Législatives: La campagne entre dans le dur

L'un des enjeux de dimanche sera la mobilisation, après un premier tour où un électeur sur deux ne s'est pas déplacé (Photo, AFP).
L'un des enjeux de dimanche sera la mobilisation, après un premier tour où un électeur sur deux ne s'est pas déplacé (Photo, AFP).
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Publié le Mercredi 15 juin 2022

Législatives: La campagne entre dans le dur

  • Emmanuel Macron a dramatisé mardi l'enjeu en assurant que le choix du second tour était «plus crucial que jamais»
  • En meeting le soir à Toulouse, le leader de la Nupes a martelé que «la stabilité est chez nous» car «on va planifier le changement»

PARIS: À quatre jours du second tour des législatives la campagne entre dans le dur après l'intervention du chef de l'Etat Emmanuel Macron, dont la majorité absolue à l'Assemblée est menacée, et qui a réclamé une majorité "solide" au grand dam de ses adversaires qui dénoncent une "faillite".

Descendant pour la première fois dans l'arène depuis le premier tour, Emmanuel Macron a dramatisé mardi l'enjeu en assurant que le choix du second tour était "plus crucial que jamais".

"Rien ne serait pire que de nous perdre dans l'immobilisme, dans le blocage, dans les postures" et "d'ajouter un désordre français au désordre mondial", a-t-il assuré depuis l'aéroport d'Orly avant son départ pour la Roumanie, un déplacement entièrement consacrée à la guerre en Ukraine.

Emmanuel Macron continue mercredi son voyage, en Roumanie où 500 soldats français sont déployés depuis l'invasion russe de l'Ukraine, puis en Moldavie pour une visite de soutien. Il n'est pas exclu qu'il poursuive ensuite en Ukraine.

Pour ce déplacement organisé entre-deux tours, le chef de l'Etat a été taxé de "mépris" par le leader Insoumis Jean-Luc Mélenchon, qui a aussi raillé mardi le "sketch à la Trump" d'une déclaration faite sur le tarmac.

En meeting le soir à Toulouse, le leader de la Nupes a martelé que "la stabilité est chez nous" car "on va planifier le changement".

Côté alliance de la gauche, le chef de file écologiste Julien Bayou assure qu'"une sorte de panique gagne la macronie", a estimé. "Ca sent le sapin et la panique à bord", a moqué le leader communiste Fabien Roussel.

À droite aussi, la déclaration du chef de l'Etat a fait grincer des dents: "La majorité présidentielle ne saurait s'arroger le monopole du camp républicain", a estimé le vice-président LR du Sénat Roger Karoutchi, alors que Les Républicains espèrent regagner un rôle central avec les législatives.

Car Emmanuel Macron n'est pas assuré d'avoir une majorité absolue de 289 sièges: les différents instituts de sondages lui prédisent une fourchette de 255 à 295 sièges, et 150 à 210 pour la Nupes.

L'un des enjeux de dimanche sera la mobilisation, après un premier tour où un électeur sur deux ne s'est pas déplacé: "Nous soutenons 406 candidats au second tour. Je lance donc un appel clair aux abstentionnistes : si vous votez dimanche, Macron a perdu", a affirmé sur France 5 le député LFI Adrien Quatennens.

De son côté le ministre de l’Économie Bruno Le Maire a accusé la Nupes de "délire", de "complotisme", et de vouloir augmenter les impôts de 100 milliards d'euros.

Situation délicate

Enfin le président LREM de l'Assemblée sortante, Richard Ferrand, a dramatisé l'enjeu en estimant mardi soir qu'une cohabitation et la Nupes serait "impossible au plan politique".

"Sur des enjeux de fond, qui sont à la fois des enjeux de sécurité, qui relèvent de la crédibilité économique et sociale, on est dans une siituation où tout le monde est aux antipodes", a-t-il souligné sur LCI.

La mobilisation continue d'être de mise mercredi dans la majorité: la Première ministre Elisabeth Borne fera campagne dans le Calvados en matinée,  avant de participer au JT de 20H sur France 2. Tous les candidats du camp présidentiel en lice au second tour ont prévu une réunion publique dans la soirée.

Edouard Philippe ira soutenir Aurélie Taquillain, dans sa circonscription des Yvelines qui connaîtra l'une des rares triangulaires, puisqu'elle affrontera des candidats LR et Nupes.

L'ancien Premier ministre se rendra ensuite à Paris dans les circonscriptions du ministre Clément Beaune et du député sortant Pierre-Yves Bournazel, tout deux en situation délicate, puis à Tonnerre avec le hef du MoDem François Bayrou.

À gauche, le chef de file socialiste Olivier Faure ira soutenir les candidats de la Nupes en Seine-et-Marne, à Melun, Combs-la-Ville, Thorigny et à Meaux.

Marine Le Pen, qui vise "100 voire plus" députés, se rendra elle dans sa circonscription du Pas-de-Calais, avant d'aller soutenir son ancien directeur de campagne adjoint, Jean-Philippe Tanguy, dans la Somme.

"Les seuls qui sont en dynamique c’est le RN" et "nous pouvons avoir un groupe puissant d’opposition", a assuré mardi soir sur France 2 la finaliste de la présidentielle.

Alors que la date limite pour le dépôt des candidatures était fixé mardi à 18H00, certains engagés dans les rares triangulaires ont préféré jeter l'éponge: ainsi le dissident communiste Azzédine Taïbi, largement distancé au premier tour par la candidate officielle de la Nupes dans la 4e de Seine-Saint-Denis.

En revanche dans le Lot-et-Garonne le sortant LREM Alexandre Freschi, arrivé troisième au premier tour, va se maintenir face à des candidats Nupes-PS et RN, malgré les consignes de son parti.


Un influenceur franco-iranien jugé en juillet pour apologie du terrorisme

La justice vise des propos tenus par l'influenceur sur l'attaque sanglante du Hamas le 7 octobre 2023, qui a entraîné la mort de 1.218 personnes du côté israélien, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP basé sur des chiffres officiels. (AFP)
La justice vise des propos tenus par l'influenceur sur l'attaque sanglante du Hamas le 7 octobre 2023, qui a entraîné la mort de 1.218 personnes du côté israélien, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP basé sur des chiffres officiels. (AFP)
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  • La justice vise des propos tenus par l'influenceur sur l'attaque sanglante du Hamas le 7 octobre 2023, qui a entraîné la mort de 1.218 personnes du côté israélien, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP basé sur des chiffres officiels
  • Se présentant comme journaliste indépendant sur TikTok, où il est suivi par 330.000 abonnés, le mis en cause, qui s'est fait connaître avec une association d'aide aux plus démunis, y partage de nombreux contenus sur l'actualité du Moyen-Orient

BOBIGNY: Un influenceur franco-iranien sera jugé début juillet devant le tribunal de Bobigny (Seine-Saint-Denis) pour apologie du terrorisme, ont indiqué jeudi à l'AFP le parquet et ses avocats.

Shahin Hazamy, 29 ans, s'est vu "délivrer une convocation à une audience du 3 juillet pour apologie du terrorisme par un moyen de communication en ligne en public", a déclaré le parquet, confirmant son arrestation mardi révélée par le magazine Le Point.

La justice vise des propos tenus par l'influenceur sur l'attaque sanglante du Hamas le 7 octobre 2023, qui a entraîné la mort de 1.218 personnes du côté israélien, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP basé sur des chiffres officiels.

Se présentant comme journaliste indépendant sur TikTok, où il est suivi par 330.000 abonnés, le mis en cause, qui s'est fait connaître avec une association d'aide aux plus démunis, y partage de nombreux contenus sur l'actualité du Moyen-Orient.

"En s'en prenant à un journaliste la justice envoie un très mauvais signal à la liberté de la presse. Notre client Shahin Hazamy a subi un traitement inadmissible, avec une perquisition devant ses enfants en bas âge alors que les faits reprochés ont bientôt deux ans", ont déclaré à l'AFP ses avocats Nabil Boudi et Antoine Pastor.

Ces poursuites font suite à l'arrestation fin février d'une autre Iranienne en France, Mahdieh Esfandiari, actuellement écrouée pour apologie du terrorisme dans le cadre d'une information judiciaire confiée au Pôle national de lutte contre la haine en ligne (PNLH).

Annonçant cette nouvelle arrestation en France d'un de ses ressortissants, la télévision d'Etat iranienne a fustigé mercredi une "violation flagrante de la liberté d'expression dans un pays qui prétend être une démocratie".


Macron appelle à intégrer Mayotte dans la Commission de l'océan Indien

Le président français Emmanuel Macron a demandé jeudi "l'intégration" du département français de Mayotte à la Commission de l'océan Indien (COI), en plaidant pour une "approche pragmatique" face à l'hostilité des Comores. (AFP)
Le président français Emmanuel Macron a demandé jeudi "l'intégration" du département français de Mayotte à la Commission de l'océan Indien (COI), en plaidant pour une "approche pragmatique" face à l'hostilité des Comores. (AFP)
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  • "Nous ne pouvons pas laisser un territoire et ceux qui y vivent à l'écart d'un certain nombre de nos programmes", a dit M. Macron, en citant expressément Mayotte, au cinquième sommet de la COI dans la capitale malgache Antananarivo
  • Mais à la différence de La Réunion, autre département français dans cette partie du monde, Mayotte reste à la porte de l'organisation intergouvernementale

ANTANANARIVO: Le président français Emmanuel Macron a demandé jeudi "l'intégration" du département français de Mayotte à la Commission de l'océan Indien (COI), en plaidant pour une "approche pragmatique" face à l'hostilité des Comores.

"Nous ne pouvons pas laisser un territoire et ceux qui y vivent à l'écart d'un certain nombre de nos programmes", a dit M. Macron, en citant expressément Mayotte, au cinquième sommet de la COI dans la capitale malgache Antananarivo.

La COI réunit les États insulaires (Madagascar, Comores, Maurice, Seychelles et La Réunion pour la France) dans le sud-ouest de l'océan Indien.

Mais à la différence de La Réunion, autre département français dans cette partie du monde, Mayotte reste à la porte de l'organisation intergouvernementale.

"L'implication de nos populations, l'intégration de toutes nos îles dans les efforts de la COI pour la prospérité et la sécurité, dans la pluralité de ses dimensions maritime, alimentaire et pour la santé sont dans l'intérêt de nos peuples et de la région", a insisté M. Macron.

Il a suggéré toutefois d'"avancer de manière pragmatique vers cet objectif", sans réclamer l'intégration pleine et entière immédiate de l'archipel.

"La France est le premier bailleur de la COI", a-t-il aussi souligné, en précisant que l'Agence française du développement (AFD) gérait un "portefeuille de 125 millions d'euros de projets" de l'organisation.

"La COI est un modèle de coopération (...) Aucune de nos îles ne peut relever seule le défi", a-t-il ajouté, évoquant un "océan Indien profondément bousculé" par les défis planétaires actuels.

"Ensemble, en conjuguant nos atouts (..) nous pouvons tracer une voie nouvelle singulière", a-t-il assuré.

L'Union des Comores s'oppose à l'intégration de Mayotte dans la COI car elle conteste la souveraineté de la France sur Mayotte, restée française lorsque l'archipel des Comores est devenu indépendant en 1975.

Mayotte, tout comme les îles Éparses, autre territoire français hérité de la colonisation et revendiqué par Madagascar, sont au cœur du canal du Mozambique, voie majeure de transport maritime qui renferme d'importantes réserves en hydrocarbures.


Narcobanditisme à Marseille: le ministre de l'Intérieur annonce 21 arrestations dans «le haut du spectre»

Le ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau (C) s'entretient avec la présidente de la métropole Aix-Marseille-Provence Martine Vassal et le président du Conseil régional Provence-Alpes-Côte d'Azur Renaud Muselier lors d'une visite d'inspection des mesures de sécurité publique à Marseille. (AFP)
Le ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau (C) s'entretient avec la présidente de la métropole Aix-Marseille-Provence Martine Vassal et le président du Conseil régional Provence-Alpes-Côte d'Azur Renaud Muselier lors d'une visite d'inspection des mesures de sécurité publique à Marseille. (AFP)
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  • Les personnes arrêtées sont de "hauts responsables qui tiennent un réseau à la Castellane", "pas du menu fretin", a-t-il insisté: ce "ne sont pas des petites mains, des charbonneurs, mais des responsables de haut niveau du narcobantitisme"
  • Toutes ces interpellations jeudi matin n'ont cependant pas eu lieu à Marseille, pour ce réseau qui présente des "ramifications nationales mais avec des racines marseillaises", a ajouté le ministre sans plus de détail

MARSEILLE: Le ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau a annoncé jeudi un coup de filet avec 21 interpellations de trafiquants appartenant au "haut du spectre" du narcobanditisme marseillais, lors d'un déplacement à Marseille.

Une opération "a eu lieu très tôt ce matin avec 21 interpellations liées au narcobanditisme, dans le haut de spectre, qui doit nous permettre de démanteler un réseau important sur Marseille", qui tenait la cité de la Castellane, dans les quartiers populaires du nord de la ville, a déclaré Bruno Retailleau lors d'une conférence de presse.

Les personnes arrêtées sont de "hauts responsables qui tiennent un réseau à la Castellane", "pas du menu fretin", a-t-il insisté: ce "ne sont pas des petites mains, des charbonneurs, mais des responsables de haut niveau du narcobantitisme", a insisté M. Retailleau.

Selon une source policière, cette enquête portait notamment sur du blanchiment.

Toutes ces interpellations jeudi matin n'ont cependant pas eu lieu à Marseille, pour ce réseau qui présente des "ramifications nationales mais avec des racines marseillaises", a ajouté le ministre sans plus de détail.

Au total, 170 enquêteurs ont été mobilisés pour ce coup de filet qui est, selon le ministre, "un coup dur", "sinon mortel", porté à ce réseau.

La cité de la Castellane, vaste ensemble d'immeubles blancs en bordure d'autoroute, est connue pour être un haut lieu marseillais de ces trafics de stupéfiants qui empoisonnent le quotidien des habitants. En mars 2024, Emmanuel Macron s'y était rendu pour lancer des opérations "place nette XXL" contre les trafiquants et depuis la présence policière y était quasi constante, mais si le trafic était moins visible il se poursuivait notamment via les livraisons.

Ce coup de filet n'a a priori "pas de lien" avec les récents faits visant des prisons en France, a également précisé le ministre.

Le ministre était à Marseille pour dresser un premier bilan des plans départementaux de restauration de la sécurité du quotidien, lancés en février, avec par exemple mercredi 1.000 fonctionnaires mobilisés dans les Bouches-du-Rhône qui ont procédé à 10.000 contrôles d'identité.

Au total, 106 personnes ont été interpellées, dont une trentaine d'étrangers en situation irrégulière, dans le cadre d'une opération "massive" et "visible".