MARSEILLE : A peine 400 voix devant le candidat Nupes, la qualification au second tour des législatives s'est jouée dans un mouchoir de poche pour Sabrina Agresti-Roubache, candidate macroniste dans les quartiers est de Marseille, terre de droite où le RN est arrivé en tête.
"On fait un score très honorable, on a travaillé", a estimé auprès de l'AFP la productrice marseillaise de 45 ans, proche du couple présidentiel, qui effectue son baptême du feu en politique dans cette première circonscription des Bouches-du-Rhône où elle vit et qu'elle dit "connaître par coeur".
Même si l'enthousiaste quadragénaire siège, depuis 2021, dans la majorité de Renaud Muselier (ex-LR) au conseil régional, c'est la première fois qu'elle fait campagne en son nom. Et à l'aube de cette "semaine de tous les dangers", la candidate n'a qu'un seul mot d'ordre: passer "en mode rouleau compresseur pour battre le RN".
Deuxième (25,42%) derrière Monique Griseti, du Rassemblement national (27,26%), la quadragénaire a accédé de justesse au second tour, au terme d'un match "très serré" avec Thibaud Rosique, le candidat PS de la Nouvelle Union Populaire écologique et sociale (24,23%).
Les 10e et 11e arrondissements de Marseille, que recouvre en grande partie la circonscription, sont les seuls à Marseille où Marine Le Pen a devancé Emmanuel Macron aux deux tours de l'élection présidentielle. C'est aussi la seule circonscription de la ville où un candidat RN, la discrète Monique Griseti, est arrivée en tête au premier tour des législatives.
"Nous étions tous plus ou moins d'accord pour dire que cela allait se jouer dans un mouchoir de poche", mais "je ne m'attendais pas à ce que le RN soit si haut, surtout qu'ils n'ont absolument pas été sur le terrain", a réagi auprès de l'AFP M. Rosique. Dès dimanche soir, il a clairement appelé ses électeurs à faire barrage à l'extrême droite au second tour, tout comme le maire de Marseille, Benoît Payan.
«Accident électoral»
La candidate RN "n'a pas fait campagne, elle n'a pas posé une affiche", mais "elle fait mieux que Marine Le Pen" à la présidentielle, a également constaté Sabrina Agresti-Roubache. Toutefois, "c'est le maximum qu'ils peuvent engranger" dans cette circonscription de près de 120 000 habitants où l'abstention a atteint 58,23% et qui place la sécurité en tête de ses préoccupations, veut-elle se rassurer.
Sollicitée par l'AFP, Monique Griseti n'a pas donné suite.
Face à la tante par alliance de Franck Allisio, le délégué départemental du RN lui-même arrivé en tête dans sa circonscription située vers l'étang de Berre, la candidate macroniste a réalisé ses meilleurs scores autour du très prisé quartier de Saint-Barnabé.
"J'engrange des voix, c'est le résultat du travail, du fait d'avoir battu la campagne, d'être allée chercher les électeurs voix par voix", précise Sabrina Agresti-Roubache. "Et je fais beaucoup de voix dans les quartiers populaires, trois fois le score du président de la République, parce que j'y suis allée, c'est tout."
Mais la partie est loin d'être gagnée dans ce fief des Républicains, où, succédant à Roland Blum, Valérie Boyer a été élue deux fois députée avant de devenir sénatrice et de céder sa place en 2020 à son suppléant, Julien Ravier, déclaré inéligible depuis suite à une affaire de fausses procurations lors des municipales de 2020.
Un scandale qui a coûté cher à la candidate LR investie pour ces législatives, Sarah Boualem-Aubert, l'épouse de Julien Aubert, lui-même sèchement éliminé dans le Vaucluse. Avec 6,68% des suffrages, elle n'est arrivée qu'en 5e position, derrière la candidate de Reconquête!.
"L'affaire des procurations a laissé des traces", confirme Sabrina Agresti-Roubache, en évoquant un "vrai accident électoral": "Pour les électeurs, c'est une trahison".
"L'électorat de droite s'est divisé en deux, une partie chez Marine Le Pen et une partie chez Macron. C'est vraiment un secteur qui est devenu binaire, mais maintenant avec l'extrême-droite en face, c'est elle l'adversaire", poursuit-elle.
Dans cette bataille, elle peut compter sur le soutien de tous les barons de la droite, du président de la région Paca Renaud Muselier à la présidente LR des Bouches-du-Rhône Martine Vassal, en passant par l'ex-maire de Marseille Jean-Claude Gaudin.