profil schizophrène » et que son acte présentait « une dimension psychiatrique ».

Selon des sources syndicales, le suspect était placé sous contrôle judiciaire avec assignation à résidence.

Les faits se sont déroulés à 15 h 40 (14 h 40 GMT), près d'un marché très animé du quartier populaire.

L'homme a d'abord blessé grièvement des agents de stationnement, puis un sexagénaire portugais, mortellement atteint d'un coup de couteau.

« Nous ne savons pas s'il s'est trouvé par hasard sur son chemin ou s'il a fait un acte de bravoure en s'interposant », a indiqué le ministre.

L'assaillant a ensuite été poursuivi par des policiers municipaux qui sont parvenus à le maîtriser sans faire usage d'armes à feu.

À la nuit tombée, plusieurs membres de la police scientifique s'affairaient encore à la lueur d'un projecteur sur la dalle située à l'extérieur du marché couvert. Le périmètre était gardé par des militaires.

« Le fanatisme a encore frappé et nous sommes en deuil », a réagi le Premier ministre centriste François Bayrou, qui a adressé ses « félicitations aux forces de l'ordre pour leur intervention rapide ».

« L'horreur vient de saisir notre ville », a déploré la maire de Mulhouse, Michèle Lutz, sur Facebook.

En janvier, un homme de 32 ans avait blessé une personne au couteau dans un supermarché d'Apt, dans le sud de la France, en criant « Allah Akbar ». Il a été inculpé et écroué pour tentative d'assassinat en relation avec une entreprise terroriste.

Fin janvier, le procureur antiterroriste, Olivier Christen, avait souligné que « l'absence d'actes terroristes mortels en France en 2024 ne reflète pas une diminution du risque terroriste », rappelant que neuf attentats ont été déjoués l'an dernier sur le territoire français.


Plusieurs centaines de personnes ont manifesté lors d'un rassemblement antifasciste à Paris

Short Url
  • Plusieurs centaines de personnes étaient rassemblées samedi après-midi à Paris contre le fascisme, après l'agression d'un homme à l'arme blanche devant une association culturelle turque la semaine passée.
  • « Nous sommes là car nous avons été attaqués. Nous sommes là pour montrer que Paris n'est pas à eux. Nous continuerons la lutte antifasciste et révolutionnaire », a lancé au micro un leader de Young Struggle.

PARIS : Plusieurs centaines de personnes étaient rassemblées samedi après-midi à Paris contre le fascisme, après l'agression d'un homme à l'arme blanche devant une association culturelle turque la semaine passée, pour laquelle six membres de l'ultradroite ont été inculpés, a constaté un journaliste de l'AFP.

« Paris, Paris, Antifa ! », « Pas de quartier pour les fachos, pas de fachos dans nos quartiers », « Nous sommes tous antifascistes », ont scandé les manifestants réunis place de la République. Un drapeau rouge « No pasaran » a été accroché sur un flanc de la statue, au centre de la place emblématique.

Ce rassemblement se tient six jours après l'agression à l'arme blanche d'un homme membre du collectif Young Struggle, qui se présente comme une « organisation de jeunesse socialiste » et adhérent au syndicat CGT. Il avait dû être hospitalisé quelques heures.

Dimanche dernier, « une vingtaine de personnes » appartenant à la mouvance d'ultradroite, « cagoulées et munies de tessons de bouteille » selon la préfecture de police, avaient pénétré dans la cour d'un immeuble où se situe une association culturelle de travailleurs immigrés de Turquie et agressé une personne avant de prendre la fuite.

Six jeunes hommes ont été inculpés pour violences volontaires aggravées. L'un d'eux, qui avait du sang sur ses vêtements et qui a reconnu sa participation, a été incarcéré.

« Nous sommes là car nous avons été attaqués. Nous sommes là pour montrer que Paris n'est pas à eux. Nous continuerons la lutte antifasciste et révolutionnaire », a lancé au micro un leader de Young Struggle, avant de faire siffler le nom de Bruno Retailleau, ministre français de l'Intérieur et connu pour ses positions très conservatrices.

« Partout, l'extrême droite se répand, encouragée par les saluts nazis de Elon Musk et Steve Bannon », a déclaré à sa suite Mathilde Panot, cheffe des députés du parti de gauche radicale LFI (La France Insoumise).

Steve Bannon, ancien conseiller de Donald Trump, a récemment été sous le feu des projecteurs pour un geste qualifié de salut nazi lors de la convention CPAC, la grand-messe des conservateurs américains près de Washington.

Il a brièvement tendu sa main en l'air après avoir déclaré devant les supporters de Donald Trump : « Nous n'allons pas reculer, nous n'allons pas capituler, nous n'allons pas abandonner. Luttez, luttez, luttez ! »

En janvier, le milliardaire Elon Musk, conseiller de Donald Trump, avait lui-même été épinglé pour un geste ambigu analogue.


Macron dira à Trump qu'entre alliés on ne peut pas "faire souffrir l'autre" avec des droits de douane

Le président français Emmanuel Macron (C) et la ministre française de l'Agriculture et de la Souveraineté alimentaire Annie Genevard (D) écoutent des artisans du cuir lors de la journée d'ouverture et de l'inauguration par le président français du 61e Salon international de l'agriculture au parc des expositions de la Porte de Versailles à Paris, le 22 février 2025. (AFP)
Le président français Emmanuel Macron (C) et la ministre française de l'Agriculture et de la Souveraineté alimentaire Annie Genevard (D) écoutent des artisans du cuir lors de la journée d'ouverture et de l'inauguration par le président français du 61e Salon international de l'agriculture au parc des expositions de la Porte de Versailles à Paris, le 22 février 2025. (AFP)
Short Url
  • "Entre alliés, on ne peut pas faire souffrir l'autre avec des tarifs" douaniers, a déclaré Emmanuel Macron samedi au premier jour de l'ouverture du Salon de l'agriculture à Paris
  • Depuis son retour à la Maison-Blanche, Donald Trump a annoncé la mise en place de droits de douane réciproques

PARIS: "Entre alliés, on ne peut pas faire souffrir l'autre avec des tarifs" douaniers, a déclaré Emmanuel Macron samedi au premier jour de l'ouverture du Salon de l'agriculture à Paris alors que Donald Trump menace d'imposer des droits de douane sur de multiples produits européens.

"Je vais (lui) en parler parce qu'on a besoin d'apaiser tout ça", a relevé le président français qui doit rencontrer son homologue américain lundi à Washington.

"La filière agricole et agroalimentaire (française), c'est une grande filière d'exportation, donc il faut la défendre pour la rendre encore plus compétitive", a-t-il ajouté.

Depuis son retour à la Maison-Blanche, Donald Trump a annoncé la mise en place de droits de douane réciproques, c'est-à-dire que les États-Unis appliqueront le même niveau de droits de douane sur les produits en provenance d'un pays que le niveau appliqué dans ce pays aux produits américains.

Il a également annoncé le retour de droits de douane sur l'acier et l'aluminium. Et, s'il a déjà visé le Canada, le Mexique et la Chine, il a régulièrement assuré que les pays européens étaient également menacés.

En France, les viticulteurs sont particulièrement inquiets d'un retour des droits de douane américains sur le cognac et le vin, qu'ils exportent en masse vers les États-Unis, d'autant que le cognac souffre déjà d'un différend commercial entre l'UE et la Chine, son premier marché en valeur.

"Je suis déterminé sur tous les sujets pour avoir un échange" avec Donald Trump, a encore dit Emmanuel Macron. "On partagera nos accords, nos désaccords et j'espère surtout qu'on trouvera des solutions sur la question de l'Ukraine".

Le président américain est reparti à la charge vendredi contre son homologue ukrainien. Tout en estimant que Volodymyr Zelensky et Vladimir Poutine allaient "devoir se parler", pour "mettre fin au massacre de millions de personnes", il a jugé que la présence de l'Ukrainien n'était "pas importante" dans des négociations avec la Russie.

Il a ciblé par ailleurs Emmanuel Macron, et Keir Starmer, qui n'ont selon lui "rien fait" pour mettre un terme à la guerre. Le Premier ministre britannique est attendu jeudi à Washington.