Législatives: la campagne entre dans le dur

Jean-Luc Melenchon prend la parole lors d'une conférence de presse à Paris le 15 juin 15 2022, avant le second tour des élections législatives. (Photo, AFP)
Jean-Luc Melenchon prend la parole lors d'une conférence de presse à Paris le 15 juin 15 2022, avant le second tour des élections législatives. (Photo, AFP)
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Publié le Mercredi 15 juin 2022

Législatives: la campagne entre dans le dur

Jean-Luc Melenchon prend la parole lors d'une conférence de presse à Paris le 15 juin 15 2022, avant le second tour des élections législatives. (Photo, AFP)
  • Mercredi, l'opposition a pilonné les déclarations du chef de l’État et son déplacement à l'étranger en Roumanie et Moldavie en plein entre deux tours, un «mépris» des Français selon l'Insoumis Jean-Luc Mélenchon
  • Le président Macron n'est pas assuré d'avoir une majorité absolue de 289 sièges: selon un sondage Ifop-Fiducial pour LCI et Sud Radio, les macronistes obtiendraient entre 265 et 300 sièges contre 180 à 210 pour la Nupes

PARIS: A quatre jours du second tour des législatives, la campagne entre dans le dur après l'appel d'Emmanuel Macron aux électeurs à lui donner une majorité « solide » à l'Assemblée pour éviter le « désordre », qui suscite des critiques outrées ou moqueuses de ses opposants. 

Mercredi, l'opposition a pilonné les déclarations du chef de l’État et son déplacement à l'étranger en Roumanie et Moldavie en plein entre deux tours, un « mépris » des Français selon l'Insoumis Jean-Luc Mélenchon. 

« Il faudra m'expliquer en quoi venir auprès de nos soldats est une forme de mépris. C'est un respect affiché », a rétorqué le chef de l'État lors d'un point presse sur le tarmac de la base militaire de Mihail Kogalniceanu, aux côtés du président roumain Klaus Iohannis. 

Il a assuré jouer « pleinement son rôle » de chef des armées avec ce déplacement en Roumanie et en Moldavie, entièrement consacré à la guerre en Ukraine, où il pourrait se rendre dans la foulée. 

« Oui c'est du mépris d'avoir prévu d'être trois jours hors de France entre les deux tours de l'élection qui va fixer la politique de notre pays », a aussitôt réitéré Jean-Luc Mélenchon. 

Juste avant de décoller, Emmanuel Macron avait réclamé mardi, depuis le tarmac d'Orly, un « sursaut républicain » au second tour afin d'éviter « d'ajouter un désordre français au désordre mondial ». 

« Quelle outrance, quelle outrance ! Désormais on est macroniste ou on est antirépublicain », a fustigé mercredi le premier secrétaire du PS Olivier Faure, partie prenante de l'alliance de la gauche Nupes (LFI/PS/EELV/PCF) qui pourrait priver le camp macroniste de majorité absolue. 

« Preuve de fébrilité » 

Marine Le Pen, finaliste RN de la présidentielle, s'est dite choquée par l'intervention du président Macron, « une preuve de fébrilité » d'un chef de l’État « demand(ant) aux Français de lui donner les pleins pouvoirs », a-t-elle dénoncé mercredi sur le marché de Courrières, dans sa circonscription du Pas-de-Calais. 

« Je pense que c'est complètement inapproprié au regard du fonctionnement de la République française », a-t-elle lâché, avant d'aller soutenir dans la Somme son ancien directeur de campagne adjoint, Jean-Philippe Tanguy. 

En campagne dans le Calvados, avant un entretien au 20h de France 2, la Première ministre Élisabeth Borne a au contraire soutenu un président de la République « dans son rôle d'appeler (...) à donner les moyens d'agir dans un moment où il y a beaucoup d'instabilité dans le monde ». 

L'ambiance n'a cessé de se tendre depuis lundi entre les Insoumis, qui reprochent au ministère de l'Intérieur une « bidouille » des résultats du premier tour, et les macronistes, la Première ministre Élisabeth Borne accusant M. Mélenchon de »Premier menteur ». 

Une cohabitation avec la Nupes serait « impossible au plan politique », a fait valoir le président LREM de l'Assemblée sortante, Richard Ferrand. 

En point presse avec ses alliés verts, communistes et PS, Jean-Luc Mélenchon s'est « alarmé » des propos « pas du tout rassurants » de M. Ferrand. 

« Une cohabitation aura lieu si nous sommes majoritaires, et le président de la République devra s'y soumettre ou bien se démettre, comme on le disait dans la IIIème République », a réagi l'insoumis en invitant ses adversaires à « baisser d'un ton ». 

« Obliger » Macron « à écouter »  

A droite, alors que Les Républicains espèrent regagner un rôle central avec l'objectif de faire élire une soixantaine de députés, Xavier Bertrand insiste: M. Macron, « on va l'obliger à écouter. On est beaucoup plus qu'une force d'appoint » 

M. Bertrand est allé soutenir des candidats dans l'Oise pendant que Laurent Wauquiez en faisait autant dans le Beaujolais. 

Le président Macron n'est pas assuré d'avoir une majorité absolue de 289 sièges: selon un sondage Ifop-Fiducial pour LCI et Sud Radio, les macronistes obtiendraient entre 265 et 300 sièges contre 180 à 210 pour la Nupes. 

L'un des enjeux de dimanche sera la mobilisation, après un premier tour où un électeur sur deux ne s'est pas déplacé. 

Tous les candidats du camp présidentiel en lice au second tour ont prévu une réunion publique dans la soirée. L'ex-Premier ministre Édouard Philippe continue de multiplier les déplacements, notamment à Tonnerre (Yonne) avec le chef du MoDem François Bayrou. 

Il est d'abord venu soutenir le ministre Clément Beaune, en danger à Paris face à l'Insoumise Caroline Mécary. « Je pense qu'une victoire de candidats qui ont tenu des propos extrêmement radicaux, qui traduisent une agressivité permanente, des tendances complotistes avec beaucoup de fake news, c'est dangereux », a taclé M. Beaune. 

M. Philippe a de son côté souhaité pour la France « d’avoir de la stabilité, de la solidité, de la sérénité », « ce qui passe par une majorité » pour M. Macron. 

Alors que les esprits se sont échauffés sur la question des éventuels désistements en cas de présence du RN au second tour, dans le Lot-et-Garonne, Maryse Combres, candidate Nupes-EELV de la 1ère circonscription, arrivée troisième d'une triangulaire, a annoncé sur Facebook retirer sa candidature. 

Dans la 2e circonscription au contraire, Alexandre Freschi, député sortant LREM arrivé troisième au premier tour, se maintient face à des candidats Nupes-PS et RN, malgré les consignes de son parti. 


L'écrivain Boualem Sansal a entamé une grève de la faim, a déclaré son avocat

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  • « Je suis inquiet pour sa santé, comme pour la possibilité même d'un procès équitable », a affirmé Me François Zimeray, avocat français de l'écrivain, confirmant une information du JDD.
  • Selon Me Zimeray, qui a expliqué ne pas avoir obtenu de visa pour se rendre en Algérie afin de voir son client, Boualem Sansal aurait pris cette décision « en raison des pressions exercées contre lui pour changer d'avocat ».

PARIS : L'écrivain franco-algérien Boualem Sansal, incarcéré en Algérie depuis mi-novembre, a entamé lundi une grève de la faim, a indiqué son avocat dimanche à l'AFP, précisant tenir cette information d'une source judiciaire.

« Je suis inquiet pour sa santé, comme pour la possibilité même d'un procès équitable », a affirmé Me François Zimeray, avocat français de l'écrivain, confirmant une information du JDD.

Selon Me Zimeray, qui a expliqué ne pas avoir obtenu de visa pour se rendre en Algérie afin de voir son client, Boualem Sansal aurait pris cette décision « en raison des pressions exercées contre lui pour changer d'avocat ».

« Ni la pondération dans l'expression de sa défense, ni la retenue face à la campagne abjecte que j'ai subie dans certains médias algériens, ni le respect du cadre judiciaire de ce pays ne semblent avoir été appréciés par un régime qui persiste à me refuser le visa sans raison valable, privant Boualem Sansal de la défense de son choix », a martelé l'avocat.

Ce dernier a également affirmé que le protocole de soin suivi par Boualem Sansal avait été interrompu, alors que l'écrivain souffrirait d'un cancer, d'après des informations de presse.

Boualem Sansal est poursuivi en vertu de l'article 87 bis du Code pénal algérien, qui sanctionne comme acte terroriste ou subversif tout acte visant la sûreté de l'État, l'intégrité du territoire, la stabilité et le fonctionnement normal des institutions.

Selon le quotidien français Le Monde, le pouvoir algérien aurait mal pris les déclarations de Boualem Sansal au média français Frontières, réputé d'extrême droite, reprenant la position du Maroc selon laquelle le territoire de ce dernier pays aurait été amputé sous la colonisation française au profit de l'Algérie.

Son incarcération a provoqué les protestations de nombreux intellectuels et écrivains, qui estiment les poursuites sans aucun fondement.

Boualem Sansal a longtemps affirmé être né en 1949, ce qui lui donnerait aujourd'hui 75 ans. En décembre, son éditeur Antoine Gallimard avait pour sa part indiqué qu'il était en vérité né en 1944 et avait donc 80 ans.


Immigration : un conseil interministériel se réunit mercredi

Le ministre français de l'Intérieur Bruno Retailleau (C) serre la main d'un agent de la police nationale française dans une caserne de pompiers après une attaque au couteau à Mulhouse, dans l'est de la France, où un homme est soupçonné d'avoir tué une personne et grièvement blessé deux agents de police, le 22 février 2025 (Photo par SEBASTIEN BOZON / AFP)
Le ministre français de l'Intérieur Bruno Retailleau (C) serre la main d'un agent de la police nationale française dans une caserne de pompiers après une attaque au couteau à Mulhouse, dans l'est de la France, où un homme est soupçonné d'avoir tué une personne et grièvement blessé deux agents de police, le 22 février 2025 (Photo par SEBASTIEN BOZON / AFP)
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  • Ce conseil, qui était prévu avant l'attaque de Mulhouse, « se réunira ce mercredi », a déclaré Jean-Noël Barrot lors d'un entretien avec Europe 1 et CNews, où il était interrogé sur l'attaque de samedi.
  • Interrogé sur TF1, le ministre de l'Intérieur, Bruno Retailleau, a indiqué que le suspect faisait l'objet d'une obligation de quitter le territoire français (OQTF) et a accusé l'Algérie de l'avoir refoulé à 10 reprises.

PARIS : Le gouvernement français réunira un conseil interministériel de contrôle de l'immigration mercredi, alors qu'une attaque au couteau, perpétrée par un Algérien en situation irrégulière, a fait un mort samedi à Mulhouse, a assuré dimanche le ministre des Affaires étrangères.

Ce conseil, qui était prévu avant l'attaque de Mulhouse, « se réunira ce mercredi », a déclaré Jean-Noël Barrot lors d'un entretien avec Europe 1 et CNews, où il était interrogé sur l'attaque de samedi.

Au cours de l'entretien, le ministre a été interrogé sur les discussions avec ses homologues algériens concernant les obligations de quitter le territoire français (OQTF).

« Cette attaque terroriste nous appelle à amplifier encore la mobilisation qui est la nôtre pour mieux contenir et prévenir les conséquences de la présence de ce terroriste islamiste sur le territoire national », a estimé le ministre avant d'évoquer le conseil interministériel.

Interrogé sur TF1, le ministre de l'Intérieur, Bruno Retailleau, a indiqué que le suspect faisait l'objet d'une obligation de quitter le territoire français (OQTF) et a accusé l'Algérie de l'avoir refoulé à 10 reprises.

Le Premier ministre, François Bayrou, a d'ailleurs convoqué un conseil interministériel de contrôle de l'immigration ce mercredi. « Nous devons faire plus et nous devons faire mieux », a-t-il déclaré.

M. Barrot a également affirmé avoir demandé « aux 19 ambassadeurs, dans les pays où nous rencontrons le plus de difficultés pour renvoyer les étrangers en situation irrégulière, à me faire un rapport circonstanciel dont je présenterai les résultats ce mercredi au Premier ministre pour que nous puissions prendre des mesures fortes ».

« Il y a des pays vis-à-vis desquels il nous faut effectivement prendre des mesures fortes. Il y en a d'autres où, au contraire, il nous faut des mesures d'accompagnement », a-t-il ajouté. 


« La France doit produire plus pour manger mieux », affirme la ministre de l'Agriculture

Le président français Emmanuel Macron (G) s'adresse à la presse en compagnie de la ministre française de l'Agriculture et de la Souveraineté alimentaire Annie Genevard  L'édition 2025 du SIA (Salon International de l'Agriculture) Agriculture se tient à Paris du 22 février au 2 mars 2025. (Photo par Thomas Padilla / POOL / AFP)
Le président français Emmanuel Macron (G) s'adresse à la presse en compagnie de la ministre française de l'Agriculture et de la Souveraineté alimentaire Annie Genevard L'édition 2025 du SIA (Salon International de l'Agriculture) Agriculture se tient à Paris du 22 février au 2 mars 2025. (Photo par Thomas Padilla / POOL / AFP)
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  • la France doit affirmer sa souveraineté agricole comme un enjeu régalien et réarmer sa puissance alimentaire », a-t-elle déclaré, appelant à « sonner la mobilisation générale ».
  • « La France doit produire plus pour manger mieux. Produire plus pour reconquérir l’assiette des Français, produire plus pour importer moins et garantir les standards de production que nous exigeons de nos paysans », a-t-elle ajouté.

PARIS : « La France doit produire plus pour manger mieux », a affirmé dimanche, lors de l'inauguration du stand du ministère au Salon de l'agriculture, la ministre de l'Agriculture Annie Genevard, livrant sa vision de la souveraineté alimentaire.

« Dans ce moment de grand bouleversement de l'ordre international (...), la France doit affirmer sa souveraineté agricole comme un enjeu régalien et réarmer sa puissance alimentaire », a-t-elle déclaré, appelant à « sonner la mobilisation générale ».

« La France doit produire plus pour manger mieux. Produire plus pour reconquérir l’assiette des Français, produire plus pour importer moins et garantir les standards de production que nous exigeons de nos paysans », a-t-elle ajouté, suscitant des applaudissements dans le public, largement composé de représentants du monde agricole (producteurs, interprofessions, syndicats, chambres d'agriculture, etc.).

« Produire plus pour pouvoir investir et ainsi produire mieux. Produire plus pour rester une puissance exportatrice et jouer dans la cour des grands alors que de nouveaux équilibres de la géopolitique agricole se dessinent », a-t-elle poursuivi, au côté de son homologue marocain, Ahmed El Bouari, dont le pays est l'invité d'honneur du Salon.

« Produire plus et tourner le dos aux partisans de la décroissance et du repli sur soi », a ajouté Mme Genevard.

Tout en estimant qu'il est « un non-sens » d'opposer agriculture et environnement alors que les agriculteurs travaillent « avec la nature », elle a déclaré se battre « chaque jour pour qu'on ne bride pas l'alimentation au nom de la planète, alors qu'il n’y a aucun bénéfice objectif à ces entraves administratives ou réglementaires ».

La ministre s'en est ensuite vigoureusement pris aux « idéologues », « les procureurs qui mangent du paysan à tous les repas sans en avoir jamais vu, pour entretenir le fantasme d'une France agricole productiviste ».

« On invoque souvent la dette environnementale que nous pourrions laisser à nos enfants. Mais je ne veux pas non plus leur laisser une dette alimentaire », a-t-elle encore affirmé.