SAINT-PÉTERSBOURG/ PARIS/ ROME: Le patron du géant gazier russe Gazprom, Alexeï Miller, a défendu jeudi les choix de son groupe, qui ne cesse de baisser ses livraisons à l'Europe dans le contexte de l'offensive russe en Ukraine et des sanctions occidentales contre Moscou.
« Notre produit, nos règles. Nous ne jouons pas selon des règles que nous n'avons pas faites », a déclaré M. Miller lors du forum économique de Saint-Pétersbourg.
« La Russie est un fournisseur d'énergie fiable pour les amis de la Russie », a-t-il ajouté, une variation de son crédo répété par Gazprom depuis des années sur la fiabilité du groupe pour ses clients.
Engie constate une baisse des livraisons
Le groupe énergétique français Engie a indiqué jeudi avoir constaté une réduction des livraisons de gaz russe, tout en assurant que cela n'avait pas d'effet sur l'approvisionnement de ses clients.
« Nous constatons effectivement une réduction des livraisons et nous suivons cette situation avec attention, qui n'a pas d'impact sur l'approvisionnement de nos clients », a déclaré un porte-parole de l'entreprise, sans autre précision.
Les exportations de gaz russe vers l'Europe sont en baisse constante depuis le début des sanctions occidentales contre Moscou.
Si l'Union européenne cherche à se défaire de sa dépendance énergétique vis-à-vis de la Russie, Gazprom a pris les devants en interrompant ses livraisons de gaz à plusieurs clients européens ayant refusé de payer en roubles, comme le demande désormais le Kremlin.
À cela s'ajoute la baisse cette semaine de 60% du gaz livré à l'Europe par le gazoduc Nord Stream, Gazprom assurant que cela est dû à des difficultés avec des turbines du groupe allemand Siemens provoquées par les sanctions occidentales.
Gazprom ne livrera jeudi que 65% du gaz demandé, annonce l'italien ENI
Le géant russe Gazprom, qui avait réduit mercredi de 15% ses livraisons de gaz au groupe italien ENI, ne livrera jeudi que 65% des quantités réclamées, évoquant des problèmes techniques, a annoncé la société italienne.
« Face à une demande journalière de gaz de la part d'Eni supérieure d'environ 44% à celle d'hier, une hausse due à la récupération des quantités non reçues et aux dynamiques commerciales normales, Gazprom a annoncé que seulement 65% des volumes demandés seront livrés », a précisé ENI dans un communiqué.
Les quantités de gaz livrées seront donc « légèrement supérieures » à celles de mercredi et atteindront un niveau d'environ 32 millions de m3 par jour, a ajouté ENI.
Le groupe italien précise que, selon Gazprom, l'impossibilité de livrer les quantités de gaz réclamées est due « à des problèmes » à la station de compression de Portovaïa, où se fait le remplissage du gazoduc Nord Stream à travers lequel le géant russe « transporte une partie des volumes (de gaz, ndlr) destinés à ENI ».
Pour justifier ces coupes, Gazprom affirme avoir été forcé d'arrêter un équipement du groupe allemand Siemens présent sur le gazoduc, mais Berlin, principal consommateur de gaz russe dans l'UE, dénonce une « décision politique » et un « prétexte » de Moscou, dans un contexte de vives tensions avec les pays occidentaux à cause du conflit en Ukraine.
« Aujourd'hui, il n'y a aucun moyen de résoudre » cette situation, a indiqué M. Miller, assurant que « Siemens reste silencieux ».
« Oui, nous avons une diminution des approvisionnements vers l'Europe », a-t-il déclaré, assurant que « dans un avenir très proche, la demande de gaz naturel liquide (GNL) sur le marché Asie-Pacifique va croître ».
Envoyant un coup de griffe aux Européens, il a assuré que ces derniers « ont dit que les contrats à long terme ne sont pas nécessaires, donc ils ne sont pas nécessaires... nous avons rempli nos obligations envers vous ».
Les revenus de la Russie n'ont eux pas été affectés par cette baisse des livraisons, du fait de l'envolée des prix du gaz. Le Kremlin n'a de cesse d'affirmer dès lors que les décisions des dirigeants européens touchent avant tout leurs propres populations.