PARIS: A trois jours du second tour des législatives, les critiques de l'opposition fusent contre Emmanuel Macron, en Ukraine jeudi, à plus de 2.000 km du sol français, dans une fin de campagne envenimée entre macronistes et mélenchonistes.
Le chef de l’État a annoncé que la France allait livrer à l'Ukraine "six Caesar additionnels", à Kiev où il s'est entretenu avec son homologue ukrainien Volodymyr Zelensky, en compagnie de l'Allemand Olaf Scholz, l'Italien Mario Draghi et le Roumain Klaus Iohannis. Ces dirigeants sont tous pour l'octroi "immédiat" à l'Ukraine du statut officiel de candidat à l'UE, a affirmé Emmanuel Macron.
Son absence dans l'entre-deux-tours est l'angle d'attaque de l'opposition dans sa guérilla face à la majorité présidentielle sortante.
Lors d'un débat jeudi soir sur BFMTV, la députée LFI Clémentine Autain s'est interrogée "sur le calendrier, à quelques jours du deuxième tour", tandis que le président par intérim du RN Jordan Bardella a estimé que c'était un "mauvais timing".
Jeudi sur France Bleu, le leader Insoumis Jean-Luc Mélenchon s'est toutefois "associ(é) à son message de solidarité avec l'Ukraine", proposant "qu'on évite trop les polémiques", même si "on peut évidemment s'interroger sur le sens de ce voyage".
"Emmanuel Macron se sert de cette posture de chef de guerre pour tenter d’avoir une influence sur les élections législatives", a affirmé Marine Le Pen. Le chef de l’État va devoir "choisir" entre la diplomatie ou la guerre, a-t-elle estimé à Saint-Avold en Moselle où elle venait soutenir des candidats RN, car "s'il y a bien un domaine où on ne peut pas faire du +en même temps+ c’est celui-là".
Le président des Républicains Christian Jacob a lui estimé que "si on veut vraiment aboutir à un accord, à une médiation, ce n'est pas en se mettant en scène", tandis que l'ex-ministre LR Jean-François Copé fustigeait la "folie" de la "stratégie d'évitement" de M. Macron, qui "laisse monter extrême droite et extrême gauche".
Le ministre chargé de l'Europe Clément Beaune, lui-même candidat à Paris où il est en difficulté face à la candidate insoumise Caroline Mécary, a appelé à avoir de la "hauteur de vue et de la dignité", faisant valoir que M. Macron préside l'Union européenne jusqu'au 30 juin et "n'est pas candidat aux législatives".
Pouvoir d'achat et retraites au centre d'un débat entre Ensemble!, le RN et la Nupes
Gabriel Attal pour la majorité, Clémentine Autain pour la Nupes et Jordan Bardella pour le RN se sont affrontés jeudi soir sur le pouvoir d'achat et les retraites, lors de l'unique débat organisé par BFMTV entre les deux tours des législatives.
Abordant en début d'émission le déplacement d'Emmanuel Macron en Ukraine, la députée LFI Clémentine Autain s'est interrogée "sur le calendrier, à quelques jours du deuxième tour": "est-ce qu'Emmanuel Macron pensait que c'était une simple formalité ou est-ce qu'il souhaite esquiver le débat?"
Le président par intérim du RN Jordan Bardella a lui estimé que c'était un "mauvais timing". "On a un peu le sentiment que le président de la République n'aime pas les campagnes électorales", et "les Français se disent: ce président, est-ce qu'il s'intéresse à nous?" a-t-il lancé.
Agitateur
Gauche, droite et extrême droite avaient avant cela dénoncé la déclaration du président mardi sur le tarmac d'Orly juste avant son départ pour la Roumanie et la Moldavie, appelant les électeurs à lui donner une majorité "solide" et à opérer un "sursaut républicain" pour éviter le "désordre".
Jean-Luc Mélenchon est "un funeste agitateur" qui porte "le projet de la ruine des classes moyennes", a accusé dans le Parisien le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin.
"Les épouvantails, ça fait peur aux moineaux, pas aux citoyens éclairés", a estimé Alexis Corbière, jugeant que "le chaos, c'est eux".
Jean-Luc Mélenchon a de nouveau appelé les électeurs "fâchés pas fachos" à "voter utile" pour les candidats de la Nupes contre les macronistes, estimant qu'il ne "servait à rien" de voter pour les candidats RN quand ils étaient encore en lice.
Les deux camps s'accusent aussi mutuellement d'imiter l'ex-président américain Donald Trump, connu pour ses déclarations fracassantes.
Le gouvernement s'apprête à relever la prime d'activité
La prime d'activité, versée aux travailleurs modestes, devrait être revalorisée de 4% cet été, a-t-on appris jeudi de source gouvernementale, confirmant une information des Echos.
Selon le quotidien économique, cette prime, qui s'adresse aux salariés du public ou du privé, aux indépendants et aux agriculteurs, sera revalorisée par anticipation, à hauteur de l'inflation projetée sur 2022, soit 4%, tout comme les pensions et les minima sociaux. Cette hausse devrait intervenir "cet été avec effet rétroactif au 1er juillet".
"M. Mélenchon a un problème avec la vérité (...) Nous n'avons aucun plan caché", a réaffirmé le ministre de l’Économie Bruno Le Maire jeudi sur France Bleu, alors que LFI l'accuse de vouloir augmenter la TVA pour contenir le déficit.
"C'est lui qui a un problème avec la réalité", a rétorqué M. Mélenchon.
"Nous ne sommes pas condamnés à avoir 5 ans de plus d'Emmanuel Macron", a affirmé lors d'un débat sur France 2 jeudi la cheffe des députés LFI (Nupes) Mathilde Panot.
Il y a "le risque d'avoir un bazar universel pendant des mois et des années à ne pas pouvoir prendre une décision" en raison d'un parlement sans majorité, a répondu le chef du Modem François Bayrou (majorité présidentielle) visant la Nupes.
Selon Ifop-Fiducial pour LCI et Sud Radio, la coalition présidentielle Ensemble! obtiendrait entre 265 et 300 sièges dimanche, contre 180 à 210 pour la gauche unie, devant la droite LR et UDI (40 à 65 sièges) et le RN (20 à 40). La majorité absolue est de 289 sièges.