DOUCHANBE, Tadjikistan: Un opposant de longue date au régime autoritaire du Tadjikistan a été arrêté dans l'est de cet ex-pays soviétique, ont annoncé samedi les autorités qui cherchent à consolider leur contrôle sur cette région frontalière de la Chine et l'Afghanistan.
Tolib Ayombekov, un ancien commandant rebelle durant la guerre civile des années 1990, a été interpellé avec deux autres personnes, tous trois accusés d'être les "dirigeants d'un groupe criminel organisé", selon l'agence de presse étatique Khovar.
Ces interpellations sont intervenues dans le cadre d'une opération spéciale menée dans la région autonome de Gorno-Badakhshan (BGAO), où au moins 14 personnes ont été tuées et des dizaines emprisonnées ces dernières semaines, un bilan que les observateurs jugent sous-estimé.
Les autorités mènent depuis mi-mai une opération "antiterroriste" dans cette vaste zone montagneuse du massif du Pamir, qui représente près de la moitié de la superficie du Tadjikistan, mais abrite seulement quelque 200.000 des neuf millions d'habitants du pays.
Le Tadjikistan est dirigé depuis 1992 par Emomali Rakhmon, dont la dérive autoritaire est dénoncée par de nombreuses ONG et capitales occidentales.
La région autonome de Gorno-Badakhshan est régulièrement le théâtre de troubles depuis la fin d'une guerre civile dans les années 1990.
Tolib Ayombekov a combattu les forces tadjikes pendant ce conflit, puis a été intégré dans le gouvernement avec d'autres "seigneurs de guerre" dans le cadre d'un accord de paix que la Russie a contribué à négocier.
Des affrontements entre les forces locales loyales à Tolib Ayombekov et les troupes gouvernementales avaient fait en 2012 des dizaines de morts dans la plus grande flambée de violences qu'ait connue la région depuis la fin de la guerre civile.
Les violences avaient éclaté après que le gouvernement eut accusé Tolib Ayombekov d'avoir assassiné un agent des services de renseignement, un crime qu'il a nié avoir commis.
Ayombekov n'a jamais été jugé et semblait avoir conclu une trêve avec le gouvernement.
Le mois dernier, un autre opposant, Mamadbokir Mamadbokirov, a été tué dans la région, faisant craindre une nouvelle escalade.