Législatives: Les trois scénarios possibles pour Emmanuel Macron

Si Ensemble! arrive en tête, mais sans atteindre la barre des 289 sièges, Emmanuel Macron ne disposerait alors que d'une majorité relative à l'Assemblée nationale (Photo, AFP).
Si Ensemble! arrive en tête, mais sans atteindre la barre des 289 sièges, Emmanuel Macron ne disposerait alors que d'une majorité relative à l'Assemblée nationale (Photo, AFP).
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Publié le Dimanche 12 juin 2022

Législatives: Les trois scénarios possibles pour Emmanuel Macron

  • Si l'alliance de gauche Nupes de Jean-Luc Mélenchon remporte la majorité absolue lors des législatives, ce serait naturellement le scénario le moins favorable pour Emmanuel Macron
  • Le président conserverait toutefois le pouvoir de désigner le Premier ministre, mais qui devra être en phase avec la majorité à l'Assemblée pour ne pas être rapidement renversé

PARIS: Majorité absolue comme en 2017 ou simplement relative, voire une cohabitation avec la gauche? Voici les trois scénarios qui attendent Emmanuel Macron en fonction des résultats des élections législatives, dont le premier tour se déroule dimanche.

Que se passe-t-il en cas de majorité absolue?

C'est le scénario idéal pour le président réélu en avril. Si la confédération Ensemble! (LREM, MoDem, Horizons et Agir) remporte au moins 289 sièges sur les 577 que compte l'Assemblée nationale, Emmanuel Macron disposerait du soutien parlementaire nécessaire pour mener à bien sa politique pendant son second quinquennat, comme lors du premier où il disposait de près de 350 sièges avec ses alliés. Emmanuel Macron a d'ailleurs réitéré jeudi son appel aux Français à lui accorder "une majorité forte et claire".

"A partir du moment où il bénéficie d'une majorité à l'Assemblée nationale, le chef de l'Etat a beaucoup de pouvoirs", explique à l'AFP Didier Maus, président émérite de l'Association française de droit constitutionnel. "Il devient un capitaine qui détermine la politique de la Nation", ajoute-t-il, rappelant que l'on parlait "d'hyper-présidence" sous Nicolas Sarkozy (2007-2012).

En cas de majorité relative?

Si Ensemble! arrive en tête, mais sans atteindre la barre des 289 sièges, Emmanuel Macron ne disposerait alors que d'une majorité relative à l'Assemblée nationale. Le scénario serait plus compliqué pour le président de la République qui aurait deux options. La première consisterait à chercher le soutien d'autres groupes politiques afin de disposer d'une majorité absolue pour approuver les textes. Il pourrait s'agir d'un accord de législature ou d'un accord au cas par cas. La deuxième option serait de gouverner en minorité avec le Premier ministre de son choix, qui pourrait rester Elisabeth Borne. Cette situation a été celle de Michel Rocard de 1988 à 1991, la gauche n'ayant pas obtenu la majorité absolue après la réélection de François Mitterrand. Le chef du gouvernement avait alors eu recours à 28 reprises au fameux article 49-3 qui permet au gouvernement d'adopter un texte sans le soumettre au vote de l'Assemblée. Après recours à cette arme constitutionnelle, l'opposition peut déposer une motion de censure et faire tomber le gouvernement, à condition d'être unie et de réunir une majorité pour la voter. "Le gouvernement de M. Rocard était minoritaire, mais il n'y jamais eu une majorité d'opposants pour le faire tomber", rappelle M. Maus.

A noter que le recours au 49-3 est beaucoup plus restreint aujourd'hui. Il ne peut s'appliquer notamment qu'au budget et à un texte de loi par session.

Et en cas de cohabitation?

Si l'alliance de gauche Nupes de Jean-Luc Mélenchon remporte la majorité absolue lors des législatives, ce serait naturellement le scénario le moins favorable pour Emmanuel Macron. Il serait alors privé de pratiquement tous ses pouvoirs. "Ce n'est plus lui qui déterminera la politique de la Nation, mais la majorité à l'Assemblée nationale et le Premier ministre qui en sera issu", précise Dominique Rousseau, professeur de droit constitutionnel à l'université Panthéon-Sorbonne.

Le président conserverait toutefois le pouvoir de désigner le Premier ministre, mais qui devra être en phase avec la majorité à l'Assemblée pour ne pas être rapidement renversé. Dans le cas d'une cohabitation, le chef de l'Etat garde aussi la possibilité de dissoudre l'Assemblée nationale et de convoquer de nouvelles élections législatives afin de tenter de récupérer sa majorité. La dissolution est une arme à double tranchant: Jacques Chirac a perdu sa majorité en 1997 avec une dissolution de l'Assemblée qui a été sanctionnée par les électeurs. Il a été contraint à la cohabitation avec Lionel Jospin à Matignon pendant les cinq dernières années de son septennat. Il reste toutefois chef des armées.


Un influenceur franco-iranien jugé en juillet pour apologie du terrorisme

La justice vise des propos tenus par l'influenceur sur l'attaque sanglante du Hamas le 7 octobre 2023, qui a entraîné la mort de 1.218 personnes du côté israélien, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP basé sur des chiffres officiels. (AFP)
La justice vise des propos tenus par l'influenceur sur l'attaque sanglante du Hamas le 7 octobre 2023, qui a entraîné la mort de 1.218 personnes du côté israélien, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP basé sur des chiffres officiels. (AFP)
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  • La justice vise des propos tenus par l'influenceur sur l'attaque sanglante du Hamas le 7 octobre 2023, qui a entraîné la mort de 1.218 personnes du côté israélien, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP basé sur des chiffres officiels
  • Se présentant comme journaliste indépendant sur TikTok, où il est suivi par 330.000 abonnés, le mis en cause, qui s'est fait connaître avec une association d'aide aux plus démunis, y partage de nombreux contenus sur l'actualité du Moyen-Orient

BOBIGNY: Un influenceur franco-iranien sera jugé début juillet devant le tribunal de Bobigny (Seine-Saint-Denis) pour apologie du terrorisme, ont indiqué jeudi à l'AFP le parquet et ses avocats.

Shahin Hazamy, 29 ans, s'est vu "délivrer une convocation à une audience du 3 juillet pour apologie du terrorisme par un moyen de communication en ligne en public", a déclaré le parquet, confirmant son arrestation mardi révélée par le magazine Le Point.

La justice vise des propos tenus par l'influenceur sur l'attaque sanglante du Hamas le 7 octobre 2023, qui a entraîné la mort de 1.218 personnes du côté israélien, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP basé sur des chiffres officiels.

Se présentant comme journaliste indépendant sur TikTok, où il est suivi par 330.000 abonnés, le mis en cause, qui s'est fait connaître avec une association d'aide aux plus démunis, y partage de nombreux contenus sur l'actualité du Moyen-Orient.

"En s'en prenant à un journaliste la justice envoie un très mauvais signal à la liberté de la presse. Notre client Shahin Hazamy a subi un traitement inadmissible, avec une perquisition devant ses enfants en bas âge alors que les faits reprochés ont bientôt deux ans", ont déclaré à l'AFP ses avocats Nabil Boudi et Antoine Pastor.

Ces poursuites font suite à l'arrestation fin février d'une autre Iranienne en France, Mahdieh Esfandiari, actuellement écrouée pour apologie du terrorisme dans le cadre d'une information judiciaire confiée au Pôle national de lutte contre la haine en ligne (PNLH).

Annonçant cette nouvelle arrestation en France d'un de ses ressortissants, la télévision d'Etat iranienne a fustigé mercredi une "violation flagrante de la liberté d'expression dans un pays qui prétend être une démocratie".


Macron appelle à intégrer Mayotte dans la Commission de l'océan Indien

Le président français Emmanuel Macron a demandé jeudi "l'intégration" du département français de Mayotte à la Commission de l'océan Indien (COI), en plaidant pour une "approche pragmatique" face à l'hostilité des Comores. (AFP)
Le président français Emmanuel Macron a demandé jeudi "l'intégration" du département français de Mayotte à la Commission de l'océan Indien (COI), en plaidant pour une "approche pragmatique" face à l'hostilité des Comores. (AFP)
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  • "Nous ne pouvons pas laisser un territoire et ceux qui y vivent à l'écart d'un certain nombre de nos programmes", a dit M. Macron, en citant expressément Mayotte, au cinquième sommet de la COI dans la capitale malgache Antananarivo
  • Mais à la différence de La Réunion, autre département français dans cette partie du monde, Mayotte reste à la porte de l'organisation intergouvernementale

ANTANANARIVO: Le président français Emmanuel Macron a demandé jeudi "l'intégration" du département français de Mayotte à la Commission de l'océan Indien (COI), en plaidant pour une "approche pragmatique" face à l'hostilité des Comores.

"Nous ne pouvons pas laisser un territoire et ceux qui y vivent à l'écart d'un certain nombre de nos programmes", a dit M. Macron, en citant expressément Mayotte, au cinquième sommet de la COI dans la capitale malgache Antananarivo.

La COI réunit les États insulaires (Madagascar, Comores, Maurice, Seychelles et La Réunion pour la France) dans le sud-ouest de l'océan Indien.

Mais à la différence de La Réunion, autre département français dans cette partie du monde, Mayotte reste à la porte de l'organisation intergouvernementale.

"L'implication de nos populations, l'intégration de toutes nos îles dans les efforts de la COI pour la prospérité et la sécurité, dans la pluralité de ses dimensions maritime, alimentaire et pour la santé sont dans l'intérêt de nos peuples et de la région", a insisté M. Macron.

Il a suggéré toutefois d'"avancer de manière pragmatique vers cet objectif", sans réclamer l'intégration pleine et entière immédiate de l'archipel.

"La France est le premier bailleur de la COI", a-t-il aussi souligné, en précisant que l'Agence française du développement (AFD) gérait un "portefeuille de 125 millions d'euros de projets" de l'organisation.

"La COI est un modèle de coopération (...) Aucune de nos îles ne peut relever seule le défi", a-t-il ajouté, évoquant un "océan Indien profondément bousculé" par les défis planétaires actuels.

"Ensemble, en conjuguant nos atouts (..) nous pouvons tracer une voie nouvelle singulière", a-t-il assuré.

L'Union des Comores s'oppose à l'intégration de Mayotte dans la COI car elle conteste la souveraineté de la France sur Mayotte, restée française lorsque l'archipel des Comores est devenu indépendant en 1975.

Mayotte, tout comme les îles Éparses, autre territoire français hérité de la colonisation et revendiqué par Madagascar, sont au cœur du canal du Mozambique, voie majeure de transport maritime qui renferme d'importantes réserves en hydrocarbures.


Narcobanditisme à Marseille: le ministre de l'Intérieur annonce 21 arrestations dans «le haut du spectre»

Le ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau (C) s'entretient avec la présidente de la métropole Aix-Marseille-Provence Martine Vassal et le président du Conseil régional Provence-Alpes-Côte d'Azur Renaud Muselier lors d'une visite d'inspection des mesures de sécurité publique à Marseille. (AFP)
Le ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau (C) s'entretient avec la présidente de la métropole Aix-Marseille-Provence Martine Vassal et le président du Conseil régional Provence-Alpes-Côte d'Azur Renaud Muselier lors d'une visite d'inspection des mesures de sécurité publique à Marseille. (AFP)
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  • Les personnes arrêtées sont de "hauts responsables qui tiennent un réseau à la Castellane", "pas du menu fretin", a-t-il insisté: ce "ne sont pas des petites mains, des charbonneurs, mais des responsables de haut niveau du narcobantitisme"
  • Toutes ces interpellations jeudi matin n'ont cependant pas eu lieu à Marseille, pour ce réseau qui présente des "ramifications nationales mais avec des racines marseillaises", a ajouté le ministre sans plus de détail

MARSEILLE: Le ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau a annoncé jeudi un coup de filet avec 21 interpellations de trafiquants appartenant au "haut du spectre" du narcobanditisme marseillais, lors d'un déplacement à Marseille.

Une opération "a eu lieu très tôt ce matin avec 21 interpellations liées au narcobanditisme, dans le haut de spectre, qui doit nous permettre de démanteler un réseau important sur Marseille", qui tenait la cité de la Castellane, dans les quartiers populaires du nord de la ville, a déclaré Bruno Retailleau lors d'une conférence de presse.

Les personnes arrêtées sont de "hauts responsables qui tiennent un réseau à la Castellane", "pas du menu fretin", a-t-il insisté: ce "ne sont pas des petites mains, des charbonneurs, mais des responsables de haut niveau du narcobantitisme", a insisté M. Retailleau.

Selon une source policière, cette enquête portait notamment sur du blanchiment.

Toutes ces interpellations jeudi matin n'ont cependant pas eu lieu à Marseille, pour ce réseau qui présente des "ramifications nationales mais avec des racines marseillaises", a ajouté le ministre sans plus de détail.

Au total, 170 enquêteurs ont été mobilisés pour ce coup de filet qui est, selon le ministre, "un coup dur", "sinon mortel", porté à ce réseau.

La cité de la Castellane, vaste ensemble d'immeubles blancs en bordure d'autoroute, est connue pour être un haut lieu marseillais de ces trafics de stupéfiants qui empoisonnent le quotidien des habitants. En mars 2024, Emmanuel Macron s'y était rendu pour lancer des opérations "place nette XXL" contre les trafiquants et depuis la présence policière y était quasi constante, mais si le trafic était moins visible il se poursuivait notamment via les livraisons.

Ce coup de filet n'a a priori "pas de lien" avec les récents faits visant des prisons en France, a également précisé le ministre.

Le ministre était à Marseille pour dresser un premier bilan des plans départementaux de restauration de la sécurité du quotidien, lancés en février, avec par exemple mercredi 1.000 fonctionnaires mobilisés dans les Bouches-du-Rhône qui ont procédé à 10.000 contrôles d'identité.

Au total, 106 personnes ont été interpellées, dont une trentaine d'étrangers en situation irrégulière, dans le cadre d'une opération "massive" et "visible".