BOMBAY : La roupie indienne a plongé lundi à un plus bas historique, s'échangeant à 78,28 roupies pour un dollar, sur des craintes d'un resserrement monétaire plus agressif de la Fed que laisse présager l'accélération de l'inflation aux États-Unis.
La roupie a perdu jusqu'à 0,6 % à 78,2825. L'indice Sensex à la Bourse de Bombay a lâché jusqu'à 2,1%, les investisseurs étrangers ayant retiré environ 24 milliards de dollars de titres locaux, selon Bloomberg News.
La Banque centrale de l'Inde a vendu des devises étrangères pour stabiliser la roupie après une suite de baisses, à la veille de la réunion du comité de politique monétaire, organe de décision de la Banque centrale américaine.
Une hausse des taux américains d'un demi-point de pourcentage, ou 50 points de base, semble acquise. Mais c'est désormais l'hypothèse d'une hausse plus forte, de trois quarts de point de pourcentage, ou 75 points de base, qui agite les marchés. Un tel relèvement serait une première depuis 1994.
Les prix à la consommation aux Etats-Unis ont grimpé à 8,6% en mai sur un an, contre 8,3% en avril, du jamais vu depuis 1981, selon des données publiées vendredi qui ont déprimé les places financières mondiales.
La semaine dernière, la Banque centrale indienne a relevé de 0,5% ses taux pour la deuxième fois en deux mois, pâtissant d'une forte inflation en raison de la guerre en Ukraine.
La Reserve Bank of India (RBI) a augmenté son taux directeur de 50 points de base pour le porter à 4,90%, un mois seulement après avoir amorcé un cycle de resserrement monétaire agressif.
Au cours des quatre premiers mois de l'année, l'inflation des prix à la consommation est régulièrement sortie de la fourchette cible de 2 à 6% fixée par le comité de politique monétaire, ayant atteint le record de 7,79% en avril.
Cette poussée est due à de fortes hausses des prix dans tous les secteurs, y compris les denrées alimentaires et les carburants, ayant incité le gouvernement à réduire les droits de douane sur les carburants et les huiles comestibles le mois dernier.
Sur la même période, le gouvernement a interdit les exportations de blé afin de freiner la flambée des prix après une vague de chaleur ayant affecté les rendements des cultures locales. Il a également plafonné les exportations de sucre afin de préserver ses propres stocks.
L'Inde est le plus grand importateur mondial d'huiles comestibles, notamment d'huile de palme et de soja.
Le pays de 1,4 milliard d'habitants importe également plus de 80% de ses besoins en pétrole brut, et sa dépendance augmente à mesure que la production nationale diminue.